sociale existants (bismarckiens, beveridgiens, mixtes …) ont tous quelques caractéristiques communes qui
font qu’on est en droit de parler d’un ‘modèle social européen’ qui mérite d’être défendu :
a) Les Etats sociaux sont basés sur un statut d’égalité qui est propre à la citoyenneté elle-même et, en
fait, aussi aux droits humains. Cette égalité interdit les discriminations et les exclusions. Elle
concerne essentiellement l’équivalence des différents statuts sociaux.
b) Les Etats sociaux sont basés sur une protection contre les aléas du marché ; cela implique que ce
n’est pas exclusivement le marché qui décide des moyens de survie des individus ou de leur accès
aux services sociaux de base. Cette protection n’empêche pas non plus le marché de fonctionner
mais elle exclut que les individus en soient les victimes. Le chômeur qui a perdu son emploi, par
exemple, bénéficiera d’une allocation de chômage.
c) Les Etats sociaux sont basés sur une démarchandisation de certains biens, comme l’éducation, la
santé ou autres services publics. Une fois de plus, cela n’évite pas nécessairement le marché de
fonctionner mais évite d’exclure des individus à cause de leur situation économique.
d) Les Etats sociaux sont basés sur la solidarité. Tous nos systèmes sociaux sont basés sur une
redistribution des revenus, soit au moyen de la fiscalité, soit au moyen de cotisations sociales. Cela
permet d’organiser un système universel pour l’ensemble de la société, un système auquel tous
contribuent et duquel tous bénéficient.
Ces quatre caractéristiques constituent un système de solidarité organique entre des gens qui ne se
connaissent pas, au-delà des familles et au-delà des communautés. Elles sont différentes d’autres systèmes
sociaux, comme par exemple ceux des Etats-Unis, basés sur les besoins, où ceux des anciens Etats de
l’Europe de l’Est qui éliminaient totalement le marché. En Europe occidentale, cette citoyenneté sociale
fonctionne en étroite interaction positive avec le système économique.
Les réformes nécessaires
Aujourd’hui, ce modèle social européen est mis en question. Des réformes s’imposent. Il est vrai que la
société, comme l’économie, ont changé et ne sont plus comparables à celles d’il y a un demi-siècle. Le
modèle familial où seul le chef de ménage a un emploi et ou les autres membres de la famille ont des
droits dérivés, n’est plus valable. De plus en plus de femmes se trouvent sur le marché de travail et un
nombre croissant de ménages est dirigé par une femme seule. Le vieillissement de la population entraîne
des coûts supplémentaires pour les systèmes de santé et pour les retraites. L’ouverture des frontières (la
‘mondialisation’) a mis en concurrence les pays et les travailleurs et les entreprises peuvent menacer de
quitter le territoire. Ici comme ailleurs, le secteur informel prend de l’ampleur et de plus en plus de
travailleurs sans droits sont occupés. Les contrats ‘atypiques’ et flexibles se multiplient.
Par conséquent, il est clair que des réformes s’imposent et ne peuvent être refusées si l’objectif est de
garantir à tous les travailleurs un statut de citoyenneté sociale impliquant la garantie des droits
économiques et sociaux tels que ceux-ci ont été définis à partir de la Déclaration universelle des droits
humains, des pactes internationaux sur les droits économiques et sociaux et de la Charte sociale
européenne.