retentissement rénale gauche, compatible avec un processus malin
sur testicule ectopique. L'exploration per opératoire a mis en évi-
dence une tumeur testiculaire fixée au psoas avec de volumineuses
adénopathies, associée à une coulée néoplasique engainant les vais-
seaux iliaques. Après exérèse l'examen anatomopathologique de la
pièce opératoire a conclu en un carcinome embryonnaire sur testi-
cule ectopique avec métastases ganglionnaires.
Observation n°3
D.S. 33 ans, célibataire sans enfant, a consulté pour douleur de la
fosse iliaque droite récidivante, évoluant depuis un an. Il a été suivi
durant cette période par un médecin généraliste qui, devant la per-
sistance de la symptomatologie douloureuse a demandé une écho-
graphie abdominale, qui a mis en évidence une tumeur de nature
tissulaire probablement en rapport avec une tumeur sur testicule
ectopique devant la vacuité de la bourse droite. L'examen physique
réalisé en urologie a confirmé la vacuité de la bourse droite, et une
masse hypogastrique latérodéviée à droite , mobile par rapports aux
plans superficiel et profond, indolore. Les examens biologiques
étaient : βHCG : 17ui/ml ; αFP : 1,6ui/ml ; LDH : 1213ui/ml. Une
TDM TAP a conclu en une masse hypogastrique compatible avec
une tumeur développée aux dépends d'un testicule ectopique. L'ex-
ploration chirurgicale a mis en évidence une tumeur testiculaire
intrapéritonéale de 303,4 g. Les résultats de l'examen anatomopa-
thologique ont conclu en un séminome différencié.
Observation n°4
A.B. 26 ans célibataire sans enfant, a été hospitalisé dans un servi-
ce de médecine interne pour tuméfaction du flanc gauche, consti-
pation opiniâtre, douleurs abdominales et rectorragies évoluant
depuis 8 mois, dans un contexte d'altération de l'état général. L'é-
chographie abdominale réalisée en cours d'hospitalisation, avait
conclu en une tumeur du flanc droit de nature tissulaire indépen-
dante du rein et du foie. La TDM TAP a conclu en une masse rétro-
péritonéale de 18 cm/17 cm, compatible ave une tumeur sur testi-
cule ectopique associée à de volumineuses adénopathies lombo-
aortiques. Il a été adressé en urologie.
L'exploration per-opératoire a mis en évidence une volumineuse
tumeur testiculaire polylobée de consistance encéphaloïde avec
d'importantes zones de nécroses, qui après exérèse, pesait 1427 g.
L'examen anatomopathologique a conclu en un carcinome
embryonnaire sur testicule ectopique.
Observation n°5
O.S. 33 ans, célibataire sans enfant, a consulté dans un service de
médecine pour douleurs pelviennes et voussure hypogastrique aug-
mentant rapidement de volume, le tout évoluant depuis un mois.
L'échographie réalisée dans le cadre du bilan avait conclu en une
volumineuse masse sus vésicale latéro déviée à gauche avec une
ascite de petite abondance compatible avec une tumeur sur testicu-
le ectopique devant le contexte clinique de vacuité bilatérale des
bourses. L'examen clinique réalisé en urologie a mis en évidence
une masse occupant l'hypogastre et la fosse iliaque gauche, peu sen-
sible et fixée par rapport au plan profond. La TDM TAP aconclu en
une masse pelvienne faisant évoquer une dégénérescence sur testi-
cule ectopique associée à des métastases ganglionnaire lombo-aor-
tiques gauche. A l''exploration per opératoire il existait une volumi-
neuse tumeur développée aux dépends du testicule gauche, adhé-
rente aux anses grêles et au colon descendant. L'examen anatomo-
pathologique a conclu en un séminome sur testicule ectopique avec
envahissement et effraction capsulaire.
DISCUSSION
Au plan épidémiologique, le risque de cancérisation serait beau-
coup plus élévé en cas de testicule non descendu [1, 3, 4]. Ce risque
serait 3 à 10 fois plus important selon CARNOMA CAMPOS [3] et 48
fois supérieurs selon CAMPBELL [5]. Cette disparité des chiffres sur
le risque de survenu de cancer en cas de testicules non descendus
s'expliquerait par la multitude de protocoles utilisés. En effet, selon
STANG [6], les questionnaires utilisés, les classifications des testicu-
les non descendus et les sources de données ont un impact certain
sur l'odds ratio. L'abaissement ne prévient pas le risque de cancéri-
sation, mais permet une meilleure surveillance du testicule. DEBRE
[7] a rapporté 12,5% de cas de tumeurs sur testicule abaissé chirur-
gicalement. Les biopsies réalisées au moment de l'orchidopexie ne
permettent pas de prédire l'éventuelle survenue d'une dégénéres-
cence et constituent un facteur de risque supplémentaire. Le risque
de dégénérescence serait plus élevé sur testicule biopsié que sur tes-
ticule non biopsié [8]. Le niveau d'arrêt du testicule jouerait égale-
ment un rôle important car plus le testicule est haut situé, plus le
risque de cancérisation est important [7, 8]. Ces tumeurs touchent
essentiellement les adultes jeunes et dans les séries ou elles ont été
notées après orchidopexie le délai de survenu a été rapporté à 15
ans par SWERDLOW [9], à 29,4 ans par DEBRE [7] et entre 20 et 49
ans en Grande Bretagne paRTOLEDANO [10].
Les lésions dysgénésiques de la gonade, irréversibles même après
abaissement et orchidopexie, seraient à l'origine de ces tumeurs [7].
Au plan clinique, les cas que nous rapportons sont caractérisés par
leur diagnostic à des stades très évolués.
La méconnaissance de la vacuité de la bourse à la naissance a été
déterminant dans le retard accusé au diagnostic. A cela s'ajoute l'i-
gnorance des patients qui même à l'âge adulte n'ont pas jugé néces-
saire de consulter un médecin pour un testicule qui n'était pas pal-
pable, donc qui “n'existait pas”.
Deux autres facteurs non moins important méritent d'être précisés :
-la position intra abdominale de ces tumeurs (fosse iliaque, région
para ombilicale) leur offre assez d'espace pour qu'elles puissent se
développer jusqu'à atteindre des volumes importants avant d'être
symptomatiques.
-la symptomatologie trompeuse a retardé la prise en charge dans un
service spécialisé.
Il existait chez un de nos patients une rupture apparemment spon-
tanée. Elle était probablement liée à la nécrose hémorragique à
laquelle s'ajoutaient peut être les manipulations répétées de la
tumeur déjà fragile, lors des examens en cours d'hospitalisation.
Sur le plan histopathologique, il y avait 3 cas de carcinome
embryonnaire et 2 cas de séminome. Cependant plusieurs études
ont montré la prédominance de tumeurs séminomateuses en cas de
cancer sur testicule non descendu.
COUPLAND [11] étudiant les facteurs de risque des tumeurs germi-
nales, concluait que le risque d'association entre séminome et testi-
cule non descendu était largement supérieur à celui des autres
tumeurs (odds ratio 5,3 contre 3,0). Et cette association serait plus
importante (odds ratio 11,9 contre 5,1) lorsque l'âge du patient était
supérieur ou égal à 32 ans. DEBRE [7] rapportant une série de can-
cers sur testicule ectopique ne retrouvait pas de différence signifi-
cative entre le taux de séminomes dans la population générale
(65%) et le taux retrouvé dans sa série (85%) bien que ce dernier
soit plus important.
L. Niang et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 947-949
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