L`examen psychologique - Académie de Nancy-Metz

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Metz, janvier 2013
L’EXAMEN PSYCHOLOGIQUE
Psychologue praticien
Professeur Ecole de Psychologues Praticien
Georges Cognet – [email protected]
Signal d’appel

Dans presque toutes les consultations, le symptôme majoritaire,
mis en avant, est lié à la scolarité.

European association for special education

L’échec scolaire concerne 16 à 24 % des élèves européens

3 catégories:

déficience avérée, qu’elle soit sensorielle, motrice ou mentale, traumatisme ou
trouble envahissant du développement (2 à 3 % de la population scolaire) ;

« troubles développementaux spécifiques des apprentissages »
dysphasie, dyslexie, dysorthographie, dyscalculie (?), troubles dits primaires

Difficultés d’origines culturelles, sociales, économiques, pédagogiques et/ou
psychologiques (10 à 15 % de la population scolaire).
Evaluations CM2 (janvier 2010), France entière
Français
Français
Mathématiques
Troubles et apprentissages
Une démarche de compréhension


« Une démarche diagnostique intégrative qui utilise l’ensemble des
outils disponibles au psychologue » (Andronikof, Lemmel)
Deux conceptions traversent la psychologie:


D’un côté l’enfant est perçu dans sa relation au savoir ; en cas de
difficulté, il s’agira d’intervenir dans ce strict champ cognitif sur une
fonction défaillante.
Dans l’autre, l’enfant est appréhendé dans sa dimension subjective et
ses difficultés sont l’expression d’une problématique liée à un conflit
psychique.
Une démarche de compréhension
L’examen psychologique permet de:

Cerner la nature des troubles

Décrire les grandes fonctions cognitives

Appréhender la dynamique entre le cognitif et l’affectif

Évaluer la gravité et la souffrance que les troubles engendrent

Mettre en place les interventions adaptées (difficultés particulières liées à
la quasi absence de recherches)
Cerner la nature des troubles

Décrire les difficultés présentées par l’enfant

Repérer ses points forts

Evaluer le retentissement sur sa scolarité




Histoire de vie de l’enfant
Milieu familial
Equipe éducative
Test généraliste (WISC-IV, NEMI-2, KABC-II, WNV)
Décrire les grandes fonctions cognitives
Les grandes fonctions:
 Cognition
 langage,
 Mémoire de travail,
 Attention,
 Motricité et motricité fine,


Tests généralistes (WISC-IV, KABC-II, WNV mémoire spatiale)
Tests spécifiques (NEPSY, Figure de REY, Stroop, Kclassic)°
La dynamique cognitif / affectif
Repérer les influences réciproques entre la sphère cognitive et la
sphère de la personnalité:

L’investissement

L’évitement phobique

Les troubles du comportement

Les renoncements

Le cannabis

Le décrochage scolaire
La violence à l’école

Echec scolaire,

Notes blessantes

Bullying – Harcèlement

Cyberbulling

« happy slapping »


Entretiens avec l’enfant, la famille, les
soignants, les enseignants
Test de personnalité (Rorschach, TAT,
dessins)
Gravité et souffrance
Evaluer la gravité des troubles et la souffrance que cela amène:

Trouble pathologique et handicapant

Trouble réactionnel

Trouble passager ou bénin




Entretiens
Tests
Equipe éducative
Accompagnement psychologique
Les interventions adaptées



A partir des résultats de l’examen,
définir des actions d’aide.
Toujours envisager:

Aides scolaires

Conseils éducatifs à la famille
Selon les cas

Rééducation qui agit sur les conduites symptomatiques (langage, atelier
mémoire, etc.)

