Autrefois les expériences étaient pratiquées sur des sujets qui
n’avaient pas donné leur consentement. Pasteur lui-même avait
proposé à l’empereur du Brésil d’offrir la grâce à des condamnés à
mort qui se soumettraient à une expérimentation consistant en une
inoculation préventive de la rage (
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). Certains se sont inquiétés de
ces pratiques et dès 1931, un premier code d’éthique médicale en
vigueur dans la République de Weimar interdisait l’expérimenta-
tion sur l’homme en l’absence de consentement.
En 1947, le procès de Nüremberg a révélé au monde l’horreur des
expériences menées par des médecins dans les camps de concentra-
tion; elles donneront lieu aux condamnation du tribunal de Nürem-
berg.
C’est aux Etats-Unis que furent créés les premiers comités d’éthi-
que locaux à la suite d’une série de scandales révélant que des expé-
riences avaient été menées sur des populations fragiles en l’absence
de consentement de leur part (Noirs pauvres de l’Alabama, patients
âgés hospitalisés, enfants arriérés mentaux placés en orphelinat).
C’est donc dans un esprit de protection du sujet d’expérience mais
aussi de méfiance vis-à-vis de certains praticiens de la science que
sont nés les premiers comités. Depuis lors ils ont été créés légale-
ment dans la plupart des pays d’Europe occidentale, les Etats-Unis,
le Canada et le Québec. C’est « le lieu institutionnel où peut s’opérer
la délicate balance entre la liberté de la recherche scientifique et la
nécessaire protection des individus » (
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). La discussion des enjeux de
l’expérimentation permet un arbitrage entre les divers intérêts en
présence : ceux du patient, des investigateurs et des promoteurs et
ceux de la société toute entière.
Le code de Nüremberg qui reflète les attendus du jugement du
Tribunal militaire américain condamnant les médecins nazis est le
premier texte international d’éthique médicale. Les principes qu’il
énonce seront repris dans tous les textes d’éthique médicale subsé-
quents et notamment la Déclaration d’Helsinki de l’Association
médicale mondiale de 1964 (révisée à plusieurs reprises et pour la
dernière fois à Edimbourg en octobre 2000) et la directive euro-
péenne 2001/20CE concernant les bonnes pratiques cliniques dans la
conduite d’essais cliniques de médicaments à usage humain.
Jacqueline Dalcq-Depoorter 551
(4) Voy. Axel Kahn, Et l’homme dans tout ça? Plaidoyer pour un humanisme
moderne, p. 318.
(5) Voy. notamment Les comités de la recherche biomédicale, travaux de la Faculté
de droit de Namur sous la responsabilité scientifique de Mme Marie-Luce Delfosse,
Presses universitaires de Namur, 1997.