Guide de la transparence dans les rapports budgétaires

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Guide de la
transparence
dans les rapports
budgétaires
gouvernementaux:
Comment la société civile peut-elle
utiliser les rapports budgétaires à des
fins de recherche et de plaidoyer?
Édité par Vivek Ramkumar et Isaac Shapiro
Remerciements
Table des Matières
Ce guide a été édité par Vivek Ramkumar et Isaac Shapiro. De nombreux
chapitres sont le fruit du travail préliminaire de Barry Anderson, l’ancien
directeur de la Division budget et dépenses publiques de l’Organisation
pour la Coopération et le Développement Économiques (OCDE), Peter
Heller, l’ancien directeur adjoint du Département des affaires fiscales du
Fonds Monétaire International (FMI); et Murray Petrie, de “Transparency
International New Zealand.” Nous les remercions d’avoir mis leur expertise
et leurs efforts au service de ce rapport.
I. Introduction
4
II. Le Rapport préalable au budget
6
III. Le Projet de budget de l’exécutif
9
IV. Le Budget des citoyens13
V. Le Budget adopté15
Nous aimerions également remercier les nombreux lecteurs de ce rapport,
dont les idées ont grandement contribué à sa qualité: Ann Blyberg de
“International Human Rights Internship Program” Washington. D.C.;
Jasper Cummeh de “Actions for Genuine Democratic Alternatives,”
Liberia; Antoine Heuty, Juan Carlos Qurioz, et Antonio Barroso du
“Revenue Watch Institute,” New York; Chea Kimsong du “NGO Forum,”
Cambodge; Jose María Marin de “Fundar,” Mexique; John Mutua de
“Institute of Economic Affairs,” Kenya; Carlos Santiso de la Banque
Africaine de Développement, Tunisie; Jon Shields du FMI, Washington,
D.C.; et Gregory Smith de l’ “Overseas Development Institute,”
Royaume Uni.
VI. Les Rapports en cours d’année17
VII. La Revue de milieu d’année19
VIII. Le Rapport de fin d’année22
IX. Le Rapport d’audit24
Une aide et des contributions de grande valeur ont été fournies par nos
collègues de l’IBP, Juan Pablo Guerrero, Delaine McCullough, Elena Mondo
et Albert Van Zyl.
Warren Krafchik
Directeur
2
International Budget Partnership
Cover: Giacomo Pirozzi/UNDP
Enfin, nous adressons notre sincère gratitude au Département pour le
développement international du Royaume Uni (UK aid), ainsi qu’à l’ “Open
Society Institute,” la Fondation Ford et la Fondation William et Flora
Hewlett, dont le soutien financier a rendu ce projet possible.
3
I.
Introduction
L’Enquête sur le budget ouvert du Partenariat Budgétaire International (IBP) examine la publication de
huit rapports budgétaires principaux par les gouvernements des pays du monde entier. Les informations
contenues dans ces rapports aident le public et la société civile à comprendre les projets de budget
et la manière dont ils sont mis en œuvre, et les encouragent également à participer aux débats sur le
budget. Nos études, basées sur cette enquête, ont conduit la société civile ainsi que les gouvernements
à nous interroger sur l’importance de ces rapports particuliers, et sur ce qu’un rapport modèle doit
contenir pour être transparent.
Il n’existe guère de documents de référence répondant à ces questions. Les banques de développement
et l’Organisation pour le Développement et la Coopération Économiques (OCDE) ont publié des
manuels contenant des informations détaillées sur les systèmes de gestion des finances publiques,
mais la documentation qui existe n’est pas conçue pour le grand public et ne répond pas en détail aux
questions soulevées par l’Enquête sur le budget ouvert.
C’est pourquoi, l’IBP a rédigé une série de brefs rapports sur chacun des huit rapports budgétaires,
décrivant leur importance, et préconisant leur structure au sein d’un guide intitulé Guide de la
transparence dans les rapports budgétaires gouvernementaux: pourquoi sont-ils importants et que
doivent-ils contenir? Cette publication examinant les huit rapports budgétaires – le Rapport préalable
au budget, le Projet de budget de l’exécutif, le Budget des citoyens, le Budget adopté, les Rapports en
cours d’année, la Revue de milieu d’année, le Rapport de fin d’année et le Rapport d’audit – peut être
consultée sur le site: www.internationalbudget.org.
Dans ce guide, nous verrons comment les organisations de la société civile peuvent utiliser les huit
rapports budgétaires clés dans des objectifs de recherche et de plaidoyer. Les idées présentées ici au
sujet des types de recherche et de plaidoyer que la société civile peut entreprendre en s’appuyant sur
les huit rapports budgétaires clés ne prétendent pas à l’exhaustivité. Les organisations de la société
civile sont en train de mettre au point rapidement des techniques innovantes d’analyse des rapports
budgétaires et de soutien des initiatives de plaidoyer.
Dans certains cas, les idées de recherche pour la société civile s’appuyant sur les huit rapports
budgétaires clés proviennent d’initiatives déjà lancées par des organisations de la société civile. C’est
particulièrement le cas pour les projets de recherche prenant appui sur le Projet de budget de l’exécutif,
le Rapport de fin d’année et le Rapport d’audit. Cependant, les organisations de la société civile ont
généralement fait un usage plus limité du Rapport préalable au budget, des Rapports en cours d’année
et de la Revue de milieu d’année – en partie parce que de nombreux gouvernements n’ont pas publié
4
International Budget Partnership
ces rapports, ou parce que ceux qui ont été publiés présentent des données incomplètes, ce qui a limité
la capacité de la société civile à les utiliser. C’est pourquoi, pour ces rapports, nous ne citons aucun
exemple d’initiatives de recherche déjà menées par la société civile; au lieu de cela, nous suggérons
des domaines potentiels de recherche et de plaidoyer pour la société civile, en utilisant les types de
données que ces rapports sont censés contenir.
Il faut noter que, bien que nous discutions de l’utilisation potentielle de chacun des huit rapports
budgétaires clés, il est probable (et préférable) que lorsque les organisations de la société civile entameront
une recherche et une surveillance des budgets gouvernementaux, elles utiliseront simultanément les
informations contenues dans multiples rapports. En outre, elles peuvent utiliser des informations
issues d’autres rapports de politique économique pertinents publiés par le gouvernement, ou tirées
de sources indépendantes. De nombreuses autres publications de l’IBP fournissent des comptesrendus complets des techniques d’analyses budgétaires, y compris les trois guides sur la recherche et
le plaidoyer budgétaires:
ɆɆA Guide to Budget Work for NGOs, disponible en anglais, russe, arabe et espagnol sur
http://internationalbudget.org/library/publications/index.cfm?fa=view&id=3523.
Ce guide fournit une description complète des principes de base pour un travail appliqué au
budget, des exemples de références utiles, et les meilleurs pratiques; il met l’accent sur les phases
de formulation et d’adoption du budget.
ɆɆA Guide to Tax Work for NGOs, disponible en anglais sur http://internationalbudget.org/
library/publications/index.cfm?fa=view&id=3522.
Ce guide a pour objectif de démystifier les questions politiques liées aux recettes, et donne aux
groupes de la société civile les outils dont ils ont besoin pour influencer la politique des recettes,
de la même manière qu’ils ont pu influencer la politique des dépenses.
ɆɆ Our Money, Our Responsibility: A Citizens’ Guide to Monitoring Government
Expenditures, [Notre argent, notre responsabilité: le guide du citoyen pour le suivi des dépenses
de l’état] disponible en anglais, français, russe, espagnol, et indonésien sur
http://internationalbudget.org/library/publications/index.cfm?fa=view&id=3520.
