Nous portons charnellement le Verbe de DIEU semé en nous

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Nous portons charnellement le Verbe de DIEU
semé en nous
dimanche 10 juillet 2011, par Père Alain Dumont
• Livre d’Isaïe 55,10-11
« La parole qui sort de ma bouche ne me reviendra pas sans avoir accompli sa mission. »
• Psaume 64,10abcd,10e-11,12-13,12b.14
« Sur ton passage ruiselle l’abondance. »
• Première lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,18-23
« La création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu. »
• Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,51-58
« Voici que le semeur est sorti pour semer. »
lire l’intégralité des textes de ce jour
La parole qui sort de ma bouche
ne me reviendra pas
sans avoir accompli sa mission
« La parole qui sort de la bouche de DIEU ». DIEU parle... mais comment parole-t-Il ?
Dans l’Antiquité, quand la divinité parlait, c’était par l’Oracle : paroles sentencieuses sur la destinée
humaine, le fatum des latins, le destin, qui ouvrait à la connaissance de l’avenir dont nul n’était libre
d’échapper [1].
Point n’est le cas du DIEU de l’Alliance. Jamais vous ne trouverez d’Oracle dans la Bible, parce que
DIEU ne parle pas pour figer l’avenir, mais pour le libérer et construire l’histoire avec l’homme. Quand il
est question de prophétie, il ne s’agit surtout pas d’oracle. La prophétie ne dit pas l’avenir inéluctable,
mais révèe le présent de l’agir de l’homme : soit pour l’inviter à la conversion, sans quoi le pire est
effectivement à craindre ; soit pour l’inviter à l’espérance lorsque le pire est arrivé, toujours par la
conversion du cœur et par l’écoute attentive de sa Parole. Cette Parole divine met donc l’homme en
demeure de choisir, et donc d’exercer sa liberté pour construire avec DIEU une histoire féconde... Non
point une histoire “écrite à l’avance” comme on l’entend parfois — expression terrible —, mais une
histoire à écrire entre DIEU et l’homme pour porter du fruit.
La Parole de DIEU n’est pas du bavardage ! C’est une Parole féconde, c’est-à-dire une Parole sûre, vraie,
du fait qu’elle s’incarne, prend chair [2] et donne alors la vie.
Ceci devrait nous inviter à revisiter la fécondité de nos propres paroles... Avons-nous conscience que
nos paroles, si elles ne sont pas fécondes, sont stériles, c’est-à-dire sont porteuses de mort ? Une terre
stérile tue toute vie qui tente de s’y inscrire, et il en est de même pour nos paroles. Nous avons là une clef
essentielle pour entendre l’évangile d’aujourd’hui.
**
Sur ton passage ruiselle l’abondance
Nous accusons souvent DIEU d’être absent, alors qu’Il est partout, dans les moindres
recoins de l’Univers et jusque dans nos lumières intérieures les plus vives et dans nos ténèbres les plus
sombres. N’est-ce pas plutôt nous qui sommes absents à cet univers, à cette création qui, pourtant, «
attend la révélation des Fils de Dieu » ?
Dieu est surabondance. Il est premier en tout. Ce n’est pas nous qui pensons Dieu, mais nous qui
sommes pensés par Lui !, et, ce faisant, qui nous confère l’existence. Par quelle présomption osons-nous
inverser l’ordre de la Création ? De façon dérisoire d’ailleurs... Beaucoup imaginent qu’il suffit de ne pas
penser à DIEU pour qu’Il n’existe pas... Exactement l’inverse de la Création ! L’homme dans toute sa
grossièreté !
En réalité, pour ceux qui veulent bien regarder, tout nous montre sa présence et sa surabondance. Vivre à
la campagne est ici une grande grâce, car la nature nous dit la présence de DIEU. Il faut être un urbain
pour oublier la présence de DIEU, et la ville détruit malheureusement la foi de beaucoup...
C’est cette abondance qui fait de DIEU un semeur invétéré, incessant, espérant toujours que notre cœur
sera une terre accueillante. Pourquoi ? Mais pour que la Création advienne à sa plénitude, évidemment !
C’est ce que va nous dire saint Paul.
**
La création aspire de toutes ses forces
à voir cette révélation des fils de Dieu
Notre foi n’est pas assez cosmique, pas assez universelle. Elle est trop
anthropomorphique, trop tournée vers nous-mêmes, encore une fois comme si nous étions le centre du
monde, alors que DIEU est le centre, le cœur du monde.
