Les vecteurs amplicons dérivés du virus HSV1

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revue
Virologie 2007, 11 (5) : 339-50
Les vecteurs amplicons dérivés du virus HSV1 :
un système souple et puissant pour le transfert
de gènes
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
J. Thomas
D. Cuchet
C. Potel
A.L. Epstein
Université Lyon 1, 69003 Lyon,
CNRS, UMR5534,
Centre de génétique moléculaire
et cellulaire,
69622 Villeurbanne
<[email protected]>
Résumé. Les amplicons sont des vecteurs défectifs et non intégratifs dérivés du
virus herpes simplex de type 1 (HSV1). Leur génome ne contient aucun gène
viral, ce qui leur confère une totale innocuité pour les cellules infectées et les
animaux inoculés. De plus, ils sont capables de véhiculer jusqu’à 150 kpb
d’ADN exogène, ce qui les classe parmi les vecteurs viraux les plus puissants et
les plus prometteurs pour le transfert de gènes. Cette revue illustre quelques-unes
des nombreuses applications utilisant les amplicons, ainsi que les questions qui
restent à résoudre pour obtenir une expression stable et physiologique du
transgène.
Mots clés : HSV1, amplicon, thérapie du cancer, thérapie génique, applications
fondamentales
Abstract. Amplicons are non-integrative defective herpes simplex type 1
(HSV1) derived vectors. Their genomes are entirely free of viral genes, making
these vectors non toxic for infected cells and non pathogenic for inoculated
animals. In addition, amplicon vectors possess the unique property of delivering
up to 150 kbp of foreign DNA. These characteristics make amplicon vectors one
of the most powerful and promising viral vectors for gene transfer. This review
illustrates several interesting applications using amplicon vectors, as well as
problems that need to be resolved in order to obtain stable and physiological
transgene expression.
doi: 10.1684/vir.2007.0115
Key words: HSV1, amplicon, cancer therapy, gene therapy, fundamental
applications
Au cours de ces vingt dernières années, l’amélioration des
méthodes de transfert de gènes et la compréhension des
facteurs contrôlant leur expression dans les cellules ou
organismes mammifères ont été, et restent, des objectifs
majeurs de la biologie cellulaire et moléculaire. Comme les
virus possèdent naturellement les éléments moléculaires
permettant le transfert de gènes et leur expression efficace
dans la majorité des cellules, les vecteurs viraux demeurent
les outils les plus intéressants. Cette revue est plus particulièrement consacrée aux vecteurs amplicon dérivés du virus
herpes simplex de type 1 (HSV1). Ces vecteurs, qui sont
défectifs, non intégratifs et dépendants de virus auxiliaires,
Tirés à part : A.L. Epstein
Virologie, Vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2007
s’inscrivent parmi les vecteurs viraux les plus puissants, les
plus souples et les plus prometteurs pour le transfert de
gènes.
D’un point de vue structural et immunologique, les amplicons [1] sont identiques au virus HSV1 sauvage et, par
conséquent, possèdent le même large spectre d’hôtes et de
tissus. Les particules d’HSV1 sont composées d’une quarantaine de protéines structurales qui sont délivrées dans les
cellules lors de l’infection. En l’absence de néosynthèse de
protéines virales, ces dernières disparaissent assez rapidement après l’infection, permettant à la cellule de retrouver
ses fonctions normales. La différence majeure entre un
vecteur amplicon et le HSV1 réside dans la substitution du
génome d’HSV1, au sein de la particule virale, par un
concatémère d’ADN plasmidique, qui forme ainsi le
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revue
génome du vecteur amplicon. Le génome amplicon dérive
d’un plasmide, appelé plasmide amplicon. Ce dernier (figure 1) correspond à un plasmide standard d’Escherichia
coli qui contient, en plus des séquences transgéniques d’intérêt, une origine de réplication virale (OriS) et un signal de
clivage et d’encapsidation (a) d’HSV1. Un des avantages
pour le transfert de gènes est donc l’absence de gènes
viraux dans le génome amplicon, ce qui confère à ces
derniers une totale innocuité pour les cellules infectées et
les animaux inoculés. De plus, cette absence de gènes
viraux réduit drastiquement le risque de réactivation, complémentation ou recombinaison avec des génomes latents
de HSV1 sauvages.
La flexibilité des amplicons est en partie due au fait que,
lors de leur production, leur génome se réplique, comme le
génome d’HSV1, selon un mécanisme de cercle roulant,
générant de longs concatémères composés de répétitions en
tandem du plasmide amplicon [2] (figure 2). Les particules
infectieuses d’HSV1 empaquettent toujours 150 kpb
d’ADN, ce qui correspond à la taille du génome viral. Au
niveau du génome amplicon, cela se traduit par un nombre
variable de répétitions du plasmide, en fonction de la taille
initiale de ce plasmide [3]. Par exemple, un plasmide amplicon de 5 kpb sera répété environ 30 fois sous la forme
génome, alors qu’un plasmide amplicon comportant un
locus génomique de 150 kpb ne sera présent qu’en une
seule copie. C’est le deuxième avantage résultant de l’absence de gènes viraux dans le plasmide amplicon, qui laisse
ainsi une place disponible pour l’insertion de très grands
fragments d’ADN, allant jusqu’à la taille maximale de
150 kpb. Cette dernière propriété apporte, sans conteste,
une spécificité particulière aux amplicons. En effet, aucun
autre système de vecteur viral n’est aujourd’hui capable de
délivrer autant d’ADN exogène dans le noyau d’une cellule
de mammifère.
