Perspectives Emergents - Credit Agricole, Etudes Economiques

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Hebdomadaire – N°2014/23 – 20 juin 2014
L'actualité des pays émergents
Éditorial – L’Argentine : « bis repetita » ?
La Cour suprême américaine vient de confirmer le jugement de la Cour d’appel de New-York rendu en
août 2013 relatif au paiement par l’Argentine de sa dette à l’égard des fonds spéculatifs dits fonds
« vautours ». Bref retour en arrière. Ces fonds ont acheté la dette au plus bas prix après le défaut
argentin en 2001 et ont refusé les accords de restructuration acceptés par la majorité des créanciers en
2005 et 2010. Plus de 90% des créanciers ont ainsi consenti un abandon de créances de 70%. Les fonds
« vautours », quant à eux, ont obtenu d’être remboursés intégralement.
Il s’agit d’un « casse-tête » juridique. En effet, si l’Argentine règle les fonds « vautours » comme l’y oblige
la justice américaine, compte tenu de la clause de « réciprocité » (qui viendra à terme à la fin de l’année
2014), les autres créanciers peuvent prétendre au même traitement. Ce que souhaitait l’Argentine :
continuer d’honorer sa dette restructurée et ne pas régler les fameux « vautours ». Or, ceci est
impossible, car la décision de justice impose de régler l’intégralité des créanciers. Sinon, le paiement
« sélectif » que souhaite l’Argentine, transitant par une chambre de compensation de droit américain,
pourrait être bloqué.
Concrètement, la prochaine échéance de paiement (le 30 juin) s’élève, au sens de l’Argentine, à
9 Mds USD. C’est ce qu’elle entend et peut payer. En revanche, si elle est contrainte de payer les fonds
« vautours » (1,3 Md USD), les autres créanciers pourraient exiger un remboursement dans les mêmes
conditions : une facture pouvant s’élever jusqu’à 40 Mds USD, si tout le monde prétend au même
traitement. À rapprocher des réserves de change argentines s’élevant à 28 Mds USD…
Faute de négociations, l’Argentine va donc probablement être contrainte au défaut. En poursuivant sa
stratégie, il s’agira d’un défaut technique. En se pliant aux conditions extrêmes imposées par la décision
américaine, elle ne peut de toute façon pas payer. Or, le pays est de nouveau en récession et avait
multiplié les efforts dans l’optique d’un retour sur les marchés financiers avant la fin de l’année.
Au-delà de ses conséquences économiques immédiates, la décision de la Cour Suprême est extrême et
lourde de conséquences. Elle fait abstraction des soutiens qu’a pu obtenir l’Argentine dans ce conflit
(jusqu’à l’administration Obama) et ignore les accords signés avec les Clubs de Londres et Paris,
instances reconnues en termes de restructuration de dettes. Le FMI, lui-même, pourtant peu connu pour
sa sympathie envers l’Argentine, s’est déclaré inquiet. Cet imbroglio juridique crée un précédent. Il peut à
l’avenir décourager les négociations permettant une restructuration de dette économiquement
« raisonnable » et viable : les prêteurs inflexibles adopteraient systématiquement la voie juridique en
espérant obtenir un gain supérieur. Vaine surenchère ouvrant la voie à une spirale dangereuse : après
tout, pourquoi négocier et tenter de faire des concessions ?
Les faits marquants de la semaine

Chypre : Retour sur les marchés.

Dubaï : L’immobilier en forte progression inquiète la Banque centrale.

Kenya : L'émission du premier Eurobond remporte un franc succès.

Chine : Nouveau ralentissement de la croissance des prix de l’immobilier en mai.

Colombie : Juan Manuel Santos, élu pour un deuxième mandat présidentiel.
Études Économiques Groupe
http://etudes-economiques.credit-agricole.com
Edition du 20 juin 2014
Europe centrale et orientale, Asie centrale
Bulgarie – Rating dégradé par S&P. La Bulgarie
avait été dégradée au deuxième cran de l’investment
grade en 2008, peu de temps après le déclenchement
de la crise. Six années après cette diminution, l’agence de rating vient à nouveau de dégrader d’un cran la
note du pays de BBB à BBB-. Au cœur de cette
décision, une instabilité politique qui freine les réformes nécessaires pour relancer une croissance atone
et l’absence d’avancées notables dans les secteurs
de l’énergie et de la santé.
La croissance du PIB a beaucoup chuté en Bulgarie.
