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MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET
DES POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Etude 33
Politique Budgétaire et Transformation Structurelle de
l’Economie Sénégalaise
DGPPE/DPEE/DEPE @ octobre 2015
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POLITIQUE BUDGETAIRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE
DE L’ECONOMIE SENEGALAISE
Par Arona BA et Hamat SY1
octobre 2015
Résumé
Cette étude vise à définir les choix budgétaires optimaux devant conduire à la réussite de l'axe 1 du
Plan Sénégal Émergent (PSE) relatif à la transformation structurelle de l'économie. En effet, la plupart
des pays émergents sont passés par cette phase cruciale de changement structurel qui leur a permis
d'atteindre des taux de croissance élevés, de réorienter l'activité économique notamment par une
promotion des industries manufacturières et de modifier le profil de leurs exportations. A l'aide d'un
MEGC inter temporel et du profil des dépenses d’investissement inscrites dans le PTIP articulé autour
du PSE, les résultats ont globalement montré un taux de croissance annuel moyen supérieur de 0,2
point de pourcentage au taux de croissance prévue à moyen terme ainsi qu’une évolution croissante
de la productivité totale des facteurs (PTF). Par ailleurs, les objectifs concernant la structure de
l’économie, le profil des exportations et le marché de l’emploi seraient globalement atteints,
notamment par une forte contribution du secteur secondaire.
Mots clés : Transformation structurelle, dépenses publiques, MEGC
Classification JEL : L16, H50, D58
Abstract
The aim of this study is to determine the optimal budget choices that should lead to successfully
reach the structural transformation of the Senegalese economy. As a matter of fact, most emerging
countries have gone through this crucial step of structural change which led them to achieve high
growth rates, redirect economic activity in favor of manufacturing industries and also modify
exports profile. Using an inter temporal CGE model and simulating a scenario based on government
investment expenditure program developed in the PTIP of PSE strategy would lead growth to exceed
the expected medium term rate by 0,2 percentage point. TFP would also increase. Moreover, targets
on the structure of the economy, exports profile and employment would be globally met in
particular thanks to a strong contribution of the secondary sector according as recommended by the
PSE.
Keys words: Structural change, Public expenditures, CGE model
JEL classification : L16, H50, D58
1 Etude réalisée avec l’appui du Projet de Coordination des Réformes Budgétaires et Financières.
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1. Introduction
Le Sénégal ambitionne, à l'horizon 2035, d’intégrer le groupe restreint des pays émergents.
A l’origine du concept d'émergence, Van AGTMAEL (1981), économiste à la Société
Financière Internationale (SFI), utilisait cette catégorie de pays pour distinguer les Etats en
développement qui présentaient un fort attrait pour les investisseurs étrangers des pays
exposés à des risques importants. Ainsi, l’avènement des pays dits « émergents », caractérisés
par une croissance forte, un faible endettement et un accroissement des Investissements
Directs Étrangers (IDE), a reconfiguré le paysage économique mondial.
Pour atteindre le stade d’émergence, l'axe 1 du Plan Sénégal Émergent (PSE) vise la
transformation structurelle de l’économie qui permettrait d’atteindre des niveaux de
croissance élevés et soutenus à travers notamment la définition de nouveaux secteurs
créateurs de richesses, d'emplois, d'inclusion sociale et à forte capacité d'exportation et
d'attraction d'investissements privés.
La transformation structurelle désigne généralement une réorientation de l'activité
économique des secteurs les moins productifs vers ceux qui sont plus productifs. Elle se
manifeste le plus souvent par une évolution de l'économie qui part d’une prédominance du
secteur primaire, en passant par un développement du secteur manufacturier et finit par
une économie de services. Par ailleurs, ce mouvement s’accompagne d’une baisse
progressive de la part de l'emploi dans le secteur primaire. Les pays qui ont réussi
l'émergence ont, en effet, expérimenté le processus de transformation structurelle de leur
économie. Dans certains pays asiatiques tels que la Corée du Sud, le Taïwan, l’Inde ou
l’Indonésie, le processus de transformation structurelle a été déterminant pour l’atteinte du
stade d’émergence (Timmer et Szirmai, 2000).
La transformation structurelle de l'économie doit, cependant, s’accompagner d’une bonne
politique budgétaire, à travers notamment des choix de dépenses publiques appropriés. Pour
rappel, la politique budgétaire désigne l’ensemble des mesures prises par les pouvoirs
publics, à travers les politiques de recettes, de dépenses et d'endettement, afin d’agir
efficacement sur l’activité économique et le niveau de vie d’un pays. Les objectifs visés
traditionnellement par les utilisateurs de l’instrument budgétaire s'inscrivent dans la même
dynamique que ceux du carré magique de Kaldor relatifs au plein emploi, à la stabilité des
prix, à la croissance économique et à l’équilibre extérieur. Par ailleurs, selon MUSGRAVE
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(1959), la politique budgétaire poursuit trois principales fonctions relatives à l’allocation
des ressources, la redistribution des revenus des agents économiques et la stabilisation de la
conjoncture. Plus récemment, la politique de relance keynésienne, quelque peu ressuscitée
par la crise financière de 2007-2008 et la récession qui s’en est suivie, a contribué à
résorber la conjoncture économique.
