LA VILLA LAUQUIE A FOIX
SIEGE DE LA GESTAPO
SOMMAIRE
Pour nous y reconnaître 1
Introduction 2
Témoignages concernant des prisonniers de la gestapo 5
Les victimes de la gestapo fuxéenne 19
L’étroite collaboration entre la milice et l’occupant nazi 36
Les inscriptions 38
Oui, les autorités de Vichy savaient 47
Identification des membres de la gestapo de Foix 51
Que sont devenus les tortionnaires nazis ? 54
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Pour nous y reconnaître
Organisations engagées dans la Résistance :
AS : Armée Secrète
FTP(F) : Francs Tireurs Partisans (Français)
MOI : Main d’Œuvre Immigrée
COMBAT
CFP : Corps Francs Pommiès
ORA : Organisation de Résistance de l’Armée
MUR : Mouvements Unis de la Résistance
MLN : Mouvement de Libération Nationale
FFL : Forces Françaises Libres
FFI : Forces Françaises de l’Intérieur
Organisations françaises vichystes et/ou collaborationnistes :
Légion française des Combattants
SOL : Service d’Ordre Légionnaire
LVF : Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme
GMR : Groupes Mobiles de Réserve
Milice : Organisation paramilitaire créée en janvier 1943 par Vichy ; elle collabore avec
l’occupant pour lutter contre la Résistance
Franc-Garde : Formée de miliciens armés et encasernés
PPF : Parti Populaire Français
PSF : Parti Social français
GAJS : Groupe d’Action pour la Justice Sociale
Stoss-Trupp : Troupes de choc, police auxiliaire de la gestapo, formée d’agents français
Organisations allemandes :
SS : Schutz-Staffeld (échelon de protection) : police militarisée du parti nazi
SD : Sicherheits-Dienst (service de sécurité) : police interne des SS
GESTAPO : GEheime-STAats-POlizei (police secrète d’état) : police politique du parti nazi
Grenz-polizei : Police des frontières
En France, on a communément appelé Gestapo (ou SD-Gestapo) l’ensemble de
l’appareil policier répressif allemand.
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INTRODUCTION
La villa Lauquié, siège de la gestapo à Foix
Peu d’Ariégeois semblent connaître avec précision ce que fut « la villa Lauquié » aux
temps sombres de l’occupation de l’Ariège par les Allemands en 1942-1943-1944. Peut-être
les vieux Fuxéens sont-ils l’exception ; quant aux jeunes générations...
Nous-mêmes avons appris que cette « villa » fut le sinistre siège de la gestapo en
écoutant le témoignage des déportés varilhois ou de leur famille (source : le livre « Et un
train noir les emporta » de Suzel Nadouce, paru en 2001). En effet les 18 Varilhoises et
Varilhois arrêtés en janvier et février 1944 furent tous enfermés dans cet immeuble ; il en fut
de même pour les 7 femmes de Gudas et Loubens arrêtées en mai 1944.
A notre demande, en octobre 2000, le Conseil Général de l’Ariège, propriétaire des
lieux, nous en autorisa la visite ; nous étions accompagnés par un responsable aux
bâtiments. L’immeuble était à cette époque assez dégra (portes enfoncées, gouttières,
etc).
La villa Lauquié en 2000
La flèche indique la pièce du 2ème étage où étaient enfermés les prisonniers.
L’escalier central, bien conservé, nous permit d’accéder à une pièce du 2ème étage
dont la porte d’entrée était renforcée de quatre barres de fer côté couloir.
L’unique fenêtre de cette pièce, munie de barreaux, ouvrait vers l’ouest ; avec son
plafond bas, elle était le lieu de détention des prisonniers de la gestapo ; ils y étaient
enfermés avant et après les interrogatoires.
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Notre attention fut aussitôt attirée par des dizaines d’inscriptions, sur la tapisserie
parfois déchirée, ou bien gravées dans le plâtre ; elles ne laissaient aucun doute : des
prisonniers avaient ainsi manifesté leur détresse, leurs souffrances :
« Je me souviendrai de mon passage ici »
« Enfin, le cinquième jour, on nous a donné un peu de nourriture »
« Souffrir »
« Priez ça vous soulage »
Beaucoup d’inscriptions étaient illisibles ; un certain nombre comportaient des séries
de jours, qui s’écoulaient trop lentement sans doute. La plupart étaient à hauteur d’homme ;
d’autres, à 40 centimètres du plancher, manifestement tracées par des prisonniers allons
ou attachés au sol. Dans un réduit attenant à la pièce (sans doute une espèce de cachot),
gravée dans le plâtre, cette inscription émouvante dans sa sobriété :
« 4 jours sans manger, les oreilles me bourdonnent. »
En 2007, lors d’une nouvelle visite des lieux, nous avons pu constater que les
inscriptions, dans l’ensemble, n’avaient pas été dégradées. Mais ces 7 années écoulées
depuis 2000 n’avaient pas permis la moindre mesure de conservation de la part des
autorités du département pourtant alertées.
