PARTIE 2 - DECOLONISATION ET CONSTRUCTION DE NOUVEAUX ETATS Chapitre I – Le temps des indépendances INTRODUCTION - Tableau des empires coloniaux en 1945 colonie = territoire occupé et administré par un autre Etat, appelé métropole. En 1945, les empires coloniaux européens représentent le 1/3 de la population mondiale et 40% de la surface du globe. Après une première vague de colonisation hispano-portugaise au temps des Grandes Découvertes (XVIe siècle – Amériques), c'est au XIXe siècle que le mouvement de colonisation européenne prend le plus d'ampleur. D'immenses empires se constituent en Asie et en Afrique : - le premier est l'empire britannique (35 M de km2), qui comprend l'Inde (le « joyau de la couronne britannique ») et une grande partie de l'Afrique orientale (l'actuel Soudan, l'actuel Kenya..), auxquels on peut ajouter les dominions (Nouvelle-Zélande Australie Afrique du Sud Canada). Dominion = anciennes colonies britanniques devenues indépendantes mais qui reconnaissent symboliquement la souveraineté du Royaume-Uni. Ils forment le Commonwealth. Commonwealth = association du Royaume-Uni et de ses anciennes colonies, qui conservent des liens économiques et symboliques. - l'empire français (12 M de km2) comprend quant à lui l'Afrique occidentale française (AOF), l'Afrique équatoriale française (AEF), les pays du Maghreb (Tunisie Maroc Algérie), l'Indochine, Madagascar, la Syrie et le Liban. - les Pays-Bas dominent l'Indonésie, la Belgique domine le Congo, le Portugal domine l'Angola et le Mozambique. Les statuts des territoires dominés sont divers : - par colonie au sens strict on entend des territoires administrés directement par la métropole (ex : l'Indochine française) - dans d'autres territoires, les métropoles ont maintenu un gouvernement local qu'elles contrôlent. Ces territoires sont alors appelés protectorats. (ex : la France a reçu en 1919 le protectorat de Syrie, ancien territoire de l'Empire ottoman qui a perdu la 1GM) - enfin, certains territoires sont totalement assimilés à la métropole (ex : l'Algérie, divisée en 3 départements français) Comment la colonisation est-elle justifiée en Europe ? A la lecture du discours de Jules Ferry de 1885, on retient 3 justifications principales : - l’intérêt économique : les métropoles peuvent exploiter les ressources naturelles des colonies (pétrole algérien, coton ivoirien...) et y trouver un débouché pour leurs produits manufacturés - le devoir « civilisateur » : c'est l'idée que l'homme blanc a l'obligation d'apporter le progrès aux peuples jugés « en retard », voire « sauvages ». C'est ce que Rudyard Kipling, l'auteur du Livre de la jungle, appelle « le fardeau de l'homme blanc ». Cette idée justifie toutes sortes de comportements racistes (paternalisme envers les « bon noirs » vus comme des enfants. Ex : Tintin au Congo, Y'a bon Banania) et d'exactions (ex : maltraitance, privation de droits politiques, mutilation des travailleurs « paresseux » au Congo belge...). - les impératifs stratégiques : avoir des bases navales dans le monde entier permet d'affirmer sa puissance. Les colonies rehaussent aussi le prestige national. => les puissances européennes sont, encore au milieu du XXe siècle, très attachées à leurs colonies. Pourtant, en 1945, la décolonisation semble inéluctable... PBQ : COMMENT EXPLIQUER L'EFFONDREMENT DES EMPIRES COLONIAUX APRES 1945 ? A) QUELLES SONT LES ORIGINES DE LA DECOLONISATION ? La Seconde Guerre mondiale joue comme un rôle de déclencheur dans le processus de décolonisation. 1) Un contexte international anticolonialiste en 1945 anticolonialisme = courant politique qui vise à remettre en cause la colonisation. En 1945 le contexte est propice à la décolonisation. En effet : - la plupart des métropoles européennes sortent affaiblies de la guerre, économiquement comme politiquement. Elles ont perdu de leur prestige auprès des colonisés, d'autant qu'elles ont souvent utilisé les colonies pour l'effort de guerre (troupes, ressources...) et qu'elles continuent à ne leur reconnaître aucun droit. - la lutte contre l'Allemagne nazie s'est faite au nom de la liberté, des droits de l'homme et de l'égalité des races. Or la colonisation va à l'encontre de ces principes ! L'attitude de la France et du Royaume-Uni est donc extrêmement contradictoire, ce que les colonisés