Action sur la structure psychopathologique sous-jacente

Travail sur la dynamique familiale

Changement du cadre de vie (ITEP)
L’examen psychologique : un dispositif


« Acte d’observation personnelle, qui tient dans une rencontre
concrète entre deux sujets et qui met en jeu, entre-eux, une
relation.» (Guillaumin, 1977)
« Le clinicien lui-même est une donnée intégrante du dispositif, ce
qui suppose qu'il prenne en considération sa propre implication.»
(Arbisio, 2003).
L’examen psychologique: un dispositif

« Comment le sujet perçoit-il et traite-t-il avec le psychologue ?
Dans quelle mesure s’agit-il pour lui d’une figure parentale
répressive, autoritaire, qui lance un défi, qui juge et qui punit ou au
contraire qui soutient, encourage, pardonne, aide, aime, etc. [et]
comment se comporte le psychologue en fonction de sa dynamique
propre ? » (Perron, 2003).
L’examen psychologique: un dispositif
R. Zazzo



Le bilan ne peut jamais se résumer à une activité de psychométrie.
Les termes d’examen ou de bilan ne doivent pas nous amener à
l’illusion d’une objectivation entière de l’autre.
Observation « armée » complémentaire de l’observation « à mains
nues ». (D. Lagache)
La demande
Elle provient, selon les cas :




De l’école
De la famille
Du milieu médical
De l’adolescent lui-même
La demande et le premier entretien




Le premier acte de l’examen psychologique est de préciser les
motifs de la demande et de préciser le contexte.
Pourquoi cette demande ? Accompagne-t-elle une souffrance ? Le
psychologue doit-il répondre à cette demande ou bien la faire
évoluer ?
Le plus souvent cependant, la demande est initiée par un tiers.
Dans ce cas, lors du premier entretien, le clinicien prend en compte
ce que la famille a compris et repris de la proposition de rencontre
formulée par ce tiers.
La présence de l’enfant ou de l’adolescent.
Le Cadre
Préciser le cadre dès le premier contact:
 Les objectifs de l’examen
 Le nombre de rencontres,
 Le lieu
 Les outils utilisés
 Ce que l’on va faire des résultats
Les entretiens: avec l’enfant ou l’adolescent

Créer un bon contact

Rappeler le motif de la rencontre

Expliquer, le rôle du psychologue


Donner quelques règles qui définissent le cadre de l’intervention :
modalités des rencontres, respect de la confidentialité.
A-t-il conscience de ses difficultés?
Choix des tests





Les outils sont au service du psychologue et de l’examen
psychologique et non l’inverse.
L’examen psychologique approfondi, telles que nous en défendons
la pratique, ne peut pas se limiter à un seul type d’épreuve (risque
de réduire le sujet à sa performance, cas des EIP)
Les tests doivent permettre l’évaluation des domaines cognitifs et
affectifs.
Permettre l’observation clinique.
Tout le déroulement de l’examen n’est pas fixé à l’avance. Il y a des
choix qui se font en cours d’examen.
Choix des tests selon l’âge de l’enfant



L’enfant 3 à 6 ans : Il faut savoir reconnaître les dysharmonies
simples des dysharmonies d'évolution.
L’enfant de 6 à 12 ans : qu’en est-il des grandes fonctions, y-a-t-il
un frein aux apprentissages? L’âge d’or pour engranger les
connaissances.
L‘adolescent: le développement psychique est-il toujours possible
ou bien l’énergie pulsionnelle s’épuise-t-elle dans des conflits ou
aménagements défensifs stérilisants?
Déroulement de l’examen

Entretien avec l’enfant

Test généraliste d’intelligence comme une table d’orientation

Dessin ou test projectif


Évaluation d’un aspect plus spécifique (mémoire, repérage dans
l’espace, etc.)
Capacités d’apprentissage
Grégoire, 10 ans
Demande



D’importantes difficultés à l’école

Problème de concentration, d’attention, forte instabilité

Des difficultés pour se repérer spatialement

Ne peut rien faire seul, oublie les consignes et papillonne d'une
activité à l'autre
Parents séparés, Grégoire vit avec sa mère

Provocations

Agressif envers sa mère « je l’ai plaquée (au sol) » et a essayé de
l’étrangler

Pas le même comportement avec son père qu’il voit souvent
Des phobies

Soldats, portes ouvertes, ascenseur et clochards
Histoire de vie

Prématurité (naissance à 32 semaines)

Syndrome de WEST (à 5 mois)

Crise d’épilepsie à 1 ans ½

Dès l’entrée à l’école maternelle, Grégoire paraît anxieux (angoisse
de séparation), agité

