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et 1878). Internationalisée par le traité de Sèvres (1920), la zone sera ensuite restituée à la Turquie à condition
d'être démilitarisée (traité de Lausanne, 1923).
2/ l'annexion (1908) par l'Autriche de la Bosnie-Herzégovine, qu'elle avait dû accepter du bout
des lèvres.
c) L’impérialisme français
A l'instar de sa rivale la Grande-Bretagne, la France se présente comme une grande puissance qui
investit à l'étranger (particulièrement en Russie) et tient à défendre son empire colonial contre les appétits
allemands (crises marocaines de 1905 et 1911, dénouées grâce à des échanges). Elle est également concernée
par la Question d'Orient (capitulations, tutelle des catholiques de l'Empire ottoman) ; elle détient la Somalie
française et avait entretenu autrefois (1802-1840) de bonnes relations avec l'Egypte (devenue protectorat
britannique en 1882).
d) L’impérialisme italien
Etat jeune dont les principales revendications sont d'ordre nationaliste (irrédentisme), l'Italie
manifeste également des velléités de colonisation. Evincée de Tunisie par la France6, elle réussira à mettre la
main sur des territoires d'Afrique orientale (Somalie 1889, Erythrée 1890), et plus tard sur la Libye7 (1912), qui
séparera les empires français et britanniques. De plus, l'Italie voit dans les Balkans un des axes potentiels de
l'expansion à laquelle elle aspire (plus tard, Mussolini s'emparera de l'Albanie).
e) L’impérialisme autrichien
Grande puissance impériale aux Temps modernes, l'Autriche a reculé à l'ouest et au sud :
- par le congrès de Vienne : perte des Pays-Bas méridionaux (1815, et pratiquement depuis 1794) ;
- par l'action des nationalistes italiens : perte de la Lombardie (1859) et de la Vénétie (1866) ;
- par l'action de la Prusse : perte de tout pouvoir en Allemagne (Sadova, 1866).
Dès lors l'Autriche, d'ailleurs bientôt réconciliée avec l'Allemagne (1879, Duplice) et l'Italie (1882,
Triple Alliance), va reporter ses ambitions sur le sud-est de l'Europe (Balkans), en profitant du recul turc : il
s'agit à la fois de canaliser à son profit les nationalismes des Slaves du Sud (au détriment de la Turquie comme
de la Russie), et de se ménager un débouché maritime en Méditerranée avec le port de Thessalonique. Ces
visées autrichiennes se sont concrétisées doublement : d'une part par la mainmise, avec le soutien de
l'Allemagne, sur la Bosnie-Herzégovine (mise sous administration autrichienne dès 1878 par le congrès de
Berlin, puis annexée en 1908) ; d'autre part par la concession, obtenue du sultan Abdulhamid II en février 1908,
d'une voie de chemin de fer traversant le
sandjak
(district) de Novipazar pour rejoindre Thessalonique. Vienne
prétend en outre protéger les catholiques de l'Empire ottoman.
f) L’impérialisme allemand
Etat jeune à l'économie en pleine expansion, l'Allemagne dirige naturellement ses ambitions vers le
sud-est de l'Europe et l'Anatolie, dans les zones-tampons laissées entre les impérialismes russe et britannique.
Elle établit de bonnes relations avec l'Empire ottoman, où une compagnie allemande construit le chemin de fer
reliant le Bosphore à Bagadad et au golfe Persique8, et où un général allemand, Liman von Sanders, devient en
1914 inspecteur général de l'armée. L'émergence de l'impérialisme allemand dans cette zone va entraîner
l'alliance russo-britannique et jeter dans les bras de l'Allemagne l'Empire ottoman, qui a tout lieu de craindre, en
cas de victoire alliée, un démembrement de son territoire.
Arrivée en retard dans la course aux colonies, l'Allemagne entre en compétition, en Afrique, avec
la France (crises marocaines de 1905 et 1911) et la Grande-Bretagne (Afrique du Sud).
D'autre part, l'Allemagne modernise son armée et sa flotte (la
Kriegsmarine
,
fille chérie
du Kaiser),
ce qui augmente encore les inquiétudes de la Grande-Bretagne.
Enfin, l'impérialisme allemand apparaît d'autant plus dangereux qu'il se nourrit d'une idéologie
6 La Tunisie, menacée par la conquête française de l'Algérie (1830), avait été mise sous protectorat français en 1881. Dès
1878, dans le cadre du congrès de Berlin, des négociations secrètes avaient admis par avance la colonisation de la
Tunisie par la France (de même, d'ailleurs, que celle de l'Egypte par la Grande-Bretagne) ; ces visées françaises étaient,
en effet, encouragées par Bismarck, qui espérait que les aventures coloniales détourneraient la France de l'obsession de
l'Alsace-Lorraine.
7 La Libye (
Tripolitaine
) sera acquise au terme de la guerre italo-turque de 1911-1912, achevée par le traité d'Ouchy (15
octobre 1912).
8 Le
Bagdad-Bahn
, commencé en 1903 avec des capitaux en grande partie allemands, sera interrompu de 1918 à 1933
pour ne s'achever qu'en 1940.
E. de CRAYENCOUR,
La première guerre mondiale
, Bruxelles, 2010.