points forts du congrès scientifique 2016 remyélinisation des avancées importantes nmo spectrum le spectre des anticorps les prix arsep 2 jeunes chercheurs primés lors du congrès La Conférence François Lhermitte organisée par la Fondation ARSEP est destinée aux professionnels de la santé et de la recherche qui s’intéressent à la sclérose en plaques. Elle réunit près de 200 participants. Ce rendez-vous annuel, unique en France, permet en une journée d’aborder deux thématiques spécifiques dans lesquelles les avancées de la recherche dans le domaine de la SEP et des maladies apparentées sont les plus pertinentes. C’est l’occasion pour les plus grands spécialistes français et étrangers de se réunir pour partager avec les chercheurs français et européens leurs récentes découvertes et leurs objectifs. Cette journée permet également aux nombreux chercheurs, doctorants et post-doctorants soutenus par la Fondation ARSEP de présenter l’avancée de leurs travaux par des communications orales courtes ou des posters affichés. Enfin, cette journée permet à tous les participants d’échanger leurs connaissances, de partager leurs expériences, d’énoncer de nouvelles hypothèses et d’établir des collaborations. La 25ème Conférence François Lhermitte de la Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques, réunissant cliniciens et chercheurs fondamentaux, s’est tenue le 27 mai dernier à l’institut des Cordeliers à Paris. Lors de cette journée, 2 thèmes majeurs ont été abordés : les mécanismes de la remyélinisation dans la sclérose en plaques et la neuromyélite optique de Devic. congrès REMYélinisation scientifique sep 2016 Réparation de la myéline dans la SEP : L’espoir de nouvelles voies thérapeutiques. Robin JM FRANKLIN (Cambridge, United Kingdom) Remyélinisation et système immunitaire La remyélinisation peut être un processus de réparation très efficace. Il est dirigé par une population de cellules précurseurs nommées oligodendrocytes précurseurs (OPCs pour "Oligodendrocyte Precursor Cells") largement distribuées dans le système nerveux central mais dont la capacité à Robin FRANKLIN se différencier et à migrer dépend aussi de leur localisation dans le cerveau. Au cours de la sclérose en plaques, la remyélinisation est inconstante et la perte de l’intégrité et des capacités fonctionnelles de l’axone démyélinisé fait du processus de remyélinisation un objectif thérapeutique majeur. Les travaux menés ces dernières années démontrent le rôle majeur des macrophages, cellules du système immunitaire inné, dans le processus de remyélinisation. Un certain nombre d’arguments plaide en faveur du vieillissement (l’avancée en âge) comme facteur limitant les capacités de remyélinisation. Cet effet est en partie dû à une perte des capacités d’élimination des débris de myéline lors de la démyélinisation, débris contenant des substrats qui bloquent la différenciation des oligodendrocytes précurseurs. Une remyélinisation efficace chez le jeune animal est associée à l’activité spécifique de certaines cellules immunitaires qui induit la disparition des débris de myéline. Cette activité est très diminuée chez l’animal âgé. Différents facteurs exprimés par les cellules de l’immunité innée ou impliqués dans la biologie des cellules souches interviennent dans la régulation de la différenciation des cellules précurseurs d’oligodendrocytes. La diminution des capacités à éliminer la myéline par les macrophages de l’animal Présentation des speakers Robin Franklin : Chercheur et professeur, dirige le Centre sur la SEP à Cambridge (Angleterre). Il étudie la réparation de la myéline et travaille sur les mécanismes de la régénération du système nerveux central dont la remyélinisation. Ari Green : Directeur clinique adjoint du centre SEP à l’université de San Francisco (USA), étudie le nerf optique et les relations entre inflammation, démyélinisation et neurodégénérescence sur les atteintes des fibres nerveuses du cerveau dans la SEP. Valentina Fossati : Chercheure au New York Stem Cell Foundation. Elle utilise des fragments de peau issues de personnes atteintes de sclérose en plaques afin d’étudier les oligodendrocytes affectés par la maladie. Elle s’est aussi intéressée au développement du système immunitaire et aux cellules souches embryonnaires. Bernard Zalc : Chercheur en neurosciences, ancien directeur du centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris, il étudie le développement des oligodendrocytes et en particulier la migration des cellules précurseurs d’oligodendrocytes dans différents modèles animaux. âgé est associée à une diminution d’expression des gènes impliqués dans la transformation de la vitamine A. Si cette transformation est bloquée chez l’animal jeune, l’élimination des débris de myéline diminue. Elle peut être augmentée chez l’animal âgé en utilisant des molécules spécifiques redonnant aux macrophages un profil de sujet jeune. Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. Un essai clinique utilisant cette molécule spécifique a été initié chez 50 patients avec une SEP rémittente sous traitement par interféronß afin d’en évaluer l’efficacité et la tolérance. Ari GREEN (San Francisco, USA) Clémastine : de la découverte aux essais cliniques. Restaurer la gaine de myéline est un objectif thérapeutique important pour la prévention du déficit fonctionnel et du handicap à long terme. Un système d’étude utilisant des microfibres de verre de forme conique comme leurre à la présence de l’axone a pu être automatisé pour fournir un test permettant le tri à grande échelle Ari Green de molécules potentiellement efficaces pour promouvoir la remyélinisation. Ce test a permis d’identifier des composés capables de stimuler la différenciation des cellules précurseurs d’oligodendrocytes et la remyélinisation. Parmi ceuxci, la clémastine a montré la meilleure efficacité. Après confirmation de ces effets bénéfiques chez l’animal, cette molécule a été utilisée dans un essai clinique randomisé de phase II chez 50 patients atteints soit de SEP soit de neuromyélite optique. Dans cet essai croisé comparant en parallèle clémastine et placebo, la clémastine s’est révélée efficace pour la remyélinisation et la fonction visuelle, en revanche, il n’a pas été mis en évidence d’effet sur les données de l’IRM. Valentina FOSSATI (New-York, USA) SEP progressive et cellules pluripotentes induites. souches Les causes de la neurodégénérescence dans la SEP sont encore mal connues, en particulier parce qu’il est difficile de mener des études sur les cellules neuronales ou gliales humaines. Des avancées concernant les Valentina FOSSATI cellules souches ont permis de reprogrammer des cellules somatiques (constituant l’immense majorité des cellules d’un organisme à l’exception des cellules germinale) vers un état dans lequel les cellules sont capables de donner naissance à toutes les variétés cellulaires de l’organisme, sans pouvoir donner un individu entier. En utilisant un système robotisé, il est possible de produire des cellules souches pluripotentes de manière rapide et très reproductible et de les reprogrammer en différents types cellulaires (astrocytes, microglie, précurseurs d’oligodendrocytes). Des cellules provenant de personnes atteintes de SEP progressive ou rémittente ont été reprogrammées en cellules souches pluripotentes et utilisées pour étudier les mécanismes qui sous tendent la neurodégénération et le potentiel de remyélinisation de ces cellules souches issues de biopsies de personnes atteintes de SEP. Ces cellules permettront également de tester les molécules favorisant la remyélinisation avec le système d’étude utilisant des microfibres de verre et des cellules de patients. Bernard ZALC (Paris, France) Un autre modèle de remyélinisation utilise des têtards modifiés génétiquement pour permettre l’ablation conditionnelle des oligodendrocytes myélinisants. La remyélinisation peut être grandement accélérée en ajouBernard ZALC tant des molécules actives dans l’eau, ce qui fournit un test de screening à grande échelle in vivo. Plusieurs molécules ont ainsi été testées, notamment celles citées au cours des présentations précédentes, mais aussi des immunomodulateurs qui interagissent avec des récepteurs présents sur les lymphocytes T et B. par Martine SINET chercheur ScienSAs congrès NMO : neuromyélite optique de devic scientifique sep 2016 La neuromyélite optique : une meilleure définition pour une meilleure prise en charge. Jérôme de SEZE (Strasbourg, France) Le spectre de la NMO : des anticorps à la clinique. La neuromyélite optique (NMO) est une pathologie inflammatoire et démyélinisante touchant la moelle épinière et les nerfs optiques. Elle a été longtemps confondue avec une forme atypique de SEP. Cette maladie s’en distingue par la présence dans le sérum de la plupart des patients (environ 65%) d’anticorps Jérôme de SEZE dirigés spécifiquement contre un "canal à eau" transmembranaire nommé aquaporine-4 (AQP4)) et fortement exprimée dans les astrocytes. La NMO est une maladie rare et sévère, le sexe ratio est de trois femmes pour un homme. Sans traitement adapté, l’évolution est rapidement péjorative et conduit à la cécité et/ou à un handicap moteur majeur pour la moitié