Mémoire effacée

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Mémoire effacée
Histoire manipulée
La rade de Mers-el-Kebir est un port de guerre
français qui se trouve en prolongement du port de
commerce d’Oran en Algérie, séparé par une
avancée de la montagne du Murdjadjo dominée par
la forteresse de Santa Cruz.
En ce 3 juillet 1940 plusieurs milliers de marins de la
puissante flotte de guerre française stationnent dans la rade
de Mers-el-Kebir
Pour tous ces hommes bien que l’armée de terre ait déposé
les armes depuis une douzaine de jours la France est toujours
une république et leur chef direct est l’Amiral Gensoul.
Albert Lebrun est
encore président
de la troisième
République
française.
Mais après la chute du gouvernement de Paul
Raynaud l’assemblée nationale avait émis un vote
donnant les pleins pouvoirs pour le remplacer au
maréchal Pétain considéré comme un chef héroïque
de la guerre de 1914-1918.
Ayant décidé le 17 juin de
signer un armistice avec
l’Allemagne nazie il choisit
l’amiral Darlan comme chef
des importantes forces
navales encore invaincues, et
qui représentent avec
l’empire colonial un atout
primordial.
Les clauses de l’armistice prévoient l’occupation de la moitié
nord du pays et la côte atlantique. La zone sud où siège le
gouvernement à Vichy reste libre et dispose d’une faible
armée de 100 000 hommes seulement, mais l’empire colonial
français d’Afrique dépend encore de la métropole.
L’atout d’une flotte de guerre intacte ainsi qu’un
important empire colonial avait pesé lourd lors
des négociations d’armistice. Contournant
l’article huit exigeant le désarmement des
navires dans les ports de la zone occupée l’amiral
Darlan les avait repliés dans les ports d’Afrique
du Nord. Il avait alors donné l’ordre strict de se
saborder plutôt que de se laisser prendre par une
puissance étrangère, même s’il lui arrivait d’exiger
lui-même le contraire.
Ce 3 juillet mouillent dans la rade: 2 cuirassés
(Bretagne et Provence), 2 croiseurs (Dunkerque et
Strasbourg), 6 destroyers, 1 porte hydravions, 10
contre torpilleurs 4 sous marins de nombreux
escorteurs et navires auxiliaires.
Le
Bretagne
Le Provence
A bord du
Strasbourg
Porte hydravions commandant Teste
Ceux qui se trouvent-là ignorent totalement que
Churchill et le général de Gaulle réfugié à Londres,
sont totalement d’accord pour s’opposer à
l’armistice séparé qu’avaient choisi Pétain et Darlan.
Considérant l’alliance Franco britannique rompue,
Churchill lance alors en hâte et secret l’opération
« catapult » consistant à prendre le contrôle ou
détruire la flotte française disséminée dans les ports
anglais, à Mers-el-Kebir Alexandrie et Dakar. Malgré
ses réticences à combattre ses alliés depuis de longs
mois de guerre, l’amiral anglais Sommerville ami de
Gensoul se trouve contraint sur ordre d‘intervenir à
Mers-el-Kebir.
A 10 heures au matin du 3
juillet une vedette du
navire amiral Hood accoste
la coupée du Dunkerque et
remet à l’amiral Gensoul
un ultimatum. Il lui faut
rallier les forces anglaises,
aller se réfugier aux
Antilles pour être désarmé
ou se saborder. Sans
réponse avant 16 h 30 les
Britanniques ouvriront le
feu sur la rade pour
détruire les navires
français.
Selon Kammerer et certains marins témoins, les deux
amiraux cherchèrent un compromis. Sommerville avait
même prolongé les délais de l’ultimatum pour conclure
les pourparlers. Gensoul était sur le point d’accepter de
rendre inutilisable son escadre ou la saborder comme
l’avait fait ce même jour à Alexandrie l’amiral Godfroy,
mais un message envoyé à Gensoul par le vice amiral
d’escadre Le Luc annonçant l’arrivée de renforts d’Alger
et Toulon, et capté par les services secrets britanniques
avait précipité les événements en donnant à
Sommerville l’ordre d’ouvrir le feu.
C’est ainsi que selon les ordres de Londres un
déluge de fer et de feu s’abat sur la rade.
Prise par surprise,
l’escadre française est
incapable de
manœuvrer. Dès les
premiers tirs un coup
frappe le Bretagne
faisant exploser la soute
à munitions. Le
bâtiment prend de la
gîte puis coule la quille
en l’air, emprisonnant
une grande partie de
l’équipage dans un
cercueil d’acier.
