Rev. Int. Sc. Méd. Vol. 8, n°2, 2006, pp. 32-35
© EDUCI 2006
DOUMBIA M., KOUASSI L., KOUAMÉ-ASSOUAN A.-E., DOUAYOUA- SONAN T.H., BOA-YAPO F.
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Le bilan biologique a révélé une perturbation
modérée del’ionogramme sanguin avec une
hyponatrémie (130 mEq/l), une hypokaliémie
(3,4 mEq/l), et une hypochlorémie (93 mEq/l).
La phosphorémie et la calcémie étaient
normales. L’hémogramme, la glycémie, la
recherche d’anticorps anti VIH1 et anti VIH2
étaient sans particularité. Le bilan thyroïdien :
ADH (2.9 ñg/ml), la PTH (15 ng/l), T3 (3,3 ñg/ml)
et T4 libres (1,18 ng/dl), TSH ultrasensible (1,187
µU.I/ml) étaient normaux. L’examen ophtal-
mologique était normal. Le liquide cérébro-spinal
(LCS) était normal.
Le patient n’a bénéficié d’aucun traitement.
II- DISCUSSION
La maladie de Fahr atteint des patients d’âge
moyen ou très jeunes, des 2 sexes dans les mêmes
proportions1. Les manifestations cliniques sont
diverses et variées et la maladie est généralement
difficile à suspecter cliniquement4,5,6.
Les troubles psychiques sont présents dans
45% des cas, à type de détérioration intellectuelle,
de débilité mentale, de troubles caractériels,
parfois même d’épisodes délirants6,7.
Les troubles neurologiques, souvent discrets
par rapport à l’étendue des lésions anatomo-
radiologiques, sont assez fréquents : crises
épileptiques, syndrome pyramidal, syndrome
akinéto-hypertonique, syndrome cérébelleux
généralement discret, troubles sphinctériens,
mouvements choréo-athétosiques, dysarthrie
vraie ou parole bredouillante. L’atteinte des nerfs
crâniens et les accès d’hypertension intra-
crânienne bénigne sont rares
8,9.
Les signes métaboliques sont inconstants et en
relation avec l’hypoparathyroïdie (tétanie, signe de
Chvostek) ou avec d’autres endocrinopathies
comme le diabète et l’insuffisance testiculaire ou
thyroïdienne9.
La maladie peut être totalement asymp-
tomatique et n’être révélée que par des examens
complémentaires. L’étude du métabolisme
phosphocalcique et la recherche d’une hypopa-
rathyroïdie sont systématiques. Le LCS est
habituellement normal. L’électroencépha-
logramme est souvent normal ou montre un
ralentissement et /ou des grapho-éléments de
comitialité9. La radiographie du crâne et les
tomographies frontales ou sagittales montrent
des calcifications bilatérales et symétriques sous
forme de petites opacités ponctuées, peu denses,
disséminées et plus ou moins confluentes3.
La tomodensitométrie crâniocérébrale permet
actuellement de reconnaître la maladie 13,14 sous
forme de calcifications bilatérales et symétriques
des noyaux gris centraux et des noyaux dentelés
du cervelet qui réalisent au début de petites
opacités régulières et symétriques de la tête des
noyaux caudés. La capsule interne est
respectée1.
Ces aspects doivent faire discuter d’autres
causes de calcifications intracérébrales1,8,9. La
recherche d’une hypoparathyroïdie est classique5.
Les calcifications des hyperparathyroïdies
s’accompagnent de perturbations du bilan
phosphocalcique1. Dans notre contexte de travail,
les calcifications parasitaires sont systéma-
tiquement évoquées mais elles ont des sièges
et des aspects différents. Les calcifications
toxoplasmiques sont bilatérales, disséminées
dans toute la substance cérébrale et regroupées
dans les régions périventriculaires et corticales;
celles de la cysticercose sont multiples,
punctiformes, disséminées et asymétriques;
dans l’hydatidose, elles prennent plutôt un aspect
kystique et dans la trichinose, elles se
présentent sous forme de multiples petites
tâches ovoïdes disséminées3,9.
Les calcifications physiologiques de la
sénescence surviennent chez des sujets de plus
de 60 ans. Elles sont généralement asymp-
tomatiques, plus arrondies, non homogènes et
prédominent exclusivement au niveau des globes
pâles9. Les calcifications cérébrales post-anoxiques
après intoxication oxycarbonée, sont bipallidales.
Les calcifications post-radiothérapiques ou post-
chimiothérapiques peuvent être aussi évoquées1,8.
Le mécanisme physiopathologique de
l’affection est encore inconnu. La plupart des
auteurs évoquent cependant un trouble
métabolique des cellules oligogliales avec dépôts
de mucopolysaccarides et apparition secondaire
de lésions vasculaires, périvasculaires et
d’incrustations calcaires4. Les troubles para-
thyroïdiens accompagnent très souvent la
maladie1,10,12,15. Dans de nombreux cas sans trouble
parathyroïdien, on évoque une hypothèse neurogène
diencéphalique dans le cadre des associations aux
polyendocrinopathies, ou une exagération d’un
processus normal de dépôts calciques ou ferreux
au niveau des noyaux gris centraux et dentelés au
cours de la sénescence 2,3,9.
Chez notre patient, en l’absence de parasitose
et d’anomalie phosphocalcique nous avons
évoqué une maladie de Fahr idiopathique mais
une enquête familiale devrait compléter la
recherche étiologique car des formes familiales
ont été décrites4,9,10,11.