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LA GRANDE FRACTURE
Les Sociétés inégalitaires et ce que nous pouvons faire pour les changer
Par Joseph Stiglitz
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Analyse du livre et discussion proposée par :
Jean Philippe Cornélis
Au Cercle Condorcet du Brabant wallon
Le lundi 23 novembre 2015
Courte biographie et bibliographie :
Le livre que nous allons analyser est :
La Grande Fracture, Joseph Stiglitz, Editions: Les Liens qui libèrent, Paris, 2015
Joseph Stiglitz, prix Nobel d’Economie en 2001, est un ancien économiste en
chef de la Banque Mondiale et un ancien conseiller économique du Président
Bill Clinton, dans son Council for Economic Advizers.
Il ne combat pas directement le capitalisme, mais plutôt la façon dont il a évolué
négativement au XXIème siècle, devenant purement spéculatif et financier.
Il a été à la tête de la Commission Stiglitz, Sen et Fitoussi que Nicolas Sarkozy
a créé pour analyser les instruments de la croissance française.
Grand pourfendeur de la politique de George W. Bush pour son invasion en
Irak, il estime, à l’encontre des estimations officielles d’un cout de 245 milliards
de dollars, que cette guerre aurait couté plus de 2500 milliards de dollars.
Se situant nettement dans l’aile gauche du parti démocrate, appelé les
« libéraux » aux Etats-Unis, son combat le plus important est celui contre la
dérive de la société américaine vers une toujours plus grande inégalité.
Pour lui, il y a un cercle vicieux entre l’inégalité économique et l’inégalité
politique, car l’argent donne un pouvoir politique sans limites.
Ainsi, alors que chez nous les frais de campagnes électorales sont vèrement
limités et contrôlés (confer l’affaire Bygmalion en France, avec les frais de
campagne excessifs de Sarkozy), aux Etats-Unis, nous sommes, dit-il, plutôt
dans un système électoral: un dollar, une voix, où des campagnes aux frais
vertigineux ne permettent plus qu’aux milliardaires d’accéder au pouvoir, d’où
l’expression de certains de dire que les Etats-Unis sont devenus une
ploutocratie, un régime dirigé par et pour les riches.
Les politiques successives d’austéri qui y ont été appliquées n’ont fait
qu’aggraver ce mal dont elles souffraient auparavant, car, pour lui, une bonne
politique est celle qui combine croissance et équité et pas l’inverse.
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Aujourd’hui, alors qu’on nous dit à longueur d’année et de discours politique
« Qu’il n’y a plus d’argent ! », selon Patrick Viveret, de la Cour des Comptes en
France, il y aurait 700.000 milliards de dollars dormants dans les paradis
fiscaux, et, de par leurs politiques austéritaires, les politiciens auraient fait
transférer, depuis 2008, 40.000 milliards de dollars des 99% vers les 1% les plus
riches, cet argent ne circulant plus pour la consommation, mais dormant dans
ces paradis fiscaux.
Dans son livre précédant: Le Triomphe de la Cupidité, Joseph Stiglitz avait déjà
montré combien le capitalisme est une maladie avaricieuse d’accumulation
toujours plus importante et angoissée d’argent, dans une société bien sur très
brutale, hyper-compétitive entre ses individus et impitoyable pour les faibles.
Ainsi, in La Grande Fracture, il affirme, page 7-8 :
Les Américains ORDINAIRES se demandent comment ils vont payer la
formation supérieure de leurs enfants; ce qui va se passer si un membre de la
famille a une maladie grave, souvent impayable; comment ils vont gérer leur
maigre retraite, et si, lors de la Grande Récession des subprimes, ils allaient
pouvoir garder leur maison. DES MILLIONS N’Y ONT PAS REUSSI !
Les membres des 1% les plus riches ont d’autres soucis: quel type de jet privé
acheter, comment mettre son argent dans des paradis fiscaux… et plus loin…
conscients des énormes injustices qu’ils sont en train de causer, COMMENT
ECHAPPER A LA GUILLOTINE, QUAND LE PEUPLE SE REVOLTERA !
Il cite l’exemple d’Oxfam qui emploie une image :
Dans un bus, 80 milliardaires auraient autant d’argent que la moitié la plus
pauvre de la planète entière, et 1% aurait bientôt autant que les 99%.