Harcelée par les tirs nourris de l’artillerie lourde, la
flotte française doit en plus subir les coups portés
par les avions lance torpilles venant d’un porte
avion britannique. Les dégâts sont énormes.
Attaqués par l’arrière les bâtiments
n’avaient pas eu le temps se préparer
à riposter. Les anciens alliés devenus
soudain des ennemis ne subirent que
peu de dégâts en raison des tirs trop
courts des batteries côtières. Quatre
avions anglais seulement furent
abattus par notre DCA. L’un d’eux fut
touché par un jeune soldat nommé
Ramon Crespo de Sidi-Bel-Abbès, à
partir d’une batterie anti aérienne
depuis le fort de Santa Cruz. Ce bon
tireur était l’oncle dans la lignée
maternelle de l’auteur de ce
diaporama.
Cinq destroyers ont réussi à quitter la rade suivis
par le Strasbourg. Ce dernier doit en hâte couper
les amarres à la hache, abandonner les chaînes
d’ancres et défoncer les filets de protection, avant
de contre attaquer les forces britanniques, sans
cependant réussir à les les endommager. L’honneur
est sauf.
Seul le porte-hydravions Commandant Teste
resté indemne s’enfuit pendant la nuit.
3 jours plus tard les
avions torpilleurs du
porte-avions Ark Royal
font exploser le
Dunkerque et le
patrouilleur TerreNeuve avec ses
réserves de munitions.
En vacances chez ses cousins de la rue
Kimburn à Oran, le jeune Claude J alors âgé
de neuf ans gardera toujours en mémoire, les
noires images d’un triste champ de bataille
couvert de mazout et parsemé d’énormes
masses immergées de tôles d’acier froissées,
avec un béret de marin surnageant à la dérive.
Après son discours d’hommage aux victimes,
prenant dans ses bras la mère d’un marin décédé,
originaire de la ville d’Oran ,l’amiral Gensoul avait
déclaré qu’à travers elle il embrassait toutes les
mères françaises de marins.
Le 8 juillet après la véritable curie de Mers el
Kebir, alors que les Anglais se sont emparés par
la ruse, la force et la surprise, dans tous les
ports de Grande Bretagne, des navires sous
pavillon français qui s’y étaient réfugiés, de
Gaulle avait déclaré à propos de ces pertes:
« …l’ ennemi les aurait employés soit contre
l’Angleterre, soit contre notre propre empire. Eh
bien ! Je le dis sans ambages, il vaut mieux
qu’ils aient été détruits. » A ce propos, pensant
au sabordage de Toulon le 27 novembre 1942 le
général Mascaro devait déclarer : « ni les faits ni
l’histoire ne lui donneront raison sur ce point. »
cimetière marin de Mers el Kebir
Le cimetière profané en 2 005
Les noms des 1297 soldats ont
été effacés et les tombes
fracassées. Avant de prendre les
décisions nécessaires le ministre des
Anciens combattants Hamlaoui
Mecachera avait alors déclaré: « …
Nous ne devons pas laisser l’histoire
s’ effacer. »
Restauration
mais
il n’y a plus
de croix en
pays d’Islam.
Ah les
calculs
politiques et
la mode
des
repentances
!
Ossuaire ouvert le 5 avril 2 005
Les ossements des corps anonymes
découverts dans les épaves sont
restés plusieurs mois à ciel ouvert
dans la plus grande indifférence
comme s’il fallait effacer de la
mémoire une histoire gênante. Au
lieu de condamner une intolérance
religieuse certains ont préféré les
absurdes accusations de marins
qualifiés de pétainistes.
On savait d’autre part qu’avant
l’invasion des troupes
allemandes les marins français
avaient saboté toutes les
installations maritimes de la
Manche et de la côte
atlantique. De Gaulle luimême reconnait dans ses
mémoires de guerre: « …que
les termes de l’armistice…ne
comportaient aucune
mainmise directe des
Allemands sur la flotte
française. »
Quelle honte? Quelle mémoire vouloir effacer? Le
fait que 99% des Français de métropole étaient
pétainistes à L’époque? Ces soldats aussi?
Insoutenable! Le coup d’état de la loi
constitutionnelle instituant l’Etat Français n’eut lieu
que le 10 juillet. Nul ne savait que Pétain deviendrait
collaborateur, lui qui fut légalement élu par une
majorité de députés républicains de toutes
tendances présents à l’assemblée.
