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L’or a enregistré au cours des derniers mois une forte baisse de son prix en
dollar, comme en euro. Les origines de cette correction sont par définition
difficiles à identifier : intervention de la Réserve fédérale visant à peser sur
le prix du métal jaune dans un contexte de politiques monétaires
expansionnistes, retournement des anticipations de marché, remontée des
taux d’intérêt réels, hausse du dollar, etc. Quelles que soient les causes de
cette correction, ces mouvements n’ont rien d’anormal. Sur un marché,
tous les biens s’échangent contre des valeurs. L’or n’échappe pas à la règle.
Dans ces conditions, pour l’acheteur stratégique d’or à long terme, les
mouvements récents constituent indéniablement une opportunité. Le
marché s’est assaini, alors que les facteurs structurels de la demande d’or
sont plus que jamais actifs : poursuite des politiques de reflation ; risques
pesant sur le système de crédit chinois ; course à la dévaluation entre les
grandes zones monétaires.
Dans cette perspective, cette note a pour objectif de présenter la situation
et les tendances du marché de l’or dans une logique de long terme. La
baisse du prix de l’or renforce le poids de facteurs structurels ; elle a
également mis au jour les risques d’une approche de court terme sur le
métal jaune : l’or n’est pas un investissement (il ne dégage aucun revenu),
c’est une réserve de valeur, un actif stratégique, qu’il faut détenir en tant
que tel et non au travers de produits financiers comportant un risque de
crédit.
1. La baisse du prix de l’or renforce le poids des facteurs structurels.
1.1 La demande d’or physique reste soutenue.
La plupart des opérateurs de marché ont vu dans la baisse du prix de l’or la
confirmation des analyses de grandes banques d’investissement sur la fin
d’un cycle haussier
. Notre interprétation est plus nuancée.
Depuis la fin de l’année 2012, les cours de l’or ont largement corrigé du fait
de la sortie d’investisseurs financiers. Près de 75% de ce reflux provient du
marché américain et plus particulièrement des gestionnaires de fonds et de
hedge funds qui investissent au travers de produits indexés (ETF, ETC)
.
Cependant, la chute des cours sur les marchés financiers ne s’est pas
accompagnée d’une contraction de la demande d’or physique, bien au
contraire : en Europe et aux Etats-Unis, les délais de livraison et les primes
de conversion de l’or papier en or métal se sont tendus, alors qu’en Asie les
détaillants ont dû faire face à une forte baisse de leurs stocks. A la
différence de ce qui se passe sur les actifs financiers, la baisse des cours de
Cf. Notamment la note de la Société Générale d’avril 2013, « The end of the gold era ».
Les ETC (Exchange Traded Commodities) sont des titres de dette indexés sur le prix de l’or. Les ETF (Exchange Traded Fund)
sont des organismes de placement cotés exposés au marché de l’or au travers d’une position en or physique gérée par un trust.
Ces deux produits comportent directement ou indirectement un risque de crédit par rapport à la détention d’or physique. Ils
gèrent leur exposition en or par des achats fermes de métal ou des opérations de prêt-emprunt auprès des banques centrales.
La baisse des cours a
été le fait de
dégagements
importants de la part
des ETF et des ETC.