Selon J.S ., l’Amérique n’est PAS ce paradis où, en travaillant dur, on réussit,
mais plutôt un faux mythe: ce modèle économique n’a pas été payant , CAR LA
SITUATION ECONOMIQUE DE LA FAMILLE AMERICAINE EST BIEN
PIRE QU’IL Y A UN QUART DE SIECLE (p.13).
EN 2008, on a pendes centaines de milliards pour sauver les banques et
TRES PEU POUR SAUVER LES PROPRIETAIRES EN DIFFICULTES.
La croissance n’est pas partagée (p. 17), et n’apporte RIEN à l’écrasante
majorité.
Pour Stiglitz (p.31), les déficits ne sont pas dangereux quand ils servent à
linvestissement, alors que, sous Bush, l’argent a ESSENTIELLEMENT servi à
remplir les coffres des riches.
p.35: Il existe un lien clair entre la FINANCIARISATION CROISSANTE DE
LECONOMIE dans le monde et l’ASCENSION DE L’INEGALITE !
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Pour J.S. , la cause essentielle de la crise de paupérisation est la
déréglementation de la régulation financière.
Page 40, JS nonce le le CRIMINEL des économistes à prôner des systèmes
aussi inégalitaires, prétendant faussement que les marchés allaient s’autoréguler
automatiquement, sous la fausse menace: Trop gros pour faire faillite !
Selon lui, l’action de l’Etat a préservé les intérêts et les points de vue des
banques, alors que cette action n’a PAS relancé l’économie ! (p. 43).
La science économique admise et enseignée préconise LA STIMULATION
BUDGETAIRE quand l’économie est affaiblie (thèse de Keynes), mais on a
plutôt créé une bulle spéculative artificielle.
La politique de Bush a été une véritable CATASTROPHE selon JS :
La guerre d’Irak, la honte de Guantanamo et Abou Ghraib, l’érosion des libertés
civiles, les ravages infligés à l’économie américaine ! (p. 51).
Le président a fait grand cas des futurs problèmes financiers qui menacent la
Social Security, qui verse les pensions de retraite et d’invalidité, mais on aurait
pu la stabiliser POUR UN SIECLE avec le cout de la guerre d’Irak !
Bush n’a pas non plus diversifié les ressources énergétiques des Etats-Unis (p.
59 ).
Par un MEPRIS POUR LE MONDE, la politique économique américaine est
aussi confuse à l’extérieur qu’à l’intérieur, avec un MEPRIS TOTAL POUR
LES INSTITUTIONS MONDIALES.
Les perspectives sont très mauvaises, car le FARDEAU DE LA DETTE est de
4000 milliards chaque année, collectée surtout par les impôts ! (p. 63).
LES IMBECILES DU CAPITALISME (p.65) :
La crise est la conséquence d’erreurs qui ont été commises à tous les carrefours,
créant une défaillance totale du système et une cascade de décisions qui
produisent un résultat TRAGIQUE.
1) Remplacer Volker par Greenspan qui est à l’origine de l’éclatement des
deux bulles financières.
2) La loi Glass-Steagall qui maintenait depuis longtemps séparées les
banques de dépôt et les banques d’affaires a été supprimée
3) Ils ont pratique la saignée d’impôts au profit des riches
4) Ils ont truqué les chiffres en trafiquant le comptabilité, avec des agences
de notation aux pratiques perverses
5) Ils ont laissé se poursuivre l’hémorragie, le secrétaire au Trésor Henry
Paulson recevant 700 milliards de dollars à dépenser à sa seule discrétion.
ON A CRU BETEMENT QUE LES MARCHES S’AJUSTAIENT TOUT
SEULS ET QUE LE ROLE DE L’ETAT DEVAIT ETRE MINIMAL !
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QUI A TUE L’ECONOMIE AMERICAINE ? (P.75)
Les principaux coupables sont LES BANQUES ET LES INVESTISSEURS , les
banquiers ne comprenant pas les risques de la titrisation.
Les complices du crime sont les AGENCES DE NOTATION.
Les complices intellectuels sont les ECONOMISTES, qui ont fourni, par leurs
moles et leurs postulats irréalistes et bornés, les arguments intellectuels
propices aux intérêts des marchés financiers !
