Énergie radiofréquence

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Technologie émergente
ÉNERGIE
RADIOFRÉQUENCE
OFFICE CANADIEN DE
COORDINATION DE L'ÉVALUATION
DES TECHNOLOGIES DE LA SANTÉ
N 12
O
Technologie :
JANVIER
2002
Énergie radiofréquence (le système Stretta) contre le reflux gastro-œsophagien.
Fabricant :
Curon Medical, Sunnyvale, Californie (États-Unis).
Indication :
Traitement du reflux gastro-œsophagien pathologique (RGOP).
État actuel :
En avril 2000, la Food and Drug Administration a autorisé la commercialisation du système
Stretta aux États-Unis. Aux dires du fabricant américain, l'appareil n'est pas encore
disponible au Canada et il n'est pas question, pour l'instant, de soumettre une demande
d'approbation de mise en marché auprès de Santé Canada. Quelques patients canadiens ont
été traités à l'aide de cette intervention par des médecins américains (Gary Jones, Curon
Medical, Inc., Sunnyvale (Californie) : communication personnelle, le 7 décembre 2001).
Description :
Le reflux gastro-œsophagien pathologique (brûlures gastriques graves) est une maladie
chronique courante. L'affection est consécutive au relâchement du sphincter œsophagien
inférieur, à cause duquel le contenu de l'estomac peut refluer dans l'œsophage. Le système
Stretta est un endoscope doté d'électrodes émettant une énergie radiofréquence qui est
appliquée au muscle lisse de la jonction gastro-œsophagienne. Les ondes radio-électriques
causent des lésions par hyperthermie. Tandis que ces lésions guérissent, la cicatrisation
entraîne une rétraction et un resserrement autour du sphincter œsophagien inférieur qui
aident à éviter le reflux gastro-œsophagien. L'énergie radiofréquence pourrait en outre
détruire des nerfs qui déclenchent le relâchement du sphincter œsophagien inférieur1.
Coût :
On estime que le prix de l'intervention aux États-Unis, y compris les examens
préalables au traitement (manométrie, mesure du pH, etc.), s'établit à 3 000 à 4 000 $US
(Gary Jones : communication personnelle, le 7 décembre 2001).
Données probantes
sur l’efficacité et
l’innocuité :
Richards et ses collaborateurs font état d'une étude prospective réalisée auprès de 25
patients1. Tous les patients présentaient des antécédents de RGOP de longue date et
recevaient des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). On n'a pas proposé
l'intervention Stretta aux patients qui présentaient une hernie hiatale de plus de 2 cm,
un œsophage de Barrett ou certaines autres affections. Vingt patients ont subi
l'intervention sous sédation et cinq patients l'ont subie sous anesthésie générale. En
moyenne, l'intervention durait 76 minutes les trois premières fois qu'on la pratiquait.
Les interventions suivantes ne duraient qu'une cinquantaine de minutes. Des patients
ont éprouvé de faibles douleurs postopératoires pendant environ deux jours. Un patient
a souffert d'une œsophagite ulcéreuse qui était peut-être attribuable à l'intervention.
Treize patients ont participé au suivi de trois mois. Cinq patients (38 %) prenaient
toujours des IPP antisécrétoires, mais les doses étaient moindres (la dose quotidienne
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est un organisme sans but lucratif financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. (www.ccohta.ca)
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moyenne d'IPP s'établissait à 43 mg avant l'intervention et à 6,4 mg trois mois après
l'intervention). Les huit autres patients (62 %) ne prenaient plus du tout de
médicament antisécrétoire. Les autres pharmacothérapies contre le RGOP, comme la
métoclopramide et les antagonistes H2, notamment, avaient été interrompues. Les
indices de qualité de vie de tous les patients se sont améliorés (3,5 ± 0,4 à 5,5 ± 0,5 (p
< 0,001)), selon les mesures d'un outil visant précisément à évaluer le RGOP (le
questionnaire QOLRAD). Les résultats relatifs à la santé physique, mesurés à l'aide du
questionnaire SF-12, témoignaient aussi d'une amélioration (23,7 ± 3,0 à 31,0 ± 3,4 (p
< 0,008)). Les résultats relatifs à la santé mentale, mesurés à l'aide du questionnaire
SF-12, présentaient une amélioration semblable (40,5 ± 2,9 à 47,7 ± 3,2 (p < 0,017)).