Elle n’a atteint que 0,8% en 2012 et 0,9% en 2013. Au
premier trimestre 2014, elle s’élève à 1,1%. Une performance médiocre malgré un meilleur équilibre des
composantes de cette croissance entre la consommation des ménages et les exportations. Les perspectives de l’année sont effectivement modérées,
compte tenu de la hausse du chômage et de la déflation en cours. La croissance devrait s’établir à 1,7%.
Chypre – Retour sur les marchés. Le souverain
chypriote vient d’émettre 750 millions € de d’obligations à cinq ans au taux de 4,85%. C’est la première
fois depuis l’été 2011 que l’État chypriote est en mesure de solliciter les marchés de capitaux internationaux pour se financer. Cette émission intervient un
peu plus d’un an après la mise en place du plan de
sauvetage de l’île méditerranéenne et la relative
stabilisation de son économie. Les investisseurs internationaux, dont une bonne part de fonds spéculatifs,
ont acheté 80% de l’émission, le reste étant souscrit
par les banques locales.
Chypre : prix des CDS
sur titres d'Etat à 5 ans
1800
1600
pdb
1400
1200
1000
Le président Plevneliev a, par ailleurs, annoncé que
des élections législatives anticipées auraient lieu fin
septembre. Les partis politiques se sont mis d’accord
sur cette échéance, suite aux mauvais résultats du
parti socialiste aux élections européennes qui ont vu
le parti d’opposition GERB de centre-droit terminer en
tête du scrutin.
Bulgarie : dette publique
et solde budgétaire
60
%
50
4
%
2
40
0
30
-2
20
10
-4
0
-6
Source : Min. Finances
Bulgarie, FMI, CA S.A.
Dette publique/PIB
Solde budgétaire/PIB (éch. dr.)
 Commentaire – La dette publique bulgare reste
l’une des plus faibles de l’UE, puisqu’elle ne dépasse
pas 20% du PIB. Elle a beaucoup chuté depuis le
début des années 2000. Elle devrait rester stable en
2014, puisque le déficit budgétaire ne devrait pas
excéder 1,8% du PIB cette année. Mais c’est surtout
la dette externe qui reste encore excessive, héritage
des années de bulle financière du début des années
2000 et des financements aisés en devises fortes.
Elle s’élève à fin 2013 à encore 168% des recettes
d’exportations. Un chiffre qui reste excessif, malgré
sa forte diminution depuis le pic de 312% atteint fin
2009.
800
600
400
200
0
oct.-09 juil.-10 avr.-11 janv.-12 oct.-12 juil.-13 avr.-14
Sources : Reuters, Crédit Agricole SA
 Commentaire – Cette émission illustre le retour
en grâce de l’État chypriote et l’apaisement des
tensions financières au sein de la zone euro. Elle
témoigne également du succès du plan de sauvetage
sans précédent de ce pays, dont la dette publique
s’établit à 112% du PIB à fin 2013. Chypre a évité un
défaut souverain et une sortie de la zone euro au
printemps 2013, grâce à la saisie des dépôts dans le
système bancaire et par la mise en place d’un plan
de sauvetage de 10 Mds € de l’UE et du FMI. Les
perspectives pour l’année 2014 sont plus favorables
et après trois années de contraction du PIB, une
sortie de récession est envisageable en 2015.
Hongrie – Les prêts en devises devront être
recalculés. La Cour suprême hongroise vient de rendre un avis très attendu par tous les acteurs économiques et le gouvernement concernant le sujet très
délicat des prêts en devises contractés par les particuliers hongrois. La chute du forint a fortement
renchéri les charges de remboursement de ces prêts
et l’avis de la Cour suprême confirme que les
changements de parité au cours de la vie du prêt
n’ont pas été réalisés selon toute la transparence et
l’information due envers les consommateurs. La Cour
ne remet pas en cause la légalité de ces prêts. Ces
derniers devront donc être recalculés et le gouvernement prépare un projet de loi en ce sens pour
-2 -
Edition du 20 juin 2014
l’automne. La Cour ne s’est pas prononcée sur
l’étendue des compensations à offrir aux emprunteurs
 Commentaire – Selon les spécialistes, l’impact
sur la diminution des charges pour les emprunteurs
et le coût final pour les établissements financiers
devrait donc rester modéré.
