Jésus fut « tenté » au désert.
« Mettre à l’épreuve », « tenter »,
« éprouver » : voilà trois mots qui, en
français, ont des sens différents. Ils
traduisent cependant UN seul verbe
grec : peirazein utilisé dans les
Evangiles. Ce verbe peirazein avait
été choisi dans la version des
Septante (traduction des Livres Saints
en grec par soixante dix sages, 2ème
siècle avant J.C) pour traduire le
verbe hébreu nasah.
Le mot “tentation” (peirasmos en
grec) suggère (pour une oreille
française) l’incitation au mal et
évoque un débat intérieur entre le
bien et le mal, avec une
connotation négative. Pour un
auditeur familier des catéchèses
rabbiniques c’est une mise à
l’épreuve, un test, une sorte de défi
qui sera ou non relevé. Les rabbins
soulignaient toujours le caractère
positif de cette mise à l’épreuve.
Dieu met l’homme à l’épreuve pour
tester sa fidélité : ainsi Abraham :
« Or, après ces événements, Dieu mit
Abraham à l’épreuve » (Gn 22,1) ...
puis « N’étends pas la main sur le
jeune homme... maintenant je sais
que tu crains Dieu » (Gn 22,12).
Il met à l’épreuve son peuple : « tu
n’écouteras pas les paroles de ce
prophète ...car c’est le Seigneur
votre Dieu qui vous éprouvera de
cette
manière pour savoir si vous êtes des
gens qui aimez le Seigneur votre Dieu
de tout votre coeur et de tout votre
être » (Dt 13,4) ; mais comment
concevoir que Dieu puisse mettre
son Fils à l’épreuve ? Il n’a pas besoin
de s’assurer de son amour. Une telle
mise à l’épreuve ne peut venir que
d’une puissance hostile à Dieu et à
l’homme, puissance personnifiée
sous le nom de Satan. Dans le livre
de Job déjà (écrit vers 575 avant
J.C) c’est « Le Satan » (avec article),
membre du conseil divin, qui obtient
de Dieu le pouvoir de persécuter
Job, de le mettre à l’épreuve.
Saint Irénée au 2ème siècle, puis les
Pères de l'Eglise latine, commentent
le pouvoir de Satan et l'utilisation qu'il
fait de l'Ecriture, voyant dans les
tentations du Christ un parallèle
avec la tentation d'Adam. La
tentation est donc une incitation à
la faute et le Christ nous enseigne
comment résister aux ruses du
Diable.
Par ce récit des tentations, les 3
évangiles synoptiques annoncent ce
que sera, tout au long de son
ministère, le combat du Christ contre
le Mal, contre Satan, jusqu’à la
dernière épreuve, celle de la
Passion. A Gethsémani, Jésus
demande à ses disciples de prier
pour ne pas entrer en tentation (Lc
22,40). Jésus a relevé le défi jusqu’au
bout.
Marie-Odile Hesnard
D’après le supplément aux Cahiers Evangile n° 134.
Collectif : « Les tentations du Christ »