commencent à pointer d doigt. - l'Organisation des Nations Unies, créée en 1945 à la conférence de San Francisco, inscrit dans sa charte de fondation des principes anticolonialistes. Charte de l'ONU, article 73, 1945. "Les Membres des Nations Unies qui assument la responsabilité d'administrer des territoires dont les populations ne s'administrent pas encore complètement elles-mêmes reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, et de développer leur capacité de s'administrer ellesmêmes, de tenir compte des aspirations politiques des populations et de les aider dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques." Quels sont les principes revendiqu és dans la charte? Quelles sont les dispositions pr évues à l'égard des colonies? Le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » sous-entend que chaque peuple doit être libre de choisir son mode de gouvernement. L'ONU prévoit donc la fin progressive des colonies et invite les métropoles à accompagner les colonisés vers l'indépendance. Durant les décennies qui suivent la guerre, les colonisateurs sont mis en accusation à plusieurs reprises à l’assemblée générale de l'ONU. - Enfin, les deux grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale ont des idéologies anticolonialistes. En effet, les Etats-Unis sont d'anciennes colonies britanniques. L'URSS a quant à elle une idéologie marxiste, qui dénonce toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme : celle du patron sur l'ouvrier, celle de la métropole sur la colonie. Le parti communiste s'engage contre la colonisation. Affiche francaise des années trente. => Tout cela encourage la contestation dans les colonies. Celle-ci a déjà germé depuis plusieurs années parmi les élites locales cultivées et européanisées, qui remettent en cause la domination sans partage de la métropole. MOHANDAS GANDHI, dit le Mahatma, la"grande âme" (1869 – 1948) Né en Inde dans une famille de notables, il obtient à Londres un diplôme d'avocat puis exerce sa profession en Afrique du Sud. Là-bas il s'engage contre la discrimination qui touche les populations noires et immigrées. Il y développe la théorie du combat par la non-violence. De retour en Inde en 1914, il présente aux Britanniques ses revendications d'autonomie pour l'Inde et organise durant 20 ans des manifestations pacifiques, le boycott des produits anglais, des grèves de la faim et une "marche du sel" (une marche de 350 km pour protester contre le monopole anglais sur la vente du sel) : c'est la désobéissance civile. Il est arrêté et emprisonné à plusieurs reprises mais sa popularité dans le monde entier permet de faire avancer la cause de l'indépendance, qui est effective le 15 août 1947 (partition Inde/ Pakistan) Il est assassiné par un extrémiste en janvier 1948. HÔ CHI MINH, "celui qui éclaire" (1890 – 1969) Issu d'une famille vietnamienne aisée, Nguyen Ai Quoc exerce en France des petits boulots et y est initié au communisme. En 1930 il fonde le Parti communiste indochinois. En 1941, alors que les colonies francaises sont envahies par le Japon, il crée la « Ligue pour l'Indépendance du Viêt Nam » (Viêt Minh) qui combat à la fois les occupants japonais et les colonisateurs français. Après la guerre, il proclame la République démocratique du Viêt Nam à Hanoï et l'indépendance. C'est le début de la guerre d'Indochine (1946 – 1954) qui aboutit à l'indépendance du Vietnam et à sa partition le long du 17e parallèle. Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001) Issu de l'aristocratie sénégalaise, il fait des études littéraires en France et devient enseignant de lettres. Il n'a pas à proprement parler combattu pour l'indépendance du Sénégal mais a développé dans ses écrits le concept de négritude, qui affirme l'originalité de la culture africaine et sa valeur égale à la culture européenne. Il devient le premier président du Sénégal de 1960 à 1980 et est un promoteur de la coopération entre la France et ses anciennes colonies. 