Positivons un peu, l’ambition de l’EC a tout pour plaire et elle a le chic de faire l’unanimité. Tant auprès
des industries que chez les environnementalistes, tant à droite qu’à gauche de l’échiquier politique, tant
auprès des acteurs privés qu’auprès des pouvoirs publics et du citoyen.
Il existe aujourd’hui en Wallonie des initiatives pour développer davantage certaines activités en les
inscrivant dans l’économie circulaire. Mentionnons la plateforme NEXT soutenue par le Ministre Marcourt
qui apporte un soutien à nos entreprises pour optimaliser l’utilisation des ressources. Les agences de
développement économique et de soutien à l’innovation accompagnent les entrepreneurs dans cette
démarche et facilitent la mise en réseau des différentes structures. Ou encore le projet Reverse
metallurgy qui par une collaboration entre le secteur industriel et le secteur académique vise une
récupération optimale des matériaux rares à partir de métaux recyclés.
Au-delà des bonnes volontés affichées par les uns et les autres, il existe pourtant de nombreux freins. Si la
force du concept de l’économie circulaire est de reposer sur une vision écosystémique des flux de
matières et d’énergie, le revers est que cela nécessite de développer une approche et analyse complexe
des produits, aussi bien en amont dès la conception du produit (écodesign) qu’en aval de la phase
d’utilisation, notamment via l’application de l’échelle de gestion des déchets. Or le danger est de rester
dans une vision compartimentée des différents maillons de l’économie circulaire alors qu’elle ne pourra
atteindre ses objectifs que si l’ensemble de la chaîne de valeur est pris en compte.
Pour une concrétisation des principes de l’EC il est indispensable de mettre différents acteurs autour de la
table. Promouvoir la R&D dans ce domaine est également un aspect essentiel avec une attention
particulière pour les PME et TPE qui doivent avoir accès aux outils et être mises en réseau avec des
chercheurs et plus grandes entreprises… En théorie, c’est une évidence mais cela impose aussi de
dépasser la somme des intérêts individuels pour réfléchir à l’intérêt collectif pour une réduction globale
de notre empreinte écologique. Bref un profond changement de mentalité.
Recycler, c’est bien...mais il y a mieux !
Un deuxième enjeu est de développer des mesures (réglementaires, normatives, fiscales…) pour penser «
économie circulaire » davantage en amont. Si ces dernières années, on s’est beaucoup préoccupé de la fin
de vie des produits, avec notamment en Belgique d’excellentes performances en terme de recyclage et
que de nombreux investissements ont été consentis pour une valorisation des déchets, il faut admettre
que les échelons prioritaires de l’échelle de Lansink [3] ont été négligés. La prévention des déchets et la
réutilisation sont souvent les parents pauvres et l’EC se doit de se focaliser sur ces aspects. Il faut entre
autre travailler davantage sur l’éco-conception des produits en s’attaquant au problème de l’obsolescence
programmée. Faciliter la réparabilité avec une possibilité de séparer les différents composants d’un
appareil, en limitant les substances toxiques qui hypothèquent les différentes voies de réutilisation ou
valorisation, ou encore en donnant une information sur la disponibilité des pièces de rechange…
Bien que l’industrie continue à le nier et comme le montre une étude du Conseil économique et social
européen, l’allongement de la durée de vie des appareils est souhaitée par le consommateur et peut
constituer un réel avantage compétitif pour les fabricants qui accepteraient de jouer le jeu. Par exemple
en donnant une information sur la durée d’utilisation des produits ou sur la disponibilité des pièces de
rechange. Propositions qui figurent dans une projet d’arrêté du Gouvernement wallon, transposant les
Directives 2012/19/UE et 2013/56/UE, et auxquelles Agoria, la fédération de l’industrie technologique,
s’est farouchement opposée. Des principes de l’EC à la mise en œuvre, il y a encore du chemin…
Par ailleurs, les volets prévention et réutilisation ne sont pas qu’affaire des fabricants qui peuvent par
l’écodesign contribuer à la réduction des volumes de déchets et rendre possible une réutilisation
ultérieure. Les citoyens par leurs choix de consommation sont en première ligne pour donner un signal
aux fabricants. Le projet The People’s Design Lab (
https://www.zerowasteeurope.eu/products/peoplesdesignlab/) porté par la plateforme Zero Waste Europe
a pour but d’identifier une série de produits dont la gestion des déchets est problématique, de faire