Les fiches ju ridiques de Cop ropri ét é-eJuris : Loyers & Copropri été – Const ruction – Nouvelles technologies Fiche Jurisprudence http://www.copropriete-ejuris.be Trouble de Voisinage Les fiches Juridiques de Copropriété-eJuris.be Aboiements intempestifs d’un chien n ° 20 Justice de paix de Charleroi, (2ème Canton), Jugement du 13 mars 2000 Juge de paix : J. Malaise ; Avocat : Me P. HUET Le trouble de voisinage suppose la création d’un déséquilibre entre l’usage de leurs droits par des propriétaires voisins, c’est-à-dire l’existence d’un dommage excessif ayant pour objet un fait non fautif du propriétaire mais dépendant de sa manière d’user de son droit de propriété. Le juge doit apprécier tant la réalité que l’importance du trouble. Une compensation ne peut être accordée que si la mesure des inconvénients normaux est dépassée. Sont constitutifs de troubles anormaux de voisinages les désagréments causé par les aboiements intempestifs et continus d’un chien. Pour l’avenir, des dommages et intérêts mensuels peuvent être accordés jusqu’à ce qu’il doit mis fin au troubles ( JJP 2004, p. 335). Jugement du 13 mars 2000 (…) Vu la citation signifiée par l'huissier ... le 10 février 2000 par laquelle la demanderesse postule, sur pied de l'article 544 du Code civil, condamnation du défendeur à lui payer des dommages et intérêts à concurrence de 75.000 BEF en principal et de 5.000 BEF par mois-à dater de la citation, suite à des troubles anormaux de voisinage causés par le chien dudit défendeur, et ce jusqu'à cessation de ces troubles; (…) Attendu que les parties sont voisines et que le défendeur est propriétaire d'un chien type Collie, dont il apparaît qu'il est constamment attaché à une niche située dans le fond de la propriété du défendeur, en manière telle qu'il aboie nuit et jour; Que, durant quelques mois, dans un passé récent, les nuits ont été calmes mais qu'il semble que depuis que de nombreux voisins ont déposé plainte à la police communale contre le défendeur pour les aboiements intempestifs du chien de ce dernier, "des mesures de rétorsion" aient été prises; Que la demande a pour objectif principal de permettre la restauration du calme dans le quartier, ce qui est parfaitement raisonnable; Attendu que "la propriété est un droit, mais un droit destiné à être exercé dans un milieu social donné et au sein d'une organisation juridique déterminée" (BONNECASE, Précis de droit civil, 2ème édition, 1938, tome I, n° 566); Que le droit de chaque propriétaire en particulier y est donc limité par le droit de tous; exercé sans contrôle et sans mesure, envisagé uniquement abstraitement, ce droit de propriété léserait des droits tout aussi respectables que ceux de son titulaire; le droit de chacun doit donc être limité par la nécessité de sauvegarder les intérêts de la collectivité, du milieu social au sein duquel le propriétaire exerce son activité (Novelles, "Droit civil", tome III, Larcier, 1941,104); Attendu qu'aucun comportement fautif, qui justifierait une action basée sur les articles 1382 et suivants du Code civil, n'est actuellement reproché au défendeur; Attendu que le trouble de voisinage suppose la création d'un déséquilibre entre l'usage de leurs droits par des propriétaires voisins, c'est-à-dire l'existence d'un dommage excessif ayant pour cause un fait non fautif du propriétaire dans sa manière d'user de son droit de propriété, et que le juge doit apprécier tant la réalité que l'importance du trouble allégué, la compensation ne pouvant être accordée que si la mesure des inconvénients normaux de voisinage est dépassée (Civ. Namur 5Sème ch.), 26 mars 1992, J.T., 1992, 764); Que pour qu'une personne soit obligée de compenser le trouble de voisinage anormal dont on se plaint, il suffit qu'elle ait, personnellement ou Par personnes interposées, par un fait, une omission ou un comportement quelconque, provoqué ce trouble de