Ce guide offre un panorama des procédures de mise en œuvre budgétaire et fournit des outils
pratiques et éprouvés, qui peuvent être utilisés par les organisations de la société civile voulant
surveiller les dépenses du gouvernement.
5
II.
Le Rapport
préalable au budget
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
La publication du Rapport préalable au budget représente une opportunité importante pour la société
civile. Ce rapport paraît au stade du processus pendant lequel la société civile a potentiellement
le plus d’influence sur le Projet de budget final, étant donné qu’il reste encore beaucoup de temps
pour les discussions avec les ministères sectoriels et le Ministre des Finances à propos des détails du
programme, des principales orientations politiques, et des priorités budgétaires générales. La société
civile peut également débattre avec des intervenants législatifs au sujet du Rapport préalable au budget;
la meilleure pratique préconise qu’il soit discuté par le pouvoir législatif.
Que peut faire la société
civile avec ce rapport?
La logique suivante milite en faveur d’un programme de plus en plus ambitieux visant à impliquer la
société civile dans la préparation du Rapport préalable au budget.
Premièrement, pour les pays qui ne publient pas de Rapport préalable au budget (et les résultats de
l’Enquête sur le budget ouvert indiquent que c’est le cas pour de nombreux pays), la société civile devrait
signaler aux pouvoirs exécutif et législatif que la préparation d’un tel rapport renforce le processus
budgétaire tout entier. La société civile devrait décrire les succès des nombreux pays qui utilisent le
Rapport préalable au budget comme élément de départ central du processus budgétaire.
Deuxièmement, pour les pays qui publient un Rapport préalable au budget mais uniquement en tant
que simple rapport interne, ou qui ne fait pas l’objet d’une discussion législative, ou auquel le grand
public n’a pas accès, la société civile doit s’assurer que ce rapport est largement rendu disponible.
6
International Budget Partnership
Troisièmement, la société civile doit encourager activement le gouvernement à publier un Rapport
préalable au budget qui correspond aux bonnes pratiques. Il faut ainsi s’assurer que celui-ci:
ɆɆCommunique clairement les hypothèses macroéconomiques qui sous-tendent la formulation du
budget à venir.
ɆɆExplique la stratégie budgétaire du gouvernement et la logique qui la détermine. La stratégie
doit non seulement couvrir l’année budgétaire à venir, mais aussi le moyen terme. Par ailleurs,
elle doit non seulement répondre à la situation macroéconomique actuelle, mais également à la
nécessité d’assurer la viabilité du budget et la solvabilité du gouvernement.
ɆɆFournit autant de détails que possible sur les principales priorités budgétaires sectorielles et
sous sectorielles, mettant en lumière toute hausse potentielle des dépenses.
ɆɆEt enfin, donne des éclaircissements sur les plans gouvernementaux en matière d’initiatives
politiques nouvelles ou de changement d’orientation de ses politiques.
Quatrièmement, pour les organisations de la société civile des pays dans lesquels le gouvernement
publie un Rapport préalable au budget bien formulé, la publication de ce rapport représente une
opportunité cruciale d’influencer les politiques du gouvernement et les décisions budgétaires. La société
civile peut donner son avis sur la pertinence des politiques macroéconomiques. La société civile estimet-elle que les grandes hypothèses qui sous-tendent la formulation des politiques macroéconomiques
sont appropriées en termes à la fois de la description de la conjoncture actuelle et des objectifs des
politiques en ce qui concerne l’inflation, le chômage et la croissance réelle? Même si elle convient que
les hypothèses et les objectifs politiques sont raisonnables, la société civile peut avoir un avis différent
de celui du gouvernement sur la pertinence de la stratégie budgétaire générale à adopter pour atteindre
ces objectifs. Par exemple, l’ “Institute for Fiscal Studies” au Royaume Uni analyse le Rapport préalable
au budget communiqué par le gouvernement et rend ses recommandations publiques, afin d’influencer
les décisions finales (Voir http://www.ifs.org.uk/projects/314).
Si une organisation de la société civile ne possède pas les capacités de recherche ou les informations
suffisantes pour analyser les hypothèses sur lesquelles se base le Rapport préalable au budget, ou les
prévisions faites par ce rapport, elle peut tout de même participer au débat. Elle peut utiliser les analyses
réalisées par d’autres intervenants (comme celles des institutions financières internationales) pour
demander que le gouvernement justifie ses hypothèses et prévisions.
Et en outre, la société civile pourra émettre des opinions sur les priorités budgétaires des différents
secteurs, les affectations spécifiques pour des programmes sous-sectoriels particuliers, et les initiatives
politiques nouvelles identifiées dans le Rapport préalable au budget. L’analyse du rapport et la
justification des opinions est un exercice difficile étant donné que les données généralement présentées
dans le Rapport préalable au budget sont fortement regroupées. Les organisations de la société civile
7
peuvent contourner le problème en utilisant les détails fournis par le budget de l’année précédente
afin d’élaborer leurs arguments en vue de changer les priorités.
La parution du Rapport préalable au budget donne aux organisations de la société civile une occasion
importante d’expliquer aux groupes qu’ils représentent la nature des politiques poursuivies par le
gouvernement, et de recueillir leurs réactions. Et comme le Rapport préalable au budget est en général
publié pour faire l’objet d’un débat au sein du pouvoir législatif, les organisations de la société civile
doivent chercher à faire pression sur les principaux législateurs afin d’influencer les commentaires
de ces derniers lors de la discussion législative sur le Rapport préalable au budget. De même, les
organisations de la société civile sont à même d’engager des discussions avec des ministères sectoriels
et avec le Ministère des Finances sur les questions au sujet desquelles elles sont en désaccord.
Cinquièmement, le Rapport préalable au budget sert à susciter des attentes appropriées pour le
budget lui-même, et les organisations de la société civile peuvent utiliser ce rapport pour préparer
le débat concernant le Projet de budget de l’exécutif, une fois qu’il est présenté au pouvoir législatif.
Et finalement, certaines organisations ont essayé d’utiliser les informations contenues dans le Rapport
préalable au budget pour produire un budget alternatif. Il est important de noter qu’il est difficile de
créer un autre budget parallèle complet, en raison du coût financier, des données et du savoir faire
requis. Par exemple, l’Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral du Canada est préparée par
le Centre canadien des politiques alternatives. (Voir http://www.policyalternatives.ca/sites/default/
files/uploads/publications/National_Office_Pubs/afb2003_fiscal_statement.pdf ).
III.
Le Projet de
budget de l’exécutif
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Dans la plupart des pays, les questions liées au budget sont sur la sellette surtout au moment où le
pouvoir exécutif transmet son Projet de budget au pouvoir législatif et au public. C’est souvent à ce
stade que les questions clés du débat sur le budget font surface, et que les intervenants déclarent leur
avis sur les mérites de ce budget. Les spécialistes évaluent donc communément le Projet de budget de
l’exécutif lorsqu’il est publié. Ce type d’analyse a également l’avantage de produire des informations
auxquelles correspond une forte demande. Ci-dessous, nous présentons de nombreuses idées de
recherche et de plaidoyer que les organisations de la société civile pourront entreprendre lorsqu’elles
traiteront les informations contenues dans le Projet de budget de l’exécutif. (Les exemples de recherche
et de plaidoyer donnés dans cette section peuvent également être entrepris pour le Budget adopté) Que peut faire la société
civile avec ce rapport?