La production des amplicons implique l’intervention de
plus d’une cinquantaine de protéines virales qui sont nécessaires à la réplication et à l’empaquetage du génome amplicon dans une particule virale. Le plasmide amplicon étant
dépourvu de gènes viraux, les protéines codées par ces
gènes doivent nécessairement être apportées en trans, soit
par un HSV1 auxiliaire, soit par de l’ADN viral, soit par des
cellules transcomplémentantes. Actuellement, deux méthodes sont principalement utilisées pour la production des
amplicons. La première repose sur l’utilisation d’un virus
auxiliaire génétiquement modifié, possédant une séquence
d’encapsidation unique, entourée par deux sites loxP en
orientation parallèle. Ce virus est également défectif grâce
à la délétion du gène codant pour la protéine essentielle
ICP4. Tout d’abord, des cellules exprimant ICP4 sont transfectées par un plasmide amplicon et surinfectées par le
virus auxiliaire décrit. Un premier stock viral dit intermédiaire se composant de vecteurs amplicons et de virus
340
auxiliaires est alors obtenu. Il est ensuite utilisé pour infecter des cellules exprimant simultanément ICP4 et la recombinase CRE. Le virus auxiliaire présent dans le stock intermédiaire apporte l’ensemble des fonctions permettant
l’amplification et l’encapsidation du génome amplicon. En
revanche, le génome du virus auxiliaire lui-même n’est pas
encapsidé à cause de la délétion des signaux d’encapsidation par la recombinase CRE. Cette technique permet d’obtenir des stocks importants de vecteurs amplicons, très
faiblement contaminés par des particules du virus auxiliaire
défectif et non pathogène [4], qui peuvent donc être utilisés
dans des essais thérapeutiques chez l’animal (figure 3). La
seconde technique de production repose sur la cotransfection du plasmide amplicon avec un génome d’HSV1 cloné
dans un chromosome bactérien artificiel. Ce génome a été
modifié de manière à ne pas pouvoir être encapsidé : 1) par
la délétion des séquences d’encapsidation (a) et 2) en
rajoutant des séquences qui augmentent sa taille. De plus, le
gène ␣27 codant pour la protéine essentielle ICP27 a été
éliminé pour être rendu plus sûr [5, 6]. La cotransfection
s’effectue donc dans des cellules exprimant ICP27
(figure 4). Cette technique a permis, pour la première fois,
la production de stocks d’amplicons totalement dépourvus
de contamination par des virus recombinants. Cependant,
ce système de production, fondé sur des méthodes de transfection, permet uniquement la production d’amplicons en
faible quantité, limitant ainsi leur utilisation. Donc à ce
jour, aucune méthode combinant l’absence totale de contamination par des particules auxiliaires et la production de
stocks importants de vecteurs amplicon n’est disponible.
Ainsi, des travaux sur l’amélioration de la production des
amplicons sont encore nécessaires et devraient permettre de
passer outre ces limitations.
Dans cette revue, nous décrirons quelques-unes des nombreuses applications développées récemment avec les amplicons, tout en mentionnant également les limitations actuelles de l’utilisation de ces vecteurs.
Les amplicons et leurs applications
dans la thérapie du cancer
Les vecteurs amplicon ont été utilisés dans la plupart des
stratégies anticancéreuses. En effet, ils sont capables de
transférer efficacement des gènes dans la plupart des cellules cancéreuses, in vitro comme in vivo. Cependant,
comme ils ne sont pas autoréplicatifs, ils se diluent durant
les divisions cellulaires. C’est pourquoi la majorité des
études ont utilisé des méthodes drastiques, comme la destruction rapide de la cellule cancéreuse, ou une approche
systémique basée sur l’immunothérapie ou les thérapies
anti-angiogéniques. Les principales voies anticancéreuses
ayant été ciblées par des amplicons sont résumées dans la
figure 5.
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revue
Immunothérapies
OriS
Séquences
bactériennes
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a
Séquences
transgéniques
Figure 1. Structure du plasmide amplicon. Un plasmide amplicon
est un plasmide d’Escherichia coli standard (contenant une origine
de réplication bactérienne et un gène de résistance à un antibiotique) portant une origine de réplication (OriS) et un signal de
clivage/encapsidation (séquence a) herpétiques, ainsi qu’une séquence transgénique d’intérêt (représentée par la flèche rouge).
Thérapies anti-angiogéniques
Une stratégie antitumorale, qui semble particulièrement
prometteuse, consiste à inhiber la néovascularisation du
tissu cancéreux afin de limiter l’approvisionnement des
cellules et d’induire une hypoxie. Deux études ont pu
montrer une importante inhibition de la croissance tumorale et donc une réduction du volume de tumeurs hépatiques
[7] et pancréatiques [8] après leur infection par des amplicons exprimant l’inhibiteur angiogénique sFlk1, une version dominante négative du récepteur au facteur de croissance vasculaire endothélial (VEGF), par rapport aux
tumeurs non infectées. L’inhibiteur a été mis sous le
contrôle du promoteur inductible par hypoxie permettant
ainsi de tirer parti des conditions d’hypoxie, naturellement
retrouvées dans la plupart des tumeurs.
a
OriS a
Plusieurs approches immunothérapeutiques ont été décrites, dont l’utilisation d’amplicon, pour exprimer des antigènes spécifiques des cellules cancéreuses. En effet, les
amplicons peuvent infecter efficacement des cellules présentatrices d’antigènes en culture, comme des cellules dendritiques humaines et murines, ou des cellules lymphocytaires B issues de leucémie chronique. Willis et al. [9] ont
infecté des cellules dendritiques de souris in vitro avec un
amplicon exprimant un antigène spécifiquement présent
sur des cellules de carcinomes de la prostate. Après réintroduction de ces cellules dans la souris, ils ont pu mettre en
évidence une réponse cytotoxique médiée par les lymphocytes T, réponse qui est dirigée spécifiquement contre les
cellules exprimant cet antigène. De plus, les souris ainsi
immunisées sont protégées contre de nouvelles tumeurs
exprimant ce même antigène.
