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Etude prospective sur l’économie de
fonctionnalité en France
Violette COMBE
Stéphane PERRIER
Bruno PIREYN
Caroline RICHARD
HEC, Mastère Spécialisé Management du Développement Durable
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Introduction
L’économie traditionnelle accepte comme principe de base l’accès illimité à certaines
ressources naturelles. Dès lors, la croissance économique résulte, entre autres, de la vente
d’un maximum de produits élaborés à partir de ces ressources. Le problème de la raréfaction
des matières premières, cristallisée aujourd’hui autour des enjeux pétroliers, alimentaires ou
dans le secteur de la métallurgie, promet d’ores et déjà de s’installer dans la durée. Nous ne
vivons désormais plus dans un monde de ressources illimitées, et il devient inévitable de
prendre en compte ces changements pour revoir nos modèles économiques. Qui s’obstine à
vendre des objets coûteux en matières premières naturelles s’expose à un véritable risque sur
la pérennité de son activité. De façon indirecte mais non moins importante, l’économie des
services est également touchée de plein fouet par ce changement de la donne économique.
Ceux-ci se sont développés, comme aime à le rappeler Jean Gadrey, dans le terreau d’une
économie marquée par un usage dispendieux de ressources naturelles. Ils ne trouvent en effet
une demande que dans les économies où l’usage d’une énergie pétrolière bon marché a permis
de réduire drastiquement la main d’œuvre, d’augmenter la productivité et de libérer des
ressources et du temps pour consommer des services.
Face à ce constat, de nouvelles propositions ont fait leur apparition. L’idée de ne plus
vendre d’objets mais de vendre la fonction qu’ils remplissent correspond à une adaptation
judicieuse de l’économie traditionnelle à de nouveaux enjeux. Dans ce type de modèle, le
vendeur s’engage à fournir à l’acheteur un service identique à celui qui serait assuré par la
possession d’un objet. C’est alors au vendeur de gérer la problématique des flux de matières.
En amont, le modèle économique l’encourage à rationaliser son utilisation de matières
premières coûteuses en optimisant ses process : il honore ainsi l’offre commerciale en
réduisant ses coûts et son impact environnemental. En aval, il reste propriétaire des outils et
objets utilisés pour assurer l’offre commerciale, et demeure donc responsable de la fin de vie
de ceux-ci. Là encore son intérêt est de valoriser ces objets afin de diminuer ses coûts
opérationnels sur le long terme. Il s’inscrit ainsi de façon naturelle dans une logique de
recyclage. De façon générale, l’économie de fonctionnalité génère donc des incitations à
réduire les flux de matières extraites de la nature en conservant la même création de valeur.
On arrive ainsi à « dématérialiser » progressivement l’économie.
La naissance de ce concept, baptiéconomie de fonctionnalité, date des années 2000.
Beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur ce que pourrait être une société qui pratiquerait
l’économie de fonctionnalité. C’est dans cette visée que la Fondation Nicolas Hulot et le
Cabinet Goodwill Management se sont associés pour diriger la réalisation d’un rapport centré
sur la France. Ce travail a été confié à quatre étudiants du Mastère Management du
Développement Durable de HEC. Nous avons choisi de décrire ce que le concept d’économie
de fonctionnalité pourrait changer en France dans les vingt prochaines années, en optant
délibérément pour un scénario optimiste. Quatre angles d’attaque nous permettront
d’envisager les façons dont l’économie de fonctionnalité prendrait, selon ce scénario, une
place significative :
§ L’approche macroéconomique nous permettra de comprendre à quel point l’économie
de fonctionnalité a le potentiel de se substituer à l’économie traditionnelle, en
différenciant les domaines où les progrès à espérer sont les plus cruciaux.
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§ L’approche microéconomique nous amènera à décrire ce que la vie économique de
demain pourrait être si elle s’engageait dans la voie de la proposition de fonction
comme alternative à la proposition de biens et de services.
§ L’approche dynamique posera la question des leviers envisageables pour assurer la
conduite du changement entre la phase de constat dans laquelle nous sommes
aujourd’hui et la mise en place effective des réponses économiques.
§ L’approche descriptive constituera enfin un état des lieux des documents existants, des
idées déjà appliquées, des personnes déjà compétentes dans le domaine de l’économie
de fonctionnalité, et de l’ensemble des ressources qui peuvent dès aujourd’hui servir
de base aux travaux des chercheurs et d’inspiration aux créateurs de nouveaux
modèles économiques.
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Remerciements
Nous tenons à remercier Alan Fustec, qui nous a confié cette étude pour le Cabinet Goodwill.