2 ) L'action des mouvements nationalistes nationalisme = mouvement politique constitué de personnes qui, ayant conscience de former une même communauté nationale, demandent à créer un Etat souverain. a) L'exemple de l'Inde En Inde, le mouvement nationaliste s'organise depuis 1885 autour du Parti du Congres. Gandhi le dirige de 1915 à 1929, puis Jawaharlal NEHRU, un proche collaborateur de Gandhi, prend sa suite comme secrétaire général du Parti du Congrès. Il rompt avec les pratiques douces de « désobéissance civile » de son prédécesseur et lance en 1942 le slogan « Quit India » = « quittez l'Inde ». Questions : Dans quel contexte la résolution Quit India est-elle rédigée ? Que demandent les nationalistes et sur quels arguments s'appuient-ils ? Nehru lance sa demande d'indépendance au cœur de la seconde guerre mondiale. Il rappelle, tout d'abord, que l'Inde soutient l'effort de guerre britannique en envoyant des troupes coloniales, en particulier en Afrique du Nord. Il présente ensuite l'analogie qui existe entre expansionnisme nazi en Europe et impérialisme britannique en Asie : donner l’indépendance aux colonies donnerait une pus grande crédibilité à la cause des Alliés. b) L'exemple de l'Asie du sud-est (Indochine française, Indon ésie néerlandaise) Durant la guerre, plusieurs colonies européennes d'Asie du sud-est se sont retrouvées occupées par le Japon. La capitulation nippone (suite à l'attaque nucléaire d'août 1945) crée dans ces régions un vide politique à la faveur duquel les colonies déclarent leur indépendance : - En Indonésie, l'ingénieur Ahmed Soekarno, qui agit pour la cause indépendantiste depuis les années trente, déclare l'indépendance de son pays en août 1945. Les Pays-Bas réagissent violemment et il s'ensuit quatre ans de guerre. - En Indochine, Hô Chi Minh suit l'exemple indonésien et proclame la République indépendante du Vietnam (partie est de l'Indochine) le 2 septembre 1945. La France hésite, puis s'engage dans une guerre de reconquête coloniale (1946 – 1954). LE VIETNAM S'EMANCIPE En automne 1940, quand les fascistes japonais, en vue de combattre les Alliés, ont envahi l'Indochine pour organiser de nouvelles bases de guerre, les colonialistes français se sont rendus à genoux pour leur livrer notre pays. (..) Avant le 9 mars dernier, à plusieurs reprises, la Ligue Viet Minh a invité les Français à se joindre à elle pour lutter contre les Japonais. Les colonialistes français, au lieu de répondre à cet appel, ont sévi de plus belle contre les partisans du Viet Minh. Lors de leur débandade, ils sont allés jusqu'à assassiner un grand nombre de prisonniers politiques incarcérés à Yen Bai et à Cao Bang. (…) En fait, depuis l'automne de 1940, notre pays a cessé d'être une colonie française pour devenir une possession nippone. Après la reddition des Japonais, notre peuple tout entier s'est dressé pour reconquérir sa souveraineté nationale et a fondé la République démocratique du Vietnam. La vérité est que notre peuple a repris son indépendance des mains des Japonais et non de celles des Français. (...) Pour ces raisons, nous, membres du Gouvernement provisoire, déclarons, au nom du peuple du Vietnam tout entier, nous affranchir complètement de tout rapport colonial avec la France impérialiste, annuler tous les traités que la France a signés au sujet du Vietnam, abolir tous les privilèges que les Français se sont arrogés sur notre territoire. Tout le peuple du Vietnam, animé d'une même volonté, est déterminé à lutter jusqu'au bout contre toute tentative d'agression de la part des colonialistes français. Nous sommes convaincus que les Alliés, qui ont reconnu les principes de l'égalité des peuples aux conférences de Téhéran et de San Francisco ne peuvent pas ne pas reconnaître l'indépendance du Vietnam. Hanoi, le 2 septembre 1945 - Hô Chi Minh, président Question : Quel rôle la seconde guerre mondiale a-t-elle joué dans l'histoire du Vietnam ? (cf. réponse ci-dessus) B) COMMENT LES ETATS PARVIENNENT ILS A L'INDEPENDANCE ? 