Russie, Ukraine – Le point sur la crise. Après
l’accalmie qui semblait se dessiner la semaine dernière, les tensions ont repris. Sur place d’abord, où la
situation reste aussi violente que confuse. Seule
certitude : P. Poroshenko essaie de reprendre le
contrôle des frontières. De plus, il a aussi annoncé
qu’il enclencherait un plan de paix en quatorze points
d’ici quelques jours, sur la base d’un cessez le feu
unilatéral des soldats fidèles à Kiev, mais proposant
également une amnistie pour les rebelles prêts à
déposer les armes.
Il faut aussi noter un point assez étonnant cette
semaine, qui tranche avec les évènements des derniers mois : malgré la violence des affrontements
locaux, il y a peu de déclarations (à ce jour !) des
Russes, des Américains ou des Européens. Cela
pourrait donner l’impression que les grandes puissances laissent une fenêtre d’opportunité au nouveau
président ukrainien pour régler lui-même le problème
local. Cette sensation est renforcée par le fait que
P. Poroshenko et V. Poutine se sont parlé au téléphone après la rencontre en France. Également, le
président ukrainien a nommé un nouveau ministre des
Affaires étrangères, beaucoup plus pondéré vis-à-vis
des Russes que le précédent (mais c’est un europhile
convaincu).
Notons enfin que la nomination d’une nouvelle
présidente de la Banque centrale ukrainienne vise
clairement à séduire les marchés et les investisseurs – car sa compétence tranche avec les nominations des années Yanoukovitch.
En revanche, la relation russo-ukrainienne ne s’est
pas arrangée sur le front des négociations gazières,
interrompues pour l’instant sans succès, ce qui a
déclenché une coupure du gaz russe à destination de
l’Ukraine (Moscou réclamant à la fois le paiement des
arriérés gaziers et le pré-paiement des livraisons de
juin). Le gouvernement ukrainien ainsi que Gazprom
ont garanti – pour l’instant – que cette coupure n’aurait aucune incidence (comme cela avait été le cas en
2006 et 2009) sur les livraisons à l’Europe.
 Commentaire – Plus le conflit se prolonge localement, plus il va impacter l’économie ukrainienne,
notamment à travers les filières de l’acier, ellesmêmes très importantes pour les exportations
(composées à 30% d’acier). D’ores et déjà, les
témoignages de nombreux réfugiés affluant vers la
Russie ou vers Kiev laissent penser qu’un scénario
d’enlisement et de paralysie régionale durable existe.
Pour l’instant, les estimations de baisse du PIB
ukrainien pour 2014 sont de l’ordre de -5%. De
même, le déficit courant devrait se réduire, surtout
sous l’impact d’une contraction des importations (à
noter un excédent courant en avril pour la première
fois depuis 2011).
Moyen-Orient
Dubaï – L’immobilier en forte progression inquiète
la Banque centrale. Sur les trois premiers mois de
l’année 2014, la hausse des prix immobiliers enregistrée à Dubaï a été la plus forte au niveau mondial au
sein des grands marchés. La hausse des prix y a
atteint 27,7% a/a en mars, alors que les loyers
progressaient de 30%. Le nombre de transactions
immobilières a enregistré un bond de 38% et le crédit
immobilier s’envole (+40,1% a/a en décembre dernier,
contre seulement +8,8% pour l’ensemble des crédits
bancaires à l’économie).
L’Émirat connait-il une nouvelle bulle immobilière ? Non. Certains éléments permettent de
modérer cette crainte. Dubaï enregistre une croissance annuelle de son économie de 5% et la
population active, majoritairement immigrée, croît au
rythme de l’économie. C’est là le principal argument
du Dubaï Land Department en réponse aux craintes
exprimées récemment par la Banque centrale. On
pourra enfin citer les mesures prises par l’État pour
empêcher un retour aux pratiques spéculatives
d’avant crise, telles que la hausse de 100% de la taxe
imposée sur les transactions immobilières (passée de
2 à 4%). Enfin, les grands constructeurs de l’Émirat se
coordonnent désormais davantage, ce qui limite les
risques de surproduction. Le retour des prix immobiliers au niveau de ceux de 2010 (pour certains
quartiers) traduit simplement le rebond économique
de l’Émirat. D’ailleurs, les prix au mètre carré (7 000
USD) restent, par ailleurs, très loin des records de
villes telles que Singapour (30 000 USD)...
-3 -
Edition du 20 juin 2014
Dubaï : CDS souverain
et prix immobiliers
350
104
300
102
250
100
200
98
150
100
50
96
94
0
92
juin-12 oct.-12 févr.-13 juin-13 oct.-13 févr.-14
Spread sur CDS souverains 3a
Source : CA S.A.
Indice des prix immobiliers (éch. dr.)