Prise en charge en psychomotricité

CP, mère alarmée par les difficultés d’écriture, toujours agité


CE1, le maître est dépassé par Grégoire, consultation spécialisée
puis traitement par Ritaline au dernier trimestre
CE2, l’enseignante évoque une possible dyspraxie (ergothérapie)
Histoire de vie (suite)


Changement d’école, changement d’équipe médicale (nouveau
neurologue), arrêt du traitement par Ritaline, aide orthophonique
pour troubles de type aphasique
CM1, le comportement est au premier plan, consultation auprès du
centre de référence, reprise du traitement 1 prise jour puis 2 prises
avec augmentation du dosage

Reprise de l’épilepsie (1 à 2 courtes absences par jour)

Redouble le CM1,

Suivi logico-mathématique

Demande d’AVS

Peu de copains
Entretien avec l’enfant

Garçon attentif à l’autre (d’une façon répétitive)

Semble souvent en colère

Peut, cependant, s’exprimer avec nuance et profondément puis
partir qq. minutes dans des associations d’idées (le langage devient
heurté)

Des « fixettes », des peurs

Difficile accès à la culpabilité (épisode où il plaque et frappe sa
mère)

Participe bien aux séances mais agité, ne tient pas en place,
attention fluctuante et impulsivité
Examen psychologique
1ère partie
WISC-IV
WISC-IV
Moy 10 ans
Moy Grégoire
Figure de REY - copie
Dessin
Scolaire
Scolaire
Examen psychologique
2ème partie
KABC-II
KABC-II
Apprentissages

Apprentissage de codes
On enseigne des noms :
« Chaque image a un nom.
C’est la fille »
« C’est le garçon »
Apprentissages

Apprentissage de codes
On enseigne des conjonctions :
« et »
On enseigne adverbe et verbe :
« dehors »
« jouent »
Apprentissages

Apprentissage de codes
« dis le nom de ces images »
Apprentissage de codes
Aujourd’hui les garçons et les filles marchent sur le
terrain
Ils
regardent l’homme dehors
en train de jouer sous la pluie
avec
le chien
Apprentissage de codes différé
NS = 12
Figure de Rey – copie
TAT

Pl 1
Le garçon, en fait, il
s’ennuie, il a une arbalète
(V) il sait pas jouer. Il a pas
d’arc et il va demander à
quelqu’un qu’il faut en
acheter un.
TAT

Pl 4
Y’a une dame avec un
homme qui vont se
marier. La dame elle a un
chignon, lui il a une
araignée (sur les
cheveux). Il veut la
montrer à ses copains. La
dame elle avait du verni à
ongles, lui une veste de
moto cascadeur. Il aun
pull à col roulé, une
bouche, des yeux, elle va
manger une saucisse (?)
non, j’ai pas dis ça.
Rendre compte de l’examen psychologique
Comment nommer cette étape

Restitution : Action de rendre ce que l’on possède indûment; Opération
qui consiste à remettre une chose dans son état primitif; reproduire :
restitutions sonore.

Compte-rendu : Exposé, rapport fait sur un évènement, une situation, un
ouvrage. Rapport détaillé. Compte rendu de conseil d'administration.
Code de déontologie http://www.cncdp.fr/

Principe 3 : Responsabilité et autonomie

… Dans le cadre de sa compétence professionnelle, le psychologue décide
et répond personnellement du choix et de l'application des méthodes et
techniques qu'il conçoit et met en œuvre et des avis qu’il formule.

Article 20 : Les documents émanant d'un psychologue sont datés, portent
son nom, son numéro ADELI, l'identification de sa fonction, ses
coordonnées professionnelles, l'objet de son écrit et sa signature.
Conférence de consensus http://www.consensusexamenpsy.org/

R28 : Le psychologue doit communiquer les résultats, accompagnés d’une
interprétation et des propositions, à l’enfant et à ses responsables légaux.

R29 : Les résultats de l’examen font l'objet d'un document écrit, daté et
signé par le psychologue qui l'a réalisé.

