Première partie
Les parties du discours
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Chapitre 1
Les parties du discours invariables
1.1 Le verbe
Aspect : paramètre qui permet de se situer sur l’axe du déroulement du procès du
verbe :
la première particularité de l’aspect, c’est que contrairement au mode, au temps ou à la
personne, il n’a pas de marques flexionnelles propres ;
la deuxième particularité, c’est qu’il peut être lié à des critères morphosyntaxiques du
verbe (donc liés au temps), ou à des critères lexicaux (liés au sens du verbe) ;
la troisième particularité, c’est que l’aspect peut être inhérent au verbe (on parle d’as-
pect impliqué) ou attribué au verbe par le discours (on parle d’aspect expliqué) ;
la quatrième particularité, c’est que tous les tiroirs verbaux ne sont pas concernés
par tous les aspects ;
la dernière particularité, c’est que l’aspect fonctionne de manière oppositionnelle.
première opposition, qui est liée à une opposition morphosyntaxique : celle des formes
simples et des formes composées des verbes 7→ c’est donc un aspect expliqué, puisque
ça dépend du type d’actualisation du verbe.
1. Les formes simples indiquent l’aspect non-accompli du procès : ce qui veut dire
que le procès est présenté comme un déroulement (ex. « Il parla de sa mère »
= renvoie à l’acte de parole comme réalisation, on s’intéresse au temps durant
lequel le procès s’est réalisé, même si c’est passé)
2. Les formes composées indiquent l’aspect accompli du procès : le procès est
envisagé comme achevé, et les formes composées renvoient donc au résultat du
procès (ex. « Il a parlé de sa mère » = renvoie au produit de l’acte de parole, et
non pas à l’acte lui-même). On ne s’intéresse plus au temps durant lequel le procès
s’est réalisé, mais au procès déjà fini.
la seconde opposition est liée à la désinence, donc à la conjugaison du verbe 7→ il s’agit
de nouveau d’un aspect expliqué : aspect borné (non-sécant, global) vs non borné (sécant) :
1. L’aspect non-sécant, global, borné renvoie à des tiroirs verbaux qui indiquent
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un procès avec des bornes délimitées 7→ le procès est perçu de façon synthé-
tique, avec un début et une fin. Le passé simple et le passé antérieur portent
toujours un aspect borné. Ex. « Il parla de sa mère » : le moment où il « parla » est
délimité dans le temps. On pourrait ajouter « Il parla de sa mère pdt une heure,
5 minutes, etc. » (plus compliqué avec « il parlait », sauf si ça indique une répétition :
« il parlait tous les jours de sa mère pdt 5 minutes »).
De là, l’accumulation de tiroirs verbaux dont l’aspect est non-sécant permet de pré-
senter des événements successifs, etc.. C’est ce qu’on appelle les temps du pre-
mier plan (ou de l’action), focalisés sur un procès délimité.
2. De l’autre côté, l’imparfait et le plus que parfait véhiculent des aspects sécants :
ce qui veut dire que le procès est perçu de l’intérieur, à un moment où il a
commencé, mais n’est pas achevé (déjà en partie actuel, mais encore en partie
virtuel) 7→ « Quand je l’ai croisé, il parlait de sa mère » (il y a un début, le procès a
commencé à un moment, mais on ne peut pas précisément identifier de fin, parce qu’elle
n’a pas encore eu lieu au moment auquel le verbe renvoie). Ces actualisations
verbales constituent ce qu’on appelle l’arrière-plan.
Pour le présent, les avis sont plus partagés : certains considèrent qu’il a un aspect sécant,
mais d’autres affirment que le présent a simplement un aspect non accompli.
l’aspect peut aussi être lexical, donc impliqué par le sens même du verbe. On distingue
dans ce cas entre aspect perfectif et imperfectif.
1. Aspect perfectif : le procès du verbe constitue un évènement ponctuel, donc un évé-
nement dont le terme coïncide avec l’occurrence. Par ex., verbes naître, mourir,
aboutir, arriver, entrer, sortir, tomber, trouver, tuer, pardonner, etc. Ce sont des procès
qui n’existent qu’une fois qu’ils ont été complétés.
2. Aspect imperfectif : le procès peut se prolonger indéfiniment (ne comporte pas
de limitation temporelle, sauf par l’intervention d’une cause extérieure) : ex.
adorer, aimer, chercher, chérir, haïr, ressembler, etc.
NB. Comme ces aspects impliqués rejoignent en partie la distinction entre sécant
et non-sécant, ça peut mener à des effets de style intéressants. Ex. mettre un verbe
perfectif à l’imparfait revient à combiner la ponctualité sémantique du perfectif
avec l’aspect sécant de l’imparfait. C’est un emploi paradoxal, qu’on nomme parfois
imparfait pittoresque, ou narratif, historique.
Il existe d’autres aspects, dont on peut se contenter de retenir les principaux. Ils sont
presque toujours liés à l’utilisation de locutions verbales ou de périphrases verbales,
puisque la morphologie des tiroirs verbaux du français ne suffit pas à les exprimer
7→ ce sont donc clairement des aspects explicites :
1. « Elle est en train de faire un exercice de grammaire » : la locution verbale « être en train
de » exprime le fait que le procès de « faire un exercice de grammaire » est en cours de
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déroulement 7→ on parle dans ce cas d’aspect progressif (progressif = a commencé,
et n’est pas terminé).
2. « Elle commence à parler » : aspect inchoatif (indique un début de procès < de inchoare
= commencer).
3. « Elle finit de parler » : aspect terminatif (indique une fin de procès).
Dans la tradition grammaticale française, on fait du verbe le noyau de la proposition.
Et de fait, les fonctions non verbales vont souvent se distribuer autour de lui.
Si une phrase ne présente pas de verbe, elle est immédiatement pensée comme atypique :
on parle de phrase non-verbale, de mot-phrase, etc. Et quand il n’y a pas de verbe, on peut
souvent trouver un moyen de paraphraser avec une phrase qui comprend un verbe.
Ex. « Tu viens demain ? »/ « Oui » = « Oui je viens demain »
Ex. Je me promène dans la rue, je me rends compte que mon frère est arrivé à la gare il y a une
heure, et je dis : « Mince, mon frère ! » = « Mince, j’ai oublié mon frère ! »
Mais, problème de taille qui est au cœur d’un débat actuel : la répartition traditionnelle en
Sujet-verbe(-complément) demeure imprécise.
On a encore une fois une confusion entre nature et fonction.
D’où l’introduction de la notion de prédicat grammatical (à distinguer du prédicat logique) :
fonction du groupe verbal (sauf dans ses emplois nominaux, adjectivaux et adverbiaux) ;
si on est capable de distinguer entre sujet logique et sujet grammatical, on est aussi
capable de distinguer entre prédicat logique et prédicat grammatical ;
prédicat grammatical : fonction qui ne peut être portée QUE par un groupe verbal
ou par un élément qui peut être intégré à un groupe verbal par la paraphrase.
Les compléments de phrases (qui ne complètent pas le verbe, mais la proposition entière)
ne font pas partie du prédicat grammatical.
On obtiendrait donc, pour une analyse syntaxique basique de la phrase, une structure en :
Sujet - Prédicat (- Complément de phrase)
Ne mélange plus nature et fonction.
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