JARDINS DE FRANCE AVRIL 2009 29
des collections en France)… mais sans en
trouver malheureusement : il nous faut re-
brousser chemin, en raison de la violence
des pluies tropicales qui ont détruit la route.
Vendredi 24 novembre
Un paysage sublime, mais une route qu’il
faudra déblayer à la pelleteuse en raison de
la pluie et des éboulements de terrain ! Après
le village de Larès, à 3 240 m, se trouve la sta-
tion de
F. inflata
. Beaucoup d’amateurs le
considèrent comme le roi des fuchsias, avec
son tube de plus de 18 cm de long !
Quand nous arrivons à destination, il est
bien là au rendez-vous, magnifique, pous-
sant spontanément sur un muret de
pierre, assis majestueusement sur plu-
sieurs mètres carrés. Sa vigueur ne fait
aucun doute. Son port est très érigé et son
système racinaire enfoui dans le muret.
Les tiges et les nervures des feuilles sont
légèrement rosées. Ses fleurs, extraordi-
nairement longues, sont formées d’un
tube interminable orange vif et la couleur
des sépales passe du jaune au vert.
Retour à Cuzco, après ce moment privilé-
gié, et un bilan plutôt positif pour cette
première expédition.
Samedi 25 et dimanche
26 novembre
Le samedi, journée repos dans la ville tou-
ristique d’Aquas Calientes. Le dimanche,
visite du Machu Picchu, incontournable
pour tout voyageur au Pérou. Cette
« vieille montagne », cité perdue des Incas,
qui pourrait avoir été un lieu de culte plu-
tôt qu’une ville traditionnelle, est l’une des
grandes merveilles de l’Amérique du Sud.
Lundi 27 et mardi
28 novembre
Deuxième expédition, depuis Cuzco, di-
rection Paucartambo.
Le parc national de Manu a été instauré en
1973 par décret. D’une superficie de 1,8
million de km², il représente une grande
partie de la diversité biologique que l’on
trouve en forêt amazonienne. Il a été re-
connu comme patrimoine naturel de
l’Humanité en 1987, et classé par l’Unesco
comme zone noyau de la réserve de bio-
sphère. Le parc recense environ 15 000 es-
pèces de végétaux.
Nous prenons la route en direction du col
de Tres Cruces, et trouvons à 3 387 m d’al-
titude
F. denticulata
. Sa couleur orange
nous intrigue… et nous en prélevons des
échantillons, pour déterminer plus tard si
cette plante est répertoriée.
À 3 609 m, nous devinons des feuilles de
F.
apetata
sous un arbre. Dans ce sous-bois, où
l’hydrométrie est importante et la végétation
luxuriante, nous trouvons également un
splendide pied de
F. chloroloba
, qui pousse
à la base des arbres. Ces deux fuchsias de la
section Hemsleyella vivent harmonieuse-
ment l’un à côté de l’autre. Le biotope est
constitué d’arbres de 7 à 8 m formant un om-
brage naturel. Le sol est pourvu d’une
épaisse mousse verte qui colonise les troncs.
On y trouve d’autres plantes, orchidées,
cycas, bambous, et plusieurs éricacées, qui
témoignent de la forte acidité du sol.
En prélevant sticks et feuilles saines, nous
constatons qu’un parasite dévore en par-
tie les feuilles. Peut-être s’agit-il de la noc-
tuelle défoliatrice ?
Mais l’état de santé de cette station nous
paraît très satisfaisant : la difficulté d’ac-
cès lui assure une protection naturelle.
Nous trouverons aussi un peu plus tard un
F. tunariensis
en fleur, orange avec des éta-
mines jaunes, exceptionnel pour la saison.
Puis
F. tincta
(section Fuchsia), une petite
plante de 30/40 cm, à port érigé. Le tube de
la fleur est rose et les pétales orange. Tous
les sujets rencontrés avaient les feuilles dé-
vorées par les insectes.
Ainsi, sur un rayon de 100 m, étaient réunis
F. tunariensis, F. chloroloba, F. tincta, F.
denticulata
rouge, un peu plus haut
F. ape-
tala
! Assurément une très bonne journée
sur la route de la recherche des fuchsias.
Mercredi 29 et jeudi
30 novembre
Journée détente et visites à Cuzco, avec
découverte notamment du musée univer-
sitaire où l’on peut admirer une exposi-
tion sur la faune du Pérou.
Puis vol pour Lima. Classement des notes
sur les plantes observées, et connexion au
site de la maison des fuchsias, pour un
échange avec les membres du forum.
Vendredi 31 novembre
Au Muséum d’Histoire naturelle de Lima,
nous remettons les prélèvements des dif-
férents fuchsias que nous avons récoltés
durant nos dix jours sur le terrain. C’est
avec précaution que le tout sera entreposé
dans une chambre pour finir de sécher.
Lorsque plus tard, tout risque de conta-
mination due aux maladies sera éliminé,
notre travail rejoindra la salle où est en-
treposé l’herbier national. Et nous revien-
drons le lendemain inscrire les notations
sur les feuilles d’identification.
L’après-midi, nous avons pu examiner les
documents et le patrimoine floral conservé
au Muséum, et effectuer quelques correc-
tions sur nos identifications.
Samedi 1er décembre
Nous allons inscrire sur des fiches spéci-
fiques toutes les coordonnées et notes di-
verses pour chaque fuchsia rencontré. Un
travail délicat et indispensable, qui restera
disponible à quiconque voudra le feuilleter.
Il est temps alors de boucler nos valises et
de rentrer en France. La suite de notre aven-
ture passe par l’arboretum de Chèvreloup
et sa serre de fuchsias.
Sébastien retrouve F. chloroloba.
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