génome du vecteur amplicon. Le génome amplicon dérive
d’un plasmide, appelé plasmide amplicon. Ce dernier (fi-
gure 1) correspond à un plasmide standard d’Escherichia
coli qui contient, en plus des séquences transgéniques d’in-
térêt, une origine de réplication virale (OriS) et un signal de
clivage et d’encapsidation (a) d’HSV1. Un des avantages
pour le transfert de gènes est donc l’absence de gènes
viraux dans le génome amplicon, ce qui confère à ces
derniers une totale innocuité pour les cellules infectées et
les animaux inoculés. De plus, cette absence de gènes
viraux réduit drastiquement le risque de réactivation, com-
plémentation ou recombinaison avec des génomes latents
de HSV1 sauvages.
La flexibilité des amplicons est en partie due au fait que,
lors de leur production, leur génome se réplique, comme le
génome d’HSV1, selon un mécanisme de cercle roulant,
générant de longs concatémères composés de répétitions en
tandem du plasmide amplicon [2] (figure 2). Les particules
infectieuses d’HSV1 empaquettent toujours 150 kpb
d’ADN, ce qui correspond à la taille du génome viral. Au
niveau du génome amplicon, cela se traduit par un nombre
variable de répétitions du plasmide, en fonction de la taille
initiale de ce plasmide [3]. Par exemple, un plasmide ampli-
con de 5 kpb sera répété environ 30 fois sous la forme
génome, alors qu’un plasmide amplicon comportant un
locus génomique de 150 kpb ne sera présent qu’en une
seule copie. C’est le deuxième avantage résultant de l’ab-
sence de gènes viraux dans le plasmide amplicon, qui laisse
ainsi une place disponible pour l’insertion de très grands
fragments d’ADN, allant jusqu’à la taille maximale de
150 kpb. Cette dernière propriété apporte, sans conteste,
une spécificité particulière aux amplicons. En effet, aucun
autre système de vecteur viral n’est aujourd’hui capable de
délivrer autant d’ADN exogène dans le noyau d’une cellule
de mammifère.
La production des amplicons implique l’intervention de
plus d’une cinquantaine de protéines virales qui sont néces-
saires à la réplication et à l’empaquetage du génome ampli-
con dans une particule virale. Le plasmide amplicon étant
dépourvu de gènes viraux, les protéines codées par ces
gènes doivent nécessairement être apportées en trans, soit
par un HSV1 auxiliaire, soit par de l’ADN viral, soit par des
cellules transcomplémentantes.Actuellement, deux métho-
des sont principalement utilisées pour la production des
amplicons. La première repose sur l’utilisation d’un virus
auxiliaire génétiquement modifié, possédant une séquence
d’encapsidation unique, entourée par deux sites loxP en
orientation parallèle. Ce virus est également défectif grâce
à la délétion du gène codant pour la protéine essentielle
ICP4. Tout d’abord, des cellules exprimant ICP4 sont trans-
fectées par un plasmide amplicon et surinfectées par le
virus auxiliaire décrit. Un premier stock viral dit intermé-
diaire se composant de vecteurs amplicons et de virus
auxiliaires est alors obtenu. Il est ensuite utilisé pour infec-
ter des cellules exprimant simultanément ICP4 et la recom-
binase CRE. Le virus auxiliaire présent dans le stock inter-
médiaire apporte l’ensemble des fonctions permettant
l’amplification et l’encapsidation du génome amplicon. En
revanche, le génome du virus auxiliaire lui-même n’est pas
encapsidé à cause de la délétion des signaux d’encapsida-
tion par la recombinase CRE. Cette technique permet d’ob-
tenir des stocks importants de vecteurs amplicons, très
faiblement contaminés par des particules du virus auxiliaire
défectif et non pathogène [4], qui peuvent donc être utilisés
dans des essais thérapeutiques chez l’animal (figure 3).La
seconde technique de production repose sur la cotransfec-
tion du plasmide amplicon avec un génome d’HSV1 cloné
dans un chromosome bactérien artificiel. Ce génome a été
modifié de manière à ne pas pouvoir être encapsidé : 1) par
la délétion des séquences d’encapsidation (a)et2)en
rajoutant des séquences qui augmentent sa taille. De plus, le
gène
␣
27 codant pour la protéine essentielle ICP27 a été
éliminé pour être rendu plus sûr [5, 6]. La cotransfection
s’effectue donc dans des cellules exprimant ICP27
(figure 4). Cette technique a permis, pour la première fois,
la production de stocks d’amplicons totalement dépourvus
de contamination par des virus recombinants. Cependant,
ce système de production, fondé sur des méthodes de trans-
fection, permet uniquement la production d’amplicons en
faible quantité, limitant ainsi leur utilisation. Donc à ce
jour, aucune méthode combinant l’absence totale de conta-
mination par des particules auxiliaires et la production de
stocks importants de vecteurs amplicon n’est disponible.
Ainsi, des travaux sur l’amélioration de la production des
amplicons sont encore nécessaires et devraient permettre de
passer outre ces limitations.
Dans cette revue, nous décrirons quelques-unes des nom-
breuses applications développées récemment avec les am-
plicons, tout en mentionnant également les limitations ac-
tuelles de l’utilisation de ces vecteurs.
Les amplicons et leurs applications
dans la thérapie du cancer
Les vecteurs amplicon ont été utilisés dans la plupart des
stratégies anticancéreuses. En effet, ils sont capables de
transférer efficacement des gènes dans la plupart des cellu-
les cancéreuses, in vitro comme in vivo. Cependant,
comme ils ne sont pas autoréplicatifs, ils se diluent durant
les divisions cellulaires. C’est pourquoi la majorité des
études ont utilisé des méthodes drastiques, comme la des-
truction rapide de la cellule cancéreuse, ou une approche
systémique basée sur l’immunothérapie ou les thérapies
anti-angiogéniques. Les principales voies anticancéreuses
ayant été ciblées par des amplicons sont résumées dans la
figure 5.
revue
Virologie, Vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2007
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