1. Une analyse générale du Projet de budget de l’exécutif: une évaluation complète et détaillée
du Projet de budget, au moment de sa publication par l’exécutif, peut aider les groupes à identifier les
domaines de recherche particulièrement importants, qui nécessiteront peut-être du travail additionnel
au cours des étapes ultérieures du processus budgétaire. Par exemple, si une évaluation du Projet de
budget de l’exécutif montre que les dépenses pour les programmes de santé publique ont augmenté, une
organisation pourrait en effectuer le suivi en évaluant dans quelle mesure les personnes ciblées par ces
programmes ont réellement pu en bénéficier. Le “Centre on Budget and Governance Accountability”
en Inde produit régulièrement un compte-rendu général du budget national (Voir http://cbgaindia.
org/publications/primers_manuals/PRIMER-1-FIN%20reduced.pdf ). 8
International Budget Partnership
9
2. Des communiqués pour les législateurs: Les organisations de la société civile peuvent présenter
leurs analyses du Projet de budget de l’exécutif aux législateurs, afin de les aider à participer aux
discussions budgétaires. Par exemple, l’ “Institute of Economic Affairs” (IEA), au Kenya, commence
son travail sur le Projet de budget de l’exécutif des mois avant sa publication en menant des audiences
publiques. Étant donné que le parlement du Kenya a très peu de temps pour débattre et approuver le
budget, l’IEA rassemble à l’avance une équipe d’experts qui analysent le Projet de budget et préparent
un guide pour aider les Membres du Parlement durant les débats. Le week-end suivant l’introduction du
budget, l’équipe de l’IEA passe au peigne fin la présentation du budget et les déclarations financières, afin
d’en dégager les points clés et d’en rendre les informations facilement et rapidement compréhensibles
pour les Membres du Parlement. (Voir http://www.ieakenya.or.ke/subsection.asp?ID=6).
3. Une analyse par secteur: Un genre d’analyse fréquemment opéré par les groupes budgétaires revient
à se concentrer sur un secteur important de l’économie, auquel le gouvernement propose d’attribuer
des ressources substantielles. Ces analyses peuvent examiner un secteur, comme la santé, l’éducation
ou la sécurité, en le comparant avec d’autres secteurs, avec l’économie dans son ensemble, ou avec des
données historiques. Les analyses des budgets militaires, par exemple, peuvent attirer l’attention sur
le montant dépensé pour le secteur militaire en comparaison avec les secteurs sociaux. Les analyses
de secteurs comme la santé et l’éducation incluent souvent des comparaisons internationales, ou des
comparaisons entre les états ou les provinces d’un même pays. Toutes ces comparaisons peuvent aider
à déterminer si suffisamment de ressources sont affectées à une agence ou à un secteur.
Dans de nombreux pays, il est plus facile d’obtenir des informations sur des secteurs si les ministères (ou
départements) sont structurés par secteur entier, comme c’est le cas pour le ministère de l’Éducation.
Cela permet aux organisations qui s’intéressent à un secteur particulier d’obtenir la plupart des
informations dont elles ont besoin relativement facilement. Par exemple, le “Uganda Debt Network”
a analysé le budget national afin d’évaluer son impact sur le secteur de l’éducation dans le pays. (Voir
http://www.udn.or.ug/pub/StatementSD.pdf ). 4. Une analyse des effets sur les différents groupes de population: On constate en général deux
types d’analyses concernant l’impact des budgets proposés sur des groupes spécifiques. L’un examine
les effets des propositions de dépenses sur les différentes tranches de revenus. De telles analyses
pourraient explorer la proportion des dépenses totales du gouvernement dédiées aux programmes
et aux projets qui soutiennent les segments de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Un second type d’analyse examine les effets du budget proposé par le gouvernement sur un groupe
particulier, défini selon des critères autres que le revenu. De telles analyses pourraient observer les
effets du budget sur le troisième âge, ou sur une minorité ethnique ou raciale.
Par exemple, les organisations de la société civile ont souvent évalué les propositions budgétaires
selon leurs effets sur les enfants ou les femmes. Dans la plupart des cas, les budgets ne font pas de
référence particulière aux enfants et aux femmes, et ne font pas état d’affectations séparées pour des
programmes bénéficiant aux femmes et aux enfants. L’impact du budget sur les femmes et les enfants
doit donc être tiré des sources diverses d’informations composant le budget, ou extérieures au budget.
10
International Budget Partnership
Le “South African Women’s Budget Initiative” [l’Initiative budgétaire de la femme sud-africaine] a
examiné l’effet du budget sur les femmes dans quatre domaines (le logement, l’éducation, la santé, le
travail) ainsi que pour les questions plus générales du chômage dans le secteur public et de la fiscalité.
La société civile et les chercheurs universitaires ont mené les recherches conjointement, parce que
l’un des buts explicites de l’ “Initiative” était de renforcer la capacité de la société civile à effectuer des
analyses du budget, en particulier pour les organisations travaillant sur les questions de parité sexuelle
(http://www.undp.org/women/CD-Gender-and-Budgets-2004/4.2-national.htm#1).
Toujours en Afrique du Sud, l’ “Institute for Democracy in South Africa” (IDASA) [l’Institut pour
la démocratie en Afrique du Sud] a examiné les ressources que le gouvernement attribuait aux
programmes pour les enfants, et dans quelle mesure ces programmes reflétaient correctement les
besoins des enfants, tels qu’ils sont établis par la Convention des Nations Unies pour les Droits des
Enfants (http://www.idasa.org.za/).
5. Une analyse de l’économie générale: Le budget a une influence énorme sur l’économie d’un
pays, ce qui souligne l’importance d’une évaluation des hypothèses budgétaires et économiques, et des
effets du budget, et tout particulièrement son impact sur les pauvres. Il est bon d’examiner l’impact du
Projet de budget de l’exécutif sur le déficit annuel et la dette publique, ainsi que les effets attendus du
budget sur les résultats économiques, tels que l’inflation, la croissance et l’emploi. L’analyse fiscale est
fondamentale pour l’analyse du budget, étant donné que les questions fiscales et économiques affectent
la taille et la composition des affectations aux différents secteurs et programmes.
Les études qui examinent les questions fiscales et économiques dans le budget proposé comprennent
en principe une analyse des objectifs et des cibles budgétaires. Les estimations des recettes et des
dépenses sont-elles raisonnables et correctes? Sur la base du Projet de budget, quel sera le déficit ou
l’excédent probable du gouvernement? Quelle est la ventilation des fonds entre les principaux secteurs
économiques? Ces analyses peuvent également faire une analyse critique des estimations qui sous
tendent le budget, concernant les variables économiques clés telles que l’inflation et le chômage.
Par exemple, le “Centro de Implementación de Políticas Públicas para la Equidad y el Crecimiento”
(CIPPEC) en Argentine entreprend régulièrement une analyse économique du budget national. (Voir
http://www.cippec.org/Main.php?do=reportsShow&categoryId=2&page=2).
Ces analyses peuvent également ajuster la présentation des chiffres budgétaires, afin de les rendre
plus significatifs. Une analyse pourrait, par exemple, examiner les tendances des dépenses pour une
période donnée en tenant compte de l’inflation, ou examiner les dépenses générales dans un domaine
particulier, par personne, ou selon sa proportion de l’économie.
6. Une analyse des recettes: L’un des plus important type d’analyse des recettes consiste à examiner
les effets du système fiscal sur la distribution des revenus. La réforme fiscale proposée serait-elle plus
favorable aux riches ou aux pauvres? Le régime fiscal prélève-t-il une plus grande part des revenus des
personnes à faible revenu, ou des personnes aux revenus importants? Répondre à ce type de questions
11
exige une bonne compréhension des sources variées de recettes et des détails sur la manière dont les
taxes sont levées. D’autres types de variables peuvent être étudiées, y compris:
ɆɆLes recettes en pourcentages de l’économie;
ɆɆL’évolution des recettes d’une année à l’autre;
ɆɆLes différentes sources de revenus, en pourcentages des recettes totales; et
ɆɆLes recettes, les dépenses et le déficit.
