Architecture de la matière - Chapitre 1
Introduction
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les chimistes découvrent de nombreux éléments. Avec ces
découvertes apparaît le besoin d'élaborer un système de classement. Dans l'Antiquité, on connaissait
déjà quelques corps simples (corps formés d’un seul élément chimique) comme le cuivre, l'or, le fer,
l'argent ou le soufre. En 1700, seuls douze corps simples avaient été isolés : l’antimoine, l’argent,
l’arsenic, le carbone, le cuivre, l’étain, le fer, le mercure, l’or, le phosphore, le plomb et le soufre. En
1850, ce nombre était multiplié par cinq !
L’étude de leurs propriétés chimiques mit en évidence des
analogies. Ainsi, en 1808, l’anglais Humphry Davy révéla
des propriétés communes au calcium, au strontium et au
baryum. Il fit de même dix ans plus tard avec trois autres
métaux : le lithium, le sodium et le potassium. En 1817, le
chimiste allemand Döbereiner suggéra l’existence de triades
d’éléments semblables tels que le chlore, le brome et l’iode.
Ces triades, caractérisées chacune par des analogies de
propriétés chimiques, ne semblaient pas relever du hasard.
Vers 1860, la définition d’un système de masses atomiques
offrit un critère quantitatif de classement des corps simples.
Le 7 avril 1862, le français Alexandre de Chancourtois,
utilisant les masses atomiques, mit en évidence une certaine
périodicité dans le classement. Il proposa un système de
classification hélicoïdal et numérique qu’il baptisa « vis
tellurique » (cela ressemblait plus ou moins à une hélice
d’ADN). Les éléments disposés le long d’une même verticale
possédaient des propriétés chimiques voisines.
Malheureusement, cette classification comprenait aussi des
corps composés (corps formés de plusieurs éléments).
C'est au premier congrès international de chimie de Karlsruhe en
1860 que le jeune chimiste russe Dimitri Mendeleïev (1834-1907)
assiste à la présentation d'idées nouvelles sur la périodicité des
propriétés chimiques des éléments. Intéressé, il se met au travail et
propose en 1869 une première classification.
En classant les éléments par masses atomiques croissantes,
Mendeleïev se rend compte que les éléments ayant des propriétés
similaires se retrouvent à intervalles réguliers. Il en conclut à
l'existence d'une périodicité de propriétés parmi les éléments
chimiques. Les éléments figurant dans son tableau (voir page
suivante) sont classés par masses atomiques croissantes et les
familles d'éléments ayant des propriétés voisines sont regroupées.
Pour respecter la périodicité, Mendeleïev fut obligé de laisser vides
certaines cases de son tableau car seulement 63 éléments étaient
connus à l’époque. En laissant ainsi des cases vides, Mendeleïev
prévoyait la découverte de nouveaux éléments, dont il estimait déjà à l’époque les masses atomiques
et les propriétés chimiques. La découverte ultérieure des éléments scandium, gallium, germanium,
technétium, rhénium et polonium lui donna raison ! Malgré le génie de Mendeleïev, la méconnaissance
de la structure de l'atome, de l'isotopie et les nombreux éléments chimiques font qu'il y a dans son
tableau quelques erreurs. Néanmoins, Mendeleïev restera dans l'histoire l'homme qui a créé le tableau
périodique. Après quelques modifications, c’est enfin le chimiste américain Glenn T. Seaborg qui
proposa en 1945 la classification périodique des éléments telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Il faut noter que, dans la classification périodique actuellement utilisée :
- le classement ne se fait plus par masse atomique croissante mais par numéro atomique croissant
- les éléments ayant des propriétés chimiques semblables sont situés dans une même colonne