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remarque alors qu'il se divise en différents sous-types de récepteurs, et que les voies de
signalisation des différents récepteurs de cette famille erb sont très liées. Il est donc très
difficile de faire un traitement spécifique d'un récepteur, car il existe de nombreux
récepteurs dont la structure ressemble à la sienne et utilisant les mêmes médiateurs. On
voit ainsi que l'activation du récepteur à l'EGFR entraine l'activation de FAK, qui lui-
même active différentes voies, et que les autres récepteurs peuvent eux aussi interagir
avec cette cascade de signalisation. On a donc un enchevêtrement de réseaux de
signalisation, ce qui fait qu'il est très difficile de cibler une seule voie.
2) Premier exemple: le cancer du sein.
La protéine HER2 est surexprimée dans des cancers du sein. Elle ne le sera pas dans
tous les cancers du sein, mais seulement dans certains sous-types d'entre eux. Seul 15
à 20% des cancers du sein surexpriment HER2 (on le voit avec un marquage en
immunohistochimie). Au début, on a pensé que cette sous-population pourrait être traitée
par des traitements ciblés, bloquant ce récepteur présent en trop grande quantité.
Pour commencer, on a développé un anticorps monoclonal (donc la DCI du médicament
se termine par le suffixe -mab, pour monoclonal antibodie), le trastuzumab (nom
commercial: Herceptin), qui se fixe en extracellulaire aux récepteurs HER2 et empêche
leur dimérisation, ce qui bloque leur activation en intracellulaire. Ce médicament, seul, a
entrainé une réponse dans 15 à 20% des cancers du sein, et est actuellement utilisé en
première ligne, mais uniquement pour cette fraction des malades qui surexpriment HER2
(il est inefficace chez tous les autres). Aujourd'hui, on l'utilise toujours en première ligne,
combiné à une chimiothérapie.
3) Deuxième exemple: la leucémie myéloïde chronique.
Cette leucémie représente environ 20% de l'ensemble des leucémies, et chaque année
on observe 1 à 2 cas pour 100 000 personnes. Cette leucémie est liée à l'activation d'une
protéine de fusion qu'on appelle BCR-ABL (BCR- Abelson). Explication du
phénomène: le chromosome 9 porte au niveau de son bras long une protéine ABL,
tandis que le chromosome 22 porte une protéine BCR. Dans la LMC, une translocation
conduit à la fusion des deux brins libres de ces chromosomes, et on aboutit à une
protéine de fusion, associant les deux protéines ABL et BCR. BCR-ABL est une kinase,
constitutivement active, qui est responsable de cette leucémie, elle en signe le
diagnostic.
Etant constitutivement active, la kinase BCR-ABL va constamment phosphoryler sa cible,
GRB2, laquelle active Ras, ce qui va entrainer une prolifération de la cellule par les
mécanismes que l'on connait (la célèbre voie des MAPK), et on obtient une cellule qui va
se multiplier de façon permanente, incontrôlée. On a donc cherché à bloquer cette
protéine de fusion, et on a fait un développement clinique portant sur la protéine STI571,