Effets biologiques des fractions protéiques et lipidiques nouvellement isolées à partir du lait de vache Bo Lönnerdal De nouvelles fractions du lait ont été isolées et sont maintenant commercialisées afin d’être éventuellement introduites dans les préparations pour nourrissons. Selon les résultats de plusieurs modèles expérimentaux, plusieurs d’entre elles présentent des activités biologiques. Ainsi, l’␣−lactalbumine a une composition très équilibrée en acides aminés et a été initialement isolée parce qu’elle représentait une bonne source de tryptophane, l’acide aminé souvent le plus limitant dans les préparations pour nourrissons à base de lait. Il a ensuite été montré que lors de sa digestion, l’␣-lactalbumine est hydrolysée en plus petits peptides auxquels ont été attribuées différentes fonctions: inhibition de la croissance d’agents pathogènes, stimulation de la croissance de micro-organismes bénéfiques comme les bifidobactéries, modulation du système immunitaire et activation de l’absorption des minéraux [1]. Il est possible que ces peptides soient formés dans la partie supérieure de l’intestin et y exercent leurs fonctions, puis soient ensuite hydrolysés à leur tour en acides aminés dans la partie inférieure de l’intestin grêle. De nombreux effets biologiques ont été mis en évidence pour la lactoferrine – activités antibiotiques et antivirales, de régulation de la fonction immunitaire, de stimulation de prolifération et de différenciation des cellules intestinales et de facilitation de l’absorption du fer [2]. Cependant, ces activités peuvent être limitées lorsque la lactoferrine bovine est contaminée par du lipopolysaccharide, dont l’affinité pour cette molécule est très forte. On trouve maintenant sur le marché de la lactoferrine sans lipopolysaccharide, probablement plus efficace. Plusieurs fonctions de la lactoferrine humaine s’exercent par l’intermédiaire de sa liaison à son récepteur intestinal [3] et selon de récentes études certaines formes de lactoferrine bovine peuvent également se lier au récepteur de la lactoferrine 13 humaine et exercer ainsi leur activité. L’ostéopontine est une protéine fortement phosphorylée et glycosylée, initialement trouvée dans l’os puis dans le lait humain. Il a été montré récemment que l’ostéopontine bovine, purifiée à partir de lait de vache, présente de fortes similitudes structurelles avec la lactoferrine humaine, ce qui en fait une candidate potentielle pour une introduction dans les préparations pour nourrissons. L’ostéopontine module la fonction immunitaire en induisant des changements de profils cytokiniques Th1/Th2, et semblerait également affecter la minéralisation osseuse et la croissance [4]. L’activité biologique de la lactoferrine serait aussi facilitée par la présence d’ostéopontine, ces deux protéines étant capables de former un complexe électrostatique puissant. La membrane du globule gras du lait est une fraction qui a déjà été exclue de la composition des préparations pour nourrissons, mais il a été démontré que certains éléments de cette fraction possèdent une activité antimicrobienne et anti-infectieuse [5]. Ainsi, l’introduction de la membrane du globule gras du lait dans des compléments nutritionnels pour les nourrissons a réduit l’incidence de la diarrhée. Des études cliniques complémentaires chez des nourrissons nourris avec des laits maternisés contenant ces différentes fractions sont nécessaires pour mieux comprendre et évaluer leurs effets. Bibliographie 1 2 3 4 5 14 Lönnerdal B, Lien EL: Nutritional and physiologic significance of ␣-lactalbumin in infants. Nutr Rev 2003;61:295–305. Lönnerdal B: Nutritional roles of lactoferrin. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2009;12:293–297. Suzuki YA, Lopez V, Lönnerdal B: Mammalian lactoferrin receptors: structure and function. Cell Mol Life Sci 2005;62:2560–2575. Sodek J, Ganss B, McKee MD: Osteopontin. Crit Rev Oral Biol Med 2000;11: 279–303. Spitsberg VL: Bovine milk fat globule membrane as a potential nutraceutical. J Dairy Sci 2005;88:2289–2294.