(Voir pages 56-57 du Guide to Tax Work pour plus de détails sur ces points, ils peuvent être consultés
sur http://www.internationalbudget.org/files/GuideTaxWork.pdf .)
Il est également essentiel que les groupes budgétaires rapprochent les analyses sur les recettes de
celles sur les dépenses. Les dépenses et les recettes sont les deux côtés de l’angle budgétaire; les groupes
doivent s’assurer que la base des impôts suggérée est suffisamment large pour permettre le soutien des
programmes gouvernementaux clés. En outre, lorsque les gouvernements proposent des allègements
fiscaux, ils les rendent souvent plus attrayants en minimisant les pertes de revenus associées, et en
exagérant l’impact sur la croissance. Un rôle important de l’analyse fiscale sera donc de fournir une
évaluation réaliste des tendances des recettes soumises dans le cadre d’une proposition fiscale, et de
la comparer aux perspectives de dépenses, afin de définir si cette combinaison est viable.
Le “Centre for Budget Advocacy” (Ghana) a inclu des analyses sur les propositions des recettes du
gouvernement dans ses comptes-rendus annuels au sujet du Projet de budget de l’exécutif (Voir http://
www.g-rap.org/docs/2009/the_2002_budget_of _ghana.pdf ). Par exemple, il a donné son avis sur la
réduction des impôts sur les revenus des sociétés, et les insuffisances de l’administration fiscale, ce qui
contraint le pays à dépendre fortement du soutien des donateurs. Le “Centre for Budget Advocacy” a
critiqué le gouvernement pour avoir continuellement réduit l’impôt sur les revenus et pour s’appuyer
de plus en plus sur des taxes à la consommation régressives.
IV.
Le Budget adopté
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Le rapport du Budget adopté aide la société civile à déterminer quels sont les gagnants et les perdants du
budget. Les informations de base contenues dans ce rapport peuvent également aider les organisations
de la société civile à élaborer des stratégies qui encouragent le gouvernement à fournir un maximum
d’avantages aux domaines prioritaires que les organisations favorisent, à faire changer les affectations
de l’année budgétaire pour les années suivantes, ou même en cours d’année, afin de mieux satisfaire
les besoins pressants.
Qu’est ce que la société
civile peut faire avec ce rapport?
Les analyses du Budget adopté faites par la société civile sont souvent semblables aux analyses faites
pour le Projet de budget de l’exécutif (voir description plus haut). Ces analyses peuvent s’attacher aux
priorités budgétaires en général; aux affectations pour des secteurs particuliers et aux effets produits
sur différents groupes de la population; et aux décisions liées aux recettes. Cependant, les analyses
de la société civile sur les Budgets adoptés peuvent être plus profondes que celles qui concernent les
Projets de budget, car elles peuvent disposer de plus de temps.
Le Budget adopté peut également servir à évaluer le rôle du pouvoir législatif. Le Budget adopté peut
être comparé avec le Projet de budget de l’exécutif, afin de vérifier si le pouvoir législatif a adopté le
Projet de budget dans son intégralité, ou y a apporté des modifications significatives. Les mérites de
tels changements peuvent alors êtres passés en revue.
De manière générale, le rapport du Budget adopté peut fournir aux organisations de la société civile
une base de référence pour évaluer dans quelle mesure le budget, tel qu’il est mis en œuvre, accomplit
ses objectifs fondamentaux. Les organisations de la société civile peuvent utiliser les informations
contenues dans le rapport du Budget adopté pour surveiller la mise en œuvre d’initiatives budgétaires
12
International Budget Partnership
13
régulières, ainsi que pour vérifier si les décisions politiques anticycliques particulières atteignent bien
les objectifs programmés sans aggraver les pertes des fonds publics.
En comparant les informations budgétaires présentées dans le Budget adopté avec les informations
rapportées dans les rapports budgétaires produits tout au long de l’année budgétaire, la société civile
peut mener plusieurs types d’évaluation (ceux-ci dont discutés plus amplement dans la section
concernant la Revue de milieu d’année):
ɆɆExamens des prévisions économiques: Au fur et à mesure que l’année budgétaire avance,
les organisations de la société civile peuvent évaluer l’évolution de l’économie par rapport aux
prévisions économiques sous-tendant le Budget adopté. Les groupes peuvent par exemple
vérifier si les prévisions relatives à la croissance du PIB, à l’inflation, à l’emploi et les autres
indicateurs économiques correspondent à la réalité. S’ils n’y correspondent pas, les organisations
de la société civile peuvent examiner quels types d’écarts avec les performances prévues se sont
produits. Avec ces mesures, les groupes peuvent évaluer si le budget apporte le degré prévu de
stimulation ou de restriction au niveau macroéconomique.
ɆɆComptes-rendus sur la performance du programme et des dépenses budgétaires: Tout
au long de l’année budgétaire, la société civile peut surveiller si les budgets affectés aux
programmes individuels dans le Budget adopté se déroulent comme prévu, et si les programmes
subventionnés atteignent leurs objectifs. Si la société civile observe des écarts par rapport aux
dépenses budgétaires prévues, elle peut demander des explications au gouvernement.
ɆɆExamens des recettes: Tout comme elles passent en revue les dépenses budgétaires, les
organisations de la société civile peuvent comparer les informations sur les recettes dans le
Budget adopté avec celles des rapports ultérieurs sur les recettes, afin d’évaluer si la collecte des
recettes du gouvernement correspond aux prévisions. Cela peut aider à déterminer si un écart
entre le niveau des revenus prévu et le niveau réel découle d’une mauvaise planification, ou de
fluctuations inattendues de la conjoncture économique au niveau national ou international.
ɆɆCorrections de milieu d’année: Les organisations de la société civile peuvent utiliser les
informations de base fournies par le Budget adopté pour identifier les fluctuations de la
performance économique, qui pourraient justifier une correction au milieu de l’année, comme
une augmentation des dépenses pour un programme budgétaire spécifique (par exemple, les
allocations chômage, ou l’aide aux familles pauvres), ou le transfert de fonds inutilisés vers des
programmes qui connaissent une demande de services accrus.
14
International Budget Partnership
V.
Le Budget
des citoyens
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Un Budget des citoyens est une présentation non technique du Projet de budget de l’exécutif ou du
Budget adopté, qui présente au grand public les détails des plans gouvernementaux pour générer et
engager les deniers de l’état. Pour qu’il soit le plus accessible possible, un Budget des citoyens peut
se présenter sous plusieurs formats, y compris sous forme d’insertion dans les journaux, de diffusion
radiophonique ou télévisée, ou de présentations lors de réunions communautaires.
Que peut faire la société
civile avec ce rapport?
Étant donné que la production de Budgets des citoyens est une tendance relativement nouvelle, il
n’existe pas beaucoup de descriptions de la manière dont la société civile peut utiliser ce rapport.
Cependant, les groupes peuvent facilement tirer profit des Budgets des citoyens qui existent:
ɆɆLes organisations de la société civile peuvent préparer des rapports d’analyse du Budget des
citoyens. Qu’est-ce qu’un Budget des citoyens révèle sur le budget national et ses priorités?
Constate-t-on des lacunes dans le Budget des citoyens produit par le gouvernement? Il vaut la
peine de signaler les lacunes importantes mises en évidence, et si elles sont suffisamment graves
(si les anomalies sont substantielles, ou si des informations manquent), la société civile peut
même envisager de produire son propre Budget des citoyens. Cependant, pour des raisons de
viabilité et de responsabilité, il est certainement préférable que la société civile n’endosse pas de
manière régulière le rôle du gouvernement, qui devrait publier ces rapports. Cependant, il existe
des cas où le gouvernement publie un Budget des citoyens, et où la société civile peut décider d’en
publier un également, pour présenter un point de vue différent au sujet des plans budgétaires du
gouvernement et de leur impact potentiel sur le pays.
