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La lutte contre la pauvreté, une vaste hypocrisie
?
lundi 12 novembre 2007, par Pauline de Wouters
Toutes les grandes instances internationales, dont l’Union européenne, se targuent de lutter
contre la pauvreté avec des moyens importants. Qu’y a-t-il derrière cette rhétorique ? Les
moyens utilisés sont-ils réellement efficaces ? S’attaque-t-on aux véritables causes de cette
pauvreté ? Le point avec Francine Mestrum, Docteur en Sciences sociales.
Dans le cadre du cycle de conférences « Croissance, consommation, progrès, … et après ? » coorganisé
par IEW, le CNCD, le CRIOC et H7P [1], nous avons eu le plaisir d’accueillir Francine Mestrum,
Docteureen Sciences sociales (ULB, Gand, Anvers).
Spécialisée dans la recherche dans les domaines de la pauvreté, du développement et des organisations
internationales [2], Francine Mestrum dresse un constat très critique des politiques de lutte contre la
pauvreté, en particulier celles menées et défendues par les organisations internationales telles que la
Banque Mondiale, le Fond Monétaire International (FMI) et l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE).
Le constat dressé par Francine Mestrum est triple.
1/ En dépit des bonnes paroles prêchées par les institutions internationales qui se targuent de lutter
contre la pauvreté, l’aide au développement reste encore une promesse. On pourrait même se
demander si les pays du Sud bénéficient, in fine, réellement de cette aide, vu les effets pervers - fuite des
cerveaux, dette sociale, emprunte écologique, déforestation, rapatriement des bénéfices des
multinationales pour ne citer qu’eux - qu’elle induit. Est-il par ailleurs acceptable que ceux-ci doivent
produire pour exporter afin de satisfaire l’appétit insatiable des pays du Nord et importer à ceux-ci ce
dont ils ont besoin ?
2/ Le concept-même du développement est en constante mutation. Initialement considéré comme
une industrialisation, un projet national de changement et d’émancipation [3], l’aide au développement
s’apparente désormais à la lutte contre la pauvreté. En dépit des critiques que l’on peut émettre à son
égard, le développement national, au même titre que l’économie du développement, n’a aujourd’hui plus
lieu d’être. A la place, on parle de "développement humain", de pauvreté. Comme si l’économie faisait
partie intégrante de la nature...
3/ Il y a clairement conceptualisation de la pauvreté, conceptualisation qui s’avère parfaitement
compatible avec la politique néolibérale de la Banque Mondiale. La lutte contre la pauvreté ? Oui, la