
Pour les fumeurs ayant une consommation d’alcool nocive, il est rai-
sonnable d’attirer l’attention des patients, en priorité, sur le produit immédia-
tement nocif.
Pour les fumeurs ayant une alcoolodépendance concomitante, la
priorité a longtemps été donnée à la prise en charge de la seule alcoolodépen-
dance (cf. p. 58). On sait maintenant que la prise en charge immédiate des
deux dépendances (préparation à la décision selon le schéma de Proschaka
(p. 59), arrêt des consommations et maintien prolongé du non-usage des deux
produits) est réalisable, acceptable par certains patients. Leur nombre et leurs
caractéristiques ne sont pas actuellement connus. Il est conseillé de faire pré-
ciser les souhaits, les appréhensions du patient et de les prendre en compte
pour le choix thérapeutique, cela parfois à l’occasion de consultations succes-
sives. Lorsque le patient souhaite, dans un premier temps, ne traiter qu’une
dépendance, le médecin mettra en avant celle qui est la plus nocive. Ainsi, on
donnerait la priorité au tabac chez un patient ayant une maladie cardiovascu-
laire ou broncho-pulmonaire ; à l’alcool chez un patient ayant une maladie
hépatique ou neurologique. Médecin et malade peuvent être confrontés à des
situations complexes : par exemple tel malade chez lequel l’état somatique
désigne le tabac, et les difficultés relationnelles (famille, travail, justice)
désigne l’alcool comme prioritaire. Raison de plus pour redire au patient que
le double sevrage est réalisable.
Souvent, les patients avec une double dépendance consultent avant
la survenue de maladie somatique qui orienterait le choix prioritaire d’un
sevrage. Si le patient ne se sent pas capable d’arrêter les deux drogues, laquelle
lui conseiller d’arrêter en premier ? Nous privilégions le sevrage de l’alcool,
immédiatement plus dangereux (accidents, problèmes sociaux, familiaux,
violence…). De plus, les effets bénéfiques en sont très rapidement perçus par
le malade, l’entourage et le médecin.
En cas de co-dépendance alcool et tabac :
– le traitement simultané des deux dépendances est possible ;
– si le patient est réticent pour ce traitement simultané, les
efforts se portent sur la dépendance la plus immédiatement
dangereuse ;
– en absence d’un danger immédiat (somatique, relationnel,
social…), nous proposons de débuter par l’alcool.
ALCOOL ET AUTRES DÉPENDANCES
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