Points forts

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points forts
du congrès scientifique 2016
remyélinisation
des avancées importantes
nmo spectrum
le spectre des anticorps
les prix arsep
2 jeunes chercheurs
primés lors du congrès
La Conférence François Lhermitte organisée par la Fondation ARSEP est destinée aux professionnels de la
santé et de la recherche qui s’intéressent à la sclérose en plaques. Elle réunit près de 200 participants. Ce
rendez-vous annuel, unique en France, permet en une journée d’aborder deux thématiques spécifiques dans
lesquelles les avancées de la recherche dans le domaine de la SEP et des maladies apparentées sont les plus
pertinentes.
C’est l’occasion pour les plus grands spécialistes français et étrangers de se réunir pour partager avec les
chercheurs français et européens leurs récentes découvertes et leurs objectifs.
Cette journée permet également aux nombreux chercheurs, doctorants et post-doctorants soutenus par la
Fondation ARSEP de présenter l’avancée de leurs travaux par des communications orales courtes ou des posters
affichés. Enfin, cette journée permet à tous les participants d’échanger leurs connaissances, de partager leurs
expériences, d’énoncer de nouvelles hypothèses et d’établir des collaborations.
La 25ème Conférence François Lhermitte de la Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques, réunissant
cliniciens et chercheurs fondamentaux, s’est tenue le 27 mai dernier à l’institut des Cordeliers à Paris. Lors de
cette journée, 2 thèmes majeurs ont été abordés : les mécanismes de la remyélinisation dans la sclérose en
plaques et la neuromyélite optique de Devic.
congrès
REMYélinisation
scientifique sep 2016
Réparation de la myéline
dans la SEP :
L’espoir de nouvelles voies
thérapeutiques.
Robin JM FRANKLIN
(Cambridge, United Kingdom)
Remyélinisation et système immunitaire
La remyélinisation peut être un processus de réparation très efficace.
Il est dirigé par une population de
cellules précurseurs nommées oligodendrocytes précurseurs (OPCs pour
"Oligodendrocyte Precursor Cells") largement distribuées dans le système
nerveux central mais dont la capacité à
Robin FRANKLIN
se différencier et à migrer dépend aussi
de leur localisation dans le cerveau.
Au cours de la sclérose en plaques, la remyélinisation
est inconstante et la perte de l’intégrité et des capacités
fonctionnelles de l’axone démyélinisé fait du processus de
remyélinisation un objectif thérapeutique majeur.
Les travaux menés ces dernières années démontrent le rôle
majeur des macrophages, cellules du système immunitaire
inné, dans le processus de remyélinisation. Un certain nombre
d’arguments plaide en faveur du vieillissement (l’avancée en
âge) comme facteur limitant les capacités de remyélinisation.
Cet effet est en partie dû à une perte des capacités d’élimination
des débris de myéline lors de la démyélinisation, débris
contenant des substrats qui bloquent la différenciation des
oligodendrocytes précurseurs.
Une remyélinisation efficace chez le jeune animal est associée
à l’activité spécifique de certaines cellules immunitaires qui
induit la disparition des débris de myéline. Cette activité est
très diminuée chez l’animal âgé.
Différents facteurs exprimés par les cellules de l’immunité
innée ou impliqués dans la biologie des cellules souches
interviennent dans la régulation de la différenciation des
cellules précurseurs d’oligodendrocytes. La diminution des
capacités à éliminer la myéline par les macrophages de l’animal
Présentation des speakers
Robin Franklin :
Chercheur et professeur, dirige le Centre sur la SEP
à Cambridge (Angleterre). Il étudie la réparation
de la myéline et travaille sur les mécanismes de la
régénération du système nerveux central dont la
remyélinisation.
Ari Green :
Directeur clinique adjoint du centre SEP à l’université
de San Francisco (USA), étudie le nerf optique et les
relations entre inflammation, démyélinisation et
neurodégénérescence sur les atteintes des fibres
nerveuses du cerveau dans la SEP.
