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un procès avec des bornes délimitées 7→ le procès est perçu de façon synthé-
tique, avec un début et une fin. Le passé simple et le passé antérieur portent
toujours un aspect borné. Ex. « Il parla de sa mère » : le moment où il « parla » est
délimité dans le temps. On pourrait ajouter « Il parla de sa mère pdt une heure,
5 minutes, etc. » (plus compliqué avec « il parlait », sauf si ça indique une répétition :
« il parlait tous les jours de sa mère pdt 5 minutes »).
De là, l’accumulation de tiroirs verbaux dont l’aspect est non-sécant permet de pré-
senter des événements successifs, etc.. C’est ce qu’on appelle les temps du pre-
mier plan (ou de l’action), focalisés sur un procès délimité.
2. De l’autre côté, l’imparfait et le plus que parfait véhiculent des aspects sécants :
ce qui veut dire que le procès est perçu de l’intérieur, à un moment où il a
commencé, mais n’est pas achevé (déjà en partie actuel, mais encore en partie
virtuel) 7→ « Quand je l’ai croisé, il parlait de sa mère » (il y a un début, le procès a
commencé à un moment, mais on ne peut pas précisément identifier de fin, parce qu’elle
n’a pas encore eu lieu au moment auquel le verbe renvoie). Ces actualisations
verbales constituent ce qu’on appelle l’arrière-plan.
Pour le présent, les avis sont plus partagés : certains considèrent qu’il a un aspect sécant,
mais d’autres affirment que le présent a simplement un aspect non accompli.
— l’aspect peut aussi être lexical, donc impliqué par le sens même du verbe. On distingue
dans ce cas entre aspect perfectif et imperfectif.
1. Aspect perfectif : le procès du verbe constitue un évènement ponctuel, donc un évé-
nement dont le terme coïncide avec l’occurrence. Par ex., verbes naître, mourir,
aboutir, arriver, entrer, sortir, tomber, trouver, tuer, pardonner, etc. Ce sont des procès
qui n’existent qu’une fois qu’ils ont été complétés.
2. Aspect imperfectif : le procès peut se prolonger indéfiniment (ne comporte pas
de limitation temporelle, sauf par l’intervention d’une cause extérieure) : ex.
adorer, aimer, chercher, chérir, haïr, ressembler, etc.
NB. Comme ces aspects impliqués rejoignent en partie la distinction entre sécant
et non-sécant, ça peut mener à des effets de style intéressants. Ex. mettre un verbe
perfectif à l’imparfait revient à combiner la ponctualité sémantique du perfectif
avec l’aspect sécant de l’imparfait. C’est un emploi paradoxal, qu’on nomme parfois
imparfait pittoresque, ou narratif, historique.
— Il existe d’autres aspects, dont on peut se contenter de retenir les principaux. Ils sont
presque toujours liés à l’utilisation de locutions verbales ou de périphrases verbales,
puisque la morphologie des tiroirs verbaux du français ne suffit pas à les exprimer
7→ ce sont donc clairement des aspects explicites :
1. « Elle est en train de faire un exercice de grammaire » : la locution verbale « être en train
de » exprime le fait que le procès de « faire un exercice de grammaire » est en cours de
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