
PRODUCTIVITÉ ET PROSPÉRITÉ AU QUÉBEC 4
Bref, si la province souhaite renouer avec une croissance économique soutenue, le gouvernement
devra faire des choix importants et sur le fond, des réformes devront être mises de l’avant pour que
les interventions du gouvernement appuient le développement d’une culture de l’innovation, rouage
essentiel de la croissance de la productivité du travail. En ce sens, deux voies devront être privilégiées :
faire de l’éducation sa principale priorité et mettre en place une véritable politique de développement
économique où l’aide consentie aux entreprises est plus efficace et moins onéreuse. C’est
essentiellement sur ces bases que s’organise la seconde partie de Productivité et prospérité au Québec.
Pour implanter durablement une culture de l’innovation, le gouvernement devra d’abord faire de
l’éducation sa principale priorité. Et plutôt que de refinancer le système d’éducation de manière
paramétrique, deux secteurs devraient être priorisés afin de s’attaquer efficacement au problème de
décrochage scolaire et favoriser l’obtention de diplômes spécialisés chez les jeunes pour les préparer
adéquatement à leur entrée sur le marché du travail.
Dans un premier temps, les enfants devraient être pris en charge plus rapidement dans le système
d’éducation par l’entremise d’une maternelle universelle et gratuite pour les enfants de 4 ans. Alors
que plusieurs pays de l’OCDE proposent un enseignement pré-primaire qui s’inscrit dans le
cheminement normal des études - parfois dès l’âge de 3 ans comme c’est le cas en France –
l’éducation des jeunes de 4 ans est peu répandue au Québec. La province privilégie plutôt le système
de garderies, administré par le ministère de la Famille, de sorte que les jeunes en âge de s’intégrer au
système scolaire évoluent en parallèle du système d’éducation. Bien que les établissements affiliés au
réseau des garderies soient tenus d’assurer un volet éducatif, la formation prodiguée n’est pas
strictement encadrée et les jeunes ne sont pas tous outillés de la même façon lors de la transition
vers le système d’éducation. Au demeurant, près du quart des enfants de 4 ans ne fréquentent pas
l’un des établissements affiliés au réseau des garderies, de sorte qu’ils font leurs premiers pas dans le
système public à l’âge de 5 ans. Rappelons que 98 % des enfants de 5 ans fréquentent la maternelle,
un système gratuit, universel mais non obligatoire, offert partout au Québec.
En accélérant l’arrivée des élèves dans le cheminement scolaire régulier par l’instauration d’un système
de maternelle 4 ans gratuite, universelle et non obligatoire, le gouvernement engendrerait un certain
nombres de bénéfices particulièrement importants pour le futur des élèves. Une prise en charge plus
rapide permettrait notamment un meilleur encadrement de la formation prodiguée, accélérerait le
diagnostic et la prise en charge des enfants présentant des difficultés et éliminerait un bris dans le
cheminement des enfants. On peut par ailleurs penser que la prise en charge précoce des enfants
dans le cheminement scolaire pourrait permettre d’améliorer la lutte au décrochage scolaire, l’idée ici
étant d’agir en amont. À cet égard, l’OCDE rapporte qu’« investir dans les premières années
d’éducation est particulièrement rentable dans la mesure où les résultats sont tangibles et permettent
de renforcer, dans les niveaux suivants, les efforts réalisés en vue d’une meilleure équité. L’acquisition
précoce de compétences et de connaissances facilite l’acquisition future de compétences et de
connaissances1».
1 OCDE (2013), L’éducation aujourd’hui 2013 : La perspective de l’OCDE, Éditions OCDE.