Valentina Fossati :
Chercheure au New York Stem Cell Foundation. Elle
utilise des fragments de peau issues de personnes
atteintes de sclérose en plaques afin d’étudier les
oligodendrocytes affectés par la maladie. Elle s’est
aussi intéressée au développement du système
immunitaire et aux cellules souches embryonnaires.
Bernard Zalc :
Chercheur en neurosciences, ancien directeur du
centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la
moelle épinière à Paris, il étudie le développement
des oligodendrocytes et en particulier la migration
des cellules précurseurs d’oligodendrocytes dans
différents modèles animaux.
âgé est associée à une diminution d’expression
des gènes impliqués dans la transformation de la
vitamine A. Si cette transformation est bloquée chez
l’animal jeune, l’élimination des débris de myéline
diminue. Elle peut être augmentée chez l’animal âgé
en utilisant des molécules spécifiques redonnant aux
macrophages un profil de sujet jeune.
Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles
approches thérapeutiques. Un essai clinique
utilisant cette molécule spécifique a été initié
chez 50 patients avec une SEP rémittente sous
traitement par interféronß afin d’en évaluer
l’efficacité et la tolérance.
Ari GREEN
(San Francisco, USA)
Clémastine : de la découverte aux essais
cliniques.
Restaurer la gaine de myéline est un objectif
thérapeutique important pour la prévention
du déficit fonctionnel et du
handicap à long terme.
Un système d’étude utilisant
des microfibres de verre de
forme conique comme leurre à
la présence de l’axone a pu être
automatisé pour fournir un test
permettant le tri à grande échelle
Ari Green
de molécules potentiellement
efficaces pour promouvoir la remyélinisation. Ce
test a permis d’identifier des composés capables de
stimuler la différenciation des cellules précurseurs
d’oligodendrocytes et la remyélinisation. Parmi ceuxci, la clémastine a montré la meilleure efficacité. Après
confirmation de ces effets bénéfiques chez l’animal,
cette molécule a été utilisée dans un essai clinique
randomisé de phase II chez 50 patients atteints soit
de SEP soit de neuromyélite optique.
Dans cet essai croisé comparant en parallèle
clémastine et placebo, la clémastine s’est révélée
efficace pour la remyélinisation et la fonction
visuelle, en revanche, il n’a pas été mis en évidence
d’effet sur les données de l’IRM.
Valentina FOSSATI
(New-York, USA)
SEP progressive et cellules
pluripotentes induites.
souches
Les causes de la neurodégénérescence dans la SEP sont
encore mal connues, en
particulier parce qu’il est
difficile de mener des études
sur les cellules neuronales ou
gliales humaines.
Des avancées concernant les
Valentina FOSSATI
cellules souches ont permis de
reprogrammer des cellules somatiques (constituant
l’immense majorité des cellules d’un organisme à
l’exception des cellules germinale) vers un état dans
lequel les cellules sont capables de donner naissance
à toutes les variétés cellulaires de l’organisme, sans
pouvoir donner un individu entier. En utilisant un
système robotisé, il est possible de produire des cellules souches pluripotentes de manière rapide et très
reproductible et de les reprogrammer en différents
types cellulaires (astrocytes, microglie, précurseurs
d’oligodendrocytes).
Des cellules provenant de personnes atteintes de SEP
progressive ou rémittente ont été reprogrammées
en cellules souches pluripotentes et utilisées
pour étudier les mécanismes qui sous tendent la
neurodégénération et le potentiel de remyélinisation
de ces cellules souches issues de biopsies de
personnes atteintes de SEP.
Ces cellules permettront également de tester
les molécules favorisant la remyélinisation avec
le système d’étude utilisant des microfibres de
verre et des cellules de patients.
Bernard ZALC
(Paris, France)
Un autre modèle de remyélinisation utilise des têtards
modifiés génétiquement pour
permettre l’ablation conditionnelle des oligodendrocytes myélinisants.
La remyélinisation peut être
grandement accélérée en ajouBernard ZALC
tant des molécules actives dans
l’eau, ce qui fournit un test de screening à grande
échelle in vivo.