Une deuxième approche vise à utiliser les amplicons pour
induire la sécrétion de cytokines par les cellules cancéreuses afin de stimuler la réponse immunitaire antitumorale.
Par exemple, un amplicon exprimant le facteur de croissance GM-CSF (granulocyte-macrophage colonystimulating factor), injecté in situ au niveau d’un mélanome chez la souris, inhibe la croissance tumorale. De
manière intéressante, cette expérience a également démontré la mise en place d’une immunité antitumorale systémique qui entraîne l’inhibition de la croissance d’une tumeur
collatérale non infectée [10].
Une troisième stratégie utilise les amplicons pour modifier
ex vivo la capacité des cellules tumorales à exprimer des
molécules d’adhésion ou des protéines costimulatrices,
avant de les réintroduire dans l’hôte. Par exemple, dans un
modèle de métastases hépatiques, une réponse immune
médiée par les lymphocytes a été observée après injection
de cellules tumorales préalablement infectées par des amplicons exprimant RANTES, B7.1 et/ou le facteur de croissance GM-CSF. De plus, des cellules lymphocytaires B
issues de leucémie chronique, qui ont été infectées par des
OriS a
OriS
Concatémère de plasmides amplicon
Taille totale ~ 150 kpb
Particule
virale HSV1
Figure 2. Structure du vecteur amplicon. Un vecteur amplicon se compose d’une particule virale d’HSV1 contenant un concatémère de
150 kpb composé d’unités dérivées du plasmidique amplicon.
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revue
Virus HSV1
auxiliaires
défectifs
Plasmide
amplicon
Plasmide
amplicon
BAC-HSV1
Génome HSV1
augmenté en taille
amputé des séquences
Na0 et α27
Séquences
bactériennes
Transfection
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Surinfection
ICP4
Cotransfection
ICP27
Vecteurs
amplicon
Virus
auxiliaires
Vecteurs
amplicon
Infection
CRE
ICP4
Vecteurs
amplicon
Virus HSV1
auxiliaires défectifs
0,5 %
Figure 3. Méthode de production des vecteurs amplicon à l’aide
de virus HSV1 auxiliaires défectifs. Des cellules transcomplémentantes, pour une fonction virale essentielle, sont transfectées par le
plasmide amplicon et surinfectées par un HSV1 auxiliaire défectif.
À cette étape, le ratio entre les vecteurs amplicon et les virus
auxiliaires obtenus est d’environ 1:1. Des cellules exprimant la
recombinase Cre sont ensuite infectées par le stock viral précédemment obtenu. La recombinase CRE induit la délétion de la
séquence de clivage/encapsidation (a), entourée de deux sites
loxP, du génome des virus auxiliaires, empêchant alors leur
encapsidation. Cela résulte en une production de stocks de
vecteurs amplicon faiblement contaminés par des virus auxiliaires
défectifs (0,1 à 1 %).
amplicons exprimant B7.1 et/ou CD40L ou LIGHT, provoquent une augmentation de la présentation d’antigènes et
l’induction d’une forte réponse proliférative des cellules T
[11, 12]. Enfin, un vaccin contre la leucémie a été généré en
utilisant des lignées cellulaires lymphoblastiques infectées
par des amplicons exprimant IL2 et CD70. Le traitement de
souris avec ces cellules a permis de diminuer de manière
342
Figure 4. Méthode de production des vecteurs amplicon par
cotransfection avec le génome HSV1. Un BAC portant le génome
HSV1 amputé de la séquence a et du gène ␣27, codant pour la
protéine ICP27, et le plasmide amplicon sont cotransfectés dans
des cellules exprimant ICP27. Comme la taille du génome d’HSV1
porté par le BAC a été augmentée et que ses séquences d’encapsidation ont été éliminées, celui-ci ne peut pas être incorporé dans
les particules d’HSV1. Cela permet d’obtenir des stocks de vecteurs amplicon purs.
significative la prolifération des cellules lymphoblastiques
et d’augmenter ainsi la survie de ces animaux [13].
Enfin, les propriétés immunostimulatrices décrites précédemment pourraient également être utilisées en association
avec d’autres traitements, comme c’est déjà le cas en combinaison avec des stratégies oncolytiques utilisant des vecteurs HSV1 recombinants [14, 15].
Expression de gènes antitumoraux
La plupart des mises au point pour l’amélioration de l’efficacité et l’innocuité des thérapies contre le cancer par
ciblage des cellules prolifératives ont été réalisées en utilisant des gliomes. L’infection de cellules humaines dérivées
de glioblastome par des amplicons exprimant la protéine
très précoce ICP0 d’HSV1 [16], qui possède une activité
E3-ubiquitine ligase et induit notamment la dégradation de
protéines centromériques, entraîne un arrêt de la prolifération de ces cellules ainsi que leur mort par nécrose. En
revanche, l’infection par ce même amplicon de cellules qui
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Inhibition de la vascularisation
des tumeurs
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Métabolisation de
prodrogues
Induction de la mort
des cellules cancéreuses
Augmentation de l’immunité
antitumorale
Figure 5. Principales voies anticancéreuses ayant été ciblées par les vecteurs amplicons.
ne se divisent pas, comme des cardiomyocytes ou des
neurones de rat, n’entraîne aucune mortalité ou toxicité
induite par ICP0. Ces résultats démontrent ainsi le potentiel
thérapeutique possible de la protéine virale ICP0 [17].