1) Les vagues d'accession à l'indépendance On peut distinguer un mouvement d’émancipation qui part d'Asie dès la fin de la guerre pour gagner le Maghreb et l'Afrique subsaharienne durant les deux décennies suivantes. a) Les indépendances en Asie (1945 - 1954) C'est en juin 1947, lors de la conférence de New Delhi, que sont signés l’indépendance de l'Inde ainsi qu'un plan de partition entre Union Indienne hindouiste et Pakistan musulman. L'accord est signé par Nehru (à gauche), dirigeant hindou du Parti du Congrès, Ali Jinnah (à droite), chef de la Ligue musulmane, et Lord Mountbatten (au centre), dernier vice-roi des Indes. Cette partition cause de nombreux conflits interethniques et des mouvements massifs de population (hindous du Pakistan vers l'Union Indienne, musulmans vers le Pakistan). En revanche, la France et les PaysBas refusent de perdre leurs colonies d'Asie. Il s'ensuit des guerres de décolonisation en Indonésie hollandaise (1945-1949) et en Indochine française (1946-1954). b) Les indépendances en Afrique du Nord (1956-1962) Les protectorats français de Tunisie et du Maroc accèdent pacifiquement à l’indépendance en 1956. En revanche, l’Algérie, colonie de peuplement, est au cœur d'une guerre de 1954 à 1962 (la « sale guerre »). c) Les indépendances en Afrique centrale (années 1960) Ces colonies parviennent à l’indépendance par la négociation. C'est le cas en 1957 pour le Ghana (grâce au nationaliste Kwame Nkrumah, qui devient alors président), et en 1960 pour toutes les colonies d'Afrique noire françaises. d) Les colonies portugaises (années 1970-1980) : il faut attendre la chute du dictateur portugais Salazar en 1975 pour que l'Angola et le Mozambique accèdent enfin à l’indépendance. => On distingue donc les cas où la transition vers l’indépendance a été pacifique des cas où l'émancipation s'est obtenue au prix d'une guerre contre la métropole. 2) Les indépendances négociées a ) Les hésitations françaises au Maghreb : assimilation ou indépendance ? La France a d'abord expérimenté la solution de l'assimilation (= faire des colonisés des Français) avant d'accepter le mouvement inéluctable de décolonisation. L'Algérie est un cas à part (cf. chapitre II) Doc. 1 – Discours de Charles de Gaulle, conférence de Brazzaville (janvier -février 1944), « Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans ces colonies écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire ; la constitution éventuelle, même lointaine, de self-government dans les colonies est à écarter. La conférence, après en avoir délibéré, a adopté la recommandation ci-après : 1 ° Il est désirable et même indispensable que les colonies soient représentées au sein de la future assemblée qui recevra mission de rédiger la constitution française [...] 4° En tout état de cause, l’organisme nouveau à créer, Parlement colonial ou, préalablement, Assemblée fédérale, devra répondre aux préoccupations suivantes : Affirmer et garantir l’unité politique et intangible du monde français ; respecter la vie et la liberté locale de chacun des territoires constituant le bloc France-Colonies. » Questions : 1) Dans quel contexte cette conférence a-t-elle été tenue ? Cette conférence a lieu au Congo en 1944. Les colonies d'Afrique se sont ralliées à la France Libre de De Gaulle et combattent aux côtés des Alliés. De Gaulle énonce un certain nombre de promesses pour l’après-guerre. 2) A quelle concession la France est-elle prête pour répondre aux aspirations de ses colonies ? La France promet l'égalité juridique aux colonisés (droit de vote, marge d'autonomie au niveau des décisions locales). 3) Que refuse absolument Charles de Gaulle ? L'indépendance des colonies n'est pas envisagée : elles resteront dans l'empire français. => En 1946, les dispositions de la conférence de Brazzaville sont appliquées : la IVe République établit l'Union française = tous les colonisés reçoivent la citoyenneté française et le droit de voter au Parlement. Il n'est donc pas encore question d'indépendance. Il s'agit davantage d'une tentative d'assimilation. Mais l'agitation nationaliste se poursuit dans les colonies... Doc. 2 – Le retour triomphal de Bourguiba en Tunisie (juin1955) En 1952, le chef du mouvement nationaliste tunisien Habib Bourguiba est arrêté et emprisonné en France. Cette politique est condamnée par la communauté internationale (l'ONU) et l'agitation s'amplifie en Tunisie, au Maroc et en Algérie. En 1954, le président du conseil Pierre Mendès France s'engage à reconnaître l'autonomie interne de la Tunisie et du Maroc. Bourguiba est autorisé à rentrer. Il sera le premier président tunisien lors de l’indépendance de la Tunisie et du Maroc en 1956. Mais dans le même temps la France s'enfonce dans la guerre d’Algérie. Question : Comment expliquer l’infléchissement de la politique française en Tunisie et au Maroc ? En Tunisie et au Maroc, la France cède face aux revendications d'indépendances et aux condamnations répétées