Plusieurs molécules ont ainsi été testées, notamment celles citées au cours des présentations précédentes, mais aussi des immunomodulateurs qui
interagissent avec des récepteurs présents sur les
lymphocytes T et B.
par Martine SINET
chercheur ScienSAs
congrès
NMO :
neuromyélite
optique de devic
scientifique sep 2016
La neuromyélite optique :
une meilleure définition
pour une meilleure prise en
charge.
Jérôme de SEZE
(Strasbourg, France)
Le spectre de la NMO : des anticorps à la clinique.
La neuromyélite optique (NMO) est une
pathologie inflammatoire et démyélinisante touchant la moelle épinière et
les nerfs optiques. Elle a été longtemps
confondue avec une forme atypique de
SEP. Cette maladie s’en distingue par la
présence dans le sérum de la plupart
des patients (environ 65%) d’anticorps
Jérôme de SEZE
dirigés spécifiquement contre un "canal
à eau" transmembranaire nommé aquaporine-4 (AQP4)) et
fortement exprimée dans les astrocytes. La NMO est une maladie rare et sévère, le sexe ratio est de trois femmes pour un
homme. Sans traitement adapté, l’évolution est rapidement
péjorative et conduit à la cécité et/ou à un handicap moteur
majeur pour la moitié des patients après 5 ans d’évolution en
moyenne.
Plusieurs formes de neuromyélite optique sont maintenant
décrites conduisant à réviser les critères diagnostiques en
2006 puis en 2015 et à parler de maladies appartenant au
spectre de la NMO.
Les manifestations cliniques sont variées : névrite optique,
myélite aiguë, syndrome de l’area postrema (zone du cerveau
dont l’excitation déclenche le vomissement), atteinte du
tronc cérébral, syndrome encéphalique avec lésions visibles
à l’IRM, narcolepsie symptomatique. Il existe des formes
partielles, des formes pédiatriques et des formes associées
à une maladie auto-immune systémique. Le diagnostic est
établi lorsqu’il existe au moins une manifestation clinique
chez les personnes positives pour l’anticorps dirigé contre
Présentation des speakers
Jérôme de Sèze :
Professeur de neurologie au CHU de Strasbourg
spécialisé dans la sclérose en plaques et la NMO, il est
également coordonnateur scientifique du réseau de
santé alSacEP et membre du comité scientifique de la
Fondation ARSEP.
Romain Marignier :
Neurologue et chercheur en neuro-immunologie à
l’hôpital neurologique de Lyon, il est spécialisé dans
la neuromyélite optic de Devic (NMO) et les anticorps,
coordinateur de l’étude NOMADMUS.
Angela Vincent :
Professeure émérite à l’Université d’Oxford (RoyaumeUni), elle étudie le rôle de l’auto-immunité dans
les maladies neurologiques, comme la sclérose en
plaques et les auto-anticorps.
l’aquaporine-4, ou 2 manifestations cliniques avec
lésions IRM (en rapport avec la clinique) chez les
personnes n’ayant pas d’anticorps dirigés contre
l’aquaporine-4.
Récemment, un nouvel anticorps dirigé contre
la MOG (Myelin Oligodendrocyte Protein) a été
caractérisé chez 10 à 15% des personnes ayant une
NMO mais n’ayant pas d’anticorps dirigés contre
l’aquaporine-4. Les deux anticorps ne sont pas
présents simultanément chez la même personne. La
forme clinique de la NMO des personnes ayant des
anticorps dirigés contre la MOG serait plus fréquente
chez l’homme que chez la femme et elle serait moins
sévère que chez les personnes ayant des anticorps
dirigés contre l’aquaporine-4 ou n’ayant aucun
anticorps dirigés contre l’aquaporine et la MOG.
Concernant les traitements de fond, il est
important de distinguer la neuromyélite optique
de la sclérose en plaques car les traitements
immunomodulateurs préconisés dans la SEP
comme les interférons ß, le natalizumab, le
fingolimod peuvent être délétères dans la NMO.
Le traitement de la NMO privilégie actuellement
les immunosuppresseurs tels que l’azathioprine,
le mycophénolatemophétil, ou le méthotrexate.
