Plantes carnivores Acte 1

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IUFM de Seine-Saint-Denis
Dessins : "Le Mulot"
Dessin : "Le Mulot"
Représentations préalables et analyse de ces
représentations (le mercredi 25 avril)
à l’Ecole Jean Jaurès du Bourget.
Classe de Jeannine Duchet, I.M.F.
Jeannine Duchet, avait demandé à ses élèves s’ils avaient déjà vu des plantes
carnivores. Quelques une avaient répondu par l’affirmative mais la plupart n’en n’avaient
jamais rencontré.
Il leur avait alors été demandé :
* De dessiner une plante carnivore telle qu’ils l’avaient
observée ou telle qu’ils l’imaginaient.
* D’expliquer leurs dessins en écrivant un petit texte.
Monsieur Geslin avait photographié les dessins et (aidé de
monsieur Dougé) enregistré les commentaires des enfants.
Nous disposions donc d’un montage audiovisuel.
Ce mercredi matin, nous présentons le
montage aux élèves.
Cette séquence s’est déroulée en présence de 6 conseillers
Et nous alors… on nous
pédagogiques, 7 instituteurs titulaires et un étudiant de
a demandé notre avis ?
première année. La plupart des collègues présents avaient
participé en janvier de la même année à un stage de
formation scientifique. Nous avions choisi un mercredi matin car c’était la seule demi-journée où
nous pouvions tous nous réunir.
Tous les parents, sans exception, avaient donné leur accord pour envoyer leurs enfants en
classe une demi-journée supplémentaire… nous les en remercions ainsi que monsieur
David, Inspecteur de l’Education Nationale de la circonscription et monsieur Dougé
chargé des prises de vue.
Vous trouverez les dessins et les textes dans les pages suivantes…
Jean-Pierre Geslin, professeur
2
Les représentations préalables du CM1 de la classe
de J. Duchet, CPEN (pages 3 à 19) :
Dessin : Jeannine et Sonia
Texte : Jeannine et Sonia
Jean-Pierre Geslin, professeur
3
Jean-Pierre Geslin, professeur
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Jean-Pierre Geslin, professeur
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Jean-Pierre Geslin, professeur
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Jean-Pierre Geslin, professeur
17
Jean-Pierre Geslin, professeur
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Ce que nous pensons sur la nutrition des plantes
carnivore : classe de CM1 de Jeannine Duchet, I.M.F.
Tableau construit dans un premier temps à partir des textes des enfants puis complété par un
interrogatoire (oui, non, ?).
Nature de la
proie
Le repérage
Elle
voit
Elle
Elle
entend sent
Papillons, vers
Oui
Oui
Souris
Oui
Insectes
Sandrine,
Insectes
Fréderic B. (mouches)
Stéphane
Insectes
(mouches,
abeilles)
Nathalie
SoniaJeannine
Emmanuelle,
Catherine,
Lydia
Eric
Muriel
Léa et
Aurélie
Non
Bou- Lanche gue
mobile
Oui Oui
Des organes masticateurs
Dents
Des organes digestifs autres
Tiges
Non
Oui
Tiges
Oui
Oui
Dents
Feuilles
Oui
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Dents
Dents
Tiges
Tiges
Oui
Non
puis
oui
Oui
puis
non
Oui
Non
Dents
Tiges
Insectes
Oui
(fourmis), petits
serpents
Insectes
Oui
Non
Non
Tiges
Insectes attirés Tiges
« par une odeur
de miel ».
Piquants qui Tiges
s’allongent et se
plantent dans la
proie.
Tiges
Oui
Non
Dents
Feuilles
Non
Non
Tiges
Oui
Oui
Dents
Tiges
Papillons
Non
Oui
Oui
Tiges
Oui
Oui
Dents
Tiges
Souris, oiseaux
et serpents
Insectes
Oui
Oui
?
Oui
Oui
Dents
Tiges
Non
?
?
Tiges et
feuilles
Tiges et
feuilles
Oui
Non
Dents
Tiges
Oui
Non
Oui
Tiges
Oui
Non
Tiges
élastiques
Racines
Aurélien
Non
Non
Non
Feuilles
Non Non
Feuilles
Racines
Martial
Oui
mais
vue
basse
Oui
Oui un Oui
peu
Non
Oui
Oui de Dents
1
mètre
Racines
Oui
Oui
Tiges
Oui
Non
Dents
Tiges
Oui
?
Oui
Oui
Oui
Dents
?
Oui
Oui
Oui
Tiges
Oui
Oui
(crochue)
Oui
Dents
Tiges
Insectes
(abeilles,
papillons,
grillons)
Insectes
(sauterelles)
Insectes
(mouches…),
reptiles
Laure et
Katia
Vers de terre,
insectes « très
mobiles »
Frédéric V. Souris, oiseaux
et serpents
Frédéric,
Matkar,
Paul
Guépard, tigre,
autres plantes,
elle-même.
Pièges odorants, collants
ou piquants
La digestion
Feuilles
ou tiges
mobiles
Tiges
Ying
Sandrine
G.
William
La capture
Le pollen de la
plante attire
l’insecte
Les insectes se
collent sur le
miel
Jean-Pierre Geslin, professeur
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Analyse des représentations :
« Qu’en pensez-vous ? »… quelques secondes d’hésitations et quelques réactions
donnant à penser que la question était comprise comme concernant la qualité des dessins et des
textes…
Précision… « Qu’a dit Aurélien et qu’ont dit Frédéric, Maktar et Paul ? »
Les enfants répètent et conviennent qu’il existe de nombreuses contradictions en ce qui concerne :
* La taille (de 25 cm à 10 mètres selon les
groupes).
* La présence ou l’absence d’organes des sens
(yeux, oreilles, nez).
* La nature des proies (vers, insectes, poissons,
serpents, oiseaux, souris et même guépards et
tigres !).
* Les mécanismes de la capture (pièges collants,
tiges ou feuilles mobiles, une bouche munie de
dents, une langue préhensible…).
* La digestion (la plupart des enfants pensent qu’il
existe des organes masticateurs : dents, feuilles,
tiges élastiques et que la digestion s’effectue dans
les tiges ou dans les racines).
* Le lieu de vie (au passage Jean-Pierre Geslin
signale à Laure et à Katia que la Guadeloupe est un
département français et qu’on ne peut donc pas dire : « Les plantes
carnivores vivent en France et en Guadeloupe »).
« Comment savoir qui a raison ?
« Il faut que nous regardions des plantes carnivores,
comment elles vivent ! »
J-P G. va voir derrière le bureau… «
Elles sont là ! »…
« Tu peux m’aider à les porter et à les distribuer ? »
Le loupiot vient… méfiant… et effectue la distribution en
évitant soigneusement de toucher les plantes.
Même si elles ne mesurent que 15 cm,
l’imagerie mentale persiste… Risque de
morsure renforcée par ce qu’a dit une maman à
sa fille ?…
« Comment,
tu veux une
plante
carnivore ?
« On a bien
assez du chien
à la maison
qui mange tout ! »
6 plantes sont distribuées aux enfants…
UN HURLEMENT !!!
Jean-Pierre Geslin, professeur
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La découverte des plantes carnivores,
les observations et les dessins :
UN HURLEMENT…
L’une des feuilles vient de se refermer sur l’objet
présenté : une paire de ciseaux… des feuilles
excitées avec une feuille de papier noir effectuent
une capture…une autre se resserre sur un fragment
de mousse prélevé dans un pot… l’excitation gagne
la classe… les stylos, les crayons et même les doigts
sont utilisés… presque toutes les feuilles se
rteplient… quelques unes consi-dérées comme
malades ne réagissent pas.
L’observation, que les pédagogues qualifient de
« sauvage », dure une dizaine de minutes.
Le formateur demande ensuite à chacun des groupes ce qu’il a remarqué et des notes sont prises au
tableau au fur et à mesure.
- On lui donne du papier… elle se ferme et reste ainsi (mais dans un unique cas elle se serait
réouverte lentement… d’après un enfant…).
- Elle mange des mouches (le cadavre d’un moucheron était présent dans une feuille ouverte).
Osons un doigt…
L’observation sauvage…
Je préfère utiliser un crayon…
C’est plus sûr !
J’y vais aussi…
- Elle se ferme même si on ne laisse pas le crayon. Pour qu’elle se ferme, il faut toucher le fond
(un enfant dira « la gorge »). Si elle est déjà fermée, elle ne fait rien.
Jean-Pierre Geslin, professeur
21
- Elle a avalé un petit « morceau » de
terre.
Les observations ont été inscrites
sans ordre logique, comme elles
venaient, sous forme de notes.