Une autre stratégie développée est le ciblage des cellules
tumorales par le contrôle transcriptionnel de transgènes
d’intérêt thérapeutique. Par exemple, Ho et al. [18] ont dans
un premier temps construit un amplicon, dans le génome
duquel le transgène est sous le contrôle d’un promoteur
chimère comportant les éléments enhancers et promoteurs
de la GFAP (glial fibrillary acidic protein) ainsi que les
éléments régulateurs spécifiques du cycle cellulaire du promoteur de la cycline A. Le vecteur amplicon résultant est
capable d’exprimer le transgène de manière dépendante du
cycle cellulaire et spécifiquement dans les cellules issues de
gliome in vitro et in vivo. Ce même promoteur chimère a été
utilisé avec succès in vitro et in vivo pour tester l’efficacité
antitumorale de protéines proapoptotiques comme le ligand
Fas et FADD (Fas-associated protein with a death domain) délivrés par l’amplicon [19]. Deux autres protéines
proapoptotiques, TRAIL (tumor necrosis factor-related
apoptosis inducing ligand) et sa version sécrétée S-TRAIL,
ont été testées dans les cellules Gli36 et dans des gliomes
[20, 21]. Les résultats obtenus après infection ont montré
l’induction d’une apoptose in vitro et une réduction des
gliomes in vivo. L’ensemble de ces résultats permet de
démontrer le potentiel de l’utilisation des amplicons pour
délivrer des gènes proapoptotiques. Enfin, une étude plus
récente a utilisé les amplicons pour exprimer des petits
ARN interférents (siRNA) afin d’inhiber posttranscriptionnellement le gène EGFR (epidermal growth
factor receptor). L’inhibition de ce gène dans des cellules
issues de glioblastome humain provoque une diminution de
leur croissance in vitro et in vivo [22].
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Stratégie d’activation de prodrogues
Parmi le grand nombre d’enzymes transformant des molécules en drogue antitumorale testées en thérapie anticancéreuse, certaines ont été exprimées via un vecteur amplicon.
Par exemple, l’expression à partir d’un amplicon de la
thymidine kinase (TK), qui permet de convertir le ganciclovir en un analogue toxique, induit la mort des cellules
infectées [23]. Par ailleurs, Rainov et al. [24] ont construit
un amplicon exprimant la protéine de fusion 4B1:EGFP qui
a été utilisé pour traiter des gliomes humains et murins.
Cette protéine chimérique combine les avantages de l’expression du cytochrome P450B41, un puissant gène suicide
bioactivateur, avec celle de la protéine EGFP. L’introduction de l’amplicon exprimant la protéine 4B1:EGFP transforme la cyclophosphamide (CPA) en métabolites toxiques.
Par imagerie, il a été possible d’observer un puissant effet
collatéral médié par la transmission de ces métabolites de
cellule en cellule.
Les amplicons en thérapie génique
du système nerveux
La plupart des travaux en thérapie génique se sont focalisés
sur la protection contre les dommages du cerveau. Seules
quelques études utilisant des amplicons ont été réalisées sur
le traitement thérapeutique de désordres neurodégénératifs,
comme la maladie de Parkinson, ou des maladies génétiques, comme les ataxies (figure 6).
Neuroprotection
Une mort cellulaire est observée dans de nombreuses pathologies ou chirurgies du cerveau. De ce fait, plusieurs
approches ont été développées pour réduire la neurotoxicité
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revue
Maladie de Parkinson
(TH)
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Ataxies
Ataxie télangiectasie (locus génomique ATM)
Ataxie de Friedreich (locus génomique FRDA)
Neuroprotection
Facteurs neurotrophiques (BDNF, NT3 et GDNF)
Facteurs anti-apoptotiques (bcl2, HSP70 et HSP72)
Figure 6. Principales applications en thérapie génique des vecteurs amplicon. Les gènes exprimés par les amplicons testés sont indiqués
entre parenthèses.
et la perte de cellules nerveuses par l’expression, entre
autres, de facteurs neurotrophiques ou anti-apoptotiques.
Les neurotrophines font partie d’une famille de facteurs de
croissance qui jouent un rôle important dans le développement et la maintenance du système nerveux. Par exemple,
le facteur neurotrophique du cerveau BDNF (human brainderived neurotrophic factor) participe à la maturation et à
la fonction des neurones auditifs chez les mammifères. Des
amplicons exprimant l’ADN complémentaire (ADNc) de
ce gène ont été construits et leur efficacité a été évaluée
pour le traitement de la surdité. Ils ont été testés dans un
modèle de souris dont le ganglion spiral a été endommagé,
entraînant une mort par apoptose des neurones auditifs
suite à la privation en facteur de croissance. Les auteurs ont
pu montrer que, grâce à l’expression de BDNF par l’amplicon, les neurones auditifs pouvaient résister à l’apoptose
induite suite à la lésion [25].
