La valorisation commerciale de l`agriculture à moindres

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La valorisation commerciale de l’agriculture
à moindres intrants chimiques :
Le cas des légumes périurbains au Vietnam
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La mise en place de pratiques d’agriculture
durable implique une valorisation commerciale
particulière, surtout dans les pays du Sud. En
effet, elle entraîne des surcoûts. Utiliser moins
de produits chimiques entraîne fréquemment
une baisse des rendements, surtout en zone
tropicale, où il est difficile de résoudre de
nombreux problèmes phytosanitaires sans
traitements adaptés. Par ailleurs, si les efforts de
durabilité ne sont pas reconnus spécifiquement
par le consommateur, ce sont les pratiques non
durables qui domineront sur le marchéi.
Pour répondre à ces problèmes de valorisation
commerciale, il existe différentes stratégies : le
contrat avec des acheteurs soucieux de disposer
de produits sains, comme les cantines scolaires ;
la certification, la labellisation ; la
communication. Ces stratégies sont
complémentaires et souvent combinéesii.
Nous illustrons notre propos par le cas des
légumes dits « sains » dans la périphérie de
Hanoi au Vietnam. Au Vietnam, comme dans de
nombreux pays d’Asie du Sud-est, les
consommateurs montrent des préoccupations
croissantes pour la qualité sanitaire des
alimentsiii.
Quelques milliers de producteurs ont bénéficié
au début des années 2000 de formations à la
diminution de l’utilisation de pesticides par
différentes formations en lutte intégrée,
l’utilisation plus rationnelle de produits chimiques
et des variétés plus résistantes, ainsi que des
associations de cultures. Leurs zones de
production font l’objet de contrôles sur l’eau, le
sol, et quelques échantillons des légumes. Ainsi
ils peuvent bénéficier du certificat « légumes
sains » délivré par le département de la
protection des plantes de la province de Hanoiiv.
Ces producteurs subissent une baisse de leurs
rendements, et une augmentation des coûts en
travail (pour surveiller les maladies), ainsi que,
dans une moindre mesure, des semences et
engrais (voir Figure 1). Par contre, le coût en
insecticide chute fortement.
La réduction de l’utilisation des intrants chimiques entraîne fréquemment des surcoûts pour les
producteurs des pays du Sud. Afin de bénéficier de prix supérieurs, leurs produits doivent être
reconnus par des débouchés et une labellisation spécifiques. Nous l’illustrons par le cas des
groupements de producteurs de légumes « sains » autour de Hanoi.
Agro-écologie
>> Améliorer le fonctionnement des filières et
marchés
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Figure 1 - Comparaison économique des filières
de chou « sain » et conventionnel autour de
Hanoi; en VND/kilo
170 229
187 250
153 87
298 491
50 110
347 413
660
1000
0
500
1000
1500
2000
2500
Conventionnel Sain
Profit du
commerçant
Coût de mise en
marché
Profit net du
producteur
Travail
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Mais le prix de vente est bien supérieur aux
légumes conventionnels, ce qui permet un profit
supérieur du producteur. Les filières de mise en
marché sont plus courtes que dans les filières
traditionnelles). Les débouchés comprennent
des cantines d’écoles ou d’entreprises, des
supermarchés avec contrats d’appro-
visionnement, et des magasins et stands de
marché. Dans ces filières, il y a au maximum un
intermédiaire entre producteur et consommateur.
Dans les chaînes conventionnelles, la majorité
des producteurs vend à un collecteur, qui
approvisionne des grossistes fournisseurs de
détaillants. Les producteurs de « légumes
sains » sont organisés en coopératives ou
associations de producteurs, et certains
membres s’occupent spécifiquement de la vente.
Ils emballent et labellisent les produits en
indiquant l’adresse des groupements concernés
et des engagements en termes de bonnes
pratiques agricolesv.
Un cas encore plus marqué de rapprochement
entre les producteurs et les consommateurs est
représenté par la filière des légumes
biologiques. En 2012, 400 consommateurs
adhéraient à un système de livraison par 70
producteurs, à prix fixe pour tout type de
légumes et toute l’année.
Il faut retenir l’importance des ventes directes
des producteurs aux consommateurs et des
producteurs aux détaillants pour valoriser les
efforts sur la qualité sanitaire. Des recherches
complémentaires devraient être menées pour
mesurer les impacts dans la durée de différents
types de circuits courts et modes de contrôle, en
termes d’alimentation, d’emploi, de revenus,
d’environnement, et d’innocuité des produits.
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Références
Quelques publications du Cirad
i Moustier, P. (2013). "Reengaging with Customers:
Proximity Is Essential but Not Enough." Acta
Horticulturae 1006: 17-33.
ii Moustier, P. (2014). "Valorisation commerciale
d'une agriculture commerciale de proximité." In P.-
Y. Lauri (ed.), Conception de systèmes horticoles
innovants pp. 233-245): Bouayes, Formatsciences.
iii Figuié, M., Bricas, N. and Moustier, P. (2014).
"Nouvelles pratiques de consommation alimentaire,
perception des risques et de la qualité des aliments
par les consommateurs urbains vietnamiens." In G.
d. Terssac, T. A. Quoc and M. Catlla (eds.),
Vietnam en transitions pp. 123-140). Lyon: ENS
Editions.
iv Moustier, P. and Nguyen, T. T. L. (2010). "The
role of farmer organisations in marketing periurban
"safe vegetables" in Vietnam." Urban Agriculture
Magazine 24: 50-52,
http://www.ruaf.org/node/2277.
v Moustier, P. and NguyenThi Tan Loc (2013). "Le
circuit court, mode de certification sanitaire des
légumes au Vietnam. 2013. In : SFER. 2013 :
7èmes Journées de la Recherche en Sciences
Sociales (JRSS), Angers, France, 11-12 décembre
2013. Société Française d'Economie Rurale
(SFER). s.l. : s.n., 12 p.
http://www.sfer.asso.fr/content/download/4760/3992
5/version/1/file/jrss2013_a1_moustier.pdf
Contact
Paule Moustier, UMR MOISA
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