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ɆɆLorsque le Budget des citoyens produit par un gouvernement est de grande qualité, il peut être
utilisé dans des buts éducatifs. De nombreuses organisations de la société civile animent des
ateliers publics lors desquels ils passent le budget en revue et expliquent sa terminologie et les
politiques et affectations gouvernementales. Pour certaines audiences que l’organisation de la
société civile cherche à atteindre, un Budget des citoyens peut être un instrument d’instruction
très efficace.
Les groupes peuvent aussi participer à la production d’un Budget des citoyens ou plaidoyer
en faveur de sa production.
VI.
Les Rapports en
cours d’année
ɆɆLe gouvernement du Mexique a contacté l’organisation de la société civile Fundar pour recueillir
des suggestions au sujet de la rédaction d’un Budget des citoyens. La discussion qui en a découlé a
conduit le gouvernement mexicain à publier un Budget des citoyens, sur la base des informations
du Budget adopté en 2010.
Pourquoi ces rapports
sont-ils importants?
ɆɆÀ la date de rédaction de ce guide, une organisation de la société civile en République
Démocratique du Congo, le ROPI (Réseau des Organisations Partenaires de FIFES) a entamé des
discussions ouvertes avec le gouvernement lors de l’ébauche du Budget des citoyens. Le ROPI a
organisé un atelier avec des experts et des membres de la société civile et du gouvernement, afin
de définir les principales caractéristiques d’un Budget des citoyens. Suite à cela, un premier jet a
été préparé et remis au gouvernement pour révision avant sa publication.
Les Rapports en cours d’année sont des comptes-rendus que les gouvernements doivent en principe
publier chaque mois ou chaque trimestre, au cours de la mise en œuvre du budget, afin de communiquer
les chiffres effectifs, comparés à ceux prévus dans le budget. Des différences récurrentes avec les
dépenses et la collecte des recettes ciblées sont bien souvent le signe d’un problème de planification
et de prévisions, ou un problème institutionnel dans les entités publiques, comme une insuffisance
de personnel. L’accès aux informations tout au long de la mise en œuvre du budget augmente l’impact
des analyses de la société civile sur la politique publique.
ɆɆEn Namibie, l’ “Institute for Public Policy Research” a publié de brèves instructions d’aide à
la rédaction d’un Budget des citoyens, ainsi qu’un exemple de rapport. Les instructions ont été
publiées dans l’espoir que le gouvernement de Namibie endosse ce rôle et produise un budget
(Voir http://www.ippr.org.na/Briefing%20Papers/IPPR%20Briefing%20Paper%20No%20
49%20Citizens%20budget%20paper-final.pdf ).
Que peut faire la société
civile avec ces rapports?
L’accès aux Rapports en cours d’année permet à la société civile de focaliser ses analyses sur la qualité des
prévisions, de la planification et de la mise en œuvre, qui sont les bases du budget. Si les organisations
de la société civile possèdent des informations indiquant une mauvaise performance de la part de
programmes ou d’organismes publics particuliers, elles peuvent élaborer des recherches visant à
identifier des étapes concrètes d’amélioration. Par exemple, si le gouvernement assure que les fonds
d’un programme de pensions pour les veuves indigentes n’est pas dépensé dans sa totalité parce qu’il
n’y a pas assez de bénéficiaires satisfaisant les critères d’éligibilité, une organisation de la société civile
peut utiliser les données d’éligibilité et de demandes enregistrées de pensions figurant dans un Rapport
en cours d’année pour réaliser une étude afin d’examiner la déclaration du gouvernement à ce sujet.
Généralement, les Rapports en cours d’année permettent aux organisations de la société civile d’évaluer
si le budget est sur la bonne voie. Plus spécifiquement, ils donnent des informations qui peuvent servir à
évaluer si les recettes sont impactées par des changements dans les prévisions économiques budgétaires.
Par exemple, la croissance du PIB prévue par le gouvernement peut sérieusement souffrir en raison
16
International Budget Partnership
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d’une sécheresse sévère, et par conséquent réduire les recettes. Des groupes peuvent également utiliser
les données des Rapports en cours d’année pour voir si les insuffisances de recettes découlent d’une
mauvaise planification, d’une mauvaise exécution, de la corruption ou de l’évasion fiscale.
De manière similaire, les organisations de la société civile peuvent utiliser les Rapports en cours d’année
pour examiner comment les dépenses liées à l’économie diffèrent des prévisions. Si ces différences sont
importantes, comment le gouvernement les explique-t-elles? Par exemple, si le gouvernement prévoit
une forte croissance de l’emploi mais que celle-ci ne se matérialise pas, les demandes d’allocationschômage peuvent augmenter, ce qui peut affecter la ligne budgétaire concernée.
D’autres exemples démontrent la valeur des Rapports en cours d’année:
ɆɆCertains gouvernements dont les liquidités sont limitées n’effectuent pas les dépenses
autorisées. Les Rapports en cours d’année peuvent aider les organisations de la société civile à
faire le suivi du rythme des dépenses et à demander des explications sur leurs insuffisances.
ɆɆLes Rapports en cours d’année peuvent aider les organisations de la société civile à évaluer
comment les gouvernements répondent ou devraient répondre aux changements depuis que le
budget a été adopté.
ɆɆLes Rapports en cours d’année peuvent aider les organisations de la société civile à évaluer les
réponses du gouvernement aux changements qui peuvent se produire pendant le reste de l’année.
Les dépenses seront-elles réduites afin de compenser l’excédent dépensé, ou augmentées pour
pallier l’insuffisance des dépenses? Les organisations peuvent poser des questions similaires au
sujet des modifications apportées aux recettes, surtout dans les pays fortement dépendants de la
vente de pétrole, de gaz ou de minerais.
ɆɆConcernant les questions ci-dessus, est-ce que les données dans les Rapports en cours d’année
signalent que des affectations supplémentaires s’avèreront nécessaires? Si c’est le cas, quand, où
et combien?
ɆɆEt finalement, les gouvernements subissent régulièrement des chocs sur lesquels ils n’ont aucun
contrôle comme des catastrophes naturelles; des fluctuations importantes des taux de changes
et d’autres facteurs financiers provenant de l’étranger; des évolutions imprévues de l’économie
mondiale. Les Rapports en cours d’année peuvent aider les organisations de la société civile
à repérer les impacts de ces chocs sur les agrégats fiscaux et les aider à communiquer avec les
gouvernements au sujet des réponses à apporter à ces chocs.
VII.
La Revue de
milieu d’année
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Le pouvoir exécutif doit publier une Revue de milieu d’année couvrant les six premiers mois de l’année
budgétaire, afin d’analyser en détail la mise en œuvre du budget et les développements économiques en
cours, comme par exemple toute modification de la conjoncture économique qui affecte les politiques
du budget approuvé. La société civile peut examiner ce rapport afin de comprendre la mise en œuvre
du budget et, potentiellement, de plaider en faveur d’ajustements.
Que peut faire la société
civile avec ces rapports?
De toute évidence, la première question sur laquelle la société civile devrait se pencher, est de savoir si
la Revue de milieu d’année est disponible au public, sous une forme quelconque. Les organisations de
la société civile devraient argumenter que pour des considérations de transparence, le gouvernement
devrait tout au moins afficher ce document sur son site internet. Cet argument peut faire valoir le
besoin du public de savoir si les hypothèses et les prévisions budgétaires du gouvernement sont
réalistes et se réalisent (au milieu de l’année budgétaire, ces informations apparaissent déjà), ou si
les événements nationaux et internationaux rendent ces hypothèses et prévisions budgétaires peu
réalistes, et nécessitent des modifications.