D’autres
considérations
sont
exprimées mais non inscrites : elle
possède « des dents sur le bord de la
feuille » et on distingue « 2 parties »
dans la feuille (l’une à la base et
l’autre qui se replie elle-même en
deux).
Voilà ce que j’ai observé…
« Je vous demande de réaliser un
texte court correspondant :
• A ce que vous avez
remarqué.
• A ce que les autres ont dit.
Ce qui est au tableau peut vous
aider ».
« Je ramasse les plantes, je vous les
rendrai tout à l’heure… ».
Durant
toute
la
phase
d’observation, des enfants ont posé
des questions soit à haute voix soit à
l’oreille du professeur d’Ecole
Normale (devenue depuis Institut
Univer-sitaire de Formation des
Maîtres) qui circulait entre les groupes.
Rédaction du texte récapitulant les observations.
Les élèves ont été invités à les inscrire
sur un autre tableau… elles seront
reprises ultérieurement dans le cadre
d’une situation de recherche…
impliquant
observation,
expérimentation et recherche documentaire.
Les enfants produisent des textes
personnels tandis que Jean-Pierre Geslin
passe de l’un à l’autre :
« Elles mangent des mouches et des
moustiques ! ? Nous n’avons vu qu’un
moucheron sur une feuille » »…
« Oui mais je crois qu’elles en
mangent… ».
« Nous n’écrivons maintenant que ce
que nous avons vu : "nos observations".
Ce ne sont plus des suppositions mais ce
que nous observons »…
« Sur la première diapositive du montage, il était écrit "plantes carnivores"…
Comment l’as-tu écrit ? … Vérifie ».
Jean-Pierre Geslin, professeur
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« Comment s’appelle cette plante ? »
« Voici des diapositives,
le cache porte le nom de
la plante »…
Sur la quarantaine de
diapositives, 7 ou 8
concernent « la dionée »
qui est immédiatement
reconnue sans l’aide de la
visionneuse posée sur la
table.
L’enfant : « Il faut mettre
en titre "la dionée" ! »
J-P G. « Va l’écrire au
tableau ».
Les rédactions se
poursuivent : de 3 à 8
lignes…
« Relisez vos textes puis
échangez avec votre
voisin pour corriger les
fautes d’orthographe… tu
t’es trompé, il n’y a
qu’un seul "N" à
dionée ».
« Je vous demande
maintenant de faire le
dessin d’une seule
feuille » (la consigne est
reportée au tableau).
Dionée (Dionea muscipula) : Dionée était le nom d’une nymphe de
Un gamin demande
l’Océan mère d’Aphrodite. Aphrodite était la déesse grecque de la
comment se nomment
Beauté et de l'Amour, que les Romains nommèrent Vénus.
« les deux parties qui se
replient ».
Il lui est expliqué que ce sont « les lobes ». Les 2
lobes forment ensemble « le limbe ». Dans une feuille,
il est généralement possible de distinguer 2 zones : le
limbe d’une part et d’autre part le pétiole (la queue)
qui s’insère sur le rameau au niveau d’un bourgeon.
Un schéma est simultanément effectué au tableau, il
concerne une feuille d’une autre plante, en
l’occurrence une feuille d’érable, afin de ne pas
fournir de modèle de feuille de dionée.
E. : « Il faut mettre un titre ».
J-P G. : « Lequel ? »
E. : « Schéma… non dessin (les enfants corrigent
d’eux-mêmes) d’une feuille de dionée.
J-P G. : « N’oubliez pas de souligner le titre »… nous
aurions dû ajouter « et de l’écrire en majuscule ».
Jean-Pierre Geslin, professeur
23
Des élèves éprouvent des difficultés à dessiner les 2 lobes du limbe repliés…
« Il faut les faire se rouvrir »…
J-P G. : « Comment ».
E. : « En les chatouillant avec un pinceau ! » Paul, sans attendre, se rue sur une plante et la caresse
activement :
« Elle s’ouvre »… « Mais
non »... « Si, regardez »…
« Non ! »…
Malgré les protestations de
la classe, notre
expérimentateur niera
l’évidence… avec
beaucoup d’humour et de
gentillesse … pendant
presque 2 minutes…
On chatouille…
On chatouille encore…
Feuille de dionée :
On chatouille toujours… rien à faire…
L’observation des dessins d’enfants fait apparaître que les dents
« molles, pas comme les nôtres » n’ont pas été comptées…
Décompte… et correction… pour certains…
Jean-Pierre Geslin, professeur
Ici, feuille de Dionée
contenant un cadavre
d’insecte.
24
Jean-Pierre Geslin, professeur
25
Dionée = attrape-mouches de Vénus = en anglais : Venus flytrap.
La longueur moyenne des feuilles est de 7 cm. Le pétiole est plat, plus long en lumière atténuée.
Les lobes sont verts à l'ombre et rouges au soleil.
10 h15 : récréation. Durée de cette première partie : 1 h 05 mn
Les adultes réunis dans la salle des maîtres
analysent la séquence et échangent les expériences
qu’ils ont vécues depuis le stage de janvier.
Trois points sont soulignés :
- Mettre l’enfant en situation de recherche ne
signifie pas pour autant délaisser les contenus…
bien au contraire.
- La rigueur scientifique est un élément essentiel de
ce type de démarche.
- La démarche proposée a permis de mettre en place
des situations de production dans le cadre des
disciplines instrumentales… les productions de
textes peuvent fort bien être décomptées dans l’horaire de français…
Ajoutons aujourd’hui…
* qu’il s’agisse de ce que l’on nommait « démarche éveil » puis « mains à la pâte » et que l’on
désigne aujourd’hui par « rénovation des sciences »… (alors que tout ceci remonte en fait aux
années 1970), la démarche pédagogique est similaire.
* que cette séquence vise une maîtrise du langage et de la langue française : « participer
activement à un débat argumenté pour élaborer des connaissances scientifiques en en respectant
les contraintes (raisonnement rigoureux, examen critique des faits constatés, précision des
formulations »…
* qu’elle s’inscrit tout aussi bien dans les programmes de 2002, chapitre "Éducation à
l’environnement" : « rôle et place des êtres vivants ; notions de chaînes et de réseaux
alimentaires » et (voir suite) : « adaptation des êtres vivants aux conditions du milieu ».
Jean-Pierre Geslin, professeur
26
Présentation de 6 diapositives :
La séquence se poursuit le même jour pour les raisons explicitées page 2.
A) LA DIONEE (Dionaea muscipula) :
4 diapositives sont présentée : 1 vue
d’ensemble de la plante et 3 (regroupées
ci-dessous) retraçant les différentes étapes
de la capture d’une mouche par une feuille
de dionée la Dionée peut être nommée
« Dionée gobe-mouches » ou « Dionée
attrape-mouches ».
Feuilles : environ 7 cm.
Vue d’ensemble de la plante www2.ville.montreal.qc.ca/.../
entretien.htm.
Jean-Pierre Geslin, professeur
27
B) LE DROSERA ou rossolis (rosée du soleil) :
Drosera vient du grec Drosos, signifiant rosée.
Deux espèces (sur la centaine existantes) sont
présentées et leurs tailles précisées :
- Le Drosera à feuilles rondes (feuilles de 5 cm)
représenté à droite : les enfants repèrent "les
tentacules" tous terminés par une gouttelette
rouge et brillante. Ils font l’hypothèse que
l’extrémité est collante et permet la capture des
insectes.
- Le Drosera filiformis tracii (non présenté ici) : la
feuille allongé capture un moustique, les boules
sont fixées sur l’insecte et les tentacules sont
courbés confirmation de l’hypothèse
précédente : les tentacules se rabattent et
emprisonnent le moustique.
Le prof. d’IUFM insiste sur le fait que "Drosera"
(sans accent) est du genre masculin (contrairement
à ce qui est écrit dans de nombreux livres.
Conclusion : il existe différentes espèces de
plantes carnivores (17 en France dont 3 espèces
de droseras et 550 espèces dans le monde).
Photographie : C. Nuridsany et M. Perennou.
Feuilles de
Drosera binata.
Fleur de Drosera binata
(1 cm de diamètre).
Pour de belles photos de plantes carnivores : http://www.cjbn.uhp-nancy.fr/car.html
Jean-Pierre Geslin, professeur
28
Les questions des enfants :
A. Relecture des questions dans l’ordre où elles ont été écrites.
B. Demande de précisions aux auteurs et réécriture en un français correct.
C. Classement des questions que J-P G. recopie sur une grande feuille de papier.
1. Que mangent les plantes carnivores ? (outre les
moucherons, les mouches et les moustiques).
2. Peuvent-elles capturer 2 choses à la fois ? (dans une
même feuille).