Romain MARIGNIER
(Lyon, France)
Mécanismes physiopathologiques des maladies appartenant au spectre de la NMO.
La NMO est une maladie de l’astrocyte (variété
de cellule formant le tissu de
soutien du système nerveux
central et contrôlant la barrière
hémato-encéphalique.
Elle joue un rôle de soutien
métabolique, nutritionnel et
mécanique et participe à la
réparation du tissu nerveux en
Romain MARIGNIER
cas de lésion), associée à une
inflammation du système nerveux central, une
démyélinisation et une atteinte neuronale.
Indépendamment du processus neuroinflammatoire,
les auto-anticorps dirigés contre l’aquaporine-4
jouent un rôle central dans l’atteinte astrocytaire
par un mécanisme immunitaire de cytotoxicité.
Différents mécanismes de lésions cellulaires ont
récemment été élucidés. Ainsi, la présence des autoanticorps entraînerait une pathologie des astrocytes
induite par les cellules du système immunitaire et
entre autre le système immunitaire inné. Les lésions
astrocytaires pourraient également être induite par la
liaison directe de l’anticorps sur son antigène présent
sur les astrocytes. Ce 2ème mécanisme expliquerait
la présence d’un phénomène réversible de déficit
fonctionnel de l’astrocyte. Les mécanismes de
perméabilisation de la barrière hémato-encéphalique
sont encore discutés.
La mise en évidence d’un ensemble de globules
blancs dans le liquide céphalo-rachidien
suggère que ces cellules pourraient contribuer à
l’augmentation de la perméabilité de la barrière,
à la pénétration des anticorps et à la succession
des évènements délétères.
Angela VINCENT
(Oxford, United Kingdom)
Les anticorps dans le spectre de la NMO.
Différentes techniques sont disponibles pour mettre en évidence la présence d’anticorps anti-AQP4 ou
anti-MOG dans le sérum des malades atteints de NMO.
Angela VINCENT
Elles utilisent l’immunofluores-cence ou des tests cellulaires. Une étude multicentrique
européenne a montré une bonne concordance dans les résultats de ces différents tests
avec une meilleure sensibilité et spécificité pour les tests cellulaires. Cette étude met en
avant également qu’il est préférable d’associer plusieurs tests pour mettre en évidence la
présence des anticorps.
Seuls 65% des patients atteints de neuromyélite optic de Devic (NMO) ont des anticorps
dirigés contre l’aquaporine-4, une proportion variable de ces patients ont des anticorps
dirigés contre la MOG, leur phénotype clinique est également plus diversifié.
par Martine SINET
chercheur ScienSAs
congrès
scientifiques sep 2016
communications orales courtes
L’opportunité est donnée à de jeunes chercheurs soutenus par la Fondation
ARSEP de présenter oralement leurs travaux de recherche à la communauté
scientifique internationale.
Les présentations sont sélectionnées par le Jury du congrès à partir des
résumés reçus. Les travaux les plus pertinents et les plus prometteurs sont
retenus.
Xavier Ayrignac
(Montpellier, France)
L’analyse depuis 2007 de 600 personnes avec des formes atypiques de
sclérose en plaques a permis de répartir les personnes atteintes de sclérose
en plaques en 4 groupes.
Ce travail vise à définir la fréquence relative des différentes formes de sclérose
en plaqyes dans le large spectre des pathologies démyélinisantes.
Antoine FOURNIER
(Caen, France)
Cette intervention, concernant les interactions entre les
maladies inflammatoires du tube digestif et les lésions
cérébrales a reçu le prix de la meilleure communication orale courte.
L’effet du stress a été étudié dans un modèle murin de sclérose en plaques,
en utilisant l’imagerie IRM pour révéler l’inflammation du tube digestif.
Les résultats montrent que les souris malades sont plus sensibles à la colite
que les souris témoins et que le stress digestif entraîne une augmentation
de l’incidence des poussées.
Ces résultats suggèrent que le contrôle du stress et de l’inflammation
intestinale pourrait contribuer à limiter la survenue des poussées au cours
de la sclérose en plaques.
interview du chercheur dans ce document.