R30 : Le compte rendu doit fournir non seulement des informations
factuelles, mais également une interprétation des résultats, une
description du fonctionnement global de l’enfant et des propositions
d’action.
Cadre de l’examen et compte-rendu


Le compte-rendu fait partie intégrante de l’examen psychologique ,
il en est l’aboutissement « naturel ».
C’est, lors du premier entretien d’analyse de la demande qu’est
défini, avec le sujet, le cadre de l’examen : l’objectif, les outils
utilisés, le nombre de séances et, bien entendu les modalités du
rendre-compte.
Le bilan d’expertise

Les demandes sont celles des institutions chargées de l’orientation
scolaire (CDO, MDPH), de l’obtention d’aides pour répondre à des
besoins spécifiques telles que les AAH (Allocation adultes
handicapés) ou encore, les demandes sont internes à certains
services de pédopsychiatrie, neurologie ou neuropédiatrie, etc.

La communication se fait presque toujours par écrit et se pose alors
la question du destinataire du document.

La question du QI
L’examen psychologique à visée de soins

L’indication thérapeutique est alors considérée comme le but ultime de
l’examen psychologique .


Le psychologue, en lien avec le consultant et l’équipe de soin, doit à
l’issue de l’examen décider s’il est pertinent ou non de proposer une
intervention thérapeutique.


L’examen initial
En cours de traitement
L’examen psychologique fournit alors des éléments objectifs concernant le
fonctionnement psychique actuel et permet ainsi une redynamisation de
la prise en charge.
Que communiquer ?

« Un portrait psychologique » permettant la compréhension du
fonctionnement psychique du sujet en éclairant les difficultés qu’il
peut rencontrer et ainsi participer au choix des mesures
thérapeutiques.

Dans la pratique, les psychologues adaptent le contenu des
éléments transmis en fonction des interlocuteurs

Des recommandations, particulièrement sur les apprentissages.
L’évaluation thérapeutique



« L’examen a, en lui-même, dans son déroulement, une portée
thérapeutique »
Castro D. (2011). Pratique de l’examen psychologique en clinique
adulte . WAIS-IV, MMPI-2, Rorschach, TAT. Dunod.
Avec la WAIS-IV, le praticien peut engager ce que Kaufman et
Lichtenberger (1999) nomment une enquête aux limites
« Les test sont utilisés comme la pièce maîtresse d’une intervention
psychothérapeutique brève. »
Sultan S., Chudzik L. (2010). Du diagnostic au traitement :
Rorschach et MMPI-2. Mardaga
Avantages/inconvénients du compte-rendu écrit

le compte-rendu écrit force à peser ses mots et à élaborer des
formulations adaptées

Le compte-rendu écrit prend place dans le dossier patient.
Verba volent, scripta manent



Le compte rendu écrit permet l’authentification de son auteur.
Il y a du côté des psychologues qui ne sont pas favorables au CR
écrit, le souci de ne pas figer en couchant sur le papier une
situation qui peut être mobile.
L’examen est alors conçu comme « une photographie actuelle » et
la communication orale est la mieux adaptée pour en rendre
compte.
Comment communiquer?

Il y a une nécessité absolue à faire un compte-rendu oral au sujet,
car la communication orale clôt le processus d’examen
psychologique.

Il laisse au sujet, à sa famille, aux intervenants la possibilité de
relire à distance le document et par conséquent d’éviter les oublis,
les déformations, les transformations voire les interprétations
inexactes.

Le compte-rendu écrit prend place dans le dossier.
L’échelle métrique de 1911



Le cas « Dufour »
Suivant la richesse de la population, le niveau intellectuel des
enfants se modifie.
Binet, 1911
Niveau d’intelligence / niveau scolaire
Il existe une corrélation remarquable entre ces deux niveaux .
Binet, 1911
La norme comme limite



La production de normes vise à la régulation, la
réglementation, voire à la conformité et à son corollaire,
l’exclusion.
Le modèle de « l’idiotie »
Le QI, en caractérisant l’intelligence par une mesure unique à
généré l’illusion du fait scienifique et a conforté, un temps, les
conceptions innéistes de l’intelligence
Ellis Island, le meilleur des mondes
Ellis Island, le meilleur des mondes
A chaque QI correspond son emploi
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