3. Comment digèrent-elles ?
4. La nervure du pétiole est-elle un intestin ?
5. Se rouvrent-elles ? (un seul cas prétendument
observé).
6. Comment ? (le mécanisme).
7. Si on présente un insecte à une feuille fermée : se
rouvrira
t-elle ?
(la
tentation…
retour
de
l’anthropomorphisme).
D. Je vous propose de commencer par la première question : « Que mangent-elles ? »…
« Comment allons nous procéder pour trouver la réponse ?
Enfant : On va lui donner des aliments. Elle va se refermer et on attendra.
J-P G : On attendra quoi ?
E : Qu’elle se rouvre et on verra s’il reste quelque chose.
J-P G : Relisez la question 5… Et si elle ne se rouvre pas ?
E : On l’ouvrira (sous-entendu "de force") pour voir.
J-P G : Que va t-on lui donner ?
E : Des papillons, des sauterelles, des fourmis, des araignées.
J-P G : Quels sont les insectes parmi les espèces que vous venez de citer ?
E : Les 3 premières.
J-P G : Quelles sont les différences avec les araignées ?
E : Les insectes volent, ils ont trois paires de pattes.
J-P G : Et les araignées ?
E : Elles ont quatre paires de pattes et elles ne volent pas.
E : … On pourrait aussi essayer la viande fraîche…
J-P G : Vous ne parlez plus de serpents, d’oiseaux, de souris, de tigres, de guépards!
E : Elles sont trop petites!
Paul revient néanmoins à la charge… « Oui mais il y en a peut-être de très grandes… ».
J-P G : Je vous présenterai d’autres plantes carnivores au cours d’une autre séquence…
Jean-Pierre Geslin, professeur
29
… REPRENDRE LES EXPERIENCES DE
DARWIN….
Un peu d’histoire…
Charles Darwin (1809-1882), naturaliste britannique, a été l’un
des premiers à croire au carnivorisme végétal bien que cette
notion soit à l’époque non acceptée car rejetée un siècle plus
tôt par le botaniste suédois Carl Von Linné (1707-1778).
Le grand-père de Charles Darwin, Erasme Darwin, avait déjà
étudié vers 1800 la dionée et supposait que ses pièges devaient
préserver les fleurs des déprédations des insectes.
"Insectivorous plants" de Charles Darwin a été édité en en 1875
et une version française est parue 2 ans plus tard.
"Me trouvant pendant l'été 1860 dans les landes du comté de
Sussex, je remarquai avec une grande surprise le nombre
considérable d'insectes saisis par les feuilles de Rossolis
(Drosera rotundifolia). J'avais entendu dire (… peut être par son
grand-père) que les feuilles de cette plante capturent les
insectes. Mais là se bornait tout ce que je savais sur ce sujet".
"Il devint bientôt évident pour moi que le droséra est tout
particulièrement adapté à un but spécial ; celui de saisir les
insectes et d'en absorber les matières nutritives et ce sujet me
sembla digne de recherches attentives".
"La viande crue et les gros morceaux d'albumine sont aptes à
attaquer les feuilles qui semblent, comme les animaux,
exposées à souffrir d'indigestion."
Charles Martins, professeur d'histoire naturelle à la faculté de
Montpellier dans les notes associées à la version française
écrit : "en gorgeant les feuilles de nourriture, M. Balfour et
Lindsay ont déterminé de véritables indigestions avec
vomissements des parties des substances ingérées... 2 mouches
et 2 araignées paraissent être la dose limite qu'il ne faut pas
dépasser".
Darwin réalisait de véritable menu pour ses plantes :
"Nous sommes donc autorisés à conclure qu'une décoction de
feuilles de choux est tout aussi énergique qu'une infusion de
viande crue".
… Il expérimenta même les effets du vin de Xérès sur les
droséras... "Le droséra m'importe plus que l'origine de toutes
les espèces dans le monde"…
Reprendre les expériences de Darwin…
J-P G : Qu’as-tu mangé hier soir ?
Enfant : Une entrée (carottes râpées), des légumes (petits
pois), de la viande, un fromage et un dessert…
J-P G : Quel menu allons nous proposer à nos plantes ?
E : Du concombre, des petits pois… non… 1 petit pois, de la
viande pas cuite, un fromage, du camembert par exemple et
un petit morceau de banane.
Les enfants sortent leur cahier de textes et se répartissent le
travail : « Qui apportera quoi pour vendredi après-midi ? »
Darwin, 5ème enfant d’une riche
famille Britannique est né en 1809.
Son grand-père, Erasmus Darwin,
était un médecin et un savant
célèbre. Lui n’est pas passionné
par la médecine et il arrête ces
études pour devenir pasteur et
naturaliste.
C’est au titre de naturaliste non
rémunéré qu’il entreprend de
décembre 1831 à octobre 1836 un
voyage à bord d’un bateau de
recherche : le Beagle.
Darwin s’appuyant sur ses propres
études et d’autres (en particulier
celles d’Alfred Russel Wallace)
pense que les espèces animales et
végétales loin d’être fixes, se
modifient au fil des générations.
Il publie le 24 décembre 1859
« Sur l’origine des espèces »
qui résume ses conceptions.
Darwin travaillera à développer
ses thèses jusqu’à sa mort, en
1882.
Fin de la 2ème partie à 11h 30 (durée de 50 minutes).
Jean-Pierre Geslin, professeur
30
Fermeture et réouverture des feuilles
et repas des dionées :
Vendredi 27 avril de 13h 55 à 14h 55…
Outre Jeannine Duchet, conseillère pédagogique et un FP1 en stage sont présents18
étudiants PE2 en formation initiale.
Il fait très chaud cet après-midi et les enfants sont à la fois fatigués, énervés et motivés.
I- Où nous reparlons de la fermeture et de l’ouverture des feuilles de Dionée :
Jean-Pierre G : « Les enseignants présents aujourd’hui ne sont pas les mêmes que mercredi
matin. Pouvez-vous leur expliquer ce que nous avons fait jusqu’à présent en ce qui concerne les
plantes carnivores ? »
Enfant : On a touché des feuilles de
Dionée avec du papier… des crayons, des
ciseaux… et les deux lobes se sont
refermés.
J-P G : Quelle partie de la feuille avezvous dû toucher pour obtenir la
fermeture ?
E : Pas les dents du bord… le fond de la
feuille… la gorge.
J-P G : Nous allons vous redonner des
plantes, pouvez-vous bien regarder où il
faut toucher exactement pour obtenir la fermeture des deux lobes ?
Deux types de réponses sont obtenues :
* Il y a des poils à l’intérieur, il faut toucher les poils.
* Il faut toucher la partie entre les deux lobes (J-P G reprend en utilisant le mot
"charnière").
A ce stade, presque toutes les feuilles des plantes distribuées sont fermées et il est impossible de
savoir qui a raison sans utiliser d’autres Dionées… A priori, les 2 localisations pourraient d’ailleurs
fort bien être incriminées dans le repliement… même si nous savions que ce n’était pas le cas…
Fournir de nouvelles plantes immédiatement n’aurait pas permis de mener à bien la suite de
la séquence (le repas des Dionées) car toutes les feuilles auraient été alors verrouillées J-P G : « Nous retenons pour l’instant que ce sont peut-être les poils, peut-être la
charnière, peut-être les 2 parties (poils et charnière) qu’il faut exciter pour provoquer une
réaction de la feuille… nous y reviendrons tout à l’heure… ».
Qui veut relire les questions posées la dernière fois ».
Arrivés à la question 5 : « Les feuilles se rouvrent-elles ? », les loupiots disent qu’ils ont
maintenant la réponse : le jeudi après-midi, en arrivant en classe, ils ont constaté que la
plupart des feuilles stimulées la veille sont réouvertes Question et réponse 5 sont notées dans le cahier « d’éveil »... nous dirions aujourd’hui le
« cahier d’expériences ».
Jean-Pierre Geslin, professeur
31
II- Le repas des Dionées :
« Nous allons maintenant travailler sur la question 1 : "Que
mangent-elles ?" ».
Les aliments prévus ont été apportés… de quoi nourrir un
régiment : une boîte de petits pois, un camembert entier… Il
manque néanmoins les sauterelles et "l’araignée" capturée est en
fait un "opilion" ou "faucheur" (sorte d’araignée munie de très
longues pattes qui abonde sur le foin coupé). Une fillette explique
aux autres qu’il s’agit d’un "faucheux" (terme également utilisé). L’arachnide, mort, passe
de main en main…
J-P G : Comment allons-nous procéder pour
nourrir nos plantes ?
E : On n’en mettra pas beaucoup. Le papillon
est trop grand, il va dépasser.