Oui. D’autres éléments inquiètent. Le rythme de hausse des crédits bancaires pourrait rester soutenu, en
raison de la mise en chantier de divers méga-projets
financés à crédit, ainsi que le retour attendu de
davantage de particuliers (étrangers ou locaux) sur ce
marché. L’emballement pourrait donc rapidement
reprendre les proportions d’avant 2008 ; alors que les
règles prudentielles mises en place paraissent insuffisantes (l’inquiétude de la Banque centrale tranche
avec la confiance des autorités et se rapproche de la
position du FMI qui suggère la mise en place d’outils
plus contraignants, tels qu’une taxe de 30% en cas de
revente rapide d’un bien immobilier) et rien n’indique,
au contraire, qu’elles seront renforcées. Selon certaines sources citées par Reuters, les conditions de
crédit sont de plus en plus relâchées en faveur de
certaines grandes entreprises immobilières. On peut
enfin arguer que le niveau de croissance des crédits
est là encore encouragé par des taux d’intérêts bas,
peu compatibles avec le niveau d’activité économique. Ainsi, un choc externe (guerre régionale, crise
économique de type 2008), pourrait à nouveau provoquer une baisse drastique des prix et impacter les
grandes entreprises immobilières de Dubaï et les
banques qui les financent.
 Commentaire – En réalité, on n’en sait pas grandchose… L’inquiétude de la Banque centrale doit
interpeller les investisseurs et créanciers de Dubaï...
Au moins autant que les messages rassurants des
autorités. Dans un marché peu documenté et
composé de multiples compartiments forts différents,
l’information est insuffisante pour juger de l’état du
marché.
Cela dépendra beaucoup de deux éléments majeurs : le rythme d’exécution des nouveaux mégaprojets – 50 milliards USD ont été annoncés pour
exécution d’ici 2020 – qui peuvent être annulés par
les développeurs, ainsi que les chances, au cours
des prochaines années, d’une nouvelles chute de
confiance similaire à celle de 2008.
Égypte – Le roi d’Arabie saoudite rencontre al
Sissi. La visite du roi saoudien en Égypte a lieu
vendredi 20 juin. La visite se veut en soutien au
président Sissi (élu à 96% des voix) et au peuple
égyptien à qui le roi conseille de s’écarter de « l’étrange chaos » qui secoue les pays arabes depuis trois
ans
 Commentaire – Les marchés font état de rumeurs
persistantes sur l’annonce, au lendemain de l’élection d’al Sissi, d’un plan de soutien financier en
faveur de l’Égypte d’un montant de 20 milliards USD
financé conjointement avec les E.A.U..
Iran – Renault à l’offensive. La firme automobile
française a indiqué être en discussion avec les gouvernements américain et français au sujet de la
reprise de ses opérations en Iran. Renault disposait
d’une part de marché estimée à 10% en 2012 – sur
un total de plus de 1,5 million de véhicules produits
par an en Iran, une exception dans la région – avant
que le renforcement des sanctions en 2013 ne pousse
l’entreprise à quitter le pays. Depuis la levée partielle
de certaines sanctions, Renault a repris en janvier
dernier ses exportations de pièces automobiles vers
l’Iran en direction de son partenaire local.
 Commentaire – Renault est actuellement à la
recherche d’un partenaire financier pour relancer
ses opérations en Iran. Selon l’entreprise, des « banques turques et internationales » l’ont approché.
-4 -
Edition du 20 juin 2014
Afrique sub-saharienne
Afrique du Sud – Fitch et S&P abaissent leur notation. La semaine passée, l'Afrique du Sud a été sanctionnée par les agences de rating pour ses performances économiques médiocres. En effet, Fitch a
confirmé sa notation à BBB, mais a revu sa perspective de stable à négative. Standard & Poor’s a
abaissé la note à BBB-, perspective stable. Les
agences justifient ces dégradations par une croissance en ralentissement depuis maintenant deux ans,
ainsi qu'une prévision de croissance pour 2014 sous
la barre des 2%. L'augmentation de la dette publique,
et du déficit courant au cours des dernières années
ont également pesé sur leur décision.
Nous partageons l'avis des agences de notation,
selon lequel la croissance n'excèdera pas 2% cette
année.
Kenya – L'émission du premier Eurobond remporte un franc succès. L'État kényan a finalement réussi
à lever 2 milliards USD en émettant son premier
Eurobond, composé de deux tranches. La première
de 500 millions USD, à une maturité de cinq ans et
rémunérée à un taux d'intérêt de 5,9%. La seconde
de 1,5 milliard USD, à une maturité de dix ans pour un
taux d'intérêt à 6,9%. Les liquidités ainsi acquises
serviront à financer le développement des infrastructures. Elles permettront également de rembourser un
prêt syndiqué de 600 millions d'euros.
