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et permettent de presque doubler le taux d’abstinence.11
Mais ils ne préviennent pas l’apparition d’une dépression
lors du sevrage et n’améliorent pas la dépression durant
le sevrage. Le bupropion est efficace pour le sevrage de
tabac et le maintien d’une humeur stable chez les patients
avec et sans histoire de dépression.11 Chez les patients
avec antécédent dépressif, le bupropion augmente l’abs-
tinence tabagique par rapport au placebo et au patch de
nicotine.13 On peut l’associer, de préférence à faible dose,
avec les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recap-
ture de la sérotonine (ISRS). La varénicline, non testée chez
des patients dépressifs, doit être prescrite avec précau-
tion chez des patients stables et suivis vu les rapports de
cas de dépression et idées suicidaires sans qu’une rela-
tion causale soit établie.14 Les antidépresseurs ISRS sont
efficaces et constituent le premier choix pour le traitement
pharmacologique de la dépression mais sont inefficaces
pour le sevrage de tabac.11 On ignore si les ISRS prévien-
nent la dépression durant le sevrage tabagique.
tabagisme et schizophrénie
Association entre tabagisme et schizophrénie
La schizophrénie, qui touche environ 1% de la popula-
tion, est une maladie hétérogène dans sa présentation et
son évolution. La prévalence du tabagisme est six fois plus
élevée chez les schizophrènes, de l’ordre de 50-85%, va-
riant selon la présence de comorbidités ou d’autres abus
de substances.2,15
Pour la majorité des patients, le tabagisme précède le
début de la schizophrénie et se traduit par de fortes con-
sommation de tabac et une dépendance nicotinique.2 Une
haute consommation de tabac est associée avec une aug-
mentation des symptômes positifs (délire, hallucination),
des abus de substances, du risque suicidaire, des hospita-
lisations ainsi qu’une diminution des symptômes négatifs
(trouble cognitif) et extrapyramidaux.15
Ce tabagisme intense avec forte dépendance rend le
processus d’arrêt du tabac particulièrement difficile chez
les patients schizophrènes avec des rechutes plus fréquen-
tes et un taux d’abstinence plus faible.
De multiples et complexes facteurs biologiques, psy-
chologiques et sociaux semblent avoir des effets de cau-
salité et de confusion sur la relation entre schizophrénie et
la forte consommation et dépendance de tabac.1 La nico-
tine stimule de nombreux neurotransmetteurs dont la do-
pamine, alors que d’autres composants du tabac inhibent
la monoamine-oxydase qui a un effet dopaminergique. Le
tabagisme peut être considéré comme une automédica-
tion des symptômes psychologiques de la dépendance
nicotinique et de la schizophrénie, où on a montré un effet
positif du tabac sur les fonctions cognitives. Certains fac-
teurs sociaux favorisant le tabagisme sont fréquents chez
les schizophrènes : bas niveaux socioéconomique et édu-
catif, chômage, entourage fumeur et services psychiatriques
longtemps peu favorables à l’arrêt du tabac.
Neuroleptiques, tabagisme et arrêt du tabac
Les hydrocarbures polycycliques de la fumée de tabac
ont un effet inducteur du cytochrome P450 1A2 qui méta-
bolise plusieurs neuroleptiques (olanzapine, clozapine et
fluphénazine). Ceci explique que les schizophrènes fu-
meurs ont besoin de plus fortes doses de ces neurolepti-
ques pour atteindre un effet thérapeutique et ont moins
d’effets extrapyramidaux. Cette interaction implique, qu’en
cas d’arrêt ou de forte réduction du tabagisme, il faut ré-
duire le dosage de neuroleptiques en se basant sur les
taux sanguins.11
Interventions thérapeutiques
Plusieurs études montrent que des conseils intensifs
individuels ou en groupe, un traitement pharmacologique
et un soutien social sont efficaces pour aider les schizo-
phrènes à cesser de fumer, bien que les taux d’arrêt soient
inférieurs aux populations sans maladie psychiatrique.15
Parmi les approches efficaces, on note les stratégies cogni-
tivo-comportementales, le développement d’aptitudes so-
ciales et des incitatifs financiers. Pour les patients peu moti-
vés, un entretien motivationnel permet de tripler le nombre
de patients demandant un sevrage tabagique.
Les substituts nicotiniques et le bupropion sont effica-
ces avec une bonne tolérance chez ces patients.1 Par contre,
la varénicline, potentiellement efficace, n’a pas été testée
en cas de schizophrénie.
Le traitement pharmacologique de la schizophrénie in-
fluence l’arrêt du tabac avec un taux d’abstinence supé-
rieur lors de traitement par les neuroleptiques atypiques,
notamment la clozapine, plutôt que par des neurolepti-
ques classiques comme l’halopéridol.
arrêt du tabac et services
psychiatriques
Jusqu’à récemment, le personnel était réticent à aborder
le tabagisme, recommander l’arrêt ou proposer un traite-
ment aux patients fumeurs dans la prise en charge psy-
chiatrique hospitalière ou ambulatoire.1 Plusieurs facteurs
favorisaient cette attitude négative face à l’arrêt du tabac
des soignants en milieu psychiatrique : utilisation du tabac
comme un instrument relationnel et de récompense avec
le patient, octroi d’un droit et d’un plaisir à des patients
qui en ont peu, crainte de décompensation psychique du
patient, perception d’inefficacité des traitements chez ces
patients, opposition à une interdiction totale de fumer,
prévalence du tabagisme plus élevée, manque de compé-
tence en tabacologie.1
Même si la situation change, il est toutefois nécessaire
de développer des stratégies qui permettent d’offrir des
interventions régulières et efficaces auprès des patients
en milieu psychiatrique.1
conclusion
Le tabagisme et les maladies psychiatriques, notamment
la dépression et la schizophrénie, sont fréquemment asso-
ciés dans une relation complexe et multifactorielle. Même
si elles sont moins efficaces, les interventions avec conseils,
suivi et traitement pharmacologique favorisent le sevrage
de tabac chez ces patients. Il faut réduire les barrières exis-
tantes en milieu psychiatrique pour augmenter et amélio-
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