Un enfant propose de donner à toutes les
feuilles d’une même plante le même aliment
« par exemple du concombre » et d’écrire sur
le pot ce que l’on a fournit à la plante.
Une autre proposition : « on donne à chaque
feuille un aliment différent ».
Jean-Pierre G. (qui préfèrerait bien
évidemment que le choix se porte sur la
première méthode bien plus simple à réaliser) :
« Oui mais nous risquons de ne plus savoir ce
que nous avons mis dans chaque feuille ».
E : On peut faire des flèches sur le pot (chaque
flèche partant du niveau de la feuille
concernée) et mettre des numéros.
J-P G : Mais comment se souvenir à quel
aliment correspond le numéro ?
E : Sur une feuille de papier, en face de chaque
numéro, on écrira ce qu’on a donné.
J-P G, sentant les enfants agités, souhaiterait
que la distribution des aliments s’effectue le
plus rapidement possible ; il insiste sur le fait que la seconde méthode est bien
compliquée… que le recensement des résultats sera plus difficile… en vain… tous, à une
exception près (l’auteur de la première proposition), revendiquent le droit de donner un
repas complet à leur plante.
Des étudiants de 2ème année de formation initiale, lors de la discussion pédagogique faisant
suite à la séance, diront qu’ils auraient - pour leur part – imposé le premier dispositif
expérimental… ils avaient peut-être raison…
En 5 minutes, les élèves numérotent les feuilles et inscrivent les composants du menu sur
une page qui sera placée près de leur plante.
Avant la répartition des aliments, il est à nouveau demandé aux enfants de regarder si ce
sont les poils ou la charnière qui enclenchent la fermeture des 2 lobes au moment du dépôt
de la nourriture sur la feuille.
… DISTRIBUTION… REALISATION…
Jean-Pierre Geslin, professeur
32
Tous les CM1, à une seule exception,
confirmeront que ce sont les poils qui stimulent
l’occlusion de la feuille.
Chaque feuille reçoit sa ration : concombre, petit
pois, viande fraîche ou banane…
Un enfant constate, en observant la feuille par
transparence, qu’une fourmi vivante peut encore se
déplacer entre les 2 lobes repliés… « Elle ne meurt
pas tout de suite ». Il devient évident que les dents
bordant les lobes empêchent la fuite des insectes
capturés.
A ce stade du travail, la classe sait déjà
qu’il y a digestion d’insecte et que celle-ci
est progressive car, au moment de la
distribution, l’une des plantes a été
secouée et une mouche est alors tombée…
laissant autour d’elle une tache orangée
et gluante… chacun a pu venir observer
l’animal réduit pour partie en bouillie.
Le papillon et l’opilion dépassent des feuilles et les enfants décident de retirer le premier.
Une fille a placé par erreur 2 aliments dans la même feuille qui est maintenant refermée…
ceci constituera un élément de réponse à la question 2.
Jean-Pierre Geslin, afin de reprendre la classe en main, ramasse les pots dès que les plantes
ont reçu leur pitance…
Nous réaliserons ultérieurement que le camembert a été oublié…
L’expérimentation : chaque feuille reçoit une nourriture différente…
Jean-Pierre Geslin, professeur
33
III- Les questions concernant la digestion :
J-P G : Nous allons passer maintenant passer aux questions concernant la digestion…
Veux-tu les relire ? …
E : Comment digèrent-elles ?… La nervure du pétiole est-elle un intestin ?
Un élève dit qu’il est trop tôt pour répondre à ces questions, « qu’il faut attendre puis
ouvrir les feuilles… mais on risque de les abîmer ».
J-P G répond que « nous serons en vacances ce soir jusqu’à jeudi matin » et nos
observateurs-expérimentateurs en herbe ne voient pas, dans ces conditions, comment
procéder.
Il est alors rappelé par un enfant qu’une maman institutrice a fait photocopier en 20
exemplaires 2 pages d’un livre concernant les plantes carnivores. La distribution avait eu
lieu le matin mais le document n’avait pu encore être lu… sauf par Aurélien qui précise
que le texte ne contient pas la réponse…
Il est alors distribué le polycopié d’une dizaine de pages de J-P Geslin intitulé : « Si tu veux
(presque) tout savoir sur les plantes carnivores ». Ce livret ne comporte pas de table des
matières et certains éprouvent des difficultés à retrouver le chapitre correspondant. Ils
commencent à lire la première et la deuxième pages et déclarent ne pas trouver les
réponses. Par contre, ils signalent qu’ils ont lu que les dionées mangeaient bien des
araignées et les digéraient.
Quelques uns trouvent la réponse à la question 3 page 8 et indiquent celle-ci à ceux qui les
entourent…
Extrait du document de recherche :
La digestion
chez les plantes
carnivores :
Dessin"La Hulotte"
Contrairement à ce que tu pourrais
croire, les plantes carnivores n'ont ni
bouche, ni langue, ni dents véritables.
Par contre, leurs feuilles fonctionnent un peu comme ton estomac ou ton intestin : elles libèrent
des sucs digestifs qui vont digérer les insectes ne laissant que leur enveloppe ou cuticule
(certains appellent cette "peau dure" la "carapace" mais il est mieux de la nommer "cuticule").
Les aliments digérés ou nutriments passent ensuite dans toute la plante.
Document J-P Geslin
“La feuille fonctionne comme notre estomac ou notre intestin, elle fabrique des sucs
digestifs »... « Après, ça passe dans toute la plante »…
La difficulté est ici que les enfants ne savent en fait pas ce que recouvrent les notions de
digestions mécanique et chimique. De plus, ils ignorent que les aliments digérés traversent
une surface d’échange (chez nous l’intestin) avant de rejoindre un liquide de transport
(chez nous le sang) qui assure la distribution aux divers organes…
Une petite comparaison homme/plante carnivore s’imposait en l’accompagnant de
quelques informations…
Jean-Pierre Geslin, professeur
34
Comparaison de la digestion chez les plantes carnivores et dans l’espèce humaine :
quelques minutes de démarche dialoguée…
Nous présentons une diapositive des différents organes du tronc humain. Les enfants repèrent
l’estomac et l’intestin mais ne voient pas le "tuyau" qui va de la bouche à l’estomac (il est masqué
par la trachée et le cœur). L’information leur est fournie. Si c’était à refaire, nous emploierions plutôt
une diapositive du type du schéma ci-contre mais avec des légendes simplifiées et ne présentant que
l’appareil digestif.
J-P G : Que deviennent les aliments
digérés dans l’estomac et l’intestin ?
Enfant : Ils ressortent (sous-entendu
au niveau de l’anus… représentation
erronée classique…).
J-P G : Non ! Seuls les déchets, ce
qui n’a pas été digéré, ressortent…
(Mais cela suffit-il pour faire
évoluer les conceptions fausses ?)
E : Ils passent dans le sang !
(réponse inespérée, nous pensions
devoir expliquer ce point difficile…
mais cela implique t-il que les
enfants ont vraiment compris ?)…
J-P G : Oui, les aliments digérés
quittent l’intestin et passent dans le
sang qui circule dans nos vaisseaux
sanguins. Chez les plantes
carnivores, les aliments digérés
passent dans l’épaisseur de la feuille
et on peut dire que les nervures sont
l’équivalent de nos vaisseaux
sanguins. Ce n’est pas du sang qui
circule dans les nervures des
plantes… c’est…
E : … C’est de l’eau… C’est comme
de la colle…
J-P G : Quel est le nom de ce
liquide ? Non ? … C’est la sève…
E : Ah oui !
Oesophage
http://www.doctissimo.fr/html/sante/atlas/atlas_sysdigestif_72.htm
légèrement modifié
14h 55…
Ouf de J-P G
qui a eu du
mal à canaliser
les interventions orales
des petits
monstres et
qui n’a pas eu
le temps
d’aborder la
question 7
comme il le
souhaitait…
Jean-Pierre Geslin, professeur
35
3ème séquence le jeudi 3 mai de 11h 20 à 11h 55
« Comment, en oubliant provisoirement les hypothèses de
départ, transcrire fidèlement les résultats »…
Nous construisons un tableau à double
entrée en portant horizontalement les
numéros des groupes et verticalement les
aliments supposés. Il est décidé de noter
"OUI" s’il y a digestion et "NON" dans
le cas contraire.
Apparaissent immédiatement des
difficultés :
1. Certaines feuilles ne se sont pas
réouvertes. Les élèves - supposant que
la digestion se poursuit – décident
dans ce cas d’inscrire "OUI ?" quitte
à modifier ultérieurement.
2. D’autres feuilles sont "étalées" et
ne contiennent plus rien. L’aliment a
t-il été véritablement digéré ou est-il
tombé lors de la distribution des
Dionées ?
