DOUMBIA M., KOUASSI L., KOUAMÉ-ASSOUAN A.-E., DOUAYOUA- SONAN T.H., BOA-YAPO F. MALADIE DE FAHR REVELEE PAR DES TROUBLES DE LA MARCHE ET DE LA PAROLE DOUMBIA M.1, KOUASSI L., KOUAMÉ-ASSOUAN A.-E.2, DOUAYOUA- SONAN T.H.1, BOA-YAPO F.1 1- Service de Neurologie, CHU de Yopougon, 21 BP 632 Abidjan 21 2- Service de Neurologie CHU de Cocody Correspondance : DOUMBIA Mariam, Service de Neurologie, CHU de Yopougon 21 BP 632 Abidjan 21E-mail : [email protected] Tél : (225) 20 32 20 04 Fax : (225) 20 32 25 09 RESUME Les auteurs rapportent un cas de maladie de Fahr découverte chez un patient de 52 ans, à l’occasion de troubles de la marche et de la parole. L’examen clinique a objectivé un syndrome pyramidal des membres inférieurs et des signes psychiatriques. Le diagnostic a été établi sur l’examen tomodensitométrique crânio-encéphalique qui montrait de volumineuses hyperdensités calciques spontanées bilatérales et symétriques des étages sus et sous-tentoriels. Il n’y avait pas d’anomalie phosphocalcique. La revue de la littérature montre la diversité des manifestations cliniques de cette affection. Les autres causes de calcifications intra-cérébrales sont rappelées. SUMMARY The authors report a case of Fahr’s disease in 52-years-old man with progressive talking and walking disorders. The clinical features were a pyramidal syndrome, a spatial disorientation and anxiety. CT scan showed considerable symmetrical calcifications in the central grey nuclei at the base of the brain, the sub cortical regions and the posterior cranial fossa. There was no trouble of the phosphocalcic metabolism. The review of the literature shows the clinical polymorphism of the disease. The authors recall the main conditions in which such cerebral calcifications are observed KEY WORDS : FAHR’S DISEASE, CLINICAL FEATURES, CENTRAL GREY NUCLEI CALCIFICATIONS. MOTS-CLÉS : MALADIE DE FAHR, ASPECTS CLINIQUES, CALCIFICATIONS DES NOYAUX GRIS. Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 32-35 © EDUCI 2006 32 Maladie de fahr revelée par des troubles de la marche et de la parole. INTRODUCTION La maladie de Fahr est définie par la présence de calcifications vasculaires et périvasculaires bilatérales et symétriques des noyaux gris de la base du cerveau pouvant s’étendre aux noyaux dentelés du cervelet en l’absence de toute lésion d’artériosclérose 3,5. Les manifestations cliniques de la maladie ne correspondent à aucun tableau spécifique. Nous rapportons une observation de maladie de Fahr révélée par des troubles de la marche et de la parole. I- OBSERVATION D. M sujet de sexe masculin âgé de 52 ans, ivoirien, ouvrier, droitier, sans antécédent notable a été hospitalisé le 23/07/2003, dans le service de Neurologie du CHU de Yopougon à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il présentait des troubles de la marche apparus progressivement sur 6 mois, à type de fatigabilité des membres inférieurs, d’instabilité à la station debout et la marche, associés à des troubles de la parole à type de dysarthrie avec des accès de bredouillement. Figure 2 : Calcifications des noyaux gris centraux L’examen clinique a objectivé un syndrome pyramidal des membres inférieurs, une désorientation spatiale, une anxiété importante et une insomnie. Il n’y avait ni crise épileptique, ni syndrome cérébelleux, ni syndrome extrapyramidal. L’examen tomodensitométrique crânioencéphalique a mis en évidence de volumineuses hyperdensités calciques spontanées bilatérales et symétriques des noyaux dentelés, de tous les noyaux gris centraux, du centre semi-ovale et de la substance blanche périven-triculaire, sans effet de masse sur les structures adjacentes et sans prise de contraste (figures 1 à 3). Figure 1 : Clcifications cérébelleuses Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 32-35 © EDUCI 2006 Figure 3 : Calcifications de la substance blanche 33 DOUMBIA M., KOUASSI L., KOUAMÉ-ASSOUAN A.-E., DOUAYOUA- SONAN T.H., BOA-YAPO F. Le bilan biologique a révélé une perturbation modérée del’ionogramme sanguin avec une hyponatrémie (130 mEq/l), une hypokaliémie (3,4 mEq/l), et une hypochlorémie (93 mEq/l). La phosphorémie et la calcémie étaient normales. L’hémogramme, la glycémie, la recherche d’anticorps anti VIH1 et anti VIH2 étaient sans particularité. Le bilan thyroïdien : ADH (2.9 ñg/ml), la PTH (15 ng/l), T 3 (3,3 ñg/ml) et T 4 libres (1,18 ng/dl), TSH ultrasensible (1,187 µU.I/ml) étaient normaux. L’examen ophtalmologique était normal. Le liquide cérébro-spinal (LCS) était normal. Le patient n’a bénéficié d’aucun traitement. II- DISCUSSION La maladie de Fahr atteint des patients d’âge moyen ou très jeunes, des 2 sexes dans les mêmes proportions1. Les manifestations cliniques sont diverses et variées et la maladie est généralement difficile à suspecter cliniquement 