Le pouvoir protecteur de la neurotrophine 3 (NT3) a également été testé via les amplicons dans un modèle d’explants
cochléaires de souris. Après infection, ces explants ont été
exposés au cisplatine, un agent utilisé lors de la chimiothérapie de patients atteints d’un cancer et qui induit, entre
autres, la destruction des neurones dans le système auditif.
Les amplicons exprimant NT3 ont pu limiter l’ototoxicité
générée par le cisplatine démontrant ainsi leur potentiel
dans la protection des neurones du ganglion spiral [26]. De
plus, les amplicons exprimant NT3 ont montré des effets de
protection similaires in vivo chez la souris [27]. Ces études
permettent donc d’espérer que les amplicons puissent être
utilisés dans la prévention de la surdité induite par des
agents chimiques ou, tout simplement, par la vieillesse.
344
Enfin, la neurotrophine GDNF (glial cell line-derived neurotrophic factor) exprimée par un amplicon a été testée in
vivo chez le rat dans un modèle d’ischémie cérébrale ; elle
permet également de protéger les neurones [28].
Une autre approche utilisant les amplicons pour la neuroprotection est l’expression de gènes anti-apoptotiques,
comme bcl2, ou de gènes codant pour des protéines induites
par le choc thermique, comme HSP70 ou HSP72. Par
exemple, l’injection d’amplicons exprimant bcl2 dans le
cerveau de rats permet de protéger de manière significative
les tissus proches du point d’inoculation contre une
ischémie [29].
Citons également l’utilisation des amplicons pour exprimer
des gènes permettant de limiter la neurotoxicité médiée lors
d’un stress oxydatif par le glutamate [30], lors d’une hypoglycémie [31] ou lors de l’augmentation de calcium intracellulaire qui est induite, par exemple, en cas de traumatismes neurologiques liés à la vieillesse ou à certaines
maladies neurologiques [32].
Traitement de la maladie de Parkinson
et des ataxies
Parmi les premiers traitements thérapeutiques utilisant des
vecteurs amplicons in vivo, nous pouvons citer le travail de
During et al. [33] sur des rats modèles de la maladie de
Parkinson. En traitant ces animaux avec un amplicon exprimant la tyrosine hydroxylase humaine (TH), les auteurs ont
montré une amélioration comportementale et biochimique,
qui s’est maintenue un an durant, après le transfert de gène.
À la suite de ces travaux, ils ont construit des amplicons
coexprimant la TH et d’autres enzymes impliquées dans la
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revue
biosynthèse de la dopamine. Testés sur le même modèle
animal, ces amplicons ont permis une amélioration de l’état
des animaux malades, le rendant proche d’une situation
normale pendant 6 mois [34, 35].
Des amplicons ont été évalués pour le traitement de
l’ataxie-télangiectasie, une maladie humaine autosomale
récessive caractérisée, notamment, par une dégénérescence
neuronale. L’ADNc correspondant au gène ATM possède
une taille de 9 kpb, ce qui limite son transfert par d’autres
vecteurs viraux. Plusieurs études in vivo semblent suggérer
la possibilité de complémenter le gène défectif grâce à
l’expression de l’ADNc de l’ATM par les amplicons [36,
37].
Grâce à la propriété des amplicons de véhiculer de grands
fragments d’ADN, ces derniers ont été évalués dans le
traitement de l’ataxie de Friedreich, une des ataxies les plus
fréquentes qui résulte d’une déficience en frataxine, codée
par le gène FRDA. Un amplicon contenant les 135 kpb
d’ADN de la totalité du locus génomique FRDA, incluant
les longues séquences régulatrices en amont et en aval, a été
construit. Il a été utilisé pour infecter des fibroblastes de
patients atteints de la maladie, et l’expression du locus
FRDA a permis de restaurer un phénotype normal dans ces
cellules [38]. L’utilisation de ce même amplicon dans un
modèle de souris atteinte d’ataxie de Friedreich conditionnelle a permis la restauration des fonctions neurologiques
déficientes chez ces animaux [39].
Les amplicons dans les applications
fondamentales
L’utilisation des vecteurs amplicon ne se limite pas aux
seules applications thérapeutiques. En effet, de nombreuses
études fondamentales ont utilisé ces derniers comme outil
d’investigation. Ce chapitre se limitera à décrire quelquesunes de leurs utilisations pertinentes dans le domaine de
l’étude du système nerveux central (SNC) et celui de la
virologie.
Étude du SNC
Des amplicons ont été délivrés dans différentes régions du
système nerveux afin d’étudier divers aspects du fonctionnement du SNC comme les fonctions cognitives, la neuroplasticité et la neurogenèse.
Parmi les fonctions cognitives et comportementales, de
nombreuses études sur l’apprentissage et la mémoire, les
interactions sociales, l’anxiété, le stress et les phénomènes
de dépendance ont été réalisées avec des amplicons. Ces
travaux ont récemment été décrits dans une revue de Jerusalinsky et Epstein [40].
La neuroplasticité est un phénomène complexe qui nécessite une régulation très fine de l’expression et de l’activité
Virologie, Vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2007
des protéines dans les neurones, entraînant un changement
de potentiel de ces cellules qui vont ensuite modifier l’activité neuronale. Par exemple, les neurotrophines sont des
modulateurs de la neuroplasticité [41] et il a été démontré
que le facteur de croissance neuronal NGF (nerve growth
factor) joue un rôle important dans la plasticité neuronale
impliquée dans l’apprentissage et la mémoire [42]. Des
souris hétérozygotes invalidées pour le NGF présentent des
déficits dans l’apprentissage spatial. L’injection d’amplicons exprimant le NGF, dans l’hippocampe de ces souris,
permet de restaurer partiellement leur capacité d’apprentissage spatial [43].
