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étincelle, une parcelle, une émanation de la divinité et que le salut, c’est sa délivrance, que
le problème, par conséquent, pour le gnostique, c’est de retrouver, enfoui dans ce corps, et
emprisonné dans cette matière, cet élément de perfection, cet élément divin qui est en lui.
De sorte que pour le gnostique, connaître Dieu et se reconnaître soi-même c’est la même
chose » (Du gouvernement…, p. 304). Dans le bouddhisme la liaison tend à la dissolution
d’un des termes. « Dans le bouddhisme, c’est le même type d’illumination qui conduit
l’individu à découvrir qui il est et ce qu’est la vérité. A la faveur de cette illumination
simultanée du soi et de la vérité, l’individu découvre que le soi n’était qu’une illusion… il
n’en va pas de même dans le christianisme : la découverte de soi ne révèle pas le soi
comme une illusion. Elle cède la place à une tâche qui ne peut être qu’infinie… il faut se
libérer de tout attachement au soi, non parce que le soi est une illusion, mais parce qu’il est
trop réel. Plus nous découvrons la vérité sur nous-mêmes, plus nous devons renoncer à
nous-mêmes ; et plus nous voulons renoncer à nous-mêmes, plus il nous est nécessaire de
mettre en lumière la réalité de nous-mêmes » ( Sexualité et solitude, Dits…II, p. 991). Ou
encore : « ‘Dis-moi qui tu es’, voilà la spiritualité du christianisme. Quant au zen, il semble
que toutes les techniques liées à la spiritualité ont, au contraire, tendance à faire s’atténuer
l’individu. Le zen et le mysticisme chrétien sont deux choses qu’on ne peut pas comparer,
tandis que la technique de la spiritualité chrétienne et celle du zen sont comparables » (Dits
…, p. 621).
D’où la conclusion : « Les secrets de l’âme et les mystères de la foi, le soi et le Livre, ne sont
pas dans le christianisme éclairés par exactement le même type de lumière. Ils font appel à
des méthodes différentes et mettent en œuvre des techniques particulières ».
III – M. Foucault évoque le second de ces deux systèmes d’obligation, d’abord les « rites
pénitentiels », notamment l’exomologesis, ensuite la pratique de « l’aveu dans les
institutions monastiques, notamment l’exagoreusis.
a)L’exomologesis est une sorte de confession publique où l’on se reconnaît comme pécheur
sans avouer le détail de chaque faute avant d’être réintégré dans la communauté. M.
Foucault insiste sur les dimensions de la théâtralité , de l’emphase et il y reconnaît la
présence de modèles, médical, judiciaire, du martyre. « Elle était la représentation
théâtrale du pécheur comme mort ou mourant… C’est la représentation dramatique du
renoncement à soi ». A la différence des exercices stoïciens, « la formule qui est au cœur de
l’exomologesis est, au contraire, ego non sum ego ».
b)L’exagoreusis est l’obligation, dans le cadre des institutions monastiques, l’obligation de
tout dire à son directeur de conscience. « Il s’agit de lier l’une avec l’autre les deux
obligations suivantes : obéir en tout et puis ne rien cacher » (Du gouvernement…, p. 260). A