Astrosurf-Magazine N°54 Janvier/Février 2012 37
La dernière version commercialisée en Juin 2010 sera la
troisième génération de la fabrication d’Hélioscope du
fabricant Baader.
Utilisateur assidu des versions précédentes uniquement
sur des réfracteurs, cet accessoire m’a toujours révélé des
images hors du commun avec des détails insoupçonnés
dans les structures des taches solaires.
Description
Livré en mallette avec mousse de protection, l’hélioscope
d’Herschel version Baader ressemble à un renvoi coudé
coulant 50.8 mm, son poids n’excède pas 700 grammes
avec les filtres standards.
Pour optimiser encore plus la sécurité, cette dernière
version comporte un nouveau diffuseur de chaleur scellé
sur une tuile céramique. Cette dernière prend au piège et
absorbe 95% de l’énergie solaire. A noter que cette diffusion
ne provoque pas de surchauffe dans l’environnement
immédiat de l’hélioscope et ne génère aucune
turbulence. Voilà un aspect important
pour une utilisation dans le cadre
d’une animation ou pour
réaliser des images très
détaillées de la photosphère.
Il peut être surprenant de ne
pas ajouter un filtre à l’avant
de l’objectif du réfracteur, mais
c’est là l’avantage de la
conception de l’hélioscope : toute
l’énergie est diffusée à l’arrière de cet
accessoire et une très faible partie
atteint l’œil de l’observateur. Il ne
se produit aucun échauffement
à l’intérieur du tube optique
malgré le flux très intense qui
traverse l’objectif du réfracteur.
La lumière et la chaleur sont
éliminées en grande partie
dans le « piège à lumière »
intégré dans l’hélioscope.
D’autres améliorations ont été
réalisées sur ce dernier modèle :
L’intégration d’un écran pour faciliter la
visée de notre astre du jour . Ce dispositif
agit comme un véritable «chercheur solaire»
et permet de viser le Soleil en quelques secondes sans être
ébloui et donc sans rétractation de la pupille quelques
secondes avant de mettre l’œil à l’oculaire.
Un porte oculaire « ClickLock » assure également un
centrage optique rigoureux avec un serrage efficace des
oculaires ou de l’imageur.
Deux versions sont commercialisées : version visuelle
livrée avec un filtre neutre de densité 3 ND3 et un filtre
Continuum. La version photo comprend en plus 3 filtres
de densité 0.6, 0.9 et 1.8 pour moduler le flux de sortie.
Pour des raisons de sécurité, les filtres ND3 et Continuum
sont livrés assemblés à l’intérieur de l’Hélioscope. Ne soyez
pas étonnés si vous trouvez des boites vides dans le
coffret !
Utilisation visuelle
Un petit rappel : l’hélioscope d’Herschel Baader n’est
compatible qu’avec des réfracteurs possédant un coulant
standard 50.8 mm. Dans la plupart des cas, la
conception des réfracteurs récents offre un « back
focus » suffisant pour assurer la focalisation.
Ne jamais utiliser l’hélioscope d’Herschel sur un
télescope réflecteur.
Les premiers assemblages demandent
cependant un peu de vigilance et de la méthode
.Avant de pointer le soleil, il faut
commencer par assembler
l’hélioscope (avec ses filtres
intégrés) à l’arrière de la lunette
astronomique. Après avoir
vérifié l’équilibrage de la
monture, il faut diriger le tube
vers le Soleil et centrer le disque
solaire sur l’écran de contrôle de
l’hélioscope. Ajouter ensuite
l’oculaire de votre choix pour
grossir l’image formée au foyer
de l’instrument. La qualité des
images varie en fonction du site,
L’hélioscope d’Herschel Baader
Patrick Pelletier
L’hélioscope d’Herschel est sans conteste le meilleur accessoire pour résoudre les fins
détails visibles sur la Photosphère. Les images sont d’une finesse remarquable si l’objectif
de l’instrument est de bonne qualité. L’observation des grains de riz sur la surface du
Soleil se réalise au quotidien avec une lunette apochromatique de 80 mm de diamètre !
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de la saison, de l’heure d’observation et bien sûr de la
qualité de l’instrument utilisé. Généralement, les
meilleures images sont obtenues en milieu de matinée en
été ou après un orage.
Le filtre Continuum d’une bande passante de 8 nm centrée
sur 540 nm, intégré sur le trajet lumineux dans le corps de
l’hélioscope peut paraitre assez curieux. Certes, le Soleil
apparait d’une couleur verte, inhabituelle pour cet astre
avec un contraste des images renforcé et surtout une
agitation extrêmement faible ! Il suffit de faire des essais
comparatifs avec et sans filtre Continuum sur le limbe du
Soleil avec un grossissement de 150x pour visualiser son
efficacité. L’image reste stable et pratiquement immobile
avec ce filtre qui «gèle» la turbulence sur une bande
passante de 8 nm !
Pour les observateurs qui souhaitent «doser à volonté»
en un tour de main le flux lumineux, je vous conseille
d’ajouter un filtre polarisant à l’avant de votre oculaire.
Ainsi, en tournant de quelques degrés l’oculaire sur lui-
même, vous obtiendrez une image plus claire ou plus
sombre suivant votre désir, celui d’autres observateurs,
ou encore suivant la hauteur du Soleil.
Utilisation en imagerie
Il faut conserver la configuration de base c'est-à-dire celle
qui est décrite précédemment pour réaliser des images au
foyer de l’instrument avec un réflex APN ou une caméra
vidéo. Bien entendu pour résoudre les fins détails autour
des zones tempérées des taches solaires ou simplement
pour mettre en évidence les «grains de riz» visibles sur la
photosphère, il faudra augmenter la longueur focale de base
du réfracteur. Une barlow 2x ou 3x de très bonne qualité
ou mieux encore, le Flat Field Converter Baader (FFC)
conviennent pour obtenir une longueur focale résultante
importante et cadrer la zone du Soleil perturbée. Dans ce
cas, le flux lumineux émergeant devient beaucoup plus
faible avec des temps d’exposition plus longs. Pour
augmenter la cadence des images afin d’atteindre le taux
maximum de la caméra vidéo utilisée, il est souvent
nécessaire de remplacer le filtre de densité 3.0 par le filtre
de densité 1.8. Attention : cette configuration est interdite
pour des observations visuelles. Cette configuration
«spécial imagerie» permet de réaliser un grand nombre
d’images en un minimum de temps. La photosphère du
Soleil est très changeante, les grains de riz se déplacent très
rapidement entre eux et il n’est guère envisageable de
dépasser 30 secondes de temps d’acquisition si l’on souhaite
optimiser les images. Pour constituer un grand nombre
d’image, il sera donc nécessaire de choisir une caméra avec
une cadence «rapide» de l’ordre de 60 images par seconde
ou plus. Ainsi, avec un temps d’acquisition de 30 secondes,
le fichier brut pourra contenir près de 2000 images. Suivant
les conditions de turbulence locale, votre logiciel préféré
sélectionnera les meilleurs de ces images brutes, les
registrera et les empilera pour augmenter la résolution des
détails. Un travail de fourmi qui peut-être automatisé si
vous le souhaitez.
Enfin si vous travaillez avec une caméra monochrome, avec
un logiciel photo, il suffira de travailler sur les niveaux
RVB pour retrouver les couleurs naturelles de notre Soleil.
Pour les passionnés de l’observation solaire, l’hélioscope
d’Herschel Baader est vraiment l’accessoire idéal pour le
suivi visuel des taches solaires, le dessin et l’imagerie
détaillée des structures changeantes sur la photosphère.
Prix environ 450 euros.
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