INITIATION
A LA PHILOSOPHIE ISLAMIQUE
QUESTIONS PROPOSEES
1. Peut-on parler de la philosophie arabe ou de la philosophie
islamique aujourd‘hui ?
ُElle fut peut-être arabe mais aujourd’hui elle n’est plus. La philosophie est le
produit d'un processus intellectuel complexe d'un peuple ou d'une culture. Celle que
nous étudions est le fruit non seulement des Arabes mais aussi des Syriens, Perses,
Turcs, Berbères et tant d'autres. La philosophie dont nous parlons est faite par des
musulmans de plusieurs nations, mais aussi des chrétiens et des juifs arabophones.
Toutefois, l’Islam fournissait alors le contexte spirituel, et les grands penseurs étaient
musulmans. Substantiellement, l' 'Islam est le berceau de cette entreprise. Bien que
l'élément arabe soit prépondérant puisque c'est lui dans lequel la religion Islamique
a érévélée, ceci a augmente le prestige de la langue arabe, bon nombre des
philosophes comme les Perses, tout en réfléchissant sur les principes Islamiques, n’ont
pas écrit en arabe. Outre, l'expression "philosophie arabe" n'est pourtant pas a
exclure de notre perception mais elle ne coïncide pas avec le concept religieux
"Islam" ou "culture musulmane" ou "religion islamique" parce qu’une telle expression
correspondrait a une ethnologie, a une culture ou a une nation. L'Islam n'est pas
l'arabe et les arabes ne constituent qu'une fraction minoritaire du monde islamique
ou islamisé. Le concept "Islam" ne peut être limité ni à une nation ni à une ethnie.
S'il le fut du temps de Muhammad, il ne l'est plus aujourd'hui. Néanmoins, nous
serons tolérant de croire que l'expression "philosophie arabe" signifierait toute la
philosophie en langue arabe. Cette option a ses irrégularités puisqu’elle exclut
toutes les œuvres des penseurs Iraniens qui ont écrit en persan (Nasir Khorasan au
11e siècle et Afzalodin Kashani au 13e siècle). Pour donner une définition qui
prendrait en compte la plupart des idées et parties composantes de l'étude, nous
préférons l'expression "philosophie islamique". Du coup, elle maintient l'arabe a la
hauteur de l'horizon prophétique, le Qur'an comme plaque tournante et on restera
fidele a l'histoire. Nous parlerons donc de la philosophie islamique comme la
philosophie dont l'essor et les modalités sont essentiellement lies aux faits religieux
et spirituels de l'Islam.
2. Quelles sont les raisons majeures qui font que la
philosophie islamique soit inconnue sinon mal connue ou
ignorée jusqu'à nos jours?
La philosophie islamique fut totalement inconnue. Pour certains, elle n’existe pas ;
pour certains autres, elle est morte ou elle est de moindre importance. Quelques
savants occidentaux et africains en parlent mais de manière lapidaire. Il est vrai
que son intérêt fut relativement faible pour plusieurs raisons dont voici deux : (1) la
nature son contenu et (2) l’érudition de la philosophie occidentale. Et pourtant,
l'essentiel de la philosophie islamique, dans la mesure où elle n'a aucune pertinence
en dehors de la portée de l'Islam, est une question qui appartient à un pas
éloigné. Contrairement à ce que penseraient certains, nous voyons Saint Thomas
d'Aquin qui, pour asseoir ses enseignements autant théologiques que philosophiques
use de la philosophie d’ibn Rushd et certains autres comme ibn Sina, Maimonide...