des patients après 5 ans d’évolution en moyenne. Plusieurs formes de neuromyélite optique sont maintenant décrites conduisant à réviser les critères diagnostiques en 2006 puis en 2015 et à parler de maladies appartenant au spectre de la NMO. Les manifestations cliniques sont variées : névrite optique, myélite aiguë, syndrome de l’area postrema (zone du cerveau dont l’excitation déclenche le vomissement), atteinte du tronc cérébral, syndrome encéphalique avec lésions visibles à l’IRM, narcolepsie symptomatique. Il existe des formes partielles, des formes pédiatriques et des formes associées à une maladie auto-immune systémique. Le diagnostic est établi lorsqu’il existe au moins une manifestation clinique chez les personnes positives pour l’anticorps dirigé contre Présentation des speakers Jérôme de Sèze : Professeur de neurologie au CHU de Strasbourg spécialisé dans la sclérose en plaques et la NMO, il est également coordonnateur scientifique du réseau de santé alSacEP et membre du comité scientifique de la Fondation ARSEP. Romain Marignier : Neurologue et chercheur en neuro-immunologie à l’hôpital neurologique de Lyon, il est spécialisé dans la neuromyélite optic de Devic (NMO) et les anticorps, coordinateur de l’étude NOMADMUS. Angela Vincent : Professeure émérite à l’Université d’Oxford (RoyaumeUni), elle étudie le rôle de l’auto-immunité dans les maladies neurologiques, comme la sclérose en plaques et les auto-anticorps. l’aquaporine-4, ou 2 manifestations cliniques avec lésions IRM (en rapport avec la clinique) chez les personnes n’ayant pas d’anticorps dirigés contre l’aquaporine-4. Récemment, un nouvel anticorps dirigé contre la MOG (Myelin Oligodendrocyte Protein) a été caractérisé chez 10 à 15% des personnes ayant une NMO mais n’ayant pas d’anticorps dirigés contre l’aquaporine-4. Les deux anticorps ne sont pas présents simultanément chez la même personne. La forme clinique de la NMO des personnes ayant des anticorps dirigés contre la MOG serait plus fréquente chez l’homme que chez la femme et elle serait moins sévère que chez les personnes ayant des anticorps dirigés contre l’aquaporine-4 ou n’ayant aucun anticorps dirigés contre l’aquaporine et la MOG. Concernant les traitements de fond, il est important de distinguer la neuromyélite optique de la sclérose en plaques car les traitements immunomodulateurs préconisés dans la SEP comme les interférons ß, le natalizumab, le fingolimod peuvent être délétères dans la NMO. Le traitement de la NMO privilégie actuellement les immunosuppresseurs tels que l’azathioprine, le mycophénolatemophétil, ou le méthotrexate. Romain MARIGNIER (Lyon, France) Mécanismes physiopathologiques des maladies appartenant au spectre de la NMO. La NMO est une maladie de l’astrocyte (variété de cellule formant le tissu de soutien du système nerveux central et contrôlant la barrière hémato-encéphalique. Elle joue un rôle de soutien métabolique, nutritionnel et mécanique et participe à la réparation du tissu nerveux en Romain MARIGNIER cas de lésion), associée à une inflammation du système nerveux central, une démyélinisation et une atteinte neuronale. Indépendamment du processus neuroinflammatoire, les auto-anticorps dirigés contre l’aquaporine-4 jouent un rôle central dans l’atteinte astrocytaire par un mécanisme immunitaire de cytotoxicité. Différents mécanismes de lésions cellulaires ont récemment été élucidés. Ainsi, la présence des autoanticorps entraînerait une pathologie des astrocytes induite par les cellules du système immunitaire et entre autre le système immunitaire inné. Les lésions astrocytaires pourraient également être induite par la liaison directe de l’anticorps sur son antigène présent sur les astrocytes. Ce 2ème mécanisme expliquerait la présence d’un phénomène réversible de déficit fonctionnel de l’astrocyte. Les mécanismes de perméabilisation de la barrière hémato-encéphalique sont encore discutés. La mise en évidence d’un ensemble de globules blancs dans le liquide céphalo-rachidien suggère que ces cellules pourraient contribuer à l’augmentation de la perméabilité de la barrière, à la pénétration des anticorps et à la succession des évènements délétères. Angela VINCENT (Oxford, United Kingdom) Les anticorps dans le spectre de la NMO. Différentes techniques sont disponibles pour mettre en évidence la présence d’anticorps anti-AQP4 ou anti-MOG dans le sérum des malades atteints de NMO. Angela VINCENT Elles utilisent l’immunofluores-cence ou des tests cellulaires. Une étude multicentrique européenne a montré une bonne concordance dans les résultats de ces différents tests avec