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Cedre
Evaluation et suivi de l’impact écologique d’une pollution accidentelle par hydrocarbures Rapport R.12.28.C/3351
en milieu estuarien (IMPOLEST) Juin 2012
Rapport final (actions 2011)
I - Contexte
Zones de transition entre eaux douces et marines, les estuaires présentent une forte
attractivité et des intérêts diversifiés, tant sur le plan socio-économique qu’environnemental.
De fait, ils sont le siège d’activités économiques et d’usages multiples et divers constituant
des sources potentielles de nuisances, voire de conflits, eu égard à leurs fonctionnalités
écologiques diverses. En outre, ces secteurs qui incluent parfois des milieux d’intérêt
patrimonial (environnemental ou culturel) sont aussi très sensibles sur le plan sociologique et
les communautés qui s’en revendiquent (ex : riverains, associations, collectivités territoriales,
etc.) se les « approprient » d’autant plus volontiers qu’il s’agit d’entités perçues comme
mieux délimitées que des littoraux marins ouverts sur le large.
Dans ce contexte, un évènement de pollution accidentelle est, à l’évidence, susceptible
d’exacerber les diverses sensibilités et tensions associées aux enjeux coexistants, comme
l’a par exemple rappelé le déversement de fioul lourd survenu dans l’estuaire de la Loire en
mars 2008.
En période de crise lors d’un déversement accidentel, les autorités doivent, entre autres,
pouvoir activer rapidement la mise en place d’un programme d’évaluation et de suivi
environnemental, afin de répondre à la pression et aux inquiétudes variées (fondées ou
pas) : du public, d’associations de protection de la nature, d’usagers, d’industriels, de
professionnels (aquaculture, tourisme, par exemple), etc. Puis, en période de post-crise, le
pollué (état, collectivité, etc.) revendique dorénavant le droit de réclamer au pollueur la
réparation du préjudice causé (cadres national -Grenelle de l’environnement- et
communautaire -directive européenne relative à la responsabilité du pollueur, intégrée dans
le droit français via la Loi sur la responsabilité environnementale). Il lui faut alors disposer
d’un outil d’évaluation environnementale pouvant servir de base à l’évaluation économique
du préjudice écologique subi.
II - Problématique
II.1 - Problématique scientifique
Complexité du système estuarien
Les estuaires sont des systèmes de transition entre un écosystème marin en aval et un
écosystème fluvial en amont. Schématiquement, ils s’inscrivent ainsi dans un continuum,
depuis les eaux fluviales douces soumises à la marée dynamique vers des eaux marines
légèrement dessalées (environ 32 ‰). Il s’agit par conséquent d’écosystèmes complexes,
caractérisés dans leur ensemble par une diversité d’habitats et de communautés biologiques
liée à cette situation d’interface entre processus marins et fluviaux.
Cette complexité n’est pas sans générer un certain nombre de difficultés en termes
d’appréciation de l’intégrité ou de la dégradation des milieux estuariens et, partant,
d’estimation de l’impact potentiel d’un évènement accidentel. Les peuplements d’un estuaire
diffèrent le long des gradients environnementaux qui le caractérisent, d’amont en aval, et
sont composés d’organismes adaptés et résistants aux variations de leur environnement
(ex : salinité, température, turbidité, exondation…) : il faut donc s’attendre à ce que leurs
éventuelles fluctuations (qualitatives ou quantitatives), en réponse à un stress donné, soient
différentes selon que l’on étudie du benthos d’eau douce ou situé à l’embouchure d’un
estuaire.