Voler à tous prix
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INTRODUCTION
Quel est le prix d’un billet d’avion ? En essayant de réserver un siège sur un
vol, tout voyageur peut se rendre compte qu’il n’y a pas de réponse simple.
Le niveau des prix fluctue grandement et rapidement dans le temps, de
manière incompréhensible de prime abord. Un relevé de prix exhaustif
présenté dans notre étude montre qu’il existe plusieurs dizaines de prix pour
le Paris – New York, s’étalant sur une plage très vaste entre 400€ et 4000€.
L’explication de ce phénomène réside en deux mots : Revenue
Management. Cette méthode, inventée par et pour les compagnies
aériennes, consiste à prévoir l’affluence sur chaque vol, réserver les sièges à
l’avance pour les clients les plus profitables, et à imposer à chacun d’eux le
prix maximal qu’on l’estime prêt à payer, et ce dans le but de maximiser le
revenu de la compagnie. Les tarifs aériens, derrière leur apparence aléatoire,
sont en réalité le fruit d’algorithmes d’optimisation poussés.
L’application de cette méthode n’est possible que depuis la libéralisation
récente du transport aérien, puisqu’auparavant les prix étaient fixés par le
régulateur. Elle émerge comme réponse à différents facteurs structurels du
secteur ; en particulier, les charges fixes y sont prépondérantes, le coût
marginal d’un passager est presque nul.
En plus du revenu de la compagnie ainsi calculé, le billet d’avion est majoré
d’une « taxe d’aéroport ». Ce montant, aussi élevé qu’opaque, correspond à
différentes taxes fiscales, redevances d’aviation et charges aéroportuaires,
mais aussi à des surcharges affectées à la compagnie comme la surcharge
carburant.
Pour obtenir un bon prix, il est d’usage en économie de comparer
différentes offres. Alors, sur quelle compagnie voyager ? L’ouverture du
ciel a permis l’apparition de nouvelles compagnies, en rupture avec le
modèle traditionnel. Les compagnies low-cost par exemple, qui cherchent
avant tout à baisser les prix en réduisant les coûts, se sont taillées en
quelques années une part de marché significative, générant dans leur sillage
une baisse des tarifs aériens. Mais des freins à la concurrence subsistent, en
particulier au niveau des infrastructures qui frôlent la saturation, empêchant
une concurrence parfaite.
De plus, même si la libéralisation permet aux transporteurs d’exercer hors
de leur pays d’origine, ouvrant toutes les lignes à la concurrence
européenne, le ciel international reste régi par des droits de trafic nationaux
contraignants. Alors, faute de se concurrencer, les grandes compagnies
coopèrent en code-sharing et forment des alliances, partageant ainsi le