Julien GRENIER
(Paris, France)
Dans cette étude, il a été démontré que l’exercice physique (nage ou course)
chez des souris portant des lésions de démyélinisation induites par une
toxine était bénéfique.
L’exercice physique empêche la perte de myéline, atténue également le déficit
neurologique et augmente le nombre d’oligodendrocytes précurseurs.
Anne KERBRAT
(Rennes, France)
Les macrophages, cellules du système immunitaire, sont des éléments
importants dans le processus inflammatoire de la sclérose en plaques,
intimement liés à la perte axonale.
L’infiltration par les macrophages peut être examinée de manière dynamique
in vivo en utilisant l’USPIO (ultra-small super paramagnetic ironoxide) comme
agent de contraste pour l’imagerie IRM. Les modifications de microstructure
sont examinées en parallèle grâce à l’IRM quantitative.
Pour décrire la dynamique de l’infiltration par les macrophages et caractériser
la relation entre cette infiltration et les modifications des microstructures
tissulaires, une étude longitudinale sur une période de 1 an après le premier
épisode inflammatoire a été menée chez 15 malades non traités.
Les résultats montrent une infiltration massive par les monocytes sanguins (appartenant aux globules
blancs) associée à une perte de structure initiale importante. L’infiltration par les macrophages est
transitoire et variable selon les lésions. Une infiltration plus intense et plus durable est associée à des
lésions tissulaires plus importantes.
Antoine LIZEE
(San Francisco, USA and Nantes, France):
Cette étude décrit une méthode d’analyse prédictive en utilisant
l’apprentissage automatique à partir de données collectées chez 484
patients atteints de sclérose en plaques de la cohorte de San Francisco (USA)
comptabilisant près de 3 000 visites. Ces données ont permis de classer les
malades en 2 groupes :
• stables sur 2 ans
• progressifs.
L’analyse utilisant cette approche fournit une valeur prédictive de l’évolution
meilleure que celle des approches classiques.
Céline MEYER
(Toulouse, France)
Au cours de la sclérose en plaques il existe une infiltration du système nerveux
central par des cellules immunes. Des macrophages et des lymphocytes T
sont recrutés pendant les phases précoces de formation des lésions au niveau
de la substance blanche.
Les mécanismes de pénétration des lymphocytes T dans le système nerveux
central ne sont pas complètement élucidés. Ils pourraient impliquer la
présence d’antigènes au niveau du tissu cérébral. Dans un modèle murin
permettant de sur-exprimer un antigène à la surface des cellules de la barrière
hémato-encéphalique, il a été montré que des lymphocytes T cytotoxiques
spécifiques sont capables de migrer vers le système nerveux central et d’y
exercer leurs fonctions effectrices en prenant part à la formation des lésions.
par Martine SINET
chercheur ScienSAs
interview
prix fondation arsep
Antoine Fournier prix Fondation ARSEP de
la meilleure présentation orale.
“J’ai été très touché par l’espoir que représente la recherche pour
les malades. A ce moment j’ai su que j’avais trouvé ma voie !”
Quel est votre parcours et pourquoi avez-vous choisi
de mener des recherches sur la SEP ?
Mon parcours est très classique : après avoir obtenu un bac
scientifique à Granville (Manche), je me suis orienté vers une
licence de biologie à Caen, suivi d’un master en neurosciences.
Depuis le lycée je souhaite devenir chercheur, cependant le choix
de la sclérose en plaques s’est fait lors de ma première année de
master. A cette époque, le développement de la thématique de
recherche sur la sclérose en plaques commençait tout juste à
Caen avec la jeune équipe de Fabian Docagne. Je me suis dit,
pourquoi ne pas apprendre de nouvelles choses ? J’ai alors
participé avec Richard Macrez (aujourd’hui mon co-encadrant
de thèse) à ma première rencontre entre malades et chercheurs
organisée par la Fondation ARSEP. J’ai été très touché par l’espoir
que représente la recherche pour les malades. A ce moment j’ai
su que j’avais trouvé ma voie !