Merci également à Saliha Affane du Cabinet Goodwill pour l’intérêt qu’elle a porté à ce
travail
Merci à Anne de Béthencourt de la Fondation Nicolas Hulot pour son dynamisme et ses
perpétuels encouragements au cours de cette étude.
Merci à Alain Grandjean de la Fondation Nicolas Hulot qui a suivi de près la progression de
notre étude, pour ses précieux conseils.
Merci à Marion Cohen de la Fondation Nicolas Hulot pour l’intérêt qu’elle a manifesté pour
notre travail, ainsi que pour ses remarques et conseils.
Merci enfin à Florence de Monclin de la Fondation Nicolas Hulot pour ses apports lors de
nos réunions de travail.
Merci à Aurélie Personne de la Fondation Nicolas Hulot pour avoir rendu la collaboration
tripartite entre Goodwill, HEC et la Fondation Nicolas Hulot possible au quotidien.
Merci à Bénédicte Faivre-Tavignot de HEC pour avoir été à l’origine de ce projet.
Merci à Cécile Steiger de HEC pour l’intérêt et l’enthousiasme qu’elle a manifesté pour ce
travail.
Merci, enfin, à l’ensemble des experts qui ont accepté de répondre à nos questions au cours
d’entretiens. Qu’ils trouvent ici le signe de notre reconnaissance :
Nicolas Boquet
Dominique Bourg
Christine Cros
Emmanuel Delannoy
Sophie Dubuisson-Quellier
Eric Fouquier
Elisabeth Laville
Jean-Pierre Le Danff
Thierry Marneffe
Doris Nicklaus
Johan Van Niel
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Introduction ................................................................................................................................ 1
Remerciements ........................................................................................................................... 3
I. Axe de travail 1 : Macroéconomie. ................................................................................... 6
a) Travailler à échelle macro-économique sur l’économie de fonctionnalité : peut-on se
fier au PIB ? ............................................................................................................................ 6
b) L’économie de fonctionnalité en France étudiée à partir de la consommation des
ménages : angle d’attaque pour dresser un pronostic ............................................................. 8
c) Pronostic à 20 ans pour la réponse de l’économie de fonctionnalité à la demande de
consommation des ménages en France : résultats de l’étude ............................................... 10
II. Axe de travail 2 : Microéconomie .................................................................................... 12
a) Inventer l’économie de demain : du brainstorming à la proposition de fonction ......... 12
b) La France dans vingt ans : la fonctionnalité au service de la durabilité ? .................... 13
Ø J’habite : Résidences secondaires mais performances premières ! .......................... 14
Ø J’habite : La maison intelligente ............................................................................... 17
Ø Je me nourris : Service de repas « sains et responsables » pour tous ...................... 20
Ø Je me nourris : La « Carte Impact » .......................................................................... 24
Ø Je me déplace : Le système de transport multimodal ............................................... 28
Ø Je me déplace : À seize dans une voiture, ça dure, ça dure… .................................. 32
Ø Je prends soin de mon corps et de ma santé : Le Coach Virtuel « Forme et Beauté»
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Ø Je prends soin de mon corps et de ma santé : L’éco-boîtier ..................................... 40
Ø Je m’éduque : Le train de la connaissance ............................................................... 44
Ø Je m’équipe : Le système Multiloc ........................................................................... 48
Ø J’ai des loisirs : Le portefeuille vert ......................................................................... 52
Ø Je suis citoyen : Le Pacte municipal ......................................................................... 55
Ø Je m’habille : Disposer d’une garde-robe renouvelée et à la pointe de la mode ...... 59
Ø Je me finance et je m’assure : L’assurance de mutualisation ................................... 62
Ø Je communique : L’informatique pratique et à la carte ............................................ 64
III. Axe de travail 3 : La conduite du changement ................................................................. 67
a) Un impératif de changement ......................................................................................... 67
b) L’avis des experts sur les moyens de conduire le changement .................................... 68
c) Pas une, mais des stratégies de conduite du changement ............................................. 70
d) La boîte à outils des stratégies de conduite du changement ......................................... 70
Ø Leviers politiques ..................................................................................................... 70
Ø Leviers médiatiques .................................................................................................. 71
Ø Leviers économiques ................................................................................................ 72
Ø Leviers sociologiques ............................................................................................... 73
Ø Leviers culturels ....................................................................................................... 75
Ø Leviers éducatifs ....................................................................................................... 75
e) Cas d’étude ................................................................................................................... 76
Ø Le Vélib’, histoire d’un succès ................................................................................. 76
Ø Les Français et la cigarette, un changement radical ................................................. 78
IV. Axe de travail 4 : Les ressources disponibles ................................................................... 81
a) Exemples de démarches d’économie de fonctionnalité ................................................ 81
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