Plus récemment, les amplicons ont été utilisés comme outil
pour comprendre comment les cellules souches peuvent se
différencier en différents types cellulaires. Des cellules
souches de souris ont été infectées par des amplicons exprimant le FGF2 (fibroblast growth factor 2) provoquant ainsi
leur différenciation en neurones [44]. Les amplicons sont
donc d’excellents outils pour exprimer des facteurs de
croissance dans les cellules souches ou dans leurs dérivés,
afin d’obtenir, par exemple, des progéniteurs neuronaux.
Virologie
Les amplicons ont été utilisés pour exprimer une ou plusieurs protéines provenant d’autres virus afin d’étudier leur
fonction, de générer des vecteurs hybrides ou d’induire des
réponses immunes. Grâce à leur grande capacité transgénique, ils ont également été utilisés pour exprimer l’ensemble
des protéines structurales d’autres virus, dans le but d’obtenir des particules vides (VLP), qui pourront éventuellement
être utilisées pour l’élaboration de vaccins.
Savard et al. [45] ont été les premiers à construire des
amplicons hybrides exprimant l’ensemble des protéines
nécessaires à la formation de particules vides du virus de
Moloney (MoMLV). Cet amplicon possède une cassette qui
apporte en trans les protéines gag-pol et env (cassette GPE)
permettant ainsi de complémenter le génome de vecteurs
rétroviraux défectifs intégrés dans les cellules [45].
D’autres études ont montré que les amplicons peuvent
également être utilisés pour coexprimer la cassette GPE et
celle d’un vecteur rétroviral, permettant ainsi la production
de vecteurs rétroviraux dans tous les types cellulaires infectables par un amplicon [46].
Les amplicons ont également été très utiles pour l’étude du
virus de l’hépatite C (HCV). En effet, un des problèmes
majeurs rencontré pour l’étude d’HCV est l’absence d’un
système efficace de production du virus in vitro, ce qui rend
difficile l’étude des protéines virales. Les amplicons, qui
sont capables d’infecter efficacement de nombreuses
lignées cellulaires dérivées d’hépatomes ainsi que des hépatocytes primaires humains et murins, ont permis l’expression de plusieurs protéines d’HCV dont NS3 et NS4A.
L’obtention de quantités importantes de ces deux protéines
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revue
a permis de réaliser des études enzymatiques qui ont, pour
la première fois, montré que NS3 posséderait une activité
ARN hélicase fonctionnant dans le sens 3’ vers 5’. Les
protéines structurales de l’enveloppe d’HCV, E1 et E2, ont
été produites avec succès par des amplicons et il a été
montré que ces deux glycoprotéines sont synthétisées et
maturées correctement. Les travaux en cours se focalisent
sur la construction d’amplicons qui seraient capables d’exprimer l’ensemble des protéines structurales d’HCV, Core,
E1 et E2, pour produire des particules HCV vides. L’ensemble des travaux sur les amplicons exprimant HCV est
décrit dans une revue de Tsitoura et al. [47].
Questions non résolues
Le potentiel des amplicons pour le transfert de gènes n’est
plus à démontrer. Cependant, de nombreux aspects de la
biologie des amplicons restent à découvrir et plusieurs
problèmes liés à leur production sont encore en cours
d’étude. Parmi les questions non résolues, l’une des plus
importantes concerne la nature transitoire de l’expression
du transgène délivré par les amplicons. L’extinction de
l’expression du transgène peut résulter tant d’une instabilité de la cassette portant le transgène que d’une extinction
de l’expression du transgène dans la cellule infectée. Une
autre question qui ne sera pas traitée dans cet article
concerne l’éventuelle action de la réponse antivirale innée
et acquise.
Expression de la cassette transgénique
Différents facteurs doivent être pris en compte pour l’analyse de l’expression des transgènes véhiculés par les amplicons, comme la spécificité tissulaire, la régulation physiologique, l’intensité et la durée de l’expression. Comme le
génome amplicon est incompétent pour la réplication, sa
perte après infection de cellules qui se divisent est très
rapide. Cependant, même dans des cellules quiescentes, il
ne s’exprime que durant une période limitée, et ce phénomène n’est pas lié à la mort de la cellule infectée. Le
génome amplicon est donc rendu silencieux, avant d’être
perdu.
Pour le moment, il n’y a pas de réponse claire permettant de
comprendre l’extinction de l’expression d’un transgène à
partir d’un génome amplicon. Ce phénomène est particulièrement important lorsqu’on utilise des amplicons non
contaminés par du virus auxiliaire, indiquant que l’expression de protéines herpétiques, peut-être des facteurs de
transcription ou des protéines qui bloquent les réponses
cellulaires à l’infection, serait nécessaire pour le maintien
d’une expression stable et significative à partir du génome
amplicon. Il semble cependant clair que la force et la durée
de l’expression du transgène sont également dépendantes
346
du type cellulaire, ce qui implique l’intervention de facteurs
cellulaires dans la répression de l’expression du génome
amplicon. Une étude récente menée par Suzuki et al. [48] a
montré que les séquences bactériennes présentes dans le
génome amplicon pouvaient induire rapidement une répression transcriptionnelle du transgène par la formation de
chromatine inactive.