Certains courants se concentraient uniquement sur la lutte contre linflation,
mais Greenspan a aussi essayé de poindre la Chine comme bouc émissaire.
Les républicains sont coupables de ne pas admettre que les marchés s’égarent !
(p. 85), mais surtout, c’est le rôle PERVERS que joue le financement des
campagnes électorales dans les choix politiques, alors soumis à l’argent !
COMMENT SORTIR DE LA CRISE FINANCIERE ? (p.88)
La cause principale est la CONJONCTION DE LA DEREGLEMENTATION
ET DES TAUX D’INTERETS FAIBLES.
Après l’effondrement de la bulle financière, l’économie avait besoin d’un
stimulant, mais les réductions d’impôts de Bush ne l’ont pas stimulée.
LAMERIQUE A EXPORTE SA CRISE AU NIVEAU MONDIAL ET
IL Y A UN PROBLEME DE LIQUIDITES :
1) Recapitaliser les banques
2) Endiguer la marée des saisies
3) Adopter un plan de stimulation qui fonctionne, en augmentant les
indemnités de chômage et l’aide aux municipalités
4) tablir la confiance par des réformes de la réglementation
5) Créer une autorité multilatérale efficace
SELON JS, L’AVENIR DES ETATS UNIS EST TRES INCERTAIN !
Nous pensions que les dirigeants de Wall Street méritaient notre respect, mais
hélas, ILS FONT PASSER LEURS INTERÊTS AVANT CEUX DU PAYS !
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VUE D’ENSEMBLE
Dans son discours de Gettysburg, le Président Lincoln déclarait que le vrai
enjeux de la guerre de Sécession était de garantir que :
« Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ne disparaisse pas
de la surface de la terre », car si, selon la Déclaration d’indépendance
américaine, « tous les hommes sont créés égaux », elle ne veut pas dire que tous
ont les mêmes capacités; elle pose surtout que tous les hommes doivent ETRE
EGAUX DANS LEURS DROITS POLITIQUES (p.99).
Aux Etats Unis, le droit de vote est empêc par des complications pour
linscription, par des empêchements d’aller voter parce qu’il faut travailler, mais
surtout, les riches peuvent influencer les élections en achetant la presse et les
médias, alors que chez nous ces abus sont limités par un financement PUBLIC
des campagnes électorales, car quand on verse de l’argent pour les campagnes
électorales, elles ne seront que lucratives que pour quelques uns.
LA REACTION ET REVOLUTION NEO-CONSERVATRICE :
La part des super-riches a continué à grandir, et le REVE AMERICAIN EST
DEVENU UN MYTHE (p.102).
L’INTERET PERSONNEL ECLAIRE :
Le niveau d’inégalité ne serait pas dans l’avantage des riches, car, nous dit
Joseph Stiglitz, L’INEGALITE EST NEFASTE POUR L’ECONOMIE !
Nous pouvons avoir A LA FOIS DAVANTAGE D’EGALITE ET UN PIB
PLUS ELEVE ! (p.103).
Il réfute le refrain qu’on ne peut pas faire plus: c’est le contraire, notre économie
paye a prix fort cette inertie sur les problèmes.
Nous faisons des choix POLITIQUES: Réduction d’impôts pour les riches ou
EDUCATION DES AMERICAINS ORDINAIRES ?
Dans le Monde, l’inégalité GLOBALE (P.107), mesurée par le coefficient de
Gini (0= égalité parfaite, et 1= inégalité absolue) n’a pas bougé !
LE PHENOMENE PIKETTY:
Je propose de laisser ce chapitre à un de nos prochains orateurs qui va présenter
ce livre.
LE PROBLEMES DES 1% LES PLUS RICHES:
Certains haussent les épaules et disent: Et alors ? Cette indifférence est néfaste à
l’économie !
LE PROBLEME DE LA CONSOMMATION (p.126-127) :
« Quand un groupe est trop puissant, il ussit à obtenir que soient menées des
politiques qui le FAVORISENT A COURT TERME, AU LIEU D’AIDER A
LONG TERME L’ENSEMBLE DE LA SOCIETE.
C’EST DONC TOUTE CETTE DYNAMIQUE ELECTORALE INJUSTE QUE
JOSEPH STIGLITZ REMET EN CAUSE !
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