Apres qu'elle eut perdu les œuvres grecques, la philosophie occidentale a
redécouvert Aristote grâce aux traductions arabes, et commentaires d'Avicenne (Ibn
Sînâ), notamment de son fameux Shifââ' à la fin du 12e siècle. La manière
musulmane de percevoir la réalité, de répondre aux questions humaines ou de
penser le réel, n'est-ce pas la philosophie islamique ? La philosophie islamique a sa
place et son importance hier et aujourd'hui. Peut-être qu'elle est plus importante
aujourd'hui surtout que les interactions et les interrelations, la mondialisation
privilégient la tabula encombrata. Encore plus ; la langue arabe fut aussi un
obstacle puisque que la philosophie islamique fut essentiellement écrite en langue
arabe. Il fallait donc comprendre l'arabe pour lire la pensée islamique. Mais
aujourd'hui les traductions abondent, elles ont donc créé un nouvel esprit qui attire
certains penseurs occidentaux de voir comment l'Islam pense le réel. Nous savons
que la philosophie islamique a joue un grand rôle spécialement dans la transmission
des œuvres grecques en occident de 800 à 1200. « Sans doute, la renaissance de
la philosophie occidentale n’aurait pas eu lieu sans l’apport des commentateurs,
traducteurs et philosophes Musulmans » La Renaissance occidentale doit beaucoup
aux traductions des œuvres scientifiques et culturelles arabes. anmoins, depuis
que les textes originaux ont édécouverts, l'instrument, c’est-a-dire, la philosophie
islamique a perdu sa valeur.
3. Quelques sont les motivations profondes des philosophes
musulmans ?
Disons en bref que la philosophie islamique part des questions principales qui ont
dominé la spéculation théologique musulmane et les interprétations variées du
contenu qur'anique à ses débuts et peut-être aussi de la vie du "prophète"
Muhammad. Ces questions ne sont pas sans analogie avec les doctrines
philosophiques antérieures principalement celles de Platon et dAristote. Nul
n’ignore que le vieux problème du rationalisme naissant est celui de la
réconciliation de l’Un et du Multiple. Il est frappant de constater que, contrairement
à la philosophie grecque, la philosophie islamique a son point de départ dans la
religion fondée ou reformée par Muhammad. Est-il besoin de le dire que les
prophètes ne sont pas théologiens. Le message qu'ils proclament, les conceptions
religieuses qui les animent et les principes qu'ils énoncent ne constituent pas un
système préétabli. Et la systématisation théologique du message vient après que le
message reçu est constitué en une communauté bien définie et les générations aps
le prophète ont essaye d'interpréter le message avec des éléments extérieurs. Ce
qui fut confus et superflu dans le langage du prophète est mis a la portée de
plusieurs. En rappelant ceci, nous avons l'intention de souligner le caractère sacre
du Qur'an. Celui-ci ne permit pas les premiers penseurs de l'Islam de s'occuper
d'autres sujets que la fixation du canon sacré, des commentaires, de l'extraction des
principes juridiques et moraux qui correspondent a l' Ilm al-qira'at (la lecture du
Qur'an), au Tafsir (Les commentaires qur'aniques), Figh (Interprétation juridique).
Tout ceci est ce que les penseurs musulmans appellent "Le Kalam" (la science de la
parole). Tous les savants de la première heure furent des théologiens. Cependant
il a fallu donc une dose de rationalité pour répondre a certaines questions telles
que : comment réconcilier la responsabilité humane et la prédestination, la justice
de Dieu et la liberté humaine, le Qur'an créé ou incréé, les attributs divins et
l'essence divine. Ce rationalisme fut absent du monde arabe et même retardé
pendant le règne des Califes Umayyades (661-750) parce que la ratio ne fut pas
leur souci ; la consolidation de leur pouvoir et la solution des problèmes
administratifs engendres par le gouvernement d'un vaste empire furent leur
première entreprise.
Il y'a eu des tentatives individuelles des recherches de la philosophie comme
servante du Kalam mais nous devons avouer que l'avènement de la philosophie en
terre d'Islam est lie a la dynastie des Abbassides au milieu du 8e siècle. A cette
période, la philosophie ne fut plus une affaire individuelle mais communautaire
pour sauver les dogmes musulmans édulcorés par une grande liberté de penser.
4. Quelles sont les grandes sources de la philosophie
islamique ?
S’il est vrai que les discussions théologiques du moment ont été à la fois et le point
de départ et le mobile du veloppement philosophique ; l’éclosion de la
méditation philosophique en terre d’Islam est venue avec (1) l’exégèse qur’anique
et (2) les traductions des œuvres des philosophes grecs. Avec l’exégèse qur’anique
les Musulmans se sont donnes la tache de chercher le sens caché, le sens vrai de la
révélation qur’anique (al-haqiqat) surtout que la philosophie islamique se présente
comme l’œuvre des penseurs appartenant a une communauté religieuse définie par
l’expression qur’anique. Il a fallu donc interpréter le Qur’an avec des instruments
que Musulmans n’avaient pas.