D’autres travaux ont comparé l’expression d’un transgène
porté soit par un amplicon classique, contenant donc des
séquences bactériennes, soit par un amplicon dépourvu de
séquences bactériennes, et ce in vitro dans des cellules
primaires fibroblastiques et in vivo dans des souris nude
[49]. Les auteurs ont pu montrer que, in vitro, l’expression
du transgène était deux fois plus intense en l’absence de
séquences bactériennes. De plus, 6 jours après l’infection,
la diminution de l’expression du transgène est beaucoup
plus faible que dans le cas des amplicons classiques. L’hypothèse émise par les auteurs est que les séquences d’origine bactérienne sont détectées par la cellule infectée, qui
les inactive aussitôt par association avec des formes répressives d’histones. Bien qu’une amélioration notable de l’expression en l’absence de séquences bactériennes dans le
génome amplicon ait été observée, cette expression finit
toujours par s’éteindre, indiquant l’intervention d’autres
facteurs, comme les réponses immunes contre les infections virales ou des protéines pouvant potentiellement reconnaître de l’ADN nu entrant dans le noyau.
Un certain nombre d’études se sont également concentrées
sur l’effet du promoteur sur l’expression du transgène. La
plupart des protocoles expérimentaux utilisent des promoteurs viraux, herpétiques ou autres, pour exprimer le transgène. Ces promoteurs permettent en général une forte expression dans de nombreux types cellulaires mais, comme
décrit précédemment, ils sont rapidement réprimés dans la
cellule infectée. Plusieurs alternatives ont été testées pour
remplacer les promoteurs d’origine virale, comme :
1) l’utilisation de promoteurs inductibles, 2) celle de promoteurs spécifiques de tissus, ou bien encore, 3) celle de
loci génomiques complets, contenant le promoteur endogène ainsi que les séquences régulatrices.
Les résultats obtenus avec les différents promoteurs inductibles ont été plutôt décevants, le problème majeur étant une
expression basale trop forte. Une explication possible est la
présence, dans la séquence OriS, du génome amplicon, du
motif TAATGARAT qui est activé par VP16, une protéine
transactivatrice d’HSV1 qui est incorporée dans le tégument des vecteurs amplicon lors de leur production [50].
L’action d’un facteur de transcription aussi puissant sur le
génome amplicon peut donc entraîner l’activation des promoteurs inductibles de manière non spécifique.
Différents promoteurs tissus-spécifiques ont été évalués
dans le contexte des amplicons. Par exemple, le promoteur
de la préproenképhaline de rat, cloné en amont du gène
Virologie, Vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2007
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revue
rapporteur lacZ dans un vecteur amplicon, permet une
expression restreinte du transgène dans le cerveau qui persiste pendant 2 mois après infection [51]. Une autre étude a
montré qu’un transgène, mis sous le contrôle du promoteur
de la tyrosine hydrolase, s’exprime de manière spécifique
durant 6 semaines dans le SNC [52]. L’utilisation de promoteurs cellulaires permet donc une expression ciblée et
plus longue du transgène en comparaison aux promoteurs
viraux.
Enfin, une régulation physiologique de l’expression du
transgène est primordiale pour la thérapie génique. Grâce à
leur capacité unique à pouvoir véhiculer de très grands
fragments d’ADN, les amplicons ont été utilisés pour délivrer des loci génomiques entiers qui contiennent l’ensemble des éléments nécessaires à la régulation physiologique
de l’expression de gène. Par exemple, de tels amplicons ont
permis une expression physiologique et à long terme du
gène du récepteur des lipoprotéines à faibles densités et du
gène FRDA [38, 53]. Cette dernière approche semble donc
la plus prometteuse.
Maintenance de l’expression transgénique
dans les cellules en division
Le deuxième problème lié à l’expression transitoire du
transgène est la dilution du génome du vecteur amplicon
dans les cellules en prolifération. En effet, l’amplicon est un
vecteur entièrement dépourvu de gènes viraux et par conséquent non réplicatif. Actuellement, deux stratégies très
différentes sont développées pour éviter la perte du génome
amplicon ou de la cassette transgénique dans des cellules en
division. Alors que l’une repose sur l’intégration ciblée de
la cassette contenant le transgène dans le génome de la
cellule infectée, l’autre cherche à transformer le génome
amplicon en un épisome capable de se répliquer et de se
propager de manière autonome dans les cellules.
Concernant l’intégration des séquences transgéniques,
l’approche principale consiste à construire des amplicons
chimériques contenant les éléments intégratifs du virus
adéno-associé (AAV), afin d’induire l’intégration de la
cassette transgénique au niveau de sites spécifiques dans les
chromosomes cellulaires. Les amplicons hybrides HSV1AAV contiennent deux éléments génétiques de AAV : les
séquences terminales inversées répétées ITR, de part et
d’autre de la séquence transgénique, et le gène rep. La
protéine Rep est supposée promouvoir l’intégration des
séquences transgéniques flanquées des ITR au niveau du
site AAVS1, présent dans le chromosome 19 des cellules
humaines. Ainsi, l’infection de cellules par ces amplicons
hybrides devrait entraîner l’intégration de la séquence
transgénique dans le site AAVS1. De nombreux travaux ont
démontré le potentiel d’un tel système in vitro et in vivo
[54]. Néanmoins, plusieurs problèmes subsistent, tels que
la très faible efficacité de production de ces vecteurs hybriVirologie, Vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2007
des due à la protéine Rep qui interfère avec la réplication
d’HSV1, ainsi que des insertions multiples hors des sites
d’intégration.
