« participation ». L’horizon, présenté comme indépassable, du délégataire est ré-
interrogé.
Comme tout concept il fait débat. La Démocratie Participative est souvent limitée à la
« démocratie locale » ou à la « démocratie de proximité ». Certes ces niveaux sont
essentiels pour son développement mais la question du « participatif » n’est pas
seulement une question de « bonne gouvernance de l’espace local » ou pour le dire
autrement de nouvelles techniques « d’animation et de gestion » par la proximité que
les pouvoirs dominants récupèrent.
Le participatif interroge les formes actuelles de démocratie dans ce qu’elles portent
d’aliénations (délégation) pour les dépasser par l’investissement de chacun.
La conception même de l’affrontement politique en est bousculée. Dès lors, la
construction de nouveaux pouvoirs démocratiques, articulant participation et
représentation, devient un enjeu.
La volonté de faire progresser le participatif dans la démocratie, en surmontant les
obstacles, les habitudes, s’inscrit donc dans une recherche : radicaliser la gestion
par un débat politique embrassant toutes les questions de la société dans laquelle se
situe « l’espace ville » comme lieu de vie, de proximité, d’expression des souffrances
et des aspirations.
Tarson Genro, ancien Maire de Porto Alegre, situe l’expérience de sa ville dans ce
débat : « L’expérience du budget participatif de Porto Alegre sort du commun. Cette
expérience ne se contente pas de développer une forme de participation populaire,
ni simplement d’huiler les mécanismes de la démocratie formelle. Elle va beaucoup
plus loin, elle apporte une véritable réponse à ce défi du renouveau de la
démocratisation de l’action politique, en créant « un nouvel espace public » où se
côtoient et se rencontrent les simples citoyens, le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif, et c’est cet espace public qui devient le véritable centre de décision. C’est
cet espace public totalement nouveau qui permet l’émergence d’une citoyenneté plus
consciente, plus critique et plus exigeante (…). Cela nous oblige aussi à imaginer
de nouvelles formes de relations avec le pouvoir afin de le transformer et de le
démocratiser (…) Les défis que nous devons relever sont bien : comment
démocratiser radicalement la démocratie ? Comment trouver des mécanismes
permettant de répondre aux intérêts de l’immense majorité de la population ?
Comment inventer de nouvelles institutions à travers des réformes et des
ruptures qui fassent que les décisions engageant l’avenir soient des décisions
partagées par tous ? Quand on parle de démocratie, « partager » veut dire permettre
à ceux qui ont été élus au suffrage universel, les représentants politiques, et ceux qui
sont issus d’autres formes de participation directe, en prise avec le mouvement
social, d’accéder à d’autres manières de « décider » ensemble. Le budget
participatif est un des moyens pour aller dans ce sens comme le montrent son
histoire et sa méthode. (…) [cela] nous oblige à remettre en chantier le concept de
démocratie. Un concept dans lequel la conquête du gouvernement par le vote
populaire n’épuise pas la participation de la société mais au contraire, permet
d’initier un autre processus créant deux pôles de pouvoir démocratique : l’un
issu du vote, l’autre issu des institutions directes de participation. C’est à la fois
une méthode de décision et d’émergence d’une forme de contrôle sur l’Etat et sur le
gouvernement. Pour cela, il faut créer des institutions capables de mettre en
œuvre des politiques offrant chaque fois un degré plus grand de légitimité sociale
dans un mouvement dialectique où ces politiques sont le fruit de ‘consensus’ qui