A) Le concombre :
Deux feuilles sont encore fermées.
3 sont réouvertes et en contiennent
encore mais « peut-être un peu moins ».
Digestion partielle ? Les fragments se
sont-ils racornis à l’air ? L’observation
des morceaux de concombre conduit à
pencher pour la seconde hypothèse et il
est décidé décrire "NON" (pas de digestion).
Concombre
G1
"OUI ?"
G2
"OUI ?"
G3
G4
"NON"
G5
"NON"
G6
"NON"
G4
"OUI ?"
G5
"NON"
G6
"OUI ?"
B) La banane :
Banane
G1
"OUI ?"
G2
"NON"
G3
Pour les groupes 1, 4 et 6 : la banane est visible par
transparence à l’intérieur des lobes des feuilles de Dionée.
Son volume ne semble pas avoir diminué, les lobes sont
vraisemblablement collés ensemble par le fruit…
Nous décidons néanmoins d’attendre et nous écrivons
"OUI ?" pour l’instant.
Jean-Pierre Geslin, professeur
36
C) Les petits pois :
Petits pois
G1
"NON"
G2
"NON"
G3
"NON"
G4
Annulé
G5
"NON"
G6
Nombreuses difficultés pour conclure…
G1 : il ne reste plus que la peau du petit pois : il faut conclure "OUI".
Autres groupes : « C’est vrai ».
J-P G, qui n’a pas connaissance d’une amylase (= enzyme capable de digérer l’amidon l’un des
principaux constituant des petits pois) chez la Dionée… demande à voir. Les petits pois sont en effet
déshydratés et une observation superficielle peut conduire à une erreur d’interprétation.
Chaque petit pois est alors
coupé en 2 et les enfants des
groupes 1, 2, 3 et 5 peuvent
constater que la partie centrale
est desséchée mais présente.
G4 : « Où est votre petit
pois ? »… « On l’a perdu »…
« Pourquoi avez-vous dit qu’il
ne restait que la peau ? »
… « On a dit comme les autres
parce qu’on ne voulait pas dire
qu’on l’avait perdu »…
… Petit discours sur
l’honnêteté dont on doit faire
preuve au moment du relevé
des résultats (Cf. « annulé »
sur le tableau).
D) La viande "fraîche" :
G1
Viande
"fraîche"
Conclusion initiale
des enfants…
… Ensuite :
Questions de
J-P G :
Réponses :
… Alors
G2
Il reste de
la viande
noire.
G3
"OUI ?"
Lobes
fermés.
G4
Il reste de
la viande
noire.
G2 et G4 : viande non digérée.
G5
Il ne reste
rien.
G6
G5 : viande digérée.
Il y a contradiction.
G2 et G4 : viande
G5 : n’y a-t-il pas eu perte d’un
desséchée ou viande
fragment noirâtre au cours de la
partiellement digérée ?
distribution des plantes ?
?
?
On ne peut pas conclure. Nous surveillerons la feuille du
groupe 3. Quand elle se rouvrira, nous regarderons si elle
contient de la viande noire.
Même si c’est le cas, nous ne saurons pas pour autant si la
viande a été partiellement digérée ou non…
Il apparaît ici la nécessité d’effectuer une recherche
On comprend que Darwin documentaire complémentaire pour pallier nos manques
ait eu tant de mal à
de moyens.
convaincre ses
contradicteurs…
Jean-Pierre Geslin, professeur
37
E) Les fourmis :
G1
Fourmis
G2
Lobes
étalés, rien
dedans.
Conclusion initiale
des enfants…
J-P G :
… Conclusions finales :
G3
Lobes
étalés, rien
dedans.
G4
"OUI ?"
(lobes
fermés).
G5
Lobes étalés, une
fourmi dedans.
G6
G2 et G3 :
G5 : fourmi non digérée
fourmis digérées.
mais tuée.
« Rappelez-vous la première séquence…
le cadavre desséché du moucheron ».
Les fourmis se sont peut-être
Il ne reste qu’une « coque
échappées. On les a peut-être fait
vide ». La fourmi a été
tomber en prenant les Dionées.
digérée.
F) Le faucheur ou opilion… un
massacre :
C’est le groupe 7 qui s’est occupé de la
bestiole. Comme il dépassait de la feuille,
l’animal a été (à notre insu) découpé en 3
parties et donné en pâture à 3 feuilles
différentes.
Elles sont toujours repliées "OUI ?"
F) Les substituts de la sauterelle :
Le groupe 1 nous informe qu’il a remplacé la
sauterelle par « une fleur et un bout de
feuille » ! ?
J-P G : Y a t-il eu réouverture de la feuille ?
E : Oui et il n’y a rien dedans.
J-P G : Etes-vous sûrs de ne pas avoir fait
tomber les aliments végétaux ?
E : Oui… il faut noter "OUI"
… ils ont été digérés !
J-P G : Nous écrivons "OUI" mais je veux que
vous recommenciez l’expérience !
… Restait à voir si nos plantes étaient capables
de digérer le camembert… que nous avions
oublié la séquence précédente.
L’aliment hypothétique est placé entre les 2
lobes de quelques limbes.
11h 55 : fin de la séquence.
J’ai eu
chaud !!!
Jean-Pierre Geslin, professeur
38
4ème séquence le lundi 7 mai de 10h 45 à 12h
De " que mangent-elles " à " que digèrent-elles ? "…
A) Nous complétons le tableau :
Aliments
supposés
Concombre
G1
G2
G3
G4
G5
G6
G7
NON
Oui un
petit
peu.
NON
NON
NON
NON
Conclusion
des enfants :
NON
?
La
feuille a
pourri 1
NON
?
La
feuille a
pourri 1
NON
NON
NON
NON
Banane
OUI un
tout
petit
peu.
Petit pois
Fleur ou
feuille
Viande
NON
NON 2
NON
NON
?
Viande
noire.
OUI ?
?
Viande
noire.
OUI ou
perte ?
Opilion ou
faucheur
Fourmi
OUI
?
Chercher
dans les
livres Oui
en partie.
OUI
OUI
OUI
OUI
Camembert
OUI ?
OUI ?
Nous les avons
perdues ou elles se
sont échappées.
3
Note 1 : Le pourrissement des feuilles est attribué au fait que la banane a maintenu collés les 2 lobes.
Note 2 : Les feuilles se sont rouvertes, les clochettes de muguet et les fragments de tige ne sont pas
digérés. « Nous nous étions trompés la première fois, on avait perdu les fleurs et les tiges ».
Note 3 : « Toutes les feuilles à "qui" on a donné du camembert sont encore fermées ».
Autre hypothèse permettant d’expliquer les résultats des groupes 2 et 3
en ce qui concerne les fourmis…
Jean-Pierre Geslin, professeur
39
On finit de compléter le tableau…
Conclusion :
- Certains "aliments" sont totalement digérés : c’est le cas des insectes et des opilions à
l’exception de leur cuticule.
- D’autres le sont partiellement (la viande par exemple)… mais peut-être en avons nous
trop mis…
- Les produits végétaux (concombre, petit pois, tiges, feuilles et fleurs) ne sont pas
"assimilés".
- Il vaut mieux éviter les aliments collants comme la banane et le camembert.
Remarque : "L’arbre mangeur d'hommes de Madagascar" n’a jamais existé
contrairement à ce qu’ont raconté des explorateurs farfelus du XIXème siècle.
B) Qu’est-ce que les aliments totalement ou partiellement digérés ont en commun ?
Chaque enfant reçoit le document suivant…
TABLEAU 1 : Composition simplifiée de quelques aliments.
Composition
pour 100
grammes
Concombre,
carotte
Viande
Petit pois
Camembert
Bananes
Crustacés (sans
la carapace)
Blanc d’oeuf
Sucres =
glucides
(en grammes)
9
Graisses =
lipides
(en grammes)
Négligeable
Protides
(en grammes)
Eau
(en grammes)
1
89
Négligeable
17
4
22
Négligeable
13
Négligeable
24
Négligeable
2
20
6
20
1
20
65
75
51
76
76
1
Négligeable
11
87
Sucres + graisses + protides = matières organiques.
Nous considérons que les insectes, les araignées et les opilions qui appartiennent au même
embranchement que les crustacés (embranchement des arthropodes) ont à peu près
la même composition qu’eux.
Jean-Pierre Geslin, professeur
40
Lire et comprendre le document de la page précédente…
Le document est présenté : les aliments sont indiqués
dans la 1ère colonne verticale. La nature des constituants
de chaque aliment est notée horizontalement.
Les élèves ont cité : l’écrevisse, la crevette, la langoustine
et la langouste comme exemples de crustacés.
