Stratégies de gestion de la SP Une approche active et informée de la SP peut faire la différence par Sharon Crawford de la difficulté à vivre avec les pertes liées à la Pour Derek Lunden de North Vancouver, 1991 a maladie. été une année importante. Il a 35 ans, il est sur le La gestion de la SP suite au diagnostic dépend du point de se marier et vient de démarrer son entretype de SP développé. On s'entend pour dire que 75 prise. Mais il reçoit aussi un diagnostic de SP à 85 pour cent des personnes développent initialeprogressive primaire. ment une SP cyclique. Environ la moitié des gens Une SP qui est arrivée furieusement, à toute vitesse. développeront ensuite une SP progressive secondaire En 1990, ses genoux commencent à céder lorsqu'il dans laquelle les rechutes deviennent moins joue au squash. Il consulte un neurologue et subit un fréquentes et dont la progression est stable. Un plus tomodensitogramme. Le neurologue « croit que tout petit nombre de personnes – environ 10 à 15 pour est dans sa tête ». Puis, en mai 1991, au retour d'un cent – développent dès le début une SP progressive party pour un ami, « j'ai perdu la capacité d'uriner. Je primaire. C'est de ce me suis retrouvé à type que souffre Derek. l'hôpital cette nuit-là, « La clé d'un traitement de la SP réussi est Ce qui complique suppliant qu'on m'indavantage la gestion de stalle un cathéter l'éducation des patients. » la SP est l'existence de urétral ». la SP bénigne. De 20 à Les tests devien25 pour cent des gens qui ont à l'origine reçu un diagnent alors très agressifs. La mesure de la dynamique nostic de SP cyclique se portent bien. Elles vivent urinaire démontre qu'il a une vessie neurogène et peu d'attaques et de longues périodes de rémission, l'IRM montre des plaques au cerveau. « SP positive. ainsi qu'une invalidité limitée après 15 ans. Maria (sa fiancée) et moi étions sous le choc. » Déjà, La complication provient de la recommandation en février 1992, il utilise un fauteuil roulant. Il peut normalement acceptée qu'une SP cyclique devrait encore marcher à l'aide de cannes, mais trouve être traitée dès que possible avec une des thérapies qu'elles ne lui permettent pas de se déplacer assez modificatrices (interférons beta (AvonexMD, rapidement. « Je n'ai pas du tout résisté au fauteuil; BetaseronMD ou RebifMD ) ou acétate de glatiramère je l'ai vu comme une opportunité. » Maria et Derek (CopaxoneMD). Certains neurologues se sont se sont mariés en mai 1994. Leur fils Mark est né en questionnés sur le bien fondé de cette recommanda1998. tion. Ils font valoir qu'une telle approche signifie que En fait, la SP est difficile à gérer « parce qu'elle les gens souffrant de SP bénigne s'injecteront euxcompte beaucoup de symptômes différents », affirme mêmes des médicaments pendant des années alors Dr Paul O'Connor, neurologue et directeur de la que cela ne serait pas nécessaire. clinique de SP de l'Hôpital St. Michael's de Toronto. L'édition d'avril du prestigieux journal Parmi ceux-ci, on compte des engourdissements, un scientifique Archives of Neurology aborde ce débat dysfonctionnement cognitif, des problèmes d'équilidans deux articles : le premier en faveur d'un bre, une faiblesse des membres, la fatigue, et des traitement précoce et le deuxième suggérant que tous troubles vésicaux et intestinaux. ne soient pas traités au moment du diagnostic. Généralement, la SP frappe les gens dans la vingL'éditorial a pesé les deux points de vue et a conclu taine et la trentaine, alors que leur carrière bat son que le traitement avec une thérapie modificatrice plein et qu'ils fondent une famille. Bien des gens ont (suite à la page suivante) SP Canada, Août 2006, p. 7 (suite de la page précédente) devrait être débuté aussitôt que possible puisqu'à ce la SP progressive primaire avec une des thérapies moment, il est impossible de déterminer qui modificatrices n'est pas possible parce que, comme développera une SP bénigne ou plus grave. l'explique Dr O'Connor, « les patients avec la maladie La première étape de la gestion de la SP cyclique purement progressive n'y réagissent pas. » Derek se est le choix d'une thérapie. La deuxième est de concentre donc plutôt sur la gestion des symptômes. respecter cette thérapie. Comme l'affirmait le Dr C. Lorsqu'il est devenu évident que le soin des trouEverett Koop dans un rapport de l'Organisation bles vésicaux et intestinaux était essentiel à la gestion mondiale de la santé (OMS) en 2003, « Les médicade sa SP, Derek est devenu proactif et bien informé. ments ne fonctionnent pas chez les patients qui ne Voilà une attitude que Colleen Harris, IA, coorles prennent pas ». donnatrice, clinique de la SP du Foothills Hospital de Selon From compliance to adherence in longCalgary