Et puis les traductions (une assimilation profonde des cultures environnantes), en
arabe, des œuvres des maitres grecs qui devinrent une manière d’assimiler les idées
et les cultures environnantes. Le Calife al-Mamun (+ 833) trouva qu'il était
important et même apodictique de vulgariser les traductions faites ; et par le fait
même al-Mamun a vulgariser la philosophie grecque et autres. Notons que les
traducteurs les plus célèbres furent des chrétiens (Yahya et Hunayn). Ceux-ci ne
furent pas des philosophes mais simplement des traducteurs et peut-être
compilateurs. Il a fallu attendre Al-Kindi qui, ne connaissant pas parfaitement le
grec, a utilisé les traductions de ses contemporains pour constituer un système
philosophique digne de ce nom. Mais il n'était qu'a ses débuts. Al-Kindi fut le
premier vrai philosophe mais il avait gardé ses penchants théologiques motivés par
ses preocupations ; il vaguait entre la théologie et la philosophie. Cependant, c'est
avec lui que la philosophie islamique prit son visage avec lequel l'occident l'a connu
et la reconnait. Bien que la plupart des philosophes islamiques soient restes
fideles à l'esprit commun a savoir l'idéal grec dans l'exaltation de l'homme et de sa
foi en ses prouesses intellectuelles et sa capacité de se passer de la lumière
surnaturelle, certains, comme al-Razi, restèrent en marge de la grande ligne. La
plupart de grands admirateurs de la philosophie grecque comme Ibn-Sina et al-
Ghazali ont recouru aux traductions déjà faites puisque leur connaissance du grec
fut minimale. Apres Al-Kindi, la philosophie islamique s'est développé et a été faite
par plusieurs dont les plus grands furent : Ibn-Sina, al-Farabi, Ibn-Rushd, al-Afghani,
Muhammad Abdhuh, Rachid Rida. Ainsi l'ordre traditionnel qui ne connaissait que
les grands noms comme Ibn-Sina et Ibn-Rushd (les seuls connus dans la scolastique
latine) doit nécessairement changer. Le développement de la pensée islamique ne
fut pas close avec la mort d'Ibn-Rushd en 1198.
5. La philosophie Islamique, est-ce une philosophie a
l’occidental ?
Signalons que la pensée Islamique ne correspond pas a l'équivalent "philosophie
occidentale". Les termes "Falsafa" ou "faylasuf" sont des simples adaptations qui
ne correspondent ni aux réalités ni aux termes philosophie et philosophes. Ceci est
vrai puisque la pensée islamique n'a pas connu de séparation occidentale entre la
philosophie et la théologie, surtout au Moyen-âge. Une telle séparation serait une
sécularisation aux yeux des musulmans. En fait elle ne pouvait provenir de l'Islam
qui n'a pas connu la réalité "Eglise". Ainsi la philosophie islamique n’est pas une
philosophie aux normes occidentales
6. Y a-t-il une périodisation spécifique à la philosophie
islamique ?
La périodisation historique et conventionnelle (Antiquité, Moyen-âge, Temps
modernes et époque contemporaine) ne peut s'appliquer à la philosophie islamique
car les idées originales des premiers philosophes persistent jusqu'a nos jours dans
les développements des philosophes postérieurs. Encore plus, les événements qui
ont anime la méditation philosophique dans l’Islam ne sont pas ceux des
occidentaux. Les problèmes que les musulmans ont rencontrés ne sont non plus les
mêmes ; et même s’ils étaient les mêmes, les manières et les méthodes qu’ils ont use
pour les résoudre ne sont pas les mêmes. La première période donc s’étend des
origines jusqu'à la mort d’ibn-Rushd (595-1198). C’est la période la moins mal
connue. La deuxième commence avec l’essor de la métaphysique du soufisme
surtout avec ibn Arabi ; la troisième qui semble être ignorée parce que pour
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