J-P G : Quel est le constituant le plus important pour le concombre ?
E : L’eau, après les sucres puis les protides… il n’y a presque pas
de graisses.
J-P G : … Et pour les viandes ? … bonne réponse.
Quels sont les aliments digérés ? … Nouvelle bonne réponse.
Qu’ont en commun, les aliments digérés ?
E : Ils contiennent beaucoup de protides.
J-P G : Que
concluezvous ?
E : Les
Dionées
digèrent
surtout les
protides.
J-P G : Le
camembert
sera t-il
digéré (si on
n’en met pas
trop) ?
E : Pas "en
entier", il y a
aussi des
graisses
(sous-entendu
qui ne le
Attentifs… Non ?
seront pas).
J-P G : Si on donnait du blanc d’œuf à nos
plantes, le digéreraient-elles d’après le
tableau ? E : Oui !
… Quelques questions supplémentaires qui
font apparaître que les enfants participant à
l’échange ont clairement compris.
L’une des élèves est surprise que le total de
chaque ligne ne donne pas 100 grammes.
Explication : outre les composés organiques
(sucres, graisses et protides) et l’eau, les
aliments referment également une petite
quantité de sels (minéraux) qui ne sont pas
signalés dans le tableau.
Jean-Pierre Geslin, professeur
41
C) Quel est l’intérêt pour la plante carnivore de récupérer des protides ?
Un nouveau document (tableau II ci-dessous) est dans les mains des élèves :
TABLEAU 2 : Quels sont les éléments entrant dans la constitution
des glucides, des lipides, des protides et de l’eau.
Eléments Carbone (C)
Hydrogène (H)
Oxygène (O)
Azote (N)
Phosphore (P)
Glucides
Lipides
Protides
Eau
+
+
+
-
+
+
+
Parfois +
Parfois +
+
+
+
+
+
+
+
-
Quand la case contient le signe +, cela signifie que l’élément est présent.
Quand la case contient le signe -, cela signifie que l’élément est absent.
Les enfants sont invités à lire d’abord la première ligne puis la première colonne.
J-P G : Que contiennent les protides qui n’existent pas ou peu
dans les autres composés organiques ?
E : L’azote et le phosphore.
Nous arrivons rapidement à la conclusion que la Dionée digère des protides qui lui
apportent en particulier de l’azote et du
phosphore. Là encore pas de difficultés
apparentes, sauf pour 3 loupiots, pour qui il faut
reprendre la lecture du tableau une seconde fois.
Une question d’enfant néanmoins…
« Qu’est-ce que l’azote ?
J-P G : On en trouve en grande quantité dans
l’air, encore plus que de l’oxygène. Il y en a aussi
dans le sol et dans l’eau sous forme de sels et dans
les animaux sous forme de protides….
Les Dionées vivent à l’état sauvage dans des marécages aux Etats-Unis. Ces marécages
contiennent très peu d’azote et de phosphore… de plus ces plantes sont incapables de
prendre l’azote qui est dans l’air…
Où trouvent-elles l’azote et le phosphore dont elles ont besoin ?
E : « Dans les petits animaux qu’elles attrapent !!!
D) Généralisation : les milieux de vie des plantes carnivores :
Outre la dionée et le drosera déjà connus, des diapositives de 4 plantes carnivores sont
présentées et commentées : une sarracénie, un népenthès, une grassette
et une utriculaire. Les fiches des 6 plantes, dans les 6 pages suivantes, peuvent être utilisées
dans le cadre d’une recherche documentaire.
Nous avons décidé de localiser géographiquement sur une carte mondiale,
à l’aide de petits drapeaux, les espèces citées.
Jean-Pierre Geslin, professeur
42
LES DIONEES :
La Dionée attrape-mouches ou Dionée gobemouches (Dionea muscipula en latin) est une espèce de
plante carnivore qui n'existe à l’état naturel qu'en
Amérique du Nord (Caroline), dans des marécages à
sphaignes (sorte de mousses) ou l’eau circule. C’est une
plante vivace, qui vit environ 20 ans dans la nature.
La plante adulte mesure de 10 à 14 cm. Les
feuilles sont disposées en rosette autour d'un point
central et mesurent en moyenne 7 cm de longueur. Le
pétiole (2 à 6 cm) des feuilles est large et plat. Le
limbe de chaque feuille est divisé en 2 lobes sécrétant
du nectar et portant sur leur bord de 12 à 20 dents
molles. Ces 2 lobes fonctionnent comme un piège
mobile par rapport à la nervure médiane, se refermant
Dionée consommant un petit escargot.
sur les insectes rampants, sauteurs ou volants et
http://www.jeanphir.freesurf.fr/dossiers/faq/index.htm
d’autres petites proies comme des araignées. Sur la
face ventrale de chaque
lobe, de part et d’autre de
la nervure, on peut
observer 3 soies disposées
Pétiole
en triangle (très rarement
plus). Ce sont elles qui
stimulées par un objet ou
un animal déclenchent la
fermeture avec imbriquement des dents des bords
du limbe. La chute d’une
Schéma d’une feuille de Dionée : modifié d’après http://www.plantescarnivores.com/fiches_techniques/dionee_monographie/dionee_3_morphologie.php
goutte d’eau ne provoque
pas de réaction. En effet,
une même feuille doit être excitée 2 fois pour se fermer (pas
forcément sur le même poil). La vitesse de fermeture varie de
1/30ème de seconde à 20 secondes ! En l’absence de stimulation
ultérieure (mouvements de la proie ou matière organique
détectable), elle se rouvrira le lendemain ou le surlendemain
sans avoir sécrété de sucs digestifs. S’il existe une proie, les 2
lobes se pressent l’un contre l’autre rendant le piège
hermétique et la production d’enzymes digestives démarre. Ces
enzymes s’attaquent aux protides et dissolvent la victime.
Charles Darwin, ayant percé le piège fermé, constata que la
production de sucs digestifs se poursuivait pendant 9 jours. La
fermeture persistera alors jusqu’à ce l’animal soit digéré (de 9
à 35 jours selon sa taille).
Le mécanisme de la réouverture n’est pas identique à celui de la
fermeture puisqu’il correspond à une croissance.
Le piège des Dionées présente un inconvénient notoire : il ne peut
fonctionner que 3 ou 4 fois, après quoi la feuille meurt.
La partie souterraine est un rhizome (= tige souterraine). Vers le
mois de juin, apparaît dans la partie centrale une tige florale de 10
Feuille de Dionée anormale
à 35 cm de haut portant des fleurs blanches. Elle donne des
(comportant 4 lobes).
graines noires en forme de pépins de raisin.
Jean-Pierre Geslin, professeur
43
LES DROSERAS ou Rossolis ou "Oreilles du Diable":
Les Droseras (mot masculin venant du grec droseros =
humide de rosée) sont des plantes carnivores de 8 à 45 cm
parmi lesquelles on distingue une centaine d’espèces. 56
d’entre-elles vivent en Australie.
Les trois espèces françaises sont protégées et interdites à
la récolte.
Les Droseras poussent dans des marécages et des
tourbières acides (Drosera à feuilles rondes et Drosera à
feuilles intermédiaires) ou basiques (Drosera à feuilles
longues = Drosera longifolia = Drosera anglica).
Le limbe des feuilles, de forme variable selon l’espèce,
porte sur sa face supérieure des poils à extrémité renflée et
rouge qui réfléchissent la lumière comme des gouttes de
rosée (d’où l’autre nom de ces plantes : les Rossolis =
« Rosée de soleil »).
Ces extrémités rouges sont adhésives ("pièges à glu") et
collent les insectes souvent volants (moucherons,
libellules et petites guêpes) plus rarement marcheurs
(coléoptères ou fourmis) attirés par les « gouttes de
rosée ». Les poils se replient ensuite, comme une main qui
se ferme, sur la proie et la digèrent.
Chez Drosera capensis, ces mouvements persistent durant une
période de 6 à 14 heures.
La production des enzymes digestives débute avant la capture
mais celle-ci déclenche une nouvelle production. Ces enzymes
s’attaquent aux protides transformant la bestiole en une bouillie
liquide absorbée par la feuille.
Après
digestion, les
poils se
redressent et
il ne reste
plus que la
cuticule de
chitine quasivide.
Feuilles de Droseras.
http://www.gartenspaziergang.de/pf_s
onnentau.html
Les sucres et
les graisses
ne sont pas
digérés mais
vous pourrez nourrir vos Droseras avec du blanc d’œuf, du lait,
du fromage, de la viande crue ou de la saucisse… en très petite
quantité bien évidemment! Darwin leur avait même proposé
une infusion de thé !!!