Bien qu’il soit reconnu que la publication d’une Revue de milieu d’année complète est une bonne
pratique, peu de pays en publie. Il en résulte que les organisations de la société civile ont rarement eu
l’occasion d’utiliser les informations contenues dans ce rapport pour leurs activités de recherche et de
plaidoyer. Toutefois, nous présentons ici aux organisations de la société civile quelques suggestions
sur comment utiliser une Revue de milieu d’année pour leurs activités de plaidoyer.
Les organisations de la société civile peuvent utiliser les informations de la Revue de milieu d’année
pour proposer des recommandations concrètes visant à améliorer les programmes budgétaires du
18
International Budget Partnership
19
gouvernement. Par exemple, en Ouganda, le Semi-Annual Budget Performance Report for FY 2009/08
(Voir http://www.finance.go.ug/docs/Semi%20Annual%20BFR.pdf ), mentionne de nombreux retards
dans la mise en œuvre des programmes. Mais la plupart des explications fournies sont trop générales,
attribuant les mauvaises performances à des “déficiences de responsabilité financière.” Dans ce cas,
les organisations de la société civile du pays pourraient s’attacher à traduire ces explications des
problèmes liés aux programmes en indicateurs concrets. Un autre exemple de ce que les organisations
de la société civile peuvent faire avec les informations contenues dans la Revue de milieu d’année, est
l’analyse des conditions de passation de marchés et dans quelle mesure les entités affichant de mauvaises
performances remplissent ces conditions avec leurs ressources disponibles. Une réforme faciliteraitelle la mise en œuvre des plans de travail et réduirait-elle les retards des engagements budgétaires?
Plus généralement, la Revue de milieu d’année donne l’occasion aux organisations de la société civile
d’évaluer si le budget est en bonne voie, et de le faire de façon plus complète qu’avec les Rapports en
cours d’année (étant donné que des rapports mensuels ou trimestriels contiennent moins d’informations
qu’une Revue de milieu d’année). Cette dernière possède des dimensions à la fois macro et micro. En
utilisant le Budget adopté comme référence, les organisations de la société civile peuvent:
ɆɆÉvaluer les considérations macroéconomiques: Si la Revue de milieu d’année indique des
modifications importantes de la conjoncture économique depuis l’adoption du budget, la société
civile peut évaluer leur impact potentiel sur le budget. Quelle serait la conséquence d’une réduction
des recettes prévues? Une hausse des coûts en raison de l’inflation, ou d’événements imprévus (telle
qu’une catastrophe naturelle), entrainera-t-elle une demande accrue de prestations sociales de l’état?
Une question clé est de savoir si le budget reflète bien le degré de relance ou de restriction macroéconomique
anticipé au départ. Si le budget avait anticipé des restrictions et que le déficit budgétaire reste très élevé,
la balance des paiements pourrait être mise à mal, et cela pourrait augmenter le potentiel d’une pression
inflationniste, ou encore produire un effet d’éviction des crédits dans le secteur privé, et tout cela pourrait
menacer les groupes vulnérables de la société. Si le budget a prévu une relance fiscale, pour une économie
anémique par exemple, la mise en œuvre inadéquate des programmes de relance économique pourrait signaler
que l’économie n’obtient pas la stimulation budgétaire anticipée, et soulever des problèmes d’assistance pour
les indigents et les sans-emplois.
ɆɆÉvaluer les performances: Afin de s’assurer que les programmes soient bien mis en œuvre et d’identifier
les problèmes émergeants, les organisations de la société civile peuvent utiliser les informations contenues
dans la Revue de milieu d’année pour évaluer les performances depuis le début de l’année par rapport aux
objectifs établis dans le budget.
ɆɆExaminer les dépenses: Les organisations de la société civile peuvent examiner les estimations des dépenses
actualisées pour l’année budgétaire en cours et évaluer la validité des explications concernant la modification
des estimations. Les organisations de la société civile peuvent également évaluer l’adéquation des nouvelles
affectations, des transferts d’affectations entre les unités administratives, et des nouvelles prévisions des
dépenses pour le restant de l’année, surtout pour les programmes sociaux.
Plus particulièrement pour les gouvernements avec des contraintes de liquidité qui sont forcés de limiter
les affectations budgétaires suivant la disponibilité des flux de trésorerie, le budget officiel peut se voir
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International Budget Partnership
supplanté. On peut ainsi observer que les dépenses sont bien en dessous du niveau envisagé par le budget, ce
qui donnerait l’occasion à la société civile de faire part au gouvernement de ses préoccupations au sujet des
critères de priorité pour les affectations budgétaires.
ɆɆExaminer les recettes: Tout comme avec les dépenses, les organisations de la société civile peuvent
évaluer si le gouvernement a collecté les recettes conformément à ce qu’il avait annoncé. Elles
peuvent évaluer si les manques à gagner constatés par rapport aux niveaux annoncés sont dus à une
mauvaise planification, ou à l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale.
La société civile peut également examiner les hypothèses du gouvernement au sujet des recettes prévues pour
le restant de l’année, spécifiquement à la lumière de l’évolution de la conjoncture économique. Par exemple,
les recettes des pays fortement dépendants de la vente d’hydrocarbures peuvent fluctuer énormément, selon
les cours en vigueur. Dans certains pays, comme la Bulgarie, si les recettes s’avèrent plus élevées que prévues,
le pouvoir exécutif peut les dépenser sans avoir à obtenir l’autorisation du pouvoir législatif. Dans de telles
situations, les analyses de la société civile peuvent être les seuls mécanismes de contrôle indépendants des
pays concernés, et la Revue de milieu d’année peut être une importante source d’information sur les prévisions
de recettes pour le restant de l’année.
ɆɆÉvaluer le besoin de corrections au milieu du cycle budgétaire. Au milieu de l’année budgétaire, la société
civile souhaite bien sûr faire le point sur toute évolution de la conjoncture économique qui pourrait justifier
une correction au milieu du cycle budgétaire, soit en termes de degré de relance ou de restriction budgétaire,
ou en termes d’affectations supplémentaires au programme existant. En principe, c’est à peu près au milieu de
l’année budgétaire que le gouvernement se prononce sur le besoin éventuel d’un budget supplémentaire et de son
contenu. La société civile peut profiter de la Revue de milieu d’année pour explorer, avec les dirigeants politiques,
les possibilités d’inclure de nouveaux programmes de dépenses dans le Projet de Loi de budget supplémentaire.
Par exemple, la Revue de milieu d’année doit examiner les problèmes émergeants, provoqués par des
événements inattendus, et doit discuter des solutions politiques proposées. En tant que réponse à la récente
crise financière, la plupart des Revues de milieu d’année de 2009 analysées font apparaître la mise en place de
réponses similaires à l’urgence: dans l’ensemble, les pays ont proposé des mesures de relance à l’échelle de leurs
moyens. Du Chili aux États-Unis en passant par l’Afrique du Sud et l’Inde, les gouvernements ont lutté pour
arrêter le déclin des activités économiques et ont proposé des solutions de relance budgétaire, des garanties
pour restaurer la confiance vis-à-vis du système financier, une hausse des dépenses et de l’investissement,
des programmes spéciaux pour protéger les secteurs durement touchés, et une augmentation des allocations
pour les chômeurs. Ces mesures ont réussi à contenir le déclin économique, mais elles ont également eu un
impact très concret sur les responsabilités accrues des gouvernements, et sur le montant de la dette devant
alors être remboursée par les contribuables.
