Rhône en fonction des variations artificielles de débit, il faut analyser précisément le contexte local,
hydraulique, physique et thermique pour pouvoir comprendre les variations à l’échelle globale. Une
démarche de modélisation spatialement explicite est ainsi appliquée à un secteur du Rhône.
Le contexte hydrologique du Rhône est particulier puisque son débit est très maîtrisé et
variable à différents pas de temps. Le débit actuel est naturellement différent de celui qui prévalait
historiquement avant sa chenalisation, mais il fluctue également de manière artificielle au cours d’une
saison, de la semaine, et parfois même d’une journée, entraînant des variations contrastées des facies
du fleuve. Parallèlement, la température de l’eau a augmenté comme conséquence du changement
climatique. La variabilité temporelle de la faune piscicole semble déjà répondre à cet accroissement de
température. Pour le projet mis en œuvre, nous avons choisi un site prototype qui est l’aval du CNPE
du Bugey. Le modèle hydrodynamique est un modèle 2D qui permet de rendre compte des
phénomènes de mélange entre le rejet du CNPE et le chenal du Rhône, en l’absence de stratification
verticale. Les vitesses d’écoulement sont ainsi simulées en plan dans le chenal du Rhône selon le
débit. La modélisation de la morphologie du chenal nécessite l’utilisation d’un MNT construit sur la
base de levées bathymétriques (disponibles sur 36 km). A terme, grâce à cette démarche, il sera
possible de modéliser l’histoire d’habitat de ce secteur du Rhône ou d’évaluer des scénarios
prospectifs (changement climatique, gestion de débit).
2.5. Fréquentation de l’espace fluvio-estuarien par les poissons amphihalins
dans le bassin de la Seine (Eric Rochard)
Les poissons migrateurs amphihalins sont des organismes qui effectuent des migrations entre
des habitats de salinité différente. Il en existe 2 types :
- les migrateurs potamotoques qui se reproduisent dans les eaux douces alors que leur
croissance se déroule en mer
- les migrateurs thalassotoques qui à l’inverse vont se reproduire en mer.
Ces espèces représentent 0,6 % des espèces de poissons du globe. Les 2/3 sont potamotoques
et occupent principalement les zones tempérées à froides, les thalassotoques étant plutôt
caractéristiques des zones tropicales et tempérées chaudes.
Sur la Seine, historiquement, une douzaine d’espèces amphihalines étaient présentes. La
présence de ces espèces était importante économiquement en procurant une source conséquente de
revenus et d’alimentation pour les populations riveraines, et symboliquement (blason de Caudebec).
Des modèles ont été développés pour reconstituer par simulation les assemblages historiques à partir
de paramètres tels que la température de l’air, la surface de bassin versant, la puissance du cours d’eau
et la productivité primaire. Les limites de colonisation amont des migrateurs sont à peu près connues
sauf pour les espèces telles que la lamproie de rivière, le mulet porc et le flet. En revanche, il n’y a pas
d’information sur la localisation et les caractéristiques des habitats occupés par ces espèces.
Les migrateurs amphihalins ont commencé à régresser à partir de 1850. Ce déclin est lié aux
modifications anthropiques de la Seine : installation de barrages, modifications hydrauliques, rejets
industriels et urbains créant des obstacles chimiques. Actuellement, la situation change
progressivement en raison de l’amélioration de la qualité de l’eau et de l’équipement de quelques
obstacles par des ouvrages de franchissement. Quelques cas de remontées d’individus d’espèces
migratrices sont signalés. On peut donc envisager positivement des scénarios de restauration de ces
espèces, mais il faut également tenir compte des effets potentiels du changement climatique sur leur
présence. Dans le cas d’une augmentation de 2,4 °C, des espèces comme le saumon, la lamproie
marine, la lamproie de rivière et surtout l’éperlan déclineraient, alors que la présence du mulet porc
serait favorisée.
La recolonisation de ces espèces se fait obligatoirement par l’aval, si des individus sont encore
présents. Il faut donc aménager les obstacles de manière à les rendre franchissables. Toutefois, dans
certains cas, on constate que des poissons restent à l’aval d’obstacles rendus physiquement