http://aejjrsite.free.fr Magazine Good Morning 5 juillet 2009 ©Droits Réservés Jacques Decoux 3
nombre, y compris dans la fédération des 5 territoires d'Indochine, en général, et de notre famille Decoux en
particulier.
Pour prendre ses nouvelles fonctions, l'Amiral quitte Saigon le 17 juillet et arrive à Hanoi le 19. Le lendemain,
après un court entretien avec celui qu'il doit remplacer, Jean Decoux découvre, dans toute sa gravité, la situation à
laquelle il allait avoir à faire face dès sa prise de fonction, du fait de la menace nippone.
1941 : Grand Officier de la Légion d'Honneur. Haut-Commissaire de France dans le Pacifique
Le 7 janvier 1941, ouvrant la session ordinaire du Conseil de Gouvernement, l'Amiral Decoux affirmait la résolution
de l'Indochine de faire face, avec détermination et sang-froid, aux provocations des Siamois (La Thailande était
l'alliée du Japon). C'est ainsi que le 15 janvier 1941, l'Amiral Decoux, dans un conseil de guerre tenu à Saigon,
donne le feu vert pour la bataille navale de Koh-Chang, à l'Amiral Terraux. C'est le capitaine de vaisseau Béranger,
qui mène l'opération et le 17 janvier 40% de la flotte siamoise ont été détruits en deux heures. L'Historien Jacques
Mordal a fait remarquer "que la bataille de Koh-Chang est la seule bataille navale gagnée au cours des deux
guerres mondiales, sur des plans et avec des moyens exclusivement français"). Le 1er juillet 1941, Jean
Decoux est promu Grand Officier de la Légion d'Honneur. Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl
Harbor (Hawaï). Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas déclarent immédiatement la guerre au Japon
qui envahit ainsi fin 1941 et début 1942 la Malaisie, les Philippines, Singapour, Hong-Kong, Bornéo, la Birmanie et
les Indes Néerlandaises (Indonésie). Et l'Indochine ?
1941 : pourquoi des accords avec la puissance japonaise ?
Des discussions difficiles avec les Japonais et dangereuses s'engagent au Gouvernement Général à Hanoi dès les
8 et 9 décembre. Elles aboutissent pratiquement à la reconduction des accords du 29 juillet 1941, sans
modification notable, Mais cette situation peu commune a toutefois des contreparties moins agréables : l'Indochine
est alors complètement isolée du reste du monde. A part le "Nivose" qui réussira en juin 1942 à quitter l'Indochine
pour Dakar, aucun bâtiment français, au cours des quatre années à venir, ne franchira plus le barrage de feu qui la
sépare de l'extérieur. Pourquoi renouveler ces accords avec la puissance japonaise ? L'homme Jean Decoux
répond à ce qui lui est le plus cher :
"Sans ces accords, c'est avec raison que des témoins des événements ont parlé du sort qui attendait les 40 000
civils, comprenant une forte proportion de femmes et d'enfants, alors présents en Indochine. Sans doute auraient-
ils eu une fin misérable dans des camps de concentration, comme ce fut le cas des internés hollandais de Java.
Mais nos compatriotes, si dignes d'intérêt qu'ils fussent, n'étaient pas seuls en cause à mes yeux. Il y avait aussi et
surtout 25 millions d'Indochinois que je n'ai jamais pour ma part traités par préterition, et dont les conditions
d'existence m'ont au contraire vivement préoccupé, tout au long de mon Gouvernement Général. Ces populations
devaient, de 1941 à 1945, demeurer fidèles à la France dans la mesure où celle-ci leur éviterait les horreurs de la
guerre, et leur prêterait aide et assistance".
Par décret du 19 décembre 1941, le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat, désigne l'Amiral Decoux comme Haut-
Commissaire de France dans le Pacifique et a placé sous son autorité, indépendamment de l'Indochine, les
Etablissements français de l'Inde et nos colonies du Pacifique : Nouvelle-Calédonie et Dépendances, Nouvelles-
Hébrides (actuel Vanuatu), archipel des Wallis et les Etablissements français de l'Océanie.
1942 : isolement de l'Indochine en pleine guerre mondiale...
Le Gouverneur Général de l'Indochine devait tenir fermement la barre de cette grande colonie, l'Indochine
Française (plus vaste que la France métropolitaine, dont le nom date de 1888, sur cinq Etats : le Tonkin, l'Annam,
la Cochinchine, le Laos et le Cambodge), dans un monde en flammes.
Le cadre administratif indochinois différait profondément des autres administrations coloniales. Dans un "cadre
fermé", en dehors du Gouverneur Général dont les fonctions se rapprochaient de celles d'un Ministre (et même de
celles d'un Chef d'Etat quand les communications avec la Métropole ont été coupées en 1942 jusqu'en 1945), les
fonctonnaires qui débutaient en Indochine devaient y rester jusqu'à la fin de leur carrière, sauf en cas de démission
définitive. Sous ses ordres directs, il y avait un Gouverneur en Cochinchine, et un Résident Supérieur (Chef du
protectorat dans sa zone d'influence) dans chacun des quatre pays de protectorat : Tonkin, Annam, Laos et
Cambodge. Ces cinq parties composant l'Union Indochinoise étaient divisées en provinces. A la tête de chaque
province était placé un Administrateur Résident de France agissant en collaboration avec le mandarin provincial (le
représentant du Gouvernement autochtone).
Le 28 novembre 1942, dans un télégramme officiel adressé à chaque Etat de la Fédération, l'Amiral écrit "en
priorité" :
"La gravité des événements qui se déroulent actuellement dans la Métropole donne toute sa valeur à mes
précédents messages touchant le contrôle de l'opinion publique et l'attitude de la population.