Les organisations de la société civile ont eu et continuent d’avoir l’opportunité de faire le suivi des ces mesures
de relance budgétaire particulières, de surveiller leur mise en œuvre et de s’assurer que les objectifs sont
atteints sans accroître les pertes des fonds publics. Les crises n’affectent pas les strates sociales de manière
équivalente. Toutefois, les organisations de la société civile peuvent avoir un impact en préconisant des
politiques privilégiant une reprise économique qui bénéficie aux contribuables et au grand public, et en
demandant un budget plus transparent et responsable, afin de minimiser tout gaspillage des fonds publics et
de contenir les abus des gouvernements, dont les responsabilités ont récemment été accrues.
21
VIII.
Le Rapport de
fin d’année
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Le Rapport de fin d’année offre aux organisations de la société civile une bonne occasion d’évaluer la performance
du gouvernement, en comparaison avec ses plans budgétaires initiaux. Dans la mesure où les ministères sectoriels
fournissent une évaluation plus approfondie des forces et des faiblesses de leurs performances, les organisations
de la société civile peuvent utiliser ces informations comme plateforme de discussions au sujet des changements
qui pourraient améliorer les performances. Tout comme les ministères du gouvernement, les organisations de la
société civile peuvent se servir des résultats du Rapport de fin d’année à la fois pour établir une base de discussion
au sujet des améliorations à apporter aux programmes de l’année budgétaire en cours, et pour nourrir leurs
réflexions au moment où elles préparent leurs contributions au Projet de budget de l’exécutif, lequel établit les
termes de la politique budgétaire et des programmes politiques pour les années budgétaires à venir.
Que peut faire la société
civile avec ce rapport?
Les dépenses gouvernementales peuvent être différentes de celles adoptées dans le budget et votées par le pouvoir
législatif pour de nombreuses raisons comme, par exemple, des systèmes de gestion budgétaire déficients, qui
diminuent la qualité des dépenses budgétaires et la capacité du gouvernement à gérer les flux de capitaux, ainsi
que la corruption, une “comptabilité créative,” et des irrégularités dans les passations de marché. Pourtant,
parallèlement, les écarts peuvent apparaître pour des raisons légitimes: il a pu se produire un changement dans
la conjoncture économique ou une catastrophe naturelle dans le pays qui exige une affectation de fonds non
prévue au départ.
en cours d’année, approuvées par le pouvoir législatif ). Ces rapports peuvent également expliquer la différence
entre les indicateurs de performance et les objectifs établis par le gouvernement et les résultats constatés.
Bien que les informations sur les recettes effectivement collectées et les dépenses effectivement engagées soient
présentées dans les Rapports en cours d’année et la Revue de milieu d’année, le Rapport de fin d’année fournit
des informations plus complètes que celles contenues dans les précédents rapports et couvre l’année complète.
Les informations présentées dans le Rapport de fin d’année donnent ainsi, pour la première fois, l’opportunité
à la société civile de faire le point sur la performance du gouvernement en comparaison avec ses plans, pour
la totalité de l’année budgétaire. Il serait également utile que les organisations de la société civile considèrent
conjointement toutes les informations contenues dans ces rapports, afin de rendre compte clairement des
tendances des dépenses gouvernementales tout au long de l’année. Par exemple, la société civile pourrait évaluer
si les dépenses liées à d’importantes passations de marchés ont eu lieu au cours du dernier mois de l’année parce
que le Trésor a retardé les transferts de fonds aux entités publiques jusqu’à la fin de l’année, ce qui pourrait
impliquer un usage inefficace et un gaspillage des fonds.
Les organisations de la société civile font rarement usage des différents rapports budgétaires publiés tout au long
de l’année, mais un bon exemple est celui d’une organisation de recherche en Afrique du Sud, le “Public Service
Accountability Monitor” (PSAM), qui compare le budget publié et les plans politiques avec les performances
enregistrées et rapportées par les organismes gouvernementaux et les institutions de contrôle. Ceci permet au
PSAM d’évaluer si les agences ont atteint leurs objectifs, tels qu’établis dans leurs budgets/plans.
Le PSAM a standardisé le format de présentation dans ses analyses, en créant un certain nombre de modèles,
accompagnés de directives. Ceux-ci aident son personnel (et d’autres analystes) à traiter les informations
et à effectuer les analyses. Entre autres, les directives contiennent une liste de questions clés que le PSAM a
utilisées pour réaliser ses analyses de la performance de départements gouvernementaux. Les rapports de suivi
des dépenses du PSAM ont permis aux utilisateurs de développer une comptabilité des dépenses rapportées
par chaque département, et de les comparer ensuite aux affectations budgétaires accordées au département
en question. Dans les cas où les services du gouvernement ont trop ou trop peu dépensé, le PSAM analyse les
problèmes en posant les questions suivantes:
ɆɆLe département a-t-il eu tendance à dépenser trop ou trop peu ces dernières années? Le montant des dépenses
excédentaires ou non engagées a-t-il décliné sur une période de quatre ans?
ɆɆEst-ce que le département a fourni une bonne explication pour ses dépenses enregistrées?
ɆɆY-a-t-il des causes significatives et récurrentes pour expliquer les dépenses excédentaires ou sous effectuées?
Le département explique-t-il pourquoi il n’a pas corrigé ces problèmes pendant l’année budgétaire concernée?
ɆɆQuel a été l’impact de l’excédent ou de l’insuffisance des dépenses sur les prestations fournies par le département?
Les organisations de la société civile doivent continuellement surveiller les dépenses à mesure qu’elles sont
engagées, afin de s’assurer que les budgets sont mis en œuvre selon leurs objectifs établis, si elles sont d’accord
avec ces objectifs. Même si elles ne les valident pas, les organisations de la société civile peuvent choisir de
surveiller les dépenses afin de s’assurer que les fonds publics sont utilisés d’une manière efficace, sans fraudes
et détournements. Les Rapports de fin d’année contiennent de précieuses informations expliquant pourquoi les
niveaux effectifs des dépenses, des recettes, et de la dette diffèrent des niveaux adoptés (y compris les modifications
22
International Budget Partnership
ɆɆSi le département a trop dépensé, cet excédent était-il autorisé ou non et devra-t-il être remboursé sur l’année
financière suivante? Si c’est le cas, quel impact cela aura-t-il sur la capacité du département à accomplir ses
objectifs de l’année?
23
IX.
Le Rapport d’audit
Pourquoi ce rapport est-il
important pour la société civile?
Un Rapport d’audit est une source d’information précieuse pour évaluer si le budget a été correctement
mis en œuvre ou non. Les rapports d’audit financiers rendent fréquemment compte de dépenses
excédentaires ou non engagées des programmes et des organismes, dévoilent des fraudes et des
malfaisances, identifient les dépenses non justifiées et non autorisées, et mettent en lumière les
faiblesses systématiques des pratiques de gestion financière, dans les entités du secteur public. Ces
rapports peuvent fournir une mine d’informations aux organisations de la société civile qui s’intéressent
à l’évaluation des problèmes de mise en œuvre du budget. Les Rapports d’audit sont souvent les seules
sources d’informations indépendantes sur la santé financière du gouvernement. Les Rapports d’audit
constituent donc une source d’information essentielle permettant à la société civile d’évaluer si le
gouvernement utilise les fonds publics de manière judicieuse. De telles informations ne peuvent pas
nécessairement être tirées des Rapports en cours d’année, de milieu d’année et de fin d’année, puisque
ces rapports sont publiés par les gouvernements et, de ce fait, ne sont pas vérifiés de façon indépendante.
