2
« La multitude qui ne se réduit pas à l’unité est confusion.
L’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie »
1
.
Cette étude porte sur un thème actuel du dialogue entre les Églises orthodoxe et
catholique, la synodalité. Il a été dit que si le XX
e
siècle est caractérisé comme « le siècle de
l’ecclésiologie », le XXI
e
pourrait être celui de la synodalité
2
. Cette remarque correspond
étonnamment à la vision du Pape François, exprimée plus récemment : « Le chemin de la
synodalité est justement le chemin que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire »
3
. En
effet, le développement de l’ecclésiologie au cours du dernier siècle a permis, entre autres, de
mettre en relief l’importance de la synodalité, non seulement en rapport avec la structure
hiérarchique de l’Église (l’institution des conciles ou des synodes des évêques), mais aussi en
ce qui concerne l’Église elle-même. Dans ce sens, nous pouvons d’emblée définir la
synodalité (ou conciliarité), à la fois comme un principe de l’organisation de l’Église
(synodalité des évêques) et comme une caractéristique inhérente à la vie de l’Église ; pour
Jean Chrysostome le mot synode est synonyme du mot Église
4
.
L’intérêt pour la synodalité ne cesse de croître, semblant apte à éclairer les questions
ecclésiologiques d’aujourd’hui. Au niveau œcuménique, la plus épineuse de ces questions est
sans doute celle de la primauté du pape, qui demeure la pierre d’achoppement, en matière
d’ecclésiologie, pour le rapprochement entre les Églises catholique romaine et orthodoxe.
Ainsi, si la question de la primauté, ou encore celle de l’épiscopat, a fait couler beaucoup
d’encre, la synodalité, elle, est tout aussi importante, car c’est en elle que s’articulent les
questions de la primauté et de l’épiscopat.
Notre travail de Master de recherche sur le ministère épiscopal
5
nous a incité à
approfondir davantage les notions de primauté et de synodalité dans les ecclésiologies
catholique et orthodoxe, à travers leur conception respective du rôle de l’évêque. Afin
1
Blaise P
ASCAL
, Pensées, (604) Paris, Éd. du Seuil, 1962, p. 269.
2
C
HARKIANAKIS
Stylianos, « Synod and "Synodality" » dans Phronema, 23, 2008, p. 1: « Just as the 20
th
century
has rightfully been characterised as "the century of the Church", given that it was the century in which the
ecumenical movement was established and developed worldwide among "divided Christians", it would be a
blessing for the 21
th
century also soon to emerge and be named "the century of the SYNOD and
SYNODALITY" ».
3
P
APE
F
RANÇOIS
, « Le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire »,
Discours à l’occasion de la commémoration du 50
e
anniversaire de l’institution du synode des évêques, Rome, le
17 octobre 2015, DC, n
o
2521, 2016, p. 76.
4
J
EAN
C
HRYSOSTOME
, Explication in Ps 149, PG 55, p. 493. Le mot synode, σύνοδος, peut désigner chez les
Pères l’Église elle-même : voir
L
AMPE
Geoffrey W. Hugo, A Patristic Greek Lexicon, Oxford, Oxford University
Press, 1961, p. 1334-1335.
5
M
ILTOS
Amphilochios-Thomas, La notion de « personnalité corporative » et son application possible à
l’évêque : Recherches sur l’ecclésiologie de Jean Zizioulas et ses fondements patristiques, Master de recherche
en Histoire des faits culturels et religieux, Université de Paris-Sorbonne, et en Théologie dogmatique et
fondamentale, Institut catholique de Paris, 2013.