La plante peut se passer de captures mais les individus nourris
avec des insectes ou des aliments à base de protides
s’enrichissent en azote et en phosphore. Ils deviennent plus
grands et plus vigoureux et produisent plus de graines ainsi que
Darwin l’avait déjà observé.
Jean-Pierre Geslin, professeur
44
LES SARRACENIES :
Les sarracénies correspondent à 9 espèces de
plantes dont la taille varie de 10 cm à 1 mètre.
Leurs feuilles se replient pour former des sortes
de trompettes ou « ascidies » disposées au sol et
recouvertes d’un couvercle immobile.
Elles vivent dans des marécages, très pauvres en
azote et en phosphore, des Etats-Unis, mais une
espèce (Sarracenia purpurea voir ci-contre) est
parvenue à s’installer dans les tourbières de
l’Ouest de la France.
On distingue 5 zones dans une urne :
* Zone 1 : elle désigne en fait la partie qui
surplombe l’urne, improprement appelée
"l’opercule". Elle préviendrait la dilution par la
pluie du contenu digestif de l'ascidie mais elle
comporte aussi des glandes à nectar.
* zone 2 : large d’1 cm et d’aspect brillant, elle
correspond à la partie haute de l’ascidie. Des
glandes y sécrètent une piste de nectar qui attire
les insectes à l’intérieur vers la zone 3.
* La zone 3 présente des écailles cireuses très
glissantes et comporte des glandes productrices
d’enzymes digestives.
* La zone 4 atteint presque le fond de l’urne. Les
cellules de sa surface sont dépourvues de cuticule
(ceci facilite l'absorption des substances à
travers leur paroi). De longs poils raides,
courbés vers le bas, empêchent la fuite des
insectes pris au piège.
* La zone 5 correspond au fond de l'urne. Elle
n'a pas de poils et possède une cuticule. Son rôle
est mal connu.
L’eau de pluie remplit en général de l’ordre du
1/3 de l’urne et est donc localisée au niveau
d’une partie de la zone 4 et de la totalité de la
zone 5. Les glandes digestives ne baignent pas
dans le liquide où les proies viennent se noyer.
L’eau dilue les enzymes digestives de la plante
(qui s’attaquent aux protides mais aussi à un
sucre : le maltose) les rendant moins efficaces
mais des bactéries vivant, sans être
incommodées, dans le liquide participent - par
leurs sécrétions - à la digestion.
Sarracénie pourpre
http://www.parcappalaches.com/contenu/flore.cfm
Jean-Pierre Geslin, professeur
Sarracénie en fleur.
Photo. Daniel Larouche.
45
LES NEPENTHES :
Il en existe 75 espèces. C’est parmi elles que
l’on rencontre les plus grandes espèces de
plantes carnivores. Certaines se présentent
en effet sous la forme de lianes pouvant
atteindre 10 à 20 mètres de hauteur qui
s’accrochent sur les arbres à l’aide des
pétioles de leurs feuilles.
Des feuilles se modifient pour former des
pièges en forme d’outre ou d’urnes qui
mesurent jusqu’à 30 cm de longueur et que
l’on nomme des « ascidies ». Elles sont
surmontées d’un chapeau ou « opercule »
dont la face inférieure produit du nectar
attirant les insectes.
Les Népenthes se nourrissent surtout
d’insectes (en particulier de fourmis) mais
aussi d’araignées, de scorpions, de millepattes et parfois d’escargots. Ces plantes
sont bien incapables d’emprisonner de
grosses proies, tout juste peuvent-elles
s’emparer de minuscules souris ou oiseaux
ou de petites grenouilles… Leurs tiges ne
sont pas mobiles !
Vivant accrochées dans les arbres, elles se
trouvent dans un milieu très pauvre en
azote et en phosphore et on comprend
l’intérêt pour elles de capturer de petits
animaux qui en contiennent.
Les Népenthès vivent dans le Sud de l’Asie
(Bornéo, Sumatra) et à Madagascar.
Ici une urne ou « coupe à singe ».
De petites araignées du groupe des
thomises s’installent sur le bord des urnes
et prélèvent une partie des proies au
passage. Dérangées, ces « araignéescrabes » se laissent tomber dans le liquide
corrosif contenu dans l’urne et y restent
quelques minutes immergées sans être
incommodées.
Pourtant les sucs digestifs sont si variés
qu’ils digèrent les protides mais aussi les
graisses (pas les sucres). Ils sont si puissants
qu’ils peuvent dissoudre la coquille d’un
œuf d’oiseau ou la cuticule des insectes
Coupe longitudinale d’une urne de
(peut- être existe-t-il d’ailleurs une enzyme
Népenthes laevis (d’après Sachs).
spécifique : la chitinase qui s’attaque à
cette cuticule).
Chez les Népenthès les secrétions digestives sont de plus abondantes (nettement plus que
chez les sarracénies) si bien que les glandes digestives sont totalement immergées dans les
sucs digestifs.
Jean-Pierre Geslin, professeur
46
LES GRASSETTES :
Petite plante vivace d’une taille de 5 à 15 cm, à feuilles
de 2 à 8 cm de longueur, grasses et collantes au toucher,
d’où le nom, étalées en rosette. Chaque feuille vit
environ 5 jours. Il existe une courte racine fibreuse.
Fleurs irrégulières munies d’un éperon, violettes.
Floraison de mai à juillet...
Les grassettes se rencontrent en France et d’une manière
plus générale en Europe dans les zones tempérées.
Elles vivent soit dans des tourbières (marais où se forme
une matière brunâtre et friable pouvant servir de
combustible : la tourbe… voir ci-dessous) soit sur des
rochers humides et ombragés. En ces lieux, l’azote et le
phosphore sont en général rares.
Les insectes – qui fourniront l’azote et le phosphore
nécessaires à la plante- sont captés par un mucilage (=
substance visqueuse qui gonfle au contact de l’eau) gluant
qui recouvre les feuilles.
Ils sont ensuite digérés en quelques jours.
Une autre plante carnivore :
la Grassette vulgaire
(Pinguicula vulgaris du latin
pinguis = gras).
Famille des Lentibulariacées.
Les glandes sont de 2 types : celles qui produisent les
gouttelettes de sécrétion servant à capturer les proies
sont situées au sommet de courts pédoncules (glandes
pédonculées) alors que les celles qui fabriquent les sucs
Photo http://www.em.ca/garden/nat_ping
digestifs en sont dépourvues (glandes sessiles).
uicula_vulgaris.html
La grassette est capables de digérer les protides mais
aussi certains sucres comme l’amidon.
C’est le bord de la feuille qui en s’enroulant enveloppe la proie et constitue ce que Darwin
nommait un « estomac temporaire ».
Si la proie est trop grosse, la feuille peut pourrir : elle meurt d’indigestion.
Tourbières…
Les végétaux caractéristiques de nos tourbières
acides sont les sphaignes… Ce sont des mousses qui
peuvent se développer en colonies très denses. Elles
ont la particularité de croître sur place, par la partie
terminale de la tige, tandis que la base meurt.
Au cours des années, les parties mortes des
sphaignes s’accumulent pour former la tourbe.
Sur le substrat végétal formé par les sphaignes,
croissent différentes espèces typiques des
tourbières : ce sont l’Andromède, la Canneberge et
le fascinant Drosera à feuilles rondes et la Grassette.
Ces deux derniers sont des plantes carnivores…
Extrait (modifié) du n° 19 du « Mulot ». Auvergne et Nature. « La Baraque » 63870. Orcines.
Jean-Pierre Geslin, professeur
47
LES UTRICULAIRES :
Les utriculaires sont très généralement des plantes aquatiques mais il existe quelques espèces terrestres
vivant dans des milieux très humides. En milieu tropical humide, certaines d’entre elles sont épiphytes1.
Elles ne possèdent pas de racines. Il en existe de 250 à 280 espèces selon les auteurs.
Utricules
Les utriculaires aquatiques ont leurs tiges immergées longues et ramifiées porteuses de
nombreuses feuilles alternes également très divisées en fines lanières et difficilement distinguables
des tiges. Elles vivent dans des eaux pauvres en azote et en phosphore des étangs, des marais et des
tourbières.