Afrique du Sud : croissance
trimestrielle du PIB
1,2
de réformes structurelles. Les inégalités de revenus
et le chômage de masse représentent, en effet, des
contraintes structurelles à la croissance de l'économie, source d'agitation sociale chronique. Des
contraintes pèsent également sur l'offre : la faiblesse
des infrastructures électriques et le décalage entre la
demande des entreprises et l'offre de la main
d'œuvre, en termes de qualifications, freinent l'investissement.
t/t, %
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
-0,2
-0,4
T1 12
T3 12
T1 13
T3 12
Source : Statistic South Africa , Crédit Agricole S.A.
T1 14
 Commentaire – Ces dégradations de note ont
aussitôt été actées par les marchés et se sont traduites par une chute du rand face au dollar. Le
gouvernement sud-africain a également réagi en
réaffirmant son engagement à maîtriser son déficit
budgétaire, mais la trop faible croissance attendue
cette année risque fort de remettre en cause cet
objectif, du fait de recettes fiscales en dessous des
attentes. En effet, l'économie s'est contractée au premier trimestre et l'activité devrait rester atone au
second, principalement du fait de la grève dans le
secteur du platine mais aussi à cause d'une
demande (domestique et extérieure) déprimée.
Les agences estiment également que la croissance
potentielle, auparavant évaluée à 3,5%, pourrait s'établir aujourd'hui à un niveau de 2,5% en l'absence
 Commentaire – Cette émission réussie traduit un
appétit grandissant des investisseurs pour les obligations souveraines des États africains qui proposent
des taux de rendements intéressants : les ordres de
souscription à cet Eurobond ont atteint quatre fois le
montant finalement emprunté par le gouvernement
kényan. Les taux d'intérêt relativement faibles (pour
un emprunteur d'Afrique sub-saharienne), témoignent
également de l'attractivité de la dette kenyane. Pour
comparaison, l'Eurobond zambien d'un milliard de
dollar émis en avril, avait connu des taux autrement
plus élevés, à 8,6% pour une maturité de dix ans (du
fait d'un risque jugé également plus élevé). Les prochaines émissions obligataires africaines sur les marchés internationaux devraient être le fait du Ghana et
de la Côte d'Ivoire. Leur succès sera probablement
moindre, du fait des importants déséquilibres externe
et fiscal pour le premier, et d'un récent défaut sur la
dette publique pour le second (2011).
-5 -
Edition du 20 juin 2014
Asie
Chine – Nouveau ralentissement de la croissance
des prix de l’immobilier en mai. À Pékin, elle a
fléchi de 8,9% a/a le mois précédent à 7,7% ; à
Shanghai, de 11,5% à 9,6% ; à Guangzhou, de 11,1%
à 9,5% ; à Shenzhen, de 11% à 8,7% ; et dans les
dix-huit plus grandes villes du pays, de 7,6% à 6,3%
(en moyenne).
À noter, en outre, qu’en variation mensuelle, les prix
(en mai) ont reculé à Shanghai, à Shenzhen et dans
les dix-huit premières villes chinoises (en moyenne)
pour la première fois depuis deux ans.
Chine : prix de l'immobilier
5
m/m, %
4
3
2
1
0
-1
-2
juin-09
juin-10
juin-11
Shanghai
Guangzhou
moy 18 premières villes
juin-12
juin-13
juin-14
Pékin
Shenzhen
Source : NBS
 Commentaire – Cette évolution (des prix de
l’immobilier) était attendue… Donc pas de quoi
s’inquiéter ?
Nombre d’analystes se veulent, en tout cas, plutôt
rassurants. Pékin et les collectivités locales ont
commencé à prendre des mesures pour soutenir
l’immobilier/la construction et, plus généralement,
l’économie (cf. Perspectives Émergents du 6 juin
2014). Puis :
 Les grands développeurs (ceux côtés en Bourse)
paraissent convenablement capitalisés et liquides,
lorsque les crédits (bancaires) à l’ensemble de la
profession représentent seulement 7% du portefeuille de crédits des banques ;
 Le secteur (de l’immobilier) est peu « leveragé »
du côté de la demande ; l’endettement total des
ménages est modéré, tout juste supérieur à 50%
de leurs revenus disponibles annuels ; et les
crédits hypothécaires s’élèvent à environ 13% des
crédits bancaires totaux ;
 Les salaires ont évolué de concert avec les prix à
l’achat des logements au cours des dernières
années ;
 Les possibilités d’investissement des ménages
sont très restreintes, en dehors du foncier (en
raison notamment des contrôles de capitaux) ;
 (Et) l’urbanisation est au cœur de la politique (de
développement) de Pékin pour les cinq
prochaines années (et sans doute au-delà).
