Jean BARDET, Député, rapporteur, Office parlementaire d'évaluation des politiques de
santé (Opeps)
L’OPEPS, qui regroupe sénateurs et députés, a vocation à se saisir d’un certain nombre de
sujets d’actualité pour interpeller les pouvoirs publics sur certaines problématiques. J’ai
personnellement été en charge d’un rapport sur la prise en charge immédiate des AVC. Des
sources de données variées ont été utilisées pour collecter des éléments sur ce sujet, des
données du PMSI à l’enquête de 1999 de la Société française neuro-vasculaire. Inutile de
préciser qu’une extrapolation de ces données au niveau international est particulièrement
difficile, sans parler des diversités régionales qui peuvent être constatées entre Nord-Sud et
Est-Ouest.
Les AVC sont la cause de 7 % des décès enregistrés en France, de maladie longue durée
pour 200
000
personnes et de 130 000 séjours hospitaliers. Ils sont la principale cause
d’invalidité en France et représentent jusqu’à 2,5 milliards de dépenses pour la sécurité
sociale. Ces données mettent en évidence la nécessité de lutter contre les AVC. Un véritable
défi se présente et celui-ci ne pourra être relevé qu’à condition de prendre connaissance
rapidement des premiers symptômes (contact du médecin traitant, échanges avec la famille),
d’assurer un transport médicalisé rapide (l’hélicoptère n’est pas souvent approprié et
représente un coût non négligeable), de poser un diagnostic le plus tôt possible (IRM,
télémédecine) et de mettre en œuvre le traitement rapidement.
L’état des lieux en France se révèle assez catastrophique : 50 % des patients arrivent à
l’hôpital trois heures et demie après le début des symptômes et le délai d’imagerie est de
deux heures et demie en moyenne.
Il s’avère que les résultats de la prise en charge sont croissants selon la spécialisation du
service dans lequel se trouve le malade, la meilleure prise en charge étant effectuée par les
unités de neurologie vasculaire (UNV). Le fonctionnement des dites unités doit être
individualisé, conformément aux dispositions de circulaires successives (présence
permanente d’un médecin neurologue, accès prioritaire à l’imagerie IRM, présence d’un
personnel médical dédié, insertion dans une filière de soins et financement spécifique).
Le SROS de 2006 prévoyait 140 UNV avec un maillage cohérent mais, à l'heure actuelle,
seules 58 UNV peuvent être recensées, lesquelles sont réparties de manière inégale.
900 lits sont disponibles dans ces unités alors qu’il en faudrait 4
400. Le coût du
fonctionnement des UNV a été estimé à 265 millions d'euros par an. Même en prévoyant une
couverture de 40 % pour les lits de soins intensifs, une aide à la contractualisation et une
mutualisation, il resterait 150 millions d’euros à couvrir. Le rapport de l’OPEPS interpelle les
pouvoirs publics sur la nécessité de dégager des fonds.
Douze propositions, classées en trois catégories, ont été formulées dans le cadre du rapport
de l’OPEPS. Y figurent, entre autres, la nécessité de développer les capacités de prise en
charge spécialisée, de mettre en œuvre un accès prioritaire à l’imagerie, d’augmenter le
nombre de spécialistes en neurologie vasculaire, d’informer la population des symptômes et
de promouvoir l’appel au 15.
France WOIMANT, Société Française de Neuro-Vasculaire (SFNV); Service de
neurologie, Hôpital Lariboisière, Paris
Mon propos portera sur un état des lieux de la prise en charge des AVC.
L’UNV est le traitement le plus efficace des AVC car elle permet de réduire la mortalité et le
nombre de patients qui conserveront un handicap après leur AVC et elle s'adresse à tous les
patients thrombolysés ou non.
L’UNV est composée d’une équipe multidisciplinaire comprenant un neurologue vasculaire
présent sur place ou d'astreinte opérationnelle 24 heures sur 24 et des acteurs de santé