4,5,6. Les troubles psychiques sont présents dans 45% des cas, à type de détérioration intellectuelle, de débilité mentale, de troubles caractériels, parfois même d’épisodes délirants6,7. Les troubles neurologiques, souvent discrets par rapport à l’étendue des lésions anatomoradiologiques, sont assez fréquents : crises épileptiques, syndrome pyramidal, syndrome akinéto-hypertonique, syndrome cérébelleux généralement discret, troubles sphinctériens, mouvements choréo-athétosiques, dysarthrie vraie ou parole bredouillante. L’atteinte des nerfs crâniens et les accès d’hypertension intra8,9. crânienne bénigne sont rares Les signes métaboliques sont inconstants et en relation avec l’hypoparathyroïdie (tétanie, signe de Chvostek) ou avec d’autres endocrinopathies comme le diabète et l’insuffisance testiculaire ou thyroïdienne 9. La maladie peut être totalement asymptomatique et n’être révélée que par des examens complémentaires. L’étude du métabolisme phosphocalcique et la recherche d’une hypoparathyroïdie sont systématiques. Le LCS est habituellement normal. L’électroencéphalogramme est souvent normal ou montre un ralentissement et /ou des grapho-éléments de comitialité 9. La radiographie du crâne et les tomographies frontales ou sagittales montrent des calcifications bilatérales et symétriques sous forme de petites opacités ponctuées, peu denses, disséminées et plus ou moins confluentes3. Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 32-35 © EDUCI 2006 La tomodensitométrie crâniocérébrale permet actuellement de reconnaître la maladie 13,14 sous forme de calcifications bilatérales et symétriques des noyaux gris centraux et des noyaux dentelés du cervelet qui réalisent au début de petites opacités régulières et symétriques de la tête des noyaux caudés. La capsule interne est respectée 1. Ces aspects doivent faire discuter d’autres causes de calcifications intracérébrales1,8,9. La recherche d’une hypoparathyroïdie est classique 5. Les calcifications des hyperparathyroïdies s’accompagnent de perturbations du bilan phosphocalcique 1. Dans notre contexte de travail, les calcifications parasitaires sont systématiquement évoquées mais elles ont des sièges et des aspects différents. Les calcifications toxoplasmiques sont bilatérales, disséminées dans toute la substance cérébrale et regroupées dans les régions périventriculaires et corticales; celles de la cysticercose sont multiples, punctiformes, disséminées et asymétriques; dans l’hydatidose, elles prennent plutôt un aspect kystique et dans la trichinose, elles se présentent sous forme de multiples petites tâches ovoïdes disséminées3,9. Les calcifications physiologiques de la sénescence surviennent chez des sujets de plus de 60 ans. Elles sont généralement asymptomatiques, plus arrondies, non homogènes et prédominent exclusivement au niveau des globes pâles9. Les calcifications cérébrales post-anoxiques après intoxication oxycarbonée, sont bipallidales. Les calcifications post-radiothérapiques ou postchimiothérapiques peuvent être aussi évoquées1,8 . Le mécanisme physiopathologique de l’affection est encore inconnu. La plupart des auteurs évoquent cependant un trouble métabolique des cellules oligogliales avec dépôts de mucopolysaccarides et apparition secondaire de lésions vasculaires, périvasculaires et d’incrustations calcaires4. Les troubles parathyroïdiens accompagnent très souvent la maladie 1,10,12,15. Dans de nombreux cas sans trouble parathyroïdien, on évoque une hypothèse neurogène diencéphalique dans le cadre des associations aux polyendocrinopathies, ou une exagération d’un processus normal de dépôts calciques ou ferreux au niveau des noyaux gris centraux et dentelés au cours de la sénescence 2,3,9. Chez notre patient, en l’absence de parasitose et d’anomalie phosphocalcique nous avons évoqué une maladie de Fahr idiopathique mais une enquête familiale devrait compléter la recherche étiologique car des formes familiales ont été décrites4,9,10,11. 34 Maladie de fahr revelée par des troubles de la marche et de la parole. CONCLUSION La maladie de Fahr est une entité essentiellement radiologique qui regroupe probablement différentes affections congénitales ou métaboliques jusqu’à ce jour non définies. La fréquence de découverte de cette maladie devrait s’accroître en Afrique avec l’avènement de la tomodensitométrie. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 – BARBANÇON O, PETIT G, AL SATTAR A. Dossier scannographique. Feuillets de Radiologie 1989 ; 29, (5) : 412-7 2 – BEN HAMIDA M, RONDOT P. Maladie de Fahr. Etude biologique et anatomique : absence de signes biologiques d’hypoparathyroïdie. Ann. Méd. Interne 1972 ; 11(123) : 909-21. 3 – BEQUET D, GARCIN J.M, GOASGUEN J, GAUHER D. Maladie de Fahr. 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