Que peut faire la société
civile avec ces rapports?
Ci-dessous, nous présentons des exemples de projets de recherche et de plaidoyer que les organisations
de la société civile peuvent mener, en utilisant les informations des Rapports d’audit.
1. Faire connaître les résultats de l’audit: les organisations de la société civile peuvent rendre
public les problèmes spécifiques présentés dans les Rapports d’audit. Par exemple, le PSAM (décrit
plus haut) travaille étroitement avec le pouvoir législatif pour faire le suivi des réponses des
organismes gouvernementaux aux incidents de mauvaise conduite financière et de corruption
identifiés dans le rapport du Contrôleur Général. Le PSAM a mis à jour le grand nombre de mises
en garde d’impossibilité d’exprimer une opinion émises par un cabinet d’audit provincial, qui
n’était pas en mesure d’accéder aux informations financière durant son audit. Le PSAM a rapporté
que de telles mises en garde ont été émises pour plus de dix organismes publics principaux, sur
24
International Budget Partnership
les treize existants dans la province, entre 1996 et 2000. De plus, bien que le cabinet d’audit ait
rapporté l’ampleur du phénomène des impossibilités d’exprimer une opinion d’audit au pouvoir
législatif de la province, l’autorité de contrôle a pris très peu de mesures pour rectifier la situation.
Le PSAM a commencé à faire connaître la gravité de cette situation. Les membres de l’équipe ont
donné un grand nombre d’interviews pour la radio et les journaux, pour expliquer dans un langage
non technique ce que signifient les mises en garde d’impossibilité d’exprimer une opinion d’audit. Ils
ont expliqué que l’émission de telles mises en garde signifiait que l’administration provinciale était
incapable de rendre des comptes concernant plus de 90% de leur budget total, sur de nombreuses
années. Sous les feux médiatiques et ainsi confrontés à une pression accrue, de nombreux organismes
importants ont amélioré leur procédure de communication de l’information financière. Le résultat fut
qu’en 2002-2003, les impossibilités d’exprimer une opinion d’audit émises par le Contrôleur Général
des dépenses concernaient 41% du budget total de la province, soit une réduction de plus de la moitié.
2. Comparer les performances des entités: Les organisations de la société civile peuvent utiliser
les informations des Rapports d’audit pour comparer, de manière qualitative, les performances des
entités gouvernementales. Poursuivant cette initiative, une organisation de recherche et de plaidoyer
tanzanienne, HakiElimu, a commencé à faire connaître les résultats des Rapports d’audit émis par le
contrôleur du pays et le Contrôleur Général. HakiElimu espérait utiliser cette procédure pour tenir le
gouvernement responsable de sa gestion des fonds publics. Une autre raison pour laquelle HakiElimu
a décidé de se concentrer sur les Rapports d’audit, est que ce sont les communautés locales, plutôt que
les responsables coupables, qui ont souvent souffert des conséquences de Rapports d’audit négatifs.
Les districts qui font l’objet d’une opinion négative de la part du contrôleur perdent automatiquement
leur droit à une subvention principale, qui appuie la construction d’écoles, la réhabilitation de centres
de santé et d’autres projets. La perte de ces fonds nuit fort probablement aux habitants du district, tout
particulièrement les pauvres, bien qu’ils ne soient pas responsables des irrégularités qui conduisent
à des Rapports d’audit négatifs.
HakiElimu a accédé aux données des opinions d’audits fournies par l’Institution de Contrôle Supérieure
et les a utilisées pour les résumer dans des tableaux simples, classant les entités gouvernementales
selon leurs performances dans les Rapports d’audit. Ces tableaux furent présentés dans des brochures,
d’une manière attrayante et facile à comprendre. Les brochures présentaient les quatre indicateurs
suivants pour chaque organisme central ou LGA: les opinions du contrôleur, les “recettes douteuses”
(lorsque le contrôleur n’est pas satisfait des procédures suivies ou qu’il ne dispose pas d’informations
suffisantes), “les dépenses douteuses,” et le pourcentage des dépenses douteuses dans les dépenses de
l’organisme. Ce dernier indicateur, a permis à HakiElimu de comparer les entités gouvernementales
dont les budgets ne sont pas de la même importance. Les Rapports d’audit les plus récents ont été
pris en compte ainsi que ceux des années antérieures. HakiElimu a lancé ces brochures lors d’une
conférence de presse avec des journalistes, des représentants de la société civile, et des donateurs. Les
journalistes présents ont été encouragés à poursuivre l’enquête auprès du président du Comité des
Compte Publics, ce qu’ils ont fait et ce qui a mené à une enquête plus approfondie des Rapports d’audit.
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3. Évaluer le suivi entrepris par le pouvoir législatif. Les organisations de la société civile peuvent
faire le suivi des mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations formulées dans les Rapports
d’audit. Par exemple, une organisation de la société civile en Argentine, Asociación Civil por la Igualdad
y la Justicia (ACIJ), a lancé une enquête sur les passations de marchés réalisées par le gouvernement
pour l’aéroport national. Le Rapport d’audit pour l’entité responsable de ces passations de marché a
rapporté de sérieuses déficiences dans la gestion de cette entité. Le gouvernement n’a cependant rien
fait pour rectifier ces problèmes, et a ignoré les recommandations faites par le Rapport d’audit. L’ACIJ
a demandé d’avoir le droit de prendre part aux réunions organisées par le comité législatif (Comisión
Mixta Revisora de Cuentas, ou CMRC) chargé d’étudier les rapports d’audit. (Ces réunions étaient, par
tradition, fermées au public). Non seulement l’équipe du CMRC a rejeté la demande de l’ACIJ, mais a
également fait savoir à l’ACIJ que le comité lui-même ne se réunissait pas pour discuter des résultats
des audits; et qu’à sa place, le secrétaire du comité approuvait certaines recommandations d’audit et
ensuite obtenait le consentement et les signatures des autres membres du comité.
Notes
L’ACIJ a entamé une poursuite judiciaire, exigeant que les réunions du CMRC soient ouvertes au public
et a obtenu une décision favorable. L’ACIJ a fait un second procès, demandant l’accès aux comptesrendus des réunions du CMRC précédentes. Encore une fois, la cour a rendu un verdict en faveur de
l’ACIJ et a exigé que ces informations soient rendues publiques. De nombreuses irrégularités ont
été trouvées dans ces comptes-rendus. Sur 65 rapports, 17 contenaient des informations fausses, y
compris des notes de présence aux réunions falsifiées. L’ACIJ en conclut que les membres du CMRC
n’avaient jamais réellement eu l’intention d’analyser les Rapports d’audit ou de demander des mesures
correctives. L’ACIJ fit connaître ses conclusions, qui furent rapportées par la presse nationale, et
cette publicité négative a poussé le CMRC à se réunir régulièrement (et de façon appropriée) afin de
discuter des Rapports d’audit.
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International Budget Partnership
27
The Open
Budget
Survey
2010
Other guides by the International Budget Partnership include:
L’INITIATIVE SUR LE BUDGET OUVERT
(OBI) SE TROUVE AU PARTENARIAT
BUDGETAIRE INTERNATIONAL
(IBP), A WASHINGTON, D.C.
820 First Street NE, Suite 510
Washington, DC 20002
TÉl. +1 202 408 1080
Fax +1 202 408 8173
L’IBP a également des bureaux à Mexico (Mexique),
au Cap (Afrique du Sud) et à Mumbai (Inde).
Pour plus d’informations sur l’Initiative sur le
Budget Ouvert ou l’IBP, veuillez contacter:
[email protected] ou aller
www.internationalbudget.org.
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International Budget Partnership
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