12 | La Lettre du Rhumatologue • N° 351 - avril 2009
Douleur et maladie de Parkinson
MISE AU POINT
sont plus fréquentes en cas de syndrome dépressif
et de troubles du sommeil. À l’examen clinique,
la sensibilité douloureuse, souvent considérée
comme normale, peut en fait être affectée, avec
une sensibilité accrue aux stimuli douloureux, le
seuil de douleur à la chaleur étant abaissé par
rapport à des sujets contrôles (11). La réponse aux
traitements dopaminergiques est inconstante, et
les antidépresseurs tricycliques peuvent s’avérer
efficaces.
L’expression clinique des douleurs est dans certains
cas déconcertante pour le praticien et peut faire
craindre une pathologie viscérale associée, se
traduisant par des douleurs digestives (spasmes
abdominaux, éructations, nausées), thoraciques
(avec sensation d’apnée), orales (douleur et brûlures
des gencives, des joues, de la langue, des dents),
voire même génitales (douleurs vaginales, sensa-
tions de vibrations dans le petit bassin) en l’absence
de pathologie locorégionale (12). De tels symp-
tômes s’intègrent dans le cadre des fluctuations
non motrices. Ces douleurs semblent parfois en
relation avec la dysautonomie, et s’accompagnent
de sudations profuses et d’une hypotension ortho-
statique.
Certains patients souffrent également d’akathisie,
une impression désagréable les obligeant à bouger
et à changer de position sans cesse, les incitant à
frictionner et à étirer leurs membres. Ces symptômes
sont à rapprocher du syndrome des jambes sans
repos, une “impatience” des membres inférieurs qui
se traduit par des paresthésies ou des sensations
de brûlures des extrémités distales des membres
inférieurs apparaissant au décubitus ; ils sont calmés
par la marche, mais obligent les patients à déam-
buler sans cesse et sont parfois responsables d’une
insomnie. Cette symptomatologie douloureuse peut
être contrôlée par les traitements anti-parkinsoniens
classiques.
Les patients se plaignent également parfois de
céphalées. De siège postérieur (occipito-nuqual),
elles s’associent à une pesanteur ou à une sensation
de chape de plomb au niveau des épaules. Présentes
le matin au réveil, elles sont habituellement dopa-
sensibles. Les céphalées sont également parfois
iatrogènes, induites par les agonistes dopaminer-
giques dérivés de l’ergot de seigle.
Douleurs et dyskinésies
◆
Elles sont plus souvent contemporaines des mani-
festations dystoniques de début et de fin de dose,
des périodes off, le matin au réveil et au cours de
la nuit. Il s’agit le plus souvent de torsions doulou-
reuses des orteils ou du pied, parfois de la main,
plus rarement de la région cervicale et du tronc.
Ces douleurs peuvent être dans ce cas contrôlées
par l’adaptation des traitements antiparkinsoniens,
alors que les antalgiques se révèlent le plus souvent
inefficaces. Les dystonies du petit matin, particulière-
ment douloureuses, peuvent justifier la prescription
d’injections sous-cutanées d’apomorphine ou de
toxine botulinique dans l’extenseur propre du gros
orteil ou dans le muscle jambier postérieur, en cas
de pied en varus équin. Les douleurs musculaires
ou pseudo-radiculaires sont moins fréquentes au
cours des dyskinésies de milieu de dose s’exprimant
par des mouvements choréiques, sauf quand ces
dyskinésies sont intenses.
Douleurs d’origine mixte
◆
On peut rapprocher des douleurs liées aux troubles
moteurs celles qui sont influencées par une absence
de mobilité dont la cause principale est d’origine
rhumatismale (essentiellement l’arthrose). Ces
douleurs articulaires intéressent les épaules, le
rachis cervical et lombaire, les genoux. Elles justi-
fient le recours à un traitement symptomatique
(antalgiques et/ ou anti-inflammatoires) et à une
kinésithérapie. Des douleurs radiculaires (névralgie
cervico-brachiale, sciatalgie) ou tronculaires (exacer-
bation de paresthésies d’une compression du nerf
médian lors de phases de tremblement important)
sont possibles, justifiant de rechercher une patho-
logie associée (hernie discale, canal lombaire étroit).
Elles sont volontiers décrites au cours des périodes
on avec dyskinésies importantes (radiculalgie cervi-
cale au cours de mouvements anormaux du cou,
par exemple).
Des douleurs des membres inférieurs peuvent être
consécutives à des œdèmes distaux d’origine circu-
latoire ou iatrogène (agonistes dopaminergiques et
amantadine). Un cortège douloureux très variable
peut également être lié à l’existence d’un syndrome
dépressif.
Douleurs au stade tardif
À ce stade apparaissent les signes moteurs axiaux
tardifs, peu voire non dopasensibles : dysarthrie,
troubles de la déglutition, signes posturaux, insta-
bilité posturale. Les douleurs seront liées aux défor-
mations articulaires et rachidiennes.
Plus fréquentes chez la femme, elles se rencontrent
essentiellement dans les formes akinéto-hyperto-
niques. Ces déformations articulaires ne sont pas