applaudirait. Trop souvent, les patients, surtout les term MS therapies plus jeunes, « ne souhaitent (2004, Bruxelles) de la pas discuter de cela avec E u r o p e a n M u l t i p l e « Si vous croyez que vous n'y arriverez pas, leur médecin ». C'est Sclerosis Platform, les pourtant « un symptôme c'est ce que vous ferez. Mais objectifs des traitements fréquent » et il doit être si vous croyez que vous pouvez, il y a des avec thérapies modificatraité. » chances que vous y arriviez. trices sont de : réduire le Qu'est-ce qu'un taux de rechute; réduire médecin ou une infirmière l'inflammation; diminuer peut faire? l'atrophie du cerveau, ralentir l'accumulation d'invaParlez-en au Dre Rosalind Kalb, directrice du lidité permanente; et améliorer la qualité de vie. Professional Resource Centre, National MS Society, L'OMS a également signalé que près de 45 pour aux États-Unis. Il y a sept ans, un neurologue l'a mise cent des gens souffrant de SP ne respectent pas le au défi de développer des outils de communication traitement qui leur est prescrit. C'est compréhensible pratiques destinés aux médecins. Elle s'est donc puisque les gens doivent non seulement subir des assise et a créé une série de livrets appelée Discuter changements à leur style de vie, mais ils doivent des sujets difficiles avec vos patients souffrant de SP. aussi s'injecter des médicaments. Les livrets, adaptés par la Société canadienne de la « Bien des gens ont de la difficulté à vivre avec SP, sont dans un format questions/réponses simple. l'auto-injection ou ses effets secondaires », affirme Les livrets abordent de nombreux sujets, de l'éliminaDr O'Connor. Parmi ceux-ci on compte des tion et la dysfonction sexuelle à la dépression. symptômes pseudogrippaux, des rougeurs, de Dre Kalb affirme : « C'est très réconfortant l'enflure et un inconfort localisé au site d'injection, lorsque des médecins abordent les sujets délicats et des changements d'humeur, des maux de tête et de la en parlent. » Cela procure aux patients un « fatigue. vocabulaire confortable ». Selon une récente conférence sur le respect des Et cela procure aussi un certain réconfort de conpharmacothérapies pendant les trois à six premiers stater que les changements intestinaux et vésicaux mois de traitement, la principale raison qui pousse sont fréquents car leur traitement « implique souvent les gens à interrompre la thérapie est des effets l'auto-cathéterisation », affirme Colleen Harris. secondaires non gérés, parce qu'ils se questionnent Dès le début, Derek Lunden a été familiarisé avec sur son efficacité. la cathéterisation intermittente pour vider complètement Dr O'Connor croit que la clé d'un traitement sa vessie et éviter les infections. Il s'agit d'une réussi est l'éducation des patients. Savoir à quoi s'attechnique de gestion réussie pour lui. tendre des effets secondaires potentiels et détenir Traiter les problèmes vésicaux et intestinaux des stratégies efficaces pour les gérer peut faire toute implique aussi des questions diététiques, la consomune différence. mation des liquides, l'exercice et la routine. Manger Malheureusement pour Derek, le traitement de beaucoup de fibre est essentiel au travail des SP Canada, Août 2006, p. 8 intestins. Toutefois, « trop de fibres alimentaires peut irriter l'intestin », prévient Colleen Harris. Cela peut provoquer des gaz, des ballonnements ou de la diarrhée. Dans Mieux comprendre les troubles intestinaux, Nancy Holland, IA, et Robin Frames, indiquent que les patients dont la mobilité est réduite devraient ingérer 30 grammes de fibre chaque jour. Un bol de céréales de son ou quatre tranches de pain de son peuvent contribuer à y parvenir. Boire de l'eau ramollira les selles et aidera aux problèmes de vessie. Il est donc recommandé de boire huit verres de liquide par jour. Boire des liquides peut causer une miction plus fréquente « mais restreindre la quantité de liquides est dangereux pour vos intestins et votre vessie. », affirme Colleen Harris. Pour éviter ou limiter les fuites, buvez lorsque vous êtes à proximité d'une toilette et que vous pouvez cathéteriser. Pensez à réduire la consommation de liquides irritant la vessie (caféine, aspartame et alcool). Pour minimiser les infections urinaires, buvez du jus de canneberge et moins de jus d'agrumes. « C'est un cas d'essai/erreur. Aucun régime n'est parfait. Trouvez une routine et conservez-la », affirme-t-elle. La routine a aussi son importance pour les selles. « Allez souvent à la toilette », conseille-t-elle, soit une évacuation complète chaque jour ou aux deux jours. Allez à la salle de bains après le petit déjeuner car c'est à ce moment que le réflexe d'éjection est plus fort. Parfois, « ajouter du Metamucil,ou un suppositoire » peut s'avérer utile. « Vous devez respecter un rythme de vie régulier », affirme-t-elle. Vos émotions, le stress entre autres, peuvent aussi affecter vos selles. La dépression peut provoquer la constipation. Faire de l'exercice régulièrement est tout aussi important. Colleen Harris conseille d'essayer des programmes d'exercice à la télévision et sur cassette. Ils peuvent être adaptés aux personnes en fauteuil roulant. « J'essaie d'être en aussi bonne santé que possible », affirme Derek Lunden. « Mon secret est de boire beaucoup d'eau et de faire beaucoup d'exercice. » Il pratique l'haltérophilie, le ski en luge, « roule » en fauteuil roulant, joue au golf à l'aide d'une voiturette Le respect d'une thérapie : la clé de la réussite Que vous preniez une thérapie modificatrice de la maladie ou gériez un symptôme complexe de la SP, voici quelques lignes directrices générales qui vous aideront à communiquer avec vos fournisseurs de soins de santé : Assurez-vous de comprendre ce à quoi la thérapie est destinée. Demandez quels effets secondaires sont à prévoir, tout particulièrement si vous commencez à prendre un nouveau médicament. Demandez quelle est la meilleure façon de gérer les effets secondaires. Si vous apportez des changements à votre style de vie (par exemple, régime alimentaire ou exercice), demandez dans combien de temps vous observerez des résultats positifs. Amenez un membre de la famille ou un ami avec vous qui verra et entendra avec vous. Consultez régulièrement vos fournisseurs de soins de santé et veillez à avoir une conversation bidirectionnelle avec eux. Si vous prenez une thérapie modificatrice de la maladie, utilisez le service d'information téléphonique offert par la compagnie pharmaceutique à titre de ressource. SP Canada, Août 2006, p. 9 (suite de la page précédente) spéciale. Il mange beaucoup de fibre et se tient loin des aliments transformés. Bien vivre avec la SP, c'est beaucoup une question d'attitude des fournisseurs de soins de santé et des personnes atteintes de SP. « Nous ne leur disons pas qu'ils sont malades, affirme Colleen Harris. Nous leur disons qu'ils sont en santé. « Le principal objectif est d'avoir une qualité de vie aussi bonne que possible. Et si quelque chose tente d'abaisser cette qualité, il faut trouver d'autres ressources, que ce soit des conseils ou de l'éducation. » Dr Paul O'Connor insiste également sur l'importance de l'éducation des patients. Une personne informée peut prendre des décisions éclairées alors qu'une personne qui ne l'est pas ne peut faire la différence entre les symptômes liés à la SP et ceux ayant d'autres causes. Pour Derek Lunden, « un des défis de la maladie est sa nature progressive. J'en perds un peu chaque jour. Il faut traverser toutes les étapes - colère, déni, dépression. La dernière est l'acceptation. Plus vous résistez à quelque chose, plus cette chose persiste. » « Je ne crois jamais avoir dit : Pourquoi moi? Je ne suis pas une victime de cette maladie. Mon objectif est de contribuer à faire une différence. Si vous croyez que vous n'y arriverez pas, c'est ce que vous ferez. Mais si vous croyez que vous pouvez, il y a des chances que vous y arriviez. » Sharon Crawford est une journaliste et rédactrice pigiste de Toronto spécialisée dans le domaine de la santé. La publication de cet encart a été rendue possible grâce à une subvention à l'éducation sans restrictions de Ressources supplémentaires Traitements modificateurs de l'évolution de la SP au Canada Livret décrivant les quatre médicaments disponibles pour le traitement de la SP cyclique. Disponible à l'adresse www.scleroseenplaques.ca; faites une recherche avec les mots clés « Conseils sur des sujets pratiques ». Les troubles de la vessie dans la SP Article illustré décrivant les différents moyens permettant de gérer les problèmes de vessie. Disponible à l'adresse www.scleroseenplaques.ca; faites une recherche avec les mots clés « Traitement des symptômes de la SP ». Mieux comprendre les troubles intestinaux Décrit l'effet de la SP sur le fonctionnement des intestins avec des suggestions pour leur prise en charge. Disponible à l'adresse www.scleroseenplaques.ca; faites une recherche avec les mots clés « Traitement des symptômes de la SP ». Parler de sujets délicats avec vos patients atteints de SP Série de livrets destinée aux professionnels de la santé permettant d'assister la discussion sur le diagnostic de SP, la maladie progressive, les problèmes d'élimination, la dysfonction sexuelle, la dépression et d'autres changements émotionnels et dysfonctionnement cognitif. Disponible à l'adresse www.scleroseenplaques.ca; faites une recherche avec les mots clés « Conseils sur des sujets pratiques ». SP Canada, Août 2006, p. 10