Projet Irrigation de complément au Burkina Faso – 7 juillet 2011
L’IRRIGATION DE COMPLEMENT POUR AUGMENTER LA PRODUCTIVITE
DE L’EAU ET DEVELOPPER L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
EN AFRIQUE DE L’OUEST
ENSEIGNEMENTS TIRES D’UNE EXPERIENCE PILOTE DANS LE PERIMETRE
DE LA VALLEE DU SOUROU (BURKINA FASO)
Résumé
Au Burkina Faso, et généralement au Sahel, la variabilité spatio-temporelle des pluies, qui
pourrait se renforcer avec le changement climatique, contraint fortement les
perspectives de production agricole pour l’alimentation.
Un projet pilote, porté par le CNIDB et FARM, a permis d’appuyer une coopérative, la
Socadi, dans les périmètres irrigués de la vallée du Sourou, pour réaliser une irrigation
de complément pour le maïs en saison des pluies. Le principe est d’apporter de l’eau aux
cultures, dans ce cas via une irrigation par aspersion, en complément des précipitations
lorsque celles-ci sont insuffisantes.
Les résultats sur 3 campagnes agricoles montrent une augmentation des rendements et de la
productivité de l’eau par rapport au maïs cultivé en pluvial dans la région du Sourou, avec
un maintien des performances en année de pluviométrie inférieure à la moyenne.
Pour développer durablement ce type de système de culture, les groupements paysans
doivent être appuyés pour se structurer et assurer l’approvisionnement en intrants et la
commercialisation en commun des récoltes. L’accès au crédit et la formation sont des
leviers importants pour cela.
Contact :
Rémi Coulibaly, Comité National des Irrigations et du Drainage du Burkina - CNIDB:
Billy Troy, FARM: [email protected]
Pierre Girard, FARM: [email protected]
Projet Irrigation de complément au Burkina Faso – 7 juillet 2011
S
ECURISER LA PRODUCTION AGRICOLE POUR L
ALIMENTATION DANS UN CONTEXTE DE
VARIABILITE CLIMATIQUE
Au Burkina Faso et généralement dans la sous région du Sahel, l’agriculture reste
essentiellement pluviale (plus de 3 millions ha en pluvial contre 40 000 ha aménagés pour
l’irrigation pour le Burkina). Les agriculteurs du Burkina Faso et de la sous région du
Sahel sont confrontés à une mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies et parfois à
leur arrêt précoce.
Cette variabilité climatique, dont plusieurs analyses montrent qu’elle pourrait se
renforcer avec le changement climatique en Afrique de l’Ouest, contraint fortement les
perspectives de production agricole pour l’alimentation dans un contexte de crise
alimentaire.
L’
IRRIGATION DE COMPLEMENT POUR AUGMENTER LES RENDEMENTS ET LA PRODUCTIVITE DE
L
EAU
Dans ce contexte, le Comité National des Irrigations et du Drainage du Burkina (CNIDB),
membre de l’Association Régionale pour l’Irrigation et le Drainage (ARID) en Afrique de
l’Ouest et du Centre, et la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) se
sont associés pour appuyer la coopérative de la Socadi (Société Agricole Coopérative de
Di) dans la vallée du Sourou. En effet la variabilité climatique rend plus risquée la culture du
maïs, très sensible au déficit hydrique. L’appui concerne l’accès au crédit pour
l’approvisionnement en intrants pour la production de maïs, dont l’accès à l’eau d’irrigation,
et la formation.
En effet les exploitations des producteurs de la Socadi sont situées dans les périmètres irrigués
de la vallée du Sourou et sont équipées de systèmes d’irrigation par aspersion. Grâce à l’appui
apporté, les membres de la Socadi peuvent réaliser une irrigation de complément pour le
maïs en saison des pluies, dont le principe est d’apporter de l’eau aux cultures en
complément des précipitations lorsque celles-ci sont insuffisantes. Cet apport complémentaire
permet de réduire le risque de perte de récolte liée à un déficit d’alimentation en eau.
L’irrigation de complément a été conduite sur 3 campagnes agricoles de 2008 à 2010
progressivement sur 63, 151 et 227 ha avec l’appui de l’Autorité de Mise en Valeur de la
Vallée du Sourou.
Les résultats sur ces 3 campagnes montrent :
- une augmentation des rendements : le système de culture en irrigation de complément
développé à la Socadi permet de dépasser, en termes de moyenne, les 3 t/ha (moyenne entre
3,3 et 4 t/ha selon les années et les périmètres). Ceci représente une augmentation importante
par rapport au maïs cultivé en pluvial dans la région du Sourou, avec des rendements autour
de 1 t/ha. En particulier le système de culture a permis de maintenir les performances en
année de pluviométrie inférieure à la moyenne.
Projet Irrigation de complément au Burkina Faso – 7 juillet 2011
- une augmentation de la productivité de l’eau : sur les périmètres de la Socadi, les
moyennes se situent entre 0,43 et 0,64 kg/m3, alors qu’elles sont de l’ordre de 0,10 à 0,15
pour le maïs pluvial dans le Sourou et sur le bassin de la Volta.
- la productivité pourrait encore augmenter avec la réduction des pertes de rendement. La
gestion du périmètre est centrale pour lever ces facteurs de pertes de rendement : gestion
des inondations sur le bassin versant, planage des parcelles, maintien de la fertilité des sols,
lutte contre les termites et les mauvaises herbes.
- les marges moyennes réalisées sont assez bonnes dans le contexte de l’agriculture vivrière
en Afrique de l’Ouest. Toutefois la constitution des marges est conditionnée par un prix de
vente suffisamment élevé. Les groupements paysans doivent donc être appuyés pour pouvoir
assurer une commercialisation en commun rentable pour les producteurs et la coopérative.
E
NSEIGNEMENTS POUR LE DEVELOPPEMENT DE L
IRRIGATION DE COMPLEMENT EN
A
FRIQUE DE
L
’O
UEST
A partir de ces résultats on peut noter les pistes suivantes pour le veloppement de
l’irrigation de complément:
- la structuration des groupements : gestion des équipements d’irrigation,
commercialisation en commun, approvisionnement en intrants.
- une gestion plus performante à l’échelle des périmètres irrigués et des bassins versants.
La clarification des responsabilités et de la répartition des coûts entre les organisations de
producteurs et les sociétés gestionnaires des périmètres est centrale (exploitation, entretien et
renouvellement des équipements, redevances eau).
- d’autres contextes et mode d’irrigation de complément pourront être testés pour donner
une large gamme de choix aux agriculteurs.
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