I
nfirmier de secteur psychiatrique
( I SP), Pascal Petiqueux est aussi
titulaire d’un DESS de psycholo-
gie clinique. Il a été infirmier de sec-
teur psychiatrique à Charleville-
Mézières (08) dans un service de
patients psychotiques pour la plu-
p a r t. Pendant plus d’une dizaine
d’années, il a emmené des gr o u p e s
de patients en haute montagne.
Cette expérience a été assez média-
tisée et un film a même été diffusé à
la télévision en 1989. Après avoir
suivi un cursus universitaire, il s’est
orienté vers la prise en charge spéci-
fique des adolescents en soins-
études à la Fondation des étudiants
de France. Aujourd’hui, il participe au
projet Pa r i s - C e n t r e .
Qu’est-ce que le projet Pa r i s -
Centre ?
Pascal Peutiqueux : Ce projet de
centre dico-psychologique est
une recomposition des secteurs de
Pa r i s - Centre et une tentative pour
mettre en place une réelle psychia-
trie de secteur. C’est-à-dire une psy-
chiatrie extra-hospitalière, avant tout
orientée vers le patient et le maintien
de celui-ci dans son environnement
au plus proche de son domicile. Le
diplôme d’ISP de 1976 spécifie bien
que l’infirmier de secteur psychia-
trique n’intervient pas uniquement
dans le champ hospitalier.
Quelles sont vos fonctions ?
P. P. : Je fais partie de l’équipe infir-
mière qui est composée de 7 s o i-
gnants. J’ai d’abord une fonction d’in-
firmier classique de suivi des patients
qui sortent de l’hôpital. Ce suivi est
d’intensité variable. Le suivi proche
s e r t à consolider une stabilisation
post-hospitalisation. Dans ce cas, le
patient vient tous les jours pour rece-
voir son traitement ; il faut aussi
expliquer et faire preuve de pédago-
gie par rapport à ce traitement. Nous
avons, par ailleurs, des entretiens
réguliers, hebdomadaires avec cer-
tains patients pour évaluer la stabili-
sation des troubles et surtout main-
tenir le lien. Nous part i c i p o n s
également à des entretiens pluridisci-
plinaires avec des psychiatres et des
assistantes sociales dans le cadre
d’un suivi plus lointain. Bien entendu,
nous administrons les injections
retard de neuroleptiques. Et nous
effectuons des visites au domicile du
patient dans le secteur, toujours pour
maintenir le lien et éventuellement
pour administrer le traitement. Une
autre partie importante de mon tra-
vail consiste à accueillir les patients
en premier entretien. Cert a i n s
patients nous sont adressés par des
confrères. D’autres nous sont signa-
lés par la police ou le voisinage...
Enfin, il y a des patients qui se pré-
sentent d’eux-mêmes. Il nous faut
les accueillir dans des délais très
c o u rts . Certains infirmiers, dont je fais
p a rtie, sont aussi psychothérapeutes
de par leurs compétences et leur for-
mation spécifique en psychologi e ,
thérapie familiale ou psychodrame
a n a l yt i q u e .
Comment réagissent les patients
devant l’accueil infirmier ?
P. P. : Lors de l’entretien télépho-
nique ou à l’accueil du secrétariat,
nous expliquons bien que le premier
entretien est effectpar un infir-
m i e r. Certains patients sont étonnés,
mais rares sont ceux qui manifestent
une opposition. En fait, ils redoutent
s u r tout d’avoir à répéter leurs
troubles ou leurs symptômes, dans
la perspective de plusieurs entre-
tiens. Pour bénéficier de la gr a t u i t é
des soins de ce secteur public, les
A l’ i n star de ses autr es co l l è g u es infirmiers du ce ntr e, Pa s ca l
Petiqueux exerce aussi en qualité de psychothérapeute au sein du
centre médico-psychologique (CMP) Le Figuier (Paris). Il accueille
les patients en premier entretien. A l’heure la fameuse Mission
Berland... Il planche activement sur la délégation des compétences.
Psych iat r ie
Le premier entretien est un acte de référence
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 56 • juin-juillet 2004
patients doivent s’adresser au CMP
correspondant à leur zone géogr a-
phique et accepter ce premier entre-
tien préalable. Les patients l’accep-
tent en général sans trop rechigner
car ils ont déjà fait la démarche dans
leur tête.
En quoi consiste concrètement ce
premier entretien ?
P. P. : Ce 1
e r
entretien a lieu dans un
délai relativement court, au plus tard
dans la semaine qui suit. L’ a c c u e i l
infirmier permet ainsi de réduire
considérablement le délai d’attente
pour un 1
e r
entretien. L’objectif princi-
pal est de faire en sorte que le
patient puisse exprimer l’étendue et
l’intensité de ses difficultés. Nous
essayons d’évaluer les ressources
personnelles et individuelles du
patient face à l’événement trauma-
tique. Certains patients n’ont besoin
que d’un soutien temporaire, ce qui
n’est pas a priori le cadre el d’exer-
cice de la psychothérapie. Ces
patients, nous continuons à les rece-
voir pour affiner notre évaluation des
difficultés et des troubles avant de
les diriger soit vers un psychiatre soit
vers un psychothérapeute du centre.
Le 1
e r
entretien est un acte de fé-
rence, c’est un palier important dans
la prise en charge et dans l’accès aux
soins, car il détermine l’orientation
future du patient. Cette fonction
d’accueil infirmier semble se généra-
liser dans les autres CMP.
De par ce 1
e r
entretien préalable,
nous avons un rôle d’évaluation dia-
gnostique et d’orientation des pa-
tients soit vers un psychiatre, soit
vers un psychothérapeute. Cette
orientation se fait toujours avec l’ac-
cord du patient. Si l’orientation psy-
chothérapeutique est retenue, nous
donnons au patient toutes les infor-
mations nécessaires sur la psycho-
thérapie. Après le 1
e r
entretien d’orien
-
tation, nous essayons malgré tout de
maintenir un lien avec le patient, car
son devenir est toujours import a n t
pour nous.
Propos recueillis par François Cohen
Focus
...
La psychiatrie
de secteur
La mission Berland
planche activement
sur la délégation
des compétences.
Le projet de centre
médico-psychologique
est une recomposition
des secteurs de
Paris-Centre et
une tentative pour
mettre en place
une réelle psychiatrie
de secteur. C’est-à-
dire une psychiatrie
extrahospitalière,
avant tout orientée
vers le patient
et le maintien
de celui-ci dans
son environnement
au plus proche
de son domicile.
Pra tique So i n s
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Actualités 23/07/04 14:39 Page 12
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