Le rapport de la Banque Mondiale préconise six grandes orientations stratégiques: parachever la
transition vers une économie de marché, accélérer le rythme de l'innovation, se mettre aux énergies
vertes, élargir les services de santé, d'éducation et d'emploi, moderniser et renforcer le régime fiscal
et «relier les réformes structurelles de la Chine à l'économie internationale». Et il met en garde contre
un«atterrissage brutal dans un proche avenir» ainsi que les «défis posés par le vieillissement de la
population, la diminution de la main-d'œuvre et l'accroissement des inégalités».
En 2009, Bo Xilai, maire de Chongqing et à l’époque étoile montante du Parti, ne disait pas autre
chose : « Si le développement ne peut pas améliorer l’existence, il n’est pas la voie mais une
impasse ».
Rappelons quelques figures macro-économiques pour cadrer le problème :
Une croissance fondée sur l’exportation : tout sauf un modèle durable. Si la croissance et la
stablilité politique de la Chine doivent à l'avenir tirer plus de force de la consommation des
ménages, elle devra tourner la page de son modèle étroitement "mercantiliste" tiré par les
exportations, le surinvestissement et la sous-évaluation du taux de change. Le rattrapage
salarial en cours pour les ouvriers en ouvre-t-il la voie, en rupture avec la stratégie engagée
par Deng Xiaoping ?
La part des classes moyennes urbaines a explosé (de 39 à 57% au cours de la dernière
décennie) mais elles sont loin d’avoir récupéré les fruits de la croissance, à la façon
signapourienne : problèmes de logement, notamment
Le ciseau démographique est sur le point d’être atteint, avec la perspective de 30% de plus de
60 ans d’ici 2045 / 2050. Situation préoccupante : le taux de fécondité de 1,4 conduit à un
ratio de dépendance démographique élevé à l’horizon 2050 , comme au Japon (76%) ou en
Corée du Sud (66%). Or les conséquences négatives sont nombreuses : prédominance des
dépenses sociales sur celles d’investissement déprimant la croissance, coûts accentués des
budgets retraites, santé et services à la personne. En Chine où tout cela est balbutiant, c’est
l’épargne forcenée des ménages qui compensera, là encore aux dépens de la croissance.
On pourra objecter que et l’exportation et l’enfant unique ont permis la croissance. Oui !! Mais
maintenant on revient sur le premier et l’on s’alarme des conséquences du second. Ce qui tendrait à
montrer que le mode chinois du développement depuis trente ans a été une VOIE et certainement pas
un MODELE.
Tout cela étant dit, le meilleur moyen de répondre à la question « Modèle chinois ou pas ? » est sans
doute de faire l’analyse à partir de cas concrets. Dans mon cas je prendrai la question des villes
chinoises.
2/ LES VILLES CHINOISES : MODELE URBAIN VERTUEUX OU ANTI-MODELE ?
Que constatons-nous ?
Un redéveloppement économique, urbain et technologique d’une rapidité sans équivalente dans le
monde : aujourd’hui, un chinois sur deux vit en ville, contre à peine plus d’un quart il y a vingt ans.
Et un redéveloppement qui a échappé à l’informel (dans l’habitat et l’économie), à l’inverse de tous
les PED, dans la mesure où concentration du capital productif et soutien aux infrastructures, au
logement et aux équipements urbains ont contribué à y créer des emplois et à améliorer les conditions
de vie.
Alors, modèle urbain ? Oui au sens où moins de pauvres , non car pas de protection sociale
Oui au sens des infrastructures urbaines et du logement, non au sens où cette production a été
dominée par des comportements spéculatifs sans rapport avec les attentes de la population et encore
moins avec les objectifs du développement urbain durable.
Au fond les villes chinoises apparaissent comme un anti-modèle à divers points de vue :
Vulnérabilité environnementale
Mobilité : 240.000 voitures supplémentaires à Pekin en 2011, s’ajoutant aux 5 millions
existantes
Pollution air : Cf l’annulation de 150 vols à Pekin en janvier 2012. La consommation
de charbon a doublé en 10 ans en Chine.Pas de prise en compte des particules ultra-