de l'ONU. La transition s'y fait relativement en douceur (d'autant que la France, qui s'enlise en Algérie, ne peut mener plusieurs guerres de front !) Autonomie= situation d'une colonie qui s'administre elle-même tout en restant sous la souveraineté de la métropole. Indépendance = situation d'un territoire qui devient Etat souverain. b) L’émancipation pacifique de l'Afrique noire Doc. 1 – Adresse de N'Krumah au gouverneur britannique de la Gold Coast (Ghana), 1951 « Parmi les peuples coloniaux, il y a une immense réserve non encore entamée de paix et de bonne volonté envers la Grande-Bretagne, pour peu que celle-ci veuille se défaire de l'appareil périmé et vermoulu d'il y a deux siècles et qu'elle se présente aux peuples coloniaux en tendant les bras pour nous aider à déterminer nos destins ». Question – Qu'attend N'Krumah de la métropole britannique ? Pour N'Krumah, les métropoles ont une responsabilité vis-à-vis de leurs colonies : elles doivent les aider sur la voie de l'indépendance, puis maintenir avec elles des liens privilégiés de coopération. Et en effet, c'est la politique que suivra le RoyaumeUni : lorsque le Ghana devient indépendant en 1957, il intègre le Commonwealth et maintient des liens de solidarité politiques et économiques avec son ancienne métropole. Commonwealth = association du Royaume-Uni et de ses anciennes colonies, qui conservent des liens économiques et symboliques. Doc. 2 – La Communaute franco-africaine (1958) La Communauté est créée avec l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution instaurant la Ve République. De 1958 à 1960 tous les Etats d'Afrique noire deviennent indépendants. «Art. 1. La République et les peuples des Territoires d'Outre-Mer qui, par un acte de libre détermination, adoptent la présente Constitution instituent une Communauté. Art. 2. La Communauté est fondée sur l'égalité et la solidarité des peuples qui la composent. Art. 86 : La transformation du statut d'un État membre de la Communauté peut être demandée soit par la République, soit par une résolution de l'assemblée législative de l'État intéressé confirmée par un référendum local dont l'organisation et le contrôle sont assurés par les institutions de la Communauté. Dans les mêmes conditions, un État membre de la Communauté peut devenir indépendant. Il cesse de ce fait d'appartenir à la Communauté.» Question : quelle est la vocation de la « Communauté franco-africaine » créée par De Gaulle ? En 1958 De Gaulle instaure la Communauté franco-africaine, qui réunit la France et les colonies qui lui restent (AEF, AOF), à l'exception de l'Algérie. Il s'agit d'accompagner progressivement les colonies vers l'indépendance. En 1960, ces indépendances sont effectives. Les liens entre la France et ses anciennes colonies continuent à travers la coopération. coopération = une politique de soutien économique et social de l'ancienne métropole aux anciennes colonies. 3) Les guerres d’indépendance en Asie En Indonésie, Soekarno a proclamé l'indépendance au départ des Japonais. Mais les Pays-Bas interviennent militairement jusqu'en 1949, date à laquelle ils cèdent devant la résolution de l'ONU pour la fin des hostilités. Soekarno prend la tête de l’Indonésie indépendante. En Indochine, la France est en négociations avec le Vietminh de Hô Chi Minh depuis le proclamation de la République démocratique du Vietnam en septembre 1945. Mais le 23 novembre 1946, l’armée française bombarde le port de Haïphong (6000 morts). Le 19 décembre 1946, les forces du Vietminh envahissent la ville d’Hanoï et massacrent des Français. C'est le début de la guerre d'Indochine (1946 – 1954). Cette guerre de décolonisation porte la marque de la Guerre Froide : – le Vietminh est soutenu par l'URSS et la Chine communiste. Il mène une guerre de guérilla (embuscades, sabotages, troupes mobiles qui trouvent des appuis dans les villages). – Les troupes françaises reçoivent un appui logistique américain. Elles ont recours aux bombardements et au napalm. En 1954 les Francais essuient la terrible défaite de Diên Biên Phu. Les accords de Genève sont signés le 20 juillet 1954, aux termes desquels l'ancienne Indochine est divisée en 4 Etats indépendants : Laos, Cambodge, Vietnam du Nord (communiste, dirigé par Hô Chi Minh) et Vietnam du Sud (régime autoritaire dirigé par Diem).