Résumez nous votre projet ?
Je travaille sur l’influence de l’intestin sur le cerveau et la moelle
épinière dans un modèle animal de sclérose en plaques. Pour cela j’utilise beaucoup l’IRM moléculaire
afin de visualiser et quantifier l’inflammation. L’équipe du projet montré que les souris souffraient d’une
importante inflammation intestinale au moment des poussées. En parallèle nous avons montré qu’un
stress aigu double le nombre de poussées de ces souris. Notre hypothèse est qu’un stress aigu provoque
des perturbations intestinales à l’origine de l’augmentation du risque de survenue des poussées. Ce
projet n’en est qu’à ses débuts, il reste encore des questions auxquelles nous devons répondre..
Quelles avancées votre projet apporte-t-il à la SEP ?
Ce projet pourrait apporter de nouvelles avancées dans la prise en charge clinique des malades atteints
de sclérose en plaques. En effet, nous montrons que la composante intestinale joue un rôle important
dans la SEP. Il ne faut donc pas la négliger. Il existe des pro/prebiotiques connus pour exercer des effets
bénéfiques sur l’intestin. Ces derniers pourraient donc s’avérer efficaces dans la sclérose en plaques.
De plus, dans ce projet, nous avons développé une technique d’IRM moléculaire de l’inflammation qui
pourrait s’avérer utile dans le diagnostic de la sclérose en plaques mais également dans la prédiction
des poussées et dans le suivi de la réponse des malades aux traitements.
Que représente pour vous ce prix ?
C’est une grande fierté pour moi d’être récompensé par
la Fondation ARSEP. Ce prix témoigne du grand intérêt
que porte la communauté scientifique et médicale à
mon projet et me pousse à poursuivre mes recherches
sur l’axe intestin-cerveau.
Un mot pour les patients, leurs proches, et
les donateurs de la Fondation ARSEP ?
J’aimerais faire part de toute mon admiration aux
malades qui se battent au quotidien contre leur
maladie.
Il est important qu’ils ne se sentent pas seuls : tous
les jours, dans le monde entier, des milliers de
scientifiques et de médecins travaillent ensemble dans
le but de mieux comprendre la sclérose en plaques et
d’améliorer les conditions de vie des malades qui en
sont atteints. Bien sûr je souhaite également remercier
la Fondation ARSEP ainsi que tous les donateurs sans
qui ces recherches ne seraient pas possibles.
interview
prix fondation arsep
Séverine Bezie prix Fondation ARSEP du
meilleur poster de recherche.
“je suis impressionnée par notre capacité à intervenir aujourd’hui
sur un système si complexe qu’est le système immunitaire et je
suis convaincue du potentiel d’une thérapie cellulaire par les
lymphocytes T régulateurs ”.
Parlez-nous de votre travail sur « les
cellules T régulatrices CD8+CD45RClow
IFNγ+IL10+ dont la fonction est altérée
chez les personnes atteintes de SEP » et
pour lequel vous venez de recevoir un
prix.
Ces cellules immunitaires qui jouent un rôle dans
la tolérance, grâce à leur potentiel suppresseur
sont étudiées depuis plusieurs années chez le rat,
mais leur rôle chez l’Homme et notamment dans
le contexte de la SEP est peu connu. Le but de mon
projet est d’analyser la fréquence et la fonction
de ces lymphocytes T régulateurs dans le sang
périphérique chez les personnes atteintes de SEP.
Après les avoir caractérisé dans une population
témoin, nous les avons étudiés chez les personnes
atteintes de sclérose en plaques.
Nous avons ainsi pu observer une altération de leur
potentiel suppresseur chez les personnes malades
qui était non seulement corrélée à la sévérité de la
maladie, mais aussi associée à un défaut de sécrétion
en cytokines régulatrices et de migration de ces
cellules vers les lésions cérébrales.
Ces résultats suggèrent qu’un défaut dans le fonctionnement des cellules T régulatrices pourrait
contribuer au développement de la maladie.
Quel est l’enjeu de vos recherches ?