Bref, autant d’éléments (et cette liste n’est pas
exhaustive) qui conduisent à amoindrir le risque d’un
effondrement du secteur (et des prix) et ceux liés à
un tel évènement (notamment les risques de crise
financière et de hard landing). Autant d’éléments qui
laissent aussi entrevoir une réelle capacité de rebond
de l’immobilier (en cas de choc).
Il n’empêche que les stocks d’invendus ont augmenté au cours du passé récent. Selon certaines
sources, celui des logements serait passé d’une
dizaine de mois de ventes à presque dix-huit mois de
ventes en l’espace d’un ou deux trimestres. Les
surfaces habitables en cours de construction représenteraient, quant à elles, quatre fois les ventes
annuelles, comparé à un ratio historiquement plus
proche de 3,4. Cette réalité est de nature à (continuer d’) exercer une pression baissière sur les prix
de l’immobilier et une correction forte (de 10%, voire
plus) ne peut être exclue. En particulier dans les
villes de deuxième et troisième rangs.
Dans ce cas, les petits développeurs (notamment
ceux très engagés sur ces agglomérations de moindre importance) seraient les plus affectés, jusqu’à
faire défaut en nombre. A priori rien vraiment à
même de détériorer significativement le portefeuille
de crédits des banques (compte tenu de leur
engagement limité sur ces acteurs, comme évoqué
plus haut) ; de plus, les promoteurs les plus solides
pourraient profiter de l’occasion pour mettre la main
sur des terrains à des prix inférieurs à ceux du
marché.
Mais ce serait sans compter sur le fait que ces petits
promoteurs se sont aussi largement refinancés en
dehors des circuits bancaires classiques ces derniers
temps. Quid, en outre, de l’impact (d’une baisse
marquée des prix de l’immobilier) sur :
 (La solidité de) tous ces financements (souvent
fournis par le shadow banking) ayant un bien
immobilier pour collatéral ?
 Les collectivités locales (dont une part importante
des revenus provient des ventes de terrain) et
leur capacité à honorer leur dette (qui s’élève à
environ 33% du PIB, en forte hausse depuis
2010, et dont presque 40% arrive à maturité cette
année et l’an prochain) ?
 (Ou encore) la confiance des ménages, qui endureraient un effet de richesse négatif marqué ?
Sans les exagérer, il y a là des points sur lesquels
existe une part non négligeable d’incertitude et
susceptibles d’amplifier de façon assez inattendue
l’impact économique et financier d’une forte baisse
(éventuelle) des prix de l’immobilier et, plus
simplement, du ralentissement en cours dans le
secteur. À suivre attentivement…
-6 -
Edition du 20 juin 2014
Amérique latine
Brésil – Augmentation de l’inflation liée à la Coupe
du monde. Mi-juin, l’indice des prix indiquait une
hausse de 6,4% en glissement annuel, en augmentation par rapport au mois dernier (6,3% a/a) et donc
très proche de la limite supérieure de la cible d’inflation officielle (6,5%). L’augmentation de l’inflation est
en partie liée au contexte de la Coupe du monde de
football : la hausse des prix des transports et des
biens d’équipement ménagers et le maintien d’un
indice des prix des services élevé expliquent cette
hausse générale des prix.
Brésil : activité économique et inflation
12
10
8
6
4
2
0
-2
-4
2009
2010
IPCA
2011
2012
IPCA services
2013
2014
IPCA core
IBCR
Source : IBGE, BCdoBrasil, CA SA
 Commentaire – L’inflation dépassera sans doute
le seuil de 6,5% fixé par la Banque centrale à la fin
de l’année, mais la marge d’action de l’autorité monétaire est limitée : les taux d’intérêts directeurs ont
déjà été relevés jusqu’à atteindre 11% et il sera difficile pour la Banque centrale brésilienne de justifier
une nouvelle hausse, étant donné la faible activité
économique.