Dans une étude multicentrique non contrôlée réalisée auprès de 47 patients ayant subi
l'intervention Stretta2, 36 patients (87 %) ont pu cesser de prendre des IPP, après un
suivi de six mois. Les participants de l'étude étaient atteints de RGOP chronique et
devaient prendre quotidiennement des médicaments antisécrétoires. Les patients
atteints d'une hernie hiatale de plus de 2 cm de même que les patients présentant un
œsophage de Barrett, une dysphagie grave ou certains problèmes médicaux ont été
exclus de l'étude. Suite à l'intervention, on a signalé trois complications : la fièvre, la
déglutition douloureuse et des lésions des muqueuses. Ces complications étaient
considérées comme « résolutives », et elles n'ont pas nécessité un traitement.
On a rendu compte de résultats subséquents relatifs à 119 patients dans une conférence
tenue en mai 20013. Après un suivi de 12 mois, 66 % des patients avaient cessé de
prendre des IPP et 62 % ne recevaient plus de médicaments antisécrétoires. Dix
complications mineures ont été signalées. Les études en cours mentionnées sur le site
Web du fabricant comprennent une étude multicentrique randomisée et contrôlée qui
fait appel à un suivi après six et douze mois et à un registre de données sur les patients
de 33 établissements qui ont subi l'intervention Stretta4.
Autres technologies
disponibles :
Commentaire :
Des médicaments en vente libre, des modifications du style de vie (l'alimentation,
l'abandon du tabac, etc.) ou des médicaments d'ordonnance, comme les antagonistes
des récepteurs H2 et les IPP, peuvent servir à traiter le reflux gastro-œsophagien
pathologique. Dans les cas graves, il faut parfois recourir à des interventions
chirurgicales, comme la fundoplicature effractive ou par laparoscopie. On a
récemment introduit un autre traitement à effraction minimale contre le RGOP,
lequel fait appel à la suture endoscopique. Cette intervention, appelée EndoCinch
(C.R. Bard, Billerca, Massachusetts), fait l'objet d'un autre numéro de la publication
Technologie émergente de l'OCCETS no 115.
L'intervention Stretta pourrait constituer une démarche thérapeutique de rechange
dans le traitement du reflux gastro-œsophagien grave. Cette intervention, à l'instar du
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système EndoCinch, pourrait permettre de réduire l'utilisation des médicaments et
d'éviter les chirurgies majeures. On ne sait toujours pas si les patients devront subir
l'intervention plus d'une fois. Il faut que les médecins suivent une formation spéciale,
et il importe de bien choisir les patients. Étant donné la disponibilité de
pharmacothérapies efficaces contre cette maladie chronique, il importera d'établir
l'efficacité et l'innocuité à longue échéance de cette intervention, dans le cadre d'études
prospectives de qualité, avant qu'elle ne soit intégrée dans la pratique courante.
Références :
1. Richards WO, Scholz S, Khaitan L, Sharp KW, Holzman MD. Initial experience with the
Stretta Procedure for the treatment of gastroesophageal reflux disease.
J Laparoendosc Adv Surg Tech A 2001;11(5):267-73.
2. Triadafilopoulos G, Dibaise JK, Nostrant TT, Stollman NH, Anderson PK, Edmundowicz SA,
et al. Radiofrequency energy delivery to the gastroesophageal junction for the treatment of
GERD. Gastrointest Endosc 2001;53(4):407-15.
3. Triadafilopoulos G, Dibaise JK, Nostrant TT, Stollman NH, Anderson PK, Edmundowicz
SA, et al. Long-term experience with the Stretta Procedure for the treatment of GERD: 6
and 12 month follow-up of the U.S. open label trial [abstract]. Dig Dis Week 2001;May 203:577. Available: http://www.dgs-endoskopi.dk/ddw2001/reflux/stretta_577.htm (accessed
2001 Nov 23).
4. Curon Medical completes clinical studies for its Stretta System. Sunnyvale (CA): Curon
Medical, Inc.; 2001. Available: http://www.curonmedical.com/
press/press_releases/december_7_2001.html (accessed 2001 Dec 13).
5. Hailey D, Topfer LA. Endoscopic suturing system (endoluminal gastroplication) for
gastroesophageal reflux [Emerging Technology List no11]. Ottawa: Canadian
Coordinating Office for Health Technology Assessment; 2002. Available:
http://www.ccohta.ca
Ce résumé a été préparé par David Hailey, Ph. D., et Leigh-Ann Topfer, M.B.S.I.
Cette publication met en relief des technologies médicales qui ne sont pas encore répandues au
Canada, susceptibles d'exercer une incidence de taille sur le système de santé. Le contenu
reflète l'expérience préliminaire concernant la technologie en question; toutefois d'autres faits
démontrés à son sujet viendront probablement s'ajouter à l'avenir. Ces sommaires ne sont pas
conçus pour tenir lieu d'expertise médicale professionnelle. Les renseignements techniques sont
rassemblés à titre de service d'information offert aux personnes participant à la planification et à
la prestation des soins au Canada.
ISSN 1499-1098 (enligne seulement)
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