Ces utriculaires capturent des petits animaux aquatiques grâce à des pièges en forme de sacs
ou « utricules2 » de 2 à 5 mm accrochés sur certaines des feuilles par un pédicule. La taille des pièges
augmente quand l’acidité du milieu s’accroît. Chaque utricule est fermé par un « clapet » ou
« valve » porteur de glandes produisant un mucilage qui assure l’étanchéité et qui attire peut-être les
animaux par son caractère sucré. Le clapet est aussi muni d’une touffe de poils sensibles qui
déclencheront son ouverture vers l’intérieur. Il est enfin entouré par 2 sortes d’ « antennes » qui
guideront la proie vers lui. L’intérieur de l’utricule est tapissé de poils en forme de croix qui
absorbent l’eau mettant ainsi l’urne en dépression. Lorsqu’une daphnie3, une larve de moustique (ou
« ver de vase »), un protozoaire4 ou un autre petit animal aquatique heurte les poils sensibles du
clapet, celui-ci s’ouvre brusquement aspirant l’animalcule et de l’eau dans le piège (en 1/500ème à
1/30ème de seconde d’après les spécialistes). Le clapet reprend ensuite sa place initiale. Le prisonnier
meurt puis est décomposé par des bactéries et les produits de décomposition passent dans la plante à
travers la paroi de l’outre. L’existence de sucs digestifs produits par la plante est discutée : des
auteurs mentionnent 3 enzymes dont une s’attaquerait aux protides.
Les rameaux fleuris ont 5 à 30 cm de hauteur et dépassent de l’eau. Les fleurs sont jaunes.
1
On dit qu’un végétal est épiphyte lorsqu’il vit accroché sur une plante sans la parasiter.
Utricule : mot masculin, du latin utriculus, petite outre.
3
Daphnie : petit crustacé qu’on donne à manger aux poissons rouges.
4
Protozoaire = animal formé d’une seule cellule.
2
Jean-Pierre Geslin, professeur
48
CONCLUSION GENERALE :
On peut trouver l7 espèces de plantes carnivores vivant en France et 500 espèces vivant
dans le monde. C’est très peu si on se souvient qu’il existe sur notre terre 250 000 espèces
de plantes à fleurs.
Parmi toutes les espèces de plantes carnivores :
* Aucune ne peut s’attaquer à de gros animaux.
* Aucune ne voit, aucune n’entend, aucune n’a de l’odorat.
* Aucune ne vit en milieu marin (vous confondiez avec les anémones de mer et avec les pieuvres).
Presque toutes vivent dans des milieux (marécages, tourbières) où il y a peu d’azote et de
phosphore. Les tourbières sont des marécages recouverts d’un épais tapis de mousses.
NOS HYPOTHESES
Tailles
Lieux de vie
LA REALITE
Tailles
Lieux de vie
Dans les tourbières de l’Est des
Une
U.S.A. Cultivée en France.
dizaine de
cm
Forêts. Où ?
Emmanuelle,
25 cm
6 à 20 cm Dans les tourbières en France
Catherine,
de hauteur et dans le reste de l’Europe.
Asie. Amérique du Nord.
Lydia
« Partout ».
Plantes s’accrochant sur les
Fréderic V.
50-60 cm
Lianes
Népenthès
et Ying
pouvant arbres des forêts de l’Indonésie
et de Madagascar.
atteindre
Jardins en
Sandrine,
"Très
10 à 20 m
France.
Frédéric B.
grandes".
Utriculaires Rameaux En France, on en trouve dans
les mares. Zones tempérées
fleuris de 5
Stéphane
20 à 25 cm. « Pays chauds ».
européennes. Afrique australe.
à 30 cm
Australie.
Dans les champs Grassettes
En France, on en rencontre
Nathalie
1,5 m.
5 à 15 cm
en Chine.
dans les tourbières. Europe
de haut
tempérée. Mexique.
Guatemala. Caraïbes.
Forêts en France. Sarracénies Feuilles de Au Canada et aux U.S.A. dans
Sandrine G.
50 cm.
Jardins en
et Muriel
10 à 80 cm des marais et des tourbières.
France.
Naturalisées dans quelques
tourbières en France et en
Campagnes en
William
1 m.
Suisse.
France.
Forêts en
Eric
10 m.
Afrique.
Campagnes et
Léa et
20 cm.
jardins en
Aurélie
France.
Campagnes
en
Aurélien
40 cm.
France.
Document
Forêts en
Martial
30 cm.
remis aux
Afrique.
enfants.
Laure et
Entre 1 et Régions humides.
France (dont
Katia
2 m.
Guadeloupe).
Frédéric,
Pays chauds et
5 m.
Paul et
humides.
Matkar
Dans la mer.
Sonia et
Jeannine
50 cm
Forêts, mais pas
en France.
Noms des
espèces
Dionée
gobemouches
Droseras =
Rossolis
Jean-Pierre Geslin, professeur
49
Dans les cahiers :
Commentaire pédagogique :
Nous avons atteint 3 objectifs :
1. Mise en évidence des relations alimentaires au sein d’un milieu donné.
2. Travail sur la fonction de nutrition : alimentation, digestion, transport des nutriments…
3. Le concept d’adaptation…
a. Adaptation à une fonction (constater l’existence de liens entre fonction et organes
correspondants) : ici capture à l’aide d’organes spécialisés.
b. Adaptation à des milieux : marécages et tourbières
pratiquement dépourvus d’azote et de phosphore.
La démarche :
1. Connaître les représentations préalables des enfants : A votre avis qu’est-ce qu’une plante
carnivore ? Quelle taille ? Dessinez une plante carnivore.
2. Introduction des plantes dans la classe. Après un temps d’observation sauvage, noter :
a) les remarques et observations, b) les questions et c) les hypothèses.
3. Recherche des réponses en utilisant en priorité le matériel végétal (observations et
expérimentations) et en complétant par une recherche documentaire (photos et doc. écrits).
4. Bilan des recherches : les résultats sont confrontés aux représentations préalables et les
notions essentielles sont dégagées (Cf. objectifs).
5. Prolongement possible : en quoi le comportement alimentaire des végétaux carnivores
est–il différent de celui des autres végétaux ?
Remarques : La question 2 : « Peuvent-elles capturer plusieurs choses à la fois ? » et la question
7 : « Si on présente un insecte à une feuille fermée, se rouvrira t-elle ? » ont reçu des réponses
expérimentales même si nous n’en avons pas fait mention dans ce document déjà pléthorique.
La question 6 : « Comment se rouvrent-elles… un simple mécanisme de croissance… a reçu une
réponse lors de la présentation des diapositives.
Jean-Pierre Geslin, professeur
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DES VISITES :
Une visite à la « Grande serre tropicale » section des
plantes carnivores au « Jardin des plantes », 57 rue
Cuvier - 75005 Paris, est prévue.
Les deux grandes serres du Jardin des plantes
regroupent plusieurs milliers d'espèces de plantes :
* la serre tropicale, humide et chaude, avec ses
bananiers, ficus, cycas, palmiers, fougères…
* la serre mexicaine où poussent des plantes de
milieux arides telles que cactées américaines, agaves
mexicaines, végétaux endémiques de Madagascar ou
originaires de l'Afrique australe.
Ouvert tous les jours sauf mardi et 1er mai, de 13 h à
17 h d'octobre à fin mars.
Ouvert de 13 h à 18 h les samedis et dimanches d'avril
à fin septembre.
Entrée: 2,5 €, TR.: 1,5 €, Scolaire: 0,80 €.
« Jardin des serres d'AuteuilFleuriste Municipal »
L’une des serres du Jardin des
plantes à Paris.
http://jp.pinguet.free.fr/html/153.htm
3, avenue de la Porte d'Auteuil et 1 avenue Gordon
Bennett - 75016 Paris, à la limite de Boulogne et de
Paris, à côté du stade Roland Garros, se trouve le
« Jardin des serres d'Auteuil » antérieurement
dénommé « Le Fleuriste Municipal ». Il occupe une
partie des terrains de l'ancien jardin botanique de Louis
XV. Ses serres imposantes ressemblent comme des
sœurs jumelles à celles du Jardin des Plantes à Paris,
l’une regroupe des plantes carnivores… Ses 4 000
espèces d'orchidées en font l'une des plus importantes
collections du monde
Horaires:
- du 1er avril au 30 septembre : 10h00/18h00
- du 1er octobre au 31 mars : 10h00/17h00
Préférer une visite entre début avril et fin septembre.
Accès par le métro : Porte d’Auteuil.
Tél. : 01 40 71 74 00.
http://www.paris.fr/fr/environnement/jardins/liste_jardins/jardin_s
erres_auteuil/default.ASP
Maintenant à vous de faire… divers sites sur les
plantes carnivores peuvent vous aider :
Exemple d’exposition aux serres
d’Auteuil. Ici des Népenthès.
* http://membres.lycos.fr/dionea/s.lavays/pages/questce.htm
* http://encyclo.free.fr/pages/questce.htm
* http://www.plantes- carnivores.com/fiches_techniques/dionee_monographie/dionee_3_morphologie.ph
Jean-Pierre Geslin, professeur
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