voisinage' (Cass. (3ème ch.), 7 décembre 1992, J.T., 1993,473); Les fiches ju ridiques de Cop ropri ét é-eJuris : Loyers & Copropri été – Const ruction – Nouvelles technologies Fiche Jurisprudence http://www.copropriete-ejuris.be Les fiches Juridiques de Copropriété-eJuris.be Trouble de Voisinage Aboiements intempestifs d’un chien n ° 20 Attendu que si l'on ne peut exiger d'un chien qu'il soit aphone, chaque individu a néanmoins droit à jouir d'un minimum de tranquillité, notamment la nuit, et qu'il ne faut pas sous-estimer les désagréments et les dommages causés au système nerveux des personnes par des aboiements intempestifs et continus d'un chien, ce dont doit être parfaitement conscient le défendeur; Attendu qu'il appartient donc à ce dernier de prendre les dispositions nécessaires pour faire cesser le caractère continu et intempestif desdits aboiements de son chien, dont il a la garde et qu'il lui suffirait sans doute de laisser à son animal de compagnie (?) suffisamment de liberté de mouvement pour que son chien soit apaisé et retrouve son plein rôle de gardien et d'animal de compagnie agréable; Attendu que dans l'état actuel des choses, il ne nous appartient pas de dicter au défendeur les mesures à prendre, ni d' ordonner, du moins à ce jour, "l'évacuation" du chien dont il a la garde et que la seule solution raisonnable nous paraît dès lors de condamner le défendeur au paiement d'une indemnité mensuelle à la demanderesse, jusqu'à ce qu'il ait pris les dispositions nécessaires pour faire cesser les aboiements intempestifs et continus de son animal de compagnie; Qu'à terme, la cause pourrait être ramenée devant nous par l'une ou l'autre des parties, une mesure plus radicale pouvant toujours être imposée si les désagréments anormaux persistaient (voy. à cet égard J.P. SaintTrond, 5 avril 1993, Rev. dr. rur., 1993,260); PAR CES MOTIFS, Que lui laisser cette liberté de mouvement, ce qui est parfaitement possible au vu de la configuration des lieux, entraînerait évidemment pour le défendeur quelques inconvénients, comme les dégâts à la pelouse et l'obligation d'évacuer des excréments, mais qu'il appartient à chacun d'assumer les conséquences de la prise en charge d'un animal; Qu'il apparaît donc que dans le cas d'espèce, des désagréments excédant les troubles normaux de voisinage ont été causés par le chien du défendeur; Attendu que pour le passé; la compensation due à la demanderesse ne pourra consister qu'en des dommages et intérêts, qu'ex aequo et bono, nous limiterons à 25.000 BEF; Attendu que pour l'avenir le défendeur sera condamné au paiement de dommages et intérêts payables mensuellement jusqu'à ce qu'il soit mis fin au trouble excessif, ce dont ledit défendeur pourra rapporter la preuve (voy. J.F. Louveigné, 23 juin 1987, Act. dr., 1987,435); Attendu qu'en règle, le juge peut ordonner l'exécution aux frais de l'auteur du trouble des mesures nécessaires à la cessation des inconvénients anormaux de voisinage; que le juge peut donc prescrire des mesures tendant à supprimer ou à réduire l'activité génératrice du trouble (voy. not. J. HANSENNE, Le point sur la théorie des troubles de voisinage, Faculté de Droit de l'Université Catholique de Namur, session 1984-1985, (…) Recevons la demande et la disons partiellement fondée ; Condamnons le défendeur à payer à titre de dommages et intérêts à la demanderesse la somme de 25.000 BEF pour la période antérieure au prononcé au présent jugement et en outre, un montant de 1.500 BEF par mois à dater du 1er avril 2000 jusqu'à cessation des troubles dénoncés; Renvoyons l'affaire au rôle afin de permettre au défendeur de justifier de la cessation des troubles dommageables excessifs qu'il cause à la demanderesse et de permettre à cette dernière de ramener éventuellement la cause devant nous en cas de persistance des aboiements intempestifs et quasi continus du chien du défendeur; (…)