Nous pensons encore une fois que nous sommes les maîtres de l’Univers, même si nous nous targuons de
n’être que des atomes dans ce monde. Dans les faits, nous réduisons le monde à de la matière, et nous
passons à côté de l’âme de ce monde. Nous ne voyons plus qu’il a fallu 15 Milliards d’années pour
engendrer ce puceron à vocation cosmique : devenir Fils de DIEU, c’est-à-dire y incarner la Parole
divine ; offrir à la Parole de DIEU cette terre féconde où pouvoir précisément prendre chair et faire
basculer le monde dans celui de DIEU.
La création attend cela de toutes ses forces !
**
Voici que le semeur est sorti pour semer
Que DIEU sème-t-Il et pouquoi sème-t-Il ?
Il sème sa Parole. Sa Parole créatrice : Parole essentielle tout d’abord qui est au cœur de sa propre
existence, par laquelle le Père éternel engendre et se dit. Parole créatrice portée par l’Esprit : « L’esprit
de DIEU planait sur les eaux », nous dit la Genèse.
Pourquoi la sème-t-Il ? Pour qu’elle porte du fruit. OK. Mais quel fruit ? On envisage la plupart du temps
ce fruit comme sur un fruit moral, alors qu’il s’agit de fécondité, c’est-à-dire de la vérité charnelle de
cette Parole, une chair où cette Parole se vérifie, s’éprouve en vérité.
Cette vérité charnelle passe par nous ! Nous sommes, en Christ, la chair de la Parole de DIEU, c’est-àdire ceux par qui la Parole de DIEU s’accomplit pour le Cosmos tout entier ! [3]
En nous se prolonge l’Incarnation unique opérée en Christ. En nous est semé le Verbe de DIEU, le
Verbe fait chair pour que nous manifestions dans notre chair la vérité de la Parole semée par le Père.
Nous avons cette mission ô combien étonnante, surprenante, lourde, de porter et d’éprouver
charnellement la vérité de la Parole de DIEU. Donc de faire de notre vie une terre qui accueille et
témoigne en elle la fécondité de la Parole.
C’est un véritable engendrement, un enfantement : la Parole de DIEU nous fait accoucher dans notre
chair de sa vérité, de son rayonnement. À chaque fois que nous éprouvons la vérité de cette parole en
nous, nous réalisons notre vocation, nous faisons fructifier l’Univers en fruit d’accomplissement.
On comprend l’attente fébrile du cosmos à ce que nous tenions notre place ! Nous l’avons déjà tenue en
Jésus qui a porté à son achèvement total et définitif cette Incarnation du Verbe dans la chair. Mais par
Lui, il faut porter dans notre chair cette Parole pour la faire connaître au monde entier.
Demandons au Seigneur cette semaine d’éprouver charnellement cette mission, et nous serons surpris des
fruits que la Parole divine portera en nous et par nous.
Hauts les cœurs !
Avec toute mon affection fraternelle,
+ Père Alain
Notes
[1] WIKIPEDIA : Les oracles grecs constituent un aspect fondamental de la religion et de la culture
grecques. L’oracle est la réponse donnée par un dieu à une question personnelle, concernant
généralement le futur. De tels oracles ne peuvent être rendus que par certains dieux, dans des lieux
précis, sur des sujets déterminés et dans le respect de rites rigoureusement respectés : la prise
d’oracle s’apparente à un culte. L’interprétation des réponses du dieu, qui s’exprime de diverses
manières, demande parfois un apprentissage et l’oracle nécessite, en général, une interprétation
heuristique, il s’agit souvent d’une parole énigmatique, sibylline (Sibylle était une prêtresse d’Apollon
et une oracle, dans la mythologie grecque).
[2] Sur l’importance de la chair comme lieu de vérité de toute parole, voir l’homélie du Dimanche du
Corps et du Sang du Christ
[3] Pas uniquement, certes, car les Pères de l’Église reconnaissent plusieurs incarnations progressives,
pas du même ordre, mais se prédisposant l’une à l’autre :
• Incarnation dans la Création ;
• Incarnation dans l’Écriture, c’est-à-dire dans la vie de ces hommes et de ces femmes qui ont fait
l’histoire sainte, qui ont reconnu DIEU présent au cœur de l’Alliance ;
• et Incarnation ultime, pleine et rayonnante dans la Personne du Christ Jésus.
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