En revanche, l’impact de la Coupe du monde sur la
croissance sera faible selon les spécialistes, de
l’ordre de 0,2 point de PIB supplémentaire pour
2014, un effet de levier très faible au regard des
sommes investies dans la préparation de l’événement sportif (évaluées à environ 11 Mds USD). Le
gouvernement attend de l’organisation de la Coupe
un revenu équivalent à 13 Mds USD. À court terme,
l’impact le plus évident sur l’économie brésilienne
sera l’augmentation de la consommation, liée à l’arrivée de touristes étrangers et l’enthousiasme généré
par l’événement au sein de la population locale. À
moyen terme, l’impact économique sera lié à la
modernisation d’infrastructures et de services liés au
secteur touristique (hôtellerie-restauration, transports
internationaux, télécommunication).
Mais, il est peu probable que la Coupe du monde
parvienne à rétablir la confiance et l’environnement
dont le pays a besoin pour renouer avec le dynamisme des années précédentes (même en cas de
victoire brésilienne à la Coupe du monde !). Après un
premier trimestre médiocre en terme de croissance
du PIB (+1,9% a/a), les prévisions pour 2014 sont
autour de 1,8% (à peine 1,5% selon le dernier
rapport Global Economic Prospects de la Banque
mondiale, publié le 10 juin 2014).
Colombie – Juan Manuel Santos, élu pour un
deuxième mandat présidentiel. Le président sortant
a réuni 50,9% des voix face au candidat uribiste
Óscar Ivan Zuluaga, qui était pourtant arrivé en tête
au premier tour de l’élection présidentielle. Le deuxième tour de l’élection a mobilisé davantage de Colombiens (taux de participation de 47%) que lors du
premier tour (40%), en raison de la forte polarisation
autour de la poursuite des négociations avec les
FARCs. L’élection de Santos confirme donc la poursuite du processus de paix avec le mouvement
guérillero. Des négociations seront également menées avec le mouvement de guérilla ELN, avec lequel
le gouvernement a récemment amorcé des
discussions.
 Commentaire – Le mandat de Juan Manuel
Santos est au moins clair sur un point : les
Colombiens ont voté en faveur de la paix avec les
FARCs. Mais Santos est également attendu sur le
plan économique et social. L’éducation, la santé ou
l’emploi sont autant de thématiques peu abordées
durant la campagne électorale, qui sont pourtant
considérées comme prioritaires par la population.
Les quatre années de mandat de Santos ont été
positives sur le plan économique, avec une croissance parmi les plus élevées de la région et des
finances publiques sous contrôle. Cependant, la
réduction des prix de certaines matières premières
exportées, comme le pétrole ou le charbon, affecte
l’économie colombienne, encore très dépendante de
celles-ci (elles constituent plus de 70% des
exportations colombiennes). Les IDE dans les
secteurs pétrolier et minier ont également chuté de
8,1% a/a depuis le début de l’année 2014. Sans
surprise, cela pèsera sur la croissance en 2014,
attendue autour de 4,7% en 2014.
Un accord de paix avec les mouvements guérilleros
aura un impact positif évident sur l’économie colombienne en termes d’amélioration du climat des
affaires et de réorganisation de l’activité économique
et sociale dans les zones touchées par le conflit.
-7 -
Edition du 20 juin 2014
La perspective de croissance à moyen terme est
donc positive, mais entraînera sans doute une
pression
sur
les
finances
publiques.
Le
gouvernement a d’ailleurs annoncé une réforme
fiscale en 2015, prévoyant l’augmentation des taxes
pour maintenir sous contrôle le déficit budgétaire, à
2,4% du PIB.
de sa première présidence ; il devra compter avec
une opposition plus large au Congrès : le Polo
Demócratico Alternativo (PDA) de Clara López ou le
parti des verts représenté par Enrique Peñalosa ont
soutenu Santos au second tour dans la seule optique
d’appuyer le processus de paix. Ni l’un ni l’autre,
encore moins la droite dure, ne soutiendront pour
autant le projet politique de Juan Manuel Santos.
Pour son deuxième mandat, Santos ne disposera
pas d’une marge de manœuvre aussi ample que lors
-8 -
Edition du 20 juin 2014
Scénario économique du Groupe Crédit Agricole S.A.