Deux méthodes ont été développées dans la stratégie de
maintenance du génome amplicon sous une forme réplicative épisomale. La première utilise les propriétés du réplicon du virus d’Epstein-Barr (EBV), composé de l’origine
de réplication virale pendant la latence (oriP) et de la
protéine EBNA1 (EBV-encoded nuclear antigen 1), qui
permet la maintenance du génome dans des cellules en
division. La seconde approche utilise la technologie des
chromosomes humains artificiels (HAC).
La maintenance des amplicons hybrides HSV1-EBV ainsi
que l’expression du transgène ont été confirmées dans
différentes lignées cellulaires cancéreuses humaines et in
vivo chez des souris nude portant des implants de tumeur du
foie [55]. Ces mêmes vecteurs ont été utilisés pour évaluer
l’expression physiologique à long terme du locus de
115 kpb contenant le gène humain de l’hypoxanthine phosphoribosyltransférase (HPRT). Ce vecteur est effectivement capable de complémenter des fibroblastes humains
déficients en HPRT ainsi que des hépatocytes primaires
dérivés de souris invalidées pour HPRT. De plus, les auteurs
ont pu démontrer la persistance du génome amplicon sous
forme épisomale, pendant au moins 2 mois dans des clones
de fibroblastes humains déficients en HPRT infectés par le
vecteur [56]. Ces études confirment donc le potentiel des
amplicons hybrides HSV1-EBV pour le maintien, dans des
cellules en division, de génomes contenant de grands fragments d’ADN. Cependant, au moins deux facteurs limitent
considérablement les applications de ces amplicons. En
effet, ils ne fonctionnent que dans des cellules humaines,
avec souvent la nécessité d’appliquer une sélection pour
avantager les cellules contenant le réplicon. De plus, la
protéine EBNA1 exprimée par ces vecteurs pourrait avoir
un pouvoir oncogénique, ce qui limite leur utilisation dans
des protocoles de thérapie génique.
La deuxième alternative, plus récente, pour obtenir des
épisomes stables d’un génome amplicon est la transformation des génomes amplicon en chromosomes humains artificiels (HAC). Les HAC sont des molécules d’ADN qui
contiennent des séquences alphoïdes permettant leur ségrégation et leur maintien durant la division des cellules humaines. Ces séquences ont été introduites dans le génome
amplicon et les vecteurs correspondants ont été utilisés
pour infecter différentes lignées cellulaires humaines. Les
résultats ont montré que le maintien du génome amplicon
est variable, en fonction du type cellulaire. En effet, ce
dernier peut être très rapidement perdu dans les cellules de
reins 293 ou être conservé plus de 3 mois dans des cellules
de gliome [57]. Bien que des améliorations de ce système
soient encore nécessaires, ces travaux ouvrent une nouvelle
voie dans l’amélioration des vecteurs amplicon.
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revue
Conclusion
Références
L’énorme potentiel des vecteurs amplicon n’est donc plus à
démontrer. Ils sont largement utilisés dans de nombreux
domaines fondamentaux et appliqués, notamment les thérapies anti-cancers, la thérapie génique des maladies neurologiques et le développement de vaccins. Ce dernier
aspect, plus récent et encore peu documenté, mérite néanmoins d’être souligné. Les premières études impliquant des
amplicons ont été dirigées contre un agent pathogène viral
(VIH1) et contre des facteurs participant à l’étiologie de
maladies neurologiques (maladie d’Alzheimer et à prion).
Les résultats obtenus chez la souris sont très encourageants
et révèlent tout le potentiel des vecteurs amplicon dans ce
domaine.
Les amplicons sont les seuls vecteurs viraux capables de
délivrer un locus génomique entier pouvant aller jusqu’à
150 kpb et contenant tous les exons et introns, ainsi que les
séquences régulatrices d’un gène, dans les noyaux des
cellules de mammifères. Aussi, nous pouvons mettre en
avant cette considérable capacité à véhiculer de grands
fragments d’ADN qui les rend tout à fait uniques et donc
très prometteurs pour le transfert de gènes.
Cependant, les limitations actuelles à l’utilisation de ce
vecteur sont réelles et des améliorations sont nécessaires
avant de pouvoir les utiliser en thérapie génique chez
l’homme. Effectivement, des efforts restent à faire pour
optimiser leur production et leur purification. De plus, les
facteurs qui influencent l’expression de la cassette transgénique et qui provoquent inexorablement son extinction ne
sont pas encore tous déterminés. Cependant, la démonstration que l’utilisation de loci génomiques entiers permet
d’obtenir une expression physiologique à long terme ouvre
une voie de choix pour résoudre ce problème. Enfin, les
différentes stratégies développées pour éviter la dilution de
la cassette transgénique sont encore imparfaites, mais seront sans aucun doute améliorées dans un futur proche. Les
questions sur la biologie de l’amplicon, en particulier celles
qui concernent les réponses cellulaires antivirales, commencent tout juste à être étudiées.
En tout état de cause, l’étude de ces vecteurs fait partie d’un
domaine de recherche encore jeune et très dynamique.
Nous pouvons noter qu’il bénéficie également des avancées
réalisées dans le contexte des autres vecteurs viraux, mais
aussi dans le domaine de la génomique (HAC, études de
promoteurs cellulaires et artificiels...). Assurément, leur
capacité à véhiculer de grands fragments d’ADN, ce
qu’aucun autre vecteur est capable de faire, reste leur atout
majeur et leur assure un avenir prometteur.
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