une meilleure sensibilité et spécificité pour les tests cellulaires. Cette étude met en avant également qu’il est préférable d’associer plusieurs tests pour mettre en évidence la présence des anticorps. Seuls 65% des patients atteints de neuromyélite optic de Devic (NMO) ont des anticorps dirigés contre l’aquaporine-4, une proportion variable de ces patients ont des anticorps dirigés contre la MOG, leur phénotype clinique est également plus diversifié. par Martine SINET chercheur ScienSAs congrès scientifiques sep 2016 communications orales courtes L’opportunité est donnée à de jeunes chercheurs soutenus par la Fondation ARSEP de présenter oralement leurs travaux de recherche à la communauté scientifique internationale. Les présentations sont sélectionnées par le Jury du congrès à partir des résumés reçus. Les travaux les plus pertinents et les plus prometteurs sont retenus. Xavier Ayrignac (Montpellier, France) L’analyse depuis 2007 de 600 personnes avec des formes atypiques de sclérose en plaques a permis de répartir les personnes atteintes de sclérose en plaques en 4 groupes. Ce travail vise à définir la fréquence relative des différentes formes de sclérose en plaqyes dans le large spectre des pathologies démyélinisantes. Antoine FOURNIER (Caen, France) Cette intervention, concernant les interactions entre les maladies inflammatoires du tube digestif et les lésions cérébrales a reçu le prix de la meilleure communication orale courte. L’effet du stress a été étudié dans un modèle murin de sclérose en plaques, en utilisant l’imagerie IRM pour révéler l’inflammation du tube digestif. Les résultats montrent que les souris malades sont plus sensibles à la colite que les souris témoins et que le stress digestif entraîne une augmentation de l’incidence des poussées. Ces résultats suggèrent que le contrôle du stress et de l’inflammation intestinale pourrait contribuer à limiter la survenue des poussées au cours de la sclérose en plaques. interview du chercheur dans ce document. Julien GRENIER (Paris, France) Dans cette étude, il a été démontré que l’exercice physique (nage ou course) chez des souris portant des lésions de démyélinisation induites par une toxine était bénéfique. L’exercice physique empêche la perte de myéline, atténue également le déficit neurologique et augmente le nombre d’oligodendrocytes précurseurs. Anne KERBRAT (Rennes, France) Les macrophages, cellules du système immunitaire, sont des éléments importants dans le processus inflammatoire de la sclérose en plaques, intimement liés à la perte axonale. L’infiltration par les macrophages peut être examinée de manière dynamique in vivo en utilisant l’USPIO (ultra-small super paramagnetic ironoxide) comme agent de contraste pour l’imagerie IRM. Les modifications de microstructure sont examinées en parallèle grâce à l’IRM quantitative. Pour décrire la dynamique de l’infiltration par les macrophages et caractériser la relation entre cette infiltration et les modifications des microstructures tissulaires, une étude longitudinale sur une période de 1 an après le premier épisode inflammatoire a été menée chez 15 malades non traités. Les résultats montrent une infiltration massive par les monocytes sanguins (appartenant aux globules blancs) associée à une perte de structure initiale importante. L’infiltration par les macrophages est transitoire et variable selon les lésions. Une infiltration plus intense et plus durable est associée à des lésions tissulaires plus importantes. Antoine LIZEE (San Francisco, USA and Nantes, France): Cette étude décrit une méthode d’analyse prédictive en utilisant l’apprentissage automatique à partir de données collectées chez 484 patients atteints de sclérose en plaques de la cohorte de San Francisco (USA) comptabilisant près de 3 000 visites. Ces données ont permis de classer les malades en 2 groupes : • stables sur 2 ans • progressifs. L’analyse utilisant cette approche fournit une valeur prédictive de l’évolution meilleure que celle des approches classiques. Céline MEYER (Toulouse, France) Au cours de la sclérose en plaques il existe une infiltration du système nerveux central par des cellules immunes. Des macrophages et des lymphocytes T sont recrutés pendant les phases précoces de formation des lésions au niveau de la substance blanche. Les mécanismes de pénétration des lymphocytes T dans le système nerveux central ne sont pas complètement élucidés. Ils pourraient impliquer la présence d’antigènes au niveau du tissu cérébral. Dans un modèle murin permettant de sur-exprimer un antigène à la surface des cellules de la barrière