Date de MAJ :
27/05/2014
Etats-Unis
Japon
Zone euro
Asie
Chine
Hong Kong
Inde
Indonésie
Corée
Malaisie
Philippines
Singapour
Taiw an
Thaïlande
Vietnam
Am érique latine
Argentine
Brésil
Mexique
Europe - ém ergents
République tchèque
Hongrie
Pologne
Russie
Roum anie
Turquie
Afrique & Moyen-Orient
Algérie
Egypte
Kow eït
Liban
Maroc
Qatar
Arabie saoudite
Afrique du Sud
Em irats arabes unis
Tunisie
Total
Pays industrialisés
Pays ém ergents
PIB (a/a, %)
2013
1,8
1,5
-0,4
6,0
7,7
2,9
4,7
5,8
2,8
4,7
7,2
3,0
2,4
2,9
5,3
2,3
4,0
2,4
1,4
1,8
-1,1
1,1
1,6
1,3
2,6
4,0
3,0
3,0
2,1
2,7
1,3
4,0
5,5
3,7
1,8
4,3
2,8
2,7
1,1
4,6
2014
2,7
1,6
1,1
6,0
7,4
3,5
5,1
5,5
3,6
5,4
6,4
3,8
3,0
2,8
5,7
2,4
3,0
1,8
3,1
1,6
2,2
2,2
3,5
0,6
3,3
1,7
3,4
3,6
2,0
3,1
2,6
4,1
5,5
4,5
2,4
4,5
3,0
3,3
2,1
4,6
Inflation (a/a, %)
2015
3,0
1,2
1,4
6,1
7,0
3,6
5,6
6,0
3,9
5,2
7,3
3,9
3,3
4,8
6,0
2,6
1,8
2,2
3,5
2,7
2,5
2,4
4,0
1,8
3,6
3,5
4,0
3,1
3,3
4,0
4,4
4,7
5,3
4,9
3,0
4,9
4,2
3,4
2,2
4,9
2013
1,5
0,4
1,4
4,2
2,6
4,3
9,6
7,0
1,7
2,1
2,9
2,4
0,8
2,4
6,6
7,9
27,0
5,9
3,4
5,3
1,4
1,7
0,9
6,8
4,0
7,5
5,0
3,9
9,4
3,1
6,7
2,1
3,7
3,7
5,5
1,3
6,1
3,0
1,4
5,0
2014
1,5
2,5
0,9
4,2
2,7
4,0
8,4
6,9
3,0
2,9
3,2
3,2
1,5
3,0
6,1
7,7
24,0
6,3
3,5
5,0
1,3
1,3
0,4
6,2
2,5
8,0
5,2
4,1
9,2
3,5
7,5
2,5
4,4
3,5
6,1
2,5
5,5
3,1
1,5
4,9
2015
1,9
1,8
1,3
4,7
3,8
4,5
8,5
5,6
3,0
2,2
3,0
3,3
2,8
3,2
6,5
6,6
17,0
6,2
3,1
4,8
1,8
3,0
1,6
5,3
3,3
7,5
5,3
4,3
9,2
3,9
6,2
2,9
4,8
4,5
5,4
2,7
4,5
3,3
1,7
5,0
Balance courante
(en % du PIB)
2013
2014
2015
-2,3
-2,1
-2,3
0,7
0,7
1,2
1,3
2,6
2,7
1,7
1,0
0,7
2,0
1,4
1,1
2,0
2,8
3,0
-1,7
-3,5
-4,0
-3,3
-3,5
-3,5
4,7
4,8
4,8
3,8
2,7
2,1
4,1
2,8
2,1
16,0
18,0
18,0
11,0
10,0
10,0
-1,1
0,4
1,0
2,2
-0,1
-2,0
-2,3
-2,1
-2,1
-0,8
-1,0
-1,2
-3,2
-2,8
-2,8
-1,5
-1,6
-1,6
-0,9
-0,7
-1,3
-1,8
-2,4
-2,8
2,6
2,0
0,5
-1,3
-1,8
-2,2
1,6
2,0
1,4
-1,1
-1,9
-2,8
-6,9
-6,0
-6,5
6,3
4,4
3,9
3,2
1,1
1,7
-2,4
-2,4
-2,1
40,2
37,8
36,5
-9,1
-7,9
-6,4
-9,1
-8,0
-6,5
23,5
17,5
14,0
18,0
13,0
11,0
-5,5
-5,7
-5,0
13,1
10,5
8,5
-9,7
-9,0
-8,8
0,2
0,2
0,0
-0,7
-0,2
-0,2
1,2
0,6
0,3
Notes:
(1) Royaume-Uni : HICP ; Inde : prix de gros ; Chine, index prix de détail ; Brésil : IPCA, Afrique du Sud : CPI-X
(2) Inde : fin de l'année fiscale en mars.
Achevé de rédiger le 20 juin 2014
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