L’ ambitieux amiral Darlan enterré-là avait été
flatté d’ être choisi par Pétain au prestigieux
commandement de la Marine avant l’abolition de
la République. Si ce fils d’un élu radical socialiste
devait hélas choisir plus tard la politique de
collaboration, on ne peut écarter l’idée que le
drame de Mers el Kebir y était peut-être en partie
responsable.
Après 1962 bien d’autres tombes militaires furent
abandonnées dans l’ indifférence, et de nombreux
autres cimetières chrétiens et juifs français furent
saccagés, sans aucun tapage médiatique en France.
Silence total !
Sur 1 076 000 Français dits Pieds Noirs de 1944 il y
eut 14 000 tués et 23 000 blessés depuis juillet 1943
(document 4Q119-et du Ministère des anciens
combattants), soit un total pour libérer la France de
20 000 morts et 30 000 blessés. En raison de la
mobilisation de 24 classes jusqu’en mai 1945 ils
étaient 205 100 dont 176 500 en service actif soit
en proportion 16 fois plus nombreux que les
Français musulmans (détail oublié dans le film les
indigènes). Durant la guerre de 1914-1918 ce sont 22
000 Juifs et Chrétiens d’origine européenne qui
furent tués dans l’enfer des tranchées.
Plaque de la
grande
synagogue d’
Alger
Comme dans la petite bourgade de Port-aux-poules
on trouvait la liste des morts pour la France gravée
dans le marbre des monuments aux morts de plus de
105 agglomérations françaises.
Comme sur cette plaque sauvée
de la destruction, et rapportée
dans la ville de Nîmes après
1962 on y trouve mêlés des
noms de diverses origines
européennes et des prénoms de
diverses religions. Sur ces 29
morts pour la France comme
Crespo Diego 15 pieds-noirs ont
des ancêtres d’origine
espagnole, d’autres sont français
de souche et deux seulement
sont musulmans.
Voici celui de la ville de Sidi-Bel-Abbès avant sa
rénovation. On y dénombre environ 250 noms
rien que sur l’une de ses deux faces, mais où sont
passées les plaques de marbre avec les listes?
Le même monument vu de face et d’ en haut
surélevé dans les années cinquante.
Après 1962 l’œuvre du sculpteur français est intacte
mais les noms des morts pour la France ont disparu.
Que sont-ils devenus?
exemples parmi bien d’autres dans le même
arrondissement.
Monuments des
villages du Télagh et
Parmentier.
Dans la même ville voici ce qui reste, des cimetières où
reposaient les ancêtres chrétiens ou juifs des 80 000
habitants nés ici depuis plus d’un siècle.
Ils ont connu l’enfer des
tranchées en 1914-18, ils
sont morts au champ
d’honneur, mais leurs
descendants dispersés
après l’ exode de 1962
ont perdu la trace de
leurs monuments
détruits.
22 000 noms effacés de
l’histoire pour leurs
orphelins.
Des dizaines de milliers de
héros survivants étaient morts
paisiblement plus tard, dans
leurs départements français
d’Algérie créés en 1848 et où
ils étaient nés comme leurs
parents. Leurs cimetières
abandonnés ont été saccagés,
profanés ou détruits.
Dans des dizaines et des
dizaines de cimetières de
leur terre natale leurs restes
ont été rangés dans des
boites anonymes. Elles ont
été par la suite entassées
dans des milliers de cubes
de béton scellés sans
identités ou signes d’étoiles
ou de croix. Est-il possible de
faire mieux pour effacer de
l’histoire la mémoire de tout
un peuple?
Dans la génération suivante, en raison de la
mobilisation de 24 classes jusqu’en 1945 ils
étaient 205 000, soit un cinquième de la
population sans compter les engagés volontaires
dont de nombreuses femmes, pour s’ opposer
aux armées nazies en vue de libérer la France
métropolitaine.
1939-1945 campagne de
Tunisie, campagne d’Italie,
débarquement en Provence le
15 août 1944, libération de la
France de Toulon, Marseille
jusqu’aux Vosges et l’Alsace
puis invasion de l’Allemagne
jusqu’à sa capitulation. En
tout 20 000 morts et 30 000
blessés. L’honneur d’être la
principale force française à
libérer la patrie de
l’occupation nazie.
Pour quelles raisons le devoir de mémoire
de l’ Etat semble vouloir ostensiblement
ignorer certaines catégories de citoyens,
et précisément ceux qui ont accepté de
risquer ou donner leur vie afin qu’ il puisse
continuer d’exister dans la liberté ?
Mémoire effacée
histoire manipulée
Création de
Claude jacquemay nov 2 010
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