Dans les pays en développement, les principales contraintes qui pèsent sur la politique
budgétaire sont relatives à une base d’imposition inadéquate, une capacité limitée à collecter
les impôts, la dépendance à l’égard du financement monétaire et/ou bancaire, des dépenses
publiques inefficaces et, très souvent, des niveaux de dette publique élevés. Plus
particulièrement, dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, les crises financière
mondiale et alimentaire ont eu un impact négatif sur les finances publiques du fait d’une
baisse des recettes publiques induite par le repli de l’activité économique et d’une hausse des
dépenses notamment celles liées aux subventions destinées à soulager les couches
vulnérables de la population face aux effets adverses des chocs de prix. Cependant, les
progrès considérables marqués par des taux de croissance élevés en Afrique, sur la dernière
décennie, permettent de garder l’espoir d’un accroissement de la marge de manœuvre
budgétaire afin d’atténuer les chocs internationaux. En tout état de cause, la politique
budgétaire revêt une importance capitale en régime de change fixe. C’est le cas du Sénégal.
Durant la dernière décennie, la situation budgétaire du Sénégal a été marquée par un
affaiblissement de la santé des finances publiques à une augmentation des dépenses plus
rapide que celle des recettes. En effet, une tendance haussière du recouvrement des recettes
fiscales a été observée permettant au taux de pression fiscale de passer en moyenne de 17%
sur la période 2000-2005 à 18,2% entre 2006 et 2013. Le négal atteint, de ce fait, l’un
des taux de pression fiscale les plus élevés de la zone UEMOA. Ces performances en termes
de mobilisation de recettes fiscales s’expliquent sans doute par les réformes fiscales
entreprises par les autorités, notamment à travers la création du centre des grandes
entreprises, la simplification de l’imposition des petites entreprises avec l’introduction de la
contribution globale unique (CGU) et la modernisation de l’administration fiscale. En
revanche, les dépenses publiques ont fortement augmenté. Le ratio des dépenses publiques
sur le PIB est passé de 20,5% en 2000, à 24,5% en 2005 et 26,5% en 2013. Malgré un effort
de rationalisation des dépenses courantes de la part des autorités, elles restent supérieures
aux dépenses d’investissement dont l’impact sur la croissance reste miticomme dans les
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pays de la sous-région. FALL et THIAW (2012) ont montré que 40% des dépenses
d’investissements dans l’UEMOA sont improductives. En définitive, le déficit budgétaire en
pourcentage du PIB se dégrade, passant de 2,5% sur la période 2001-2006 à 5,2% sur la
période 2007-2013, exacerbé par l’effet de la flambée des cours internationaux du pétrole
et des produits alimentaires ayant nécessité le déploiement d’un plan d’urgence onéreux. La
croissance économique est restée faible, avec notamment des taux moyens de 4,4% sur la
période 2000-2005 et 3,4% sur la période 2006-2013.
Pour inverser la tendance, et permettre à l’économie d’exploiter tout son potentiel, le Sénégal
cherche à travers sa stratégie d’émergence, à réaliser la transformation structurelle en
s’appuyant notamment sur la politique budgétaire. Sur la période de 2014-2018
correspondant aux cinq premières années de la mise en œuvre du PSE, des taux de
croissance moyens de 12,4% des recettes et de 10,2% des dépenses sont prévus.
L’investissement devrait s’accroître de manière consistante sur la période et ainsi s’écarter de
son niveau tendanciel. En outre, le PSE envisage la rationalisation et l’amélioration de la
planification et de l’exécution budgétaires afin d’accroître l’efficacité des dépenses
publiques.
Ainsi, l’objectif de cette étude est de définir une politique budgétaire permettant de répondre
aux défis du PSE, notamment ceux de l’axe 1 qui vise la transformation structurelle de
l’économie. L’étude devra permettre de déterminer l’impact d’une réallocation des dépenses
d’investissements publics sur les indicateurs de transformation structurelle.
La suite du document se présente comme suit. La section 2 passe en revue la littérature. La
section 3 retrace l’historique de la politique budgétaire du Sénégal depuis 1980. La section 4
procède à un benchmarking afin de s'inspirer de l'expérience de certains pays émergents en
matière de transformation structurelle. Les faits stylisés sont présentés dans la section 5. La
section 6 expose la méthodologie. Les résultats ainsi que leur interprétation sont présentés
dans la section 7. Enfin, la section 8 est réservée à la conclusion.
2. Revue de littérature
L’objectif de cette partie est de faire un bref survol des études abordant le thème de la
politique budgétaire à travers son impact sur la transformation structurelle des économies.
Dans la théorie économique trois positions se dégagent par rapport à l’impact de la politique
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