Au début 2008, le Conseil Général prend 2 mesures de sauvegarde :
- Un photographe est chargé de prendre les clichés des inscriptions ; 58 photos grand format
sont ainsi disponibles, et visibles aux salons du livre auxquels nous participons dans le
département. La mémoire douloureuse des victimes de la gestapo a commencé à franchir les
murs de « la villa Lauquié ».
- Les 2 volets de bois et la porte d’entrée de la pièce du 2ème étage sont transportés au
musée de la Déportation et de l’Internement de Varilhes ; les visiteurs leur portent une
attention particulière.
Et les jeunes s’en mêlent : voici le texte de la lettre rédigée en avril 2008 par les
élèves de 3ème du collège Victor-Hugo de Lavelanet :
« Objet : demande de dépôt d’une plaque commémorative
Monsieur le Président du Conseil Général,
Le collège Victor-Hugo de Lavelanet, comme bien d’autres établissements scolaires
de l’Ariège, a participé cette année encore au concours de la Résistance.
Nos recherches nous ont conduits à rencontrer les témoins de cette période mais
aussi à recenser les nombreuses stèles et plaques commémoratives.
Nous sommes à ce propos très étonnés de constater que la villa Lauquié, siège de la
gestapo pendant cette période, ne présente aucune plaque rappelant les exactions
commises en ce lieu.
Avec l’assentiment des associations de Déportés et de Résistants, la jeunesse qui ne
veut pas oublier s’adresse à vous afin de savoir s’il est envisageable d’installer une plaque
sur la façade de cette villa.
Souhaitant que notre requête obtienne satisfaction, veuillez recevoir, Monsieur le
Président du Conseil Général, nos salutations distinguées.
Ont été conviés à signer cette demande :
- Présidents de l’UNADIF, de l’ANACR, de la FNDIRP, des Evadés de France, de l’association
nationale des anciens Guerilleros des FFI de l’Ariège. »
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Par décision du Conseil Général, la villa Lauquié va connaître une nouvelle
affectation : le bâtiment abritera les services du comité départemental du tourisme. Dès
2011 les travaux de démolition à l’intérieur font disparaître entre autres la pièce du 2ème
étage et ses inscriptions si émouvantes...
Dans le cahier des clauses techniques particulières, produit en mai 2014, il est précisé
(extraits) : « La maison ou « château » de Lauquié fut réquisitionnée le 9 mars 1943 pour
loger des membres de la police allemande, la gestapo. Il a été occupé par cette police jusqu’à
la Libération, au mois d’août 1944. De nombreuses personnes ont été amenées là, après leur
arrestation, résistants mais aussi simples suspects ou victimes d’une dénonciation. Les
témoignages sont nombreux et explicites de tortures subies dans les pièces de la maison
Lauquié pendant des heures ou des jours. De là, certains étaient conduits à l’hôpital de Foix
en raison de leurs blessures, la plupart étaient transférés à la prison de Foix, puis à celle de
Toulouse, et nombre d’entre eux furent déportés vers les camps de concentration...
A la Libération, ce sont les forces militaires françaises qui ont occupé les locaux au
moins jusqu’à la fin de l’année 1945. Après des années d’abandon, la maison Lauquié
retrouva une vocation sidentielle et ses occupants y vécurent une vie de famille ordinaire.
Puis la maison fut abandonnée et la propriété servira, après la vente d’une de ses parties à la
municipalité de Foix, à la construction du collège Lakanal.
Le bâtiment a été réhabilité par le Conseil Général de l’Ariège qui y a regroupé en
2011 les acteurs du tourisme départemental. Désormais affecté au « vivant », la maison
Lauquié a tourné la page des sombres épisodes du siècle passé.
Mais il ne faut pas laisser s’effacer la mémoire de l’Histoire, et laisser tomber dans
l’oubli ceux qui ont souffert dans ces murs pour que leurs descendants puissent vivre dans un
monde libre...
Il a donc été décidé qu’un espace commémoratif à des fins pédagogiques serait
emménagé aux abords de cet ensemble de bâtiments, autour d’une œuvre artistique.
L’œuvre souhaitée devra répondre à ce devoir de mémoire tout en évoquant
davantage la liberté, gagnée par l’engagement et parfois le sacrifice de ceux qui n’ont pas
accepté de se soumettre, que la réalité de la barbarie. Il devra également permettre aux
jeunes générations de comprendre l’importance de ce combat pour la liberté ».
Pendant les travaux en février 2011
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