Les résultats que nous avons obtenus suggèrent que les lymphocytes T régulateurs pourraient être
utilisés comme "outils diagnostique et thérapeutique" chez les personnes atteintes de sclérose en
plaques. En effet, leur analyse permettrait de suivre l’évolution de la maladie par une simple prise de
sang.
Par ailleurs, nous avons développé un protocole pour
cultiver ex vivo les lymphocytes T régulateurs isolés
du sang de volontaires sains afin de multiplier par
1 000 le nombre de lymphocytes en 2 semaines, et
d’augmenter le potentiel suppresseur des cellules.
L’injection d’un nombre important de ces lymphocytes
dont la fonction est amplifiée permettrait de maîtriser
la réponse immune responsable de la SEP.
Vous êtes "post doctorante", qu’est-ce
que cela signifie par rapport au projet de
recherche ?
Le laboratoire Inserm de Nantes regroupe
174 personnes, dont 25 chercheurs statutaires, et
autant de thématiques de recherche. Avant de travailler
sur ce projet, j’ai effectué une thèse portant sur la
caractérisation de molécules immunorégulatrices
dans un modèle de transplantation chez le rat.
Durant mon post-doctorat, je transpose cette étude
à l’Homme. Le projet de recherche que je mène est le
résultat de la collaboration entre Carole Guillonneau,
chargée de recherche spécialiste de l’immunologie
des cellules T régulatrices et le Pr David-Axel Laplaud,
praticien hospitalier et spécialiste de la sclérose en
plaques.
Notre expérience des lymphocytes T régulateurs et
de la sclérose en plaques ainsi que la coopération
des patients permettront des avancées rapides sur
ce projet. Notre objectif premier est de développer
une thérapie cellulaire utilisant les lymphocytes T
régulateurs pour prévenir du rejet de greffe.
En quoi votre projet peut-il faire avancer
la recherche sur la sclérose en plaques et
donc aider le malade ?
Si les résultats se confirment, nous espérons détecter
à un niveau précoce le développement de la maladie
et intervenir efficacement. Le traitement que nous
souhaiterions développer consisterait, pour le patient,
en une prise de sang, puis une injection de cellules
deux semaines plus tard par voie intraveineuse. Les
cellules T régulatrices devraient ensuite suffire pour
maitriser la réponse autoimmune à long terme, en
absence d’autre traitement. Les essais cliniques
actuels de thérapie cellulaire en transplantation sont
prometteurs.
Par ailleurs, nous envisageons des traitements
d’induction des lymphocytes T régulateurs in vivo,
par exemple par l’injection de l’interleukine 34 chez
la personne atteinte de SEP.
Avec le soutien de la Fondation ARSEP, la disponibilité
des patients, l’ensemble des données obtenues dans
la sclérose en plaques et la transplantation, nous
pourrions développer une thérapie d’ici 5 ans.
Qu’est-ce-qui vous passionne le plus dans
votre travail ?
D’un point de vue scientifique, je suis impressionnée
par notre capacité à intervenir aujourd’hui sur un
système si complexe qu’est le système immunitaire
et je suis convaincue du potentiel d’une thérapie
cellulaire par les lymphocytes T régulateurs.
Utiliser nos propres mécanismes de régulation
naturelle pour contrôler une réponse autoimmune
ou pour empêcher le rejet d’un organe lors d’une
transplantation me semble être la meilleure option
pour permettre aux malades de reprendre le contrôle
de leur système immunitaire et de vaincre leur
maladie, ou au moins de soulager leur quotidien et
d’améliorer leur qualité de vie.
Le mot de la fin ?
Je remercie la Fondation pour la recherche sur la
sclérose en plaques de m’avoir attribué ce prix qui
conforte la qualité des résultats obtenus dans ce
projet et me motive à poursuivre mes recherches.
Fondation pour la recherche sur la sclérose en plaques
14 rue Jules Vanzuppe - 94200 Ivry sur Seine
Tél : 01 43 90 39 39 - www.arsep.org
Facebook : ARSEPfondation - Twitter : @fondationarsep
copyright photos : Fondation ARSEP | Gaël Kazaz
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