OUVERTURE DES TRAVAUX
Pierre-Louis FAGNIEZ
Député du Val-de-Marne
Rapporteur du projet de loi relatif à la bioéthique
Auteur du rapport au Premier ministre " Cellules souches et choix éthiques "
Les lois de bioéthique, en France, datent de 1994. Jean-François MATTÉI en a été l'instigateur au
Parlement avec le Sénateur Claude HURIET. C'était la première fois qu'une réflexion était engagée
sur la bioéthique et l'accent était mis sur tout ce qui avait trait au corps humain. Considérant que
ces lois ne pouvaient suffire à mettre un terme au débat, serment avait été fait par les
parlementaires de se retrouver cinq ans plus tard, en 1999, pour traiter des sujets qui n'avaient pu
l'être dans le cadre des premières lois. Finalement, en 2001 a été mise en chantier la révision des
lois de 1994, avant le changement de majorité de 2002 précédant la deuxième lecture du texte
révisé. C'est dans ce cadre que le Sénateur Francis Giraud a été nommé rapporteur du texte au Sénat
alors que j'ai moi-même assuré cette fonction à l'Assemblée nationale avec Valérie PÉCRESSE.
Finalement, une loi relative à la bioéthique reprenant, tout en redéfinissant, les lois de bioéthique
de 1994 a été adoptée en 2004. Elle porte sur quatre éléments principaux, à savoir :
• le don d'organes ;
• la brevetabilité des éléments du corps humain ;
• l'assistance médicale à la procréation ;
• la recherche sur l'embryon, en particulier au regard des possibilités de clonage.
À cette occasion, une interdiction formelle a été prononcée par la France à l'encontre du clonage
reproductif qui a été assorti de peines sévères, tandis qu'un régime dérogatoire a été prévu pour la
recherche embryonnaire et le clonage thérapeutique.
Ce dernier n'est qu'une technique de laboratoire qui vise à étudier le fonctionnement d'un pseudo-
embryon constitué à partir d'un processus purement cellulaire, en dehors du corps de la femme.
Néanmoins, dans la mesure où le clonage thérapeutique peut être la première étape à un véritable
clonage, il fait l'objet d'une interdiction dans la loi de 2004 qui le définit comme un délit puni de
sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende.
Un régime dérogatoire pour les recherches sur les cellules souches embryonnaires ayant été mis en
place pour permettre à la recherche de progresser, il était nécessaire de se doter d'une Agence de la
biomédecine, dirigée aujourd'hui par Madame Carine Camby, dont la mission est de veiller au bon
respect de protocoles de recherche et des règles d'autorisation et d'accréditation des équipes de
scientifiques. Comme nous l'indiquera Madame CAMBY, tout se passe pour le mieux parce que les
chercheurs acceptent toutes les règles qui leur sont imposées.
La France s'est ainsi dotée d'un cadre juridique tout à fait original qui permet d'envisager des
ouvertures au regard de la loi de 2004.
Elles ont d'ailleurs été sollicitées dès 2005 à la suite de ce qui se révéla être une supercherie dont
chacun se souvient : l'Affaire Hwang. Cette équipe coréenne de scientifiques avait fait croire que le
clonage thérapeutique était déjà réalisable. L'imposture dévoilée, il n'en restait pas moins qu'il
paraissait indispensable d'étudier ce sujet.
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