hémato-encéphalique, il a été montré que des lymphocytes T cytotoxiques spécifiques sont capables de migrer vers le système nerveux central et d’y exercer leurs fonctions effectrices en prenant part à la formation des lésions. par Martine SINET chercheur ScienSAs interview prix fondation arsep Antoine Fournier prix Fondation ARSEP de la meilleure présentation orale. “J’ai été très touché par l’espoir que représente la recherche pour les malades. A ce moment j’ai su que j’avais trouvé ma voie !” Quel est votre parcours et pourquoi avez-vous choisi de mener des recherches sur la SEP ? Mon parcours est très classique : après avoir obtenu un bac scientifique à Granville (Manche), je me suis orienté vers une licence de biologie à Caen, suivi d’un master en neurosciences. Depuis le lycée je souhaite devenir chercheur, cependant le choix de la sclérose en plaques s’est fait lors de ma première année de master. A cette époque, le développement de la thématique de recherche sur la sclérose en plaques commençait tout juste à Caen avec la jeune équipe de Fabian Docagne. Je me suis dit, pourquoi ne pas apprendre de nouvelles choses ? J’ai alors participé avec Richard Macrez (aujourd’hui mon co-encadrant de thèse) à ma première rencontre entre malades et chercheurs organisée par la Fondation ARSEP. J’ai été très touché par l’espoir que représente la recherche pour les malades. A ce moment j’ai su que j’avais trouvé ma voie ! Résumez nous votre projet ? Je travaille sur l’influence de l’intestin sur le cerveau et la moelle épinière dans un modèle animal de sclérose en plaques. Pour cela j’utilise beaucoup l’IRM moléculaire afin de visualiser et quantifier l’inflammation. L’équipe du projet montré que les souris souffraient d’une importante inflammation intestinale au moment des poussées. En parallèle nous avons montré qu’un stress aigu double le nombre de poussées de ces souris. Notre hypothèse est qu’un stress aigu provoque des perturbations intestinales à l’origine de l’augmentation du risque de survenue des poussées. Ce projet n’en est qu’à ses débuts, il reste encore des questions auxquelles nous devons répondre.. Quelles avancées votre projet apporte-t-il à la SEP ? Ce projet pourrait apporter de nouvelles avancées dans la prise en charge clinique des malades atteints de sclérose en plaques. En effet, nous montrons que la composante intestinale joue un rôle important dans la SEP. Il ne faut donc pas la négliger. Il existe des pro/prebiotiques connus pour exercer des effets bénéfiques sur l’intestin. Ces derniers pourraient donc s’avérer efficaces dans la sclérose en plaques. De plus, dans ce projet, nous avons développé une technique d’IRM moléculaire de l’inflammation qui pourrait s’avérer utile dans le diagnostic de la sclérose en plaques mais également dans la prédiction des poussées et dans le suivi de la réponse des malades aux traitements. Que représente pour vous ce prix ? C’est une grande fierté pour moi d’être récompensé par la Fondation ARSEP. Ce prix témoigne du grand intérêt que porte la communauté scientifique et médicale à mon projet et me pousse à poursuivre mes recherches sur l’axe intestin-cerveau. Un mot pour les patients, leurs proches, et les donateurs de la Fondation ARSEP ? J’aimerais faire part de toute mon admiration aux malades qui se battent au quotidien contre leur maladie. Il est important qu’ils ne se sentent pas seuls : tous les jours, dans le monde entier, des milliers de scientifiques et de médecins travaillent ensemble dans le but de mieux comprendre la sclérose en plaques et d’améliorer les conditions de vie des malades qui en sont atteints. Bien sûr je souhaite également remercier la Fondation ARSEP ainsi que tous les donateurs sans qui ces recherches ne seraient pas possibles. interview prix fondation arsep Séverine Bezie prix Fondation ARSEP du meilleur poster de recherche. “je suis impressionnée par notre capacité à intervenir aujourd’hui sur un système si complexe qu’est le système immunitaire et je suis convaincue du potentiel d’une thérapie cellulaire par les lymphocytes T régulateurs ”. Parlez-nous de votre travail sur « les cellules T régulatrices CD8+CD45RClow IFNγ+IL10+ dont la fonction est altérée chez les personnes atteintes de SEP » et pour lequel vous venez de recevoir un prix. Ces cellules immunitaires qui jouent un rôle dans la tolérance, grâce à leur potentiel suppresseur sont étudiées depuis plusieurs années chez le rat, mais leur rôle chez l’Homme et notamment dans le contexte de la SEP est peu connu. Le but de mon projet est d’analyser la fréquence et la fonction de ces lymphocytes T régulateurs dans le sang périphérique chez les personnes atteintes de SEP. Après les avoir caractérisé dans une population témoin, nous les avons étudiés chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. Nous avons ainsi pu observer une altération de leur potentiel suppresseur chez les personnes malades qui était non seulement corrélée à la sévérité de la maladie, mais aussi associée à un défaut de sécrétion en cytokines régulatrices et de migration de ces cellules vers les lésions cérébrales. Ces résultats suggèrent qu’un défaut dans le fonctionnement des cellules T régulatrices pourrait contribuer au développement de la maladie. Quel est l’enjeu de vos recherches ? Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que les lymphocytes T régulateurs pourraient être utilisés comme "outils diagnostique et thérapeutique" chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. En effet, leur analyse permettrait de suivre l’évolution de la maladie par une simple prise de sang. Par ailleurs, nous avons développé un protocole pour cultiver ex vivo les lymphocytes T régulateurs isolés du sang de volontaires sains afin de multiplier par 1 000 le nombre de lymphocytes en 2 semaines, et d’augmenter le potentiel suppresseur des cellules. L’injection d’un nombre important de ces lymphocytes dont la fonction est amplifiée permettrait de maîtriser la réponse immune responsable de la SEP. Vous êtes "post doctorante", qu’est-ce que cela signifie par rapport au projet de recherche ? Le laboratoire Inserm de Nantes regroupe 174 personnes, dont 25 chercheurs statutaires, et autant de thématiques de recherche. Avant de travailler sur ce projet, j’ai effectué une thèse portant sur la caractérisation de molécules immunorégulatrices dans un modèle de transplantation chez le rat. Durant mon post-doctorat, je transpose cette étude à l’Homme. Le projet de recherche que je mène est le résultat de la collaboration entre Carole Guillonneau, chargée de recherche spécialiste de l’immunologie des cellules T régulatrices et le Pr David-Axel Laplaud, praticien hospitalier et spécialiste de la sclérose en plaques. Notre expérience des lymphocytes T régulateurs et de la sclérose en plaques ainsi que la coopération des patients permettront des avancées rapides sur ce projet. Notre objectif premier est de développer une thérapie cellulaire utilisant les lymphocytes T régulateurs pour prévenir du rejet de greffe. En quoi votre projet peut-il faire avancer la recherche sur la sclérose en plaques et donc aider le malade ? Si les résultats se confirment, nous espérons détecter à un niveau précoce le développement de la maladie et intervenir efficacement. Le traitement que nous souhaiterions développer consisterait, pour le patient, en une prise de sang, puis une injection de cellules deux semaines plus tard par voie intraveineuse. Les cellules T régulatrices devraient ensuite suffire pour maitriser la réponse autoimmune à long terme, en absence d’autre traitement. Les essais cliniques actuels de thérapie cellulaire en transplantation sont prometteurs. Par ailleurs, nous envisageons des traitements d’induction des lymphocytes T régulateurs in vivo, par exemple par l’injection de l’interleukine 34 chez la personne atteinte de SEP. Avec le soutien de la Fondation ARSEP, la disponibilité des patients, l’ensemble des données obtenues dans la sclérose en plaques et la transplantation, nous pourrions développer une thérapie d’ici 5 ans. Qu’est-ce-qui vous passionne le plus dans votre travail ? D’un point de vue scientifique, je suis impressionnée par notre capacité à intervenir aujourd’hui sur un système si complexe qu’est le système immunitaire et je suis convaincue du potentiel d’une thérapie cellulaire par les lymphocytes T régulateurs. Utiliser nos propres mécanismes de régulation naturelle pour contrôler une réponse autoimmune ou pour empêcher le rejet d’un organe lors d’une transplantation me semble être la meilleure option pour permettre aux malades de reprendre le contrôle de leur système immunitaire et de vaincre leur maladie, ou au moins de soulager leur quotidien et d’améliorer leur qualité de vie. Le mot de la fin ? Je remercie la Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques de m’avoir attribué ce prix qui conforte la qualité des résultats obtenus dans ce projet et me motive à poursuivre mes recherches. Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques 14 rue Jules Vanzuppe - 94200 Ivry sur Seine Tél : 01 43 90 39 39 - www.arsep.org Facebook : ARSEPfondation - Twitter : @fondationarsep copyright photos : Fondation ARSEP | Gaël Kazaz