Optique géométrique
François Konschelle
Laboratoire de Mathématiques et Physique Théorique UMR 7350,
Université de Tours,
37200 France∗
La lumière est un des plus ancien concept étudié par
la physique. Le concept moderne repose sur la notion de
dualité onde-corpuscule, qui a été vérifié expérimentale-
ment en 1986 (Grangier et al.,1986) quand fut repro-
duite l’expérience des fentes de Young avec des photons
uniques. Il devenait alors possible de distinguer chaque
photon individuel impactant un écran. On observe dans
un premier temps des impacts disparates, comme si les
photons se comportaient comme des particules libres.
Néanmoins, lorsque de plus en plus d’évènements sont
enregistrés sur l’écran (i.e. quand beaucoup de photons
commencent à apparaître sur l’écran) on commence à voir
émerger des figures d’interférences (i.e. des oscillations de
l’intensité lumineuse), comme si les photons se compor-
taient comme des ondes.
Comprendre cette dualité onde-corpuscule fût tout
l’objet de la création de la mécanique quantique et de
la théorie quantique des champs dans la première moitié
du XX-ième siècle, qui définissent toutes les interactions
(par exemple les interactions lumière-matière) en terme
d’objets mathématiques ambivalents, capable de prédire
tous les comportements observés jusqu’à aujourd’hui1.
Contrairement à la mécanique dite classique, pour laque-
lle observer un objet (typiquement une planète) n’altère
pas ses propriétés (par exemple sa trajectoire), la mé-
canique quantique admet comme possible d’influencer –
voire de détruire – l’objet d’une mesure. Typiquement un
photon est détruit lorsqu’on veut connaître sa longueur
d’onde. C’est cette destruction qui permet de contracter
(on dit de projeter) une onde jusqu’à l’état de particule.
La nomenclature moderne définit le photon comme
le boson vecteur de l’interaction électromagnétique, ou
comme le boson vecteur d’une théorie de jauge abélienne.
Avant de considérer la théorie quantique des champs,
sa version classique – l’électromagnétisme – prédisait déjà
une multitude de processus. En particulier, il était possi-
ble de décrire relativement correctement les interactions
entre lumière et matière, ainsi que de généraliser ces in-
teractions à un large spectre d’ondes électromagnétiques
et pas seulement au spectre visible comme dans le cadre
de l’optique.
∗http://fraschelle.free.fr
1La mécanique quantique est introduite à partir de la troisième an-
née du cursus de physique. La théorie quantique des champs est
introduite à partir de la quatrième année du cursus de physique.
Pour l’électromagnétisme, la lumière est essentielle-
ment une onde, quoiqu’elle porte quelques notions de par-
ticules2. Ainsi, les ondes électromagnétiques peuvent être
décrites par un vecteur d’onde (éventuellement dépen-
dant de la longueur d’onde dans les milieux dispersifs)
qui pourrait s’assimiler à un vecteur vitesse pour l’onde,
ainsi qu’une quantité de mouvement. De même, les équa-
tions de Maxwell prédisent que les ondes se propagent
dans le vide à une certaine vitesse, dont on s’apercevra
au tournant du XX-ième siècle qu’elle est une constante
universelle c= 299 792,458m·s−1.
Avant l’élaboration de l’électromagnétisme (qui con-
stitue une large part de la science du XIX-ième siè-
cle jusqu’à la réecriture des équations de Maxwell par
Hertz et Heaviside au début du XX-ième siècle), les con-
cepts corpusculaires et ondulatoires de la lumière co-
habitaient. Voir la lumière comme une onde permettait
d’interpréter les expériences d’interférences et de diffrac-
tion. L’approche ondulatoire3culmine avec l’énoncé du
principe de Huygens-Fresnel4:
Huygens-Fresnel: Chaque point de l’espace atteint par
une onde lumineuse se comporte comme une source
ponctuelle secondaire émettant une nouvelle onde
lumineuse d’amplitude et phase égales à l’onde in-
cidente.
Voir la lumière comme une particule permettait
d’interpréter les expériences de propagation dans les
milieux transparents, comme la réfraction, les lentilles
minces et les dioptres. C’est le sujet de ce cours.
Dans ce cours, on se contentera d’une des formes les
plus anciennes de description de la lumière, appelée op-
tique géométrique. Dans ce cadre, la lumière se propage
en ligne droite sous la forme de rayons de lumière re-
groupés en faisceaux, et aucune énergie ni information
n’est échangée entre ces faisceaux, ou entre les faisceaux
et la matière. L’approximation de l’optique géométrique
est valable pour les milieux transparents qui n’absorbent
2L’électromagnétisme est introduit dès la deuxième année du cur-
sus de physique.
3On parle également d’optique physique. Cette approche est
développée à partir de la deuxième année du cursus de physique.
